Une impasse...
Une masse sombre trône sur un tas d'encombrants, immobile.
Une âme égarée, encore...
Les coudes enfoncés dans les cuisses, les bras ballants, le dos vouté, la tête dans les épaules... Elle semble vouloir garder la pose.
Impossible de distinguer quoique ce soit d'autre, il fait trop sombre.
Impossible de cerner la pensée de ce pantin sans fil.
Des pas feutrés rebondissent sur les murs... Il ne bougera pas.
Un simple chat. Il s'approche prudemment... L'autre ne cille pas.
Le félin prospecte, faisant mine d'être seul... Pas un geste.
L'animal vient réclamer un peu d'affection... Peine perdue.
Le souverain pelucheux perd patience et quitte le rustre avec dedain.
La tapage au coin de la rue n'a pas plus d'effet.
Le calme revient. Le gars n'est pas parti.
La brise nocturne s'immisce dans les ruelles...
Jusqu'à l'impasse...
Et vient caresser la peau inerte et froide.
Hein ?!
Tout s'est mis à bouger. Les talons ont décollé du sol, les coudes ont ripés, le dos s'est allongé, les yeux se sont écarquillés.
Les encombrants aussi ont bougé...
L'homme - s'en est un - se retrouve sur le sol au milieu des détritus. Il est terrifié, ses pupilles fouillent l'obscurité.
Il n'avait pas prévu d'être là.
Il se traîne jusqu'au mur qui se trouve derrière lui en emportant tant bien que mal la couverture de déchets.
Bien collé au mur, il se recroqueville et guette la nuit, abrité derrière ses ordures.
La brise ne s'arrête plus.
[Tribu des Ressacs à priori]