Slave

Spoiler:

Musique, chef !

Je suis né pour servir, d'où mon prénom, Slave.
Esclave de vos désirs, esclave de vos moindres caprices.
Je n'ai plus de volonté propre. Ma Volonté est vôtre.

Louez-moi. Durant un temps, je pourrais à la fois être votre femme, votre maîtresse ou votre fils. Je suis tout et n'importe quoi à la fois. Rien n'est trop beau pour vous. S'il le faut, je m'agenouillerais à vos pieds, je vous les baiserais avec toute la sollicitude du monde. Si vous désirez faire de moi un chien, allez-y ; ma blanche peau appelle les coups. La frustration de vos désirs refoulés doit être excisée. Libérez-vous de vos plus bas instincts. Je suis là pour ça. Le régime voulait que je rende heureux certains privilégiés. Je ne suis encore qu'un prototype à l'essai.

Ancéphale doucereusement enrobé d'un papier de métal, chaude couverture de capteurs qui m'inonde la cervelle en permanence, censure joyeusement et bride mes émotions. Parfois, pour le besoin, ils m'en créent.
J'ai un nouveau modèle d'End-Vice qui me colle à mon chewing-gum. Il applique à l'humain le comportement de la machine. Pourtant, tout n'est pas refréné ; la vie a toujours jouit (et ça, c'est le cas de le dire !) de nombreux avantages sur le chrome, dont la conscience, les idées, l'imagination ou encore la capacité d'innovation. Quoiqu'on en dise, même dans une société informatisée, c'est toujours très important. Peut-être ai-je gardé un petit côté artiste ? Il faut dire que je sais divertir mes hôtes, pas à la perfection, certes, mais mes performances s'élèvent au-dessus de la multitude bêlante.
Une machine, aussi parfaite soit-elle, n'a pas le sein aussi accueillant que la chair et le sang. Un cœur de métal palpite différemment qu'un myocarde de cellules.

Prenez-moi. Il me suffit d'un regard, et je vous aime déjà. Je repousserai mes limites pour vous. Votre combat, mon combat. Le temps de mes services, bien entendu. Qu'importe le ridicule ou les limites de la morale, seul incombe votre bon plaisir. Modelez-moi.

Je vous serai si utile que vous me regretterez, une fois parti. Mais je ne manque pas longtemps: le monde est peuplé de fabuleux jouets.
Car je ne suis qu'un jouet, une poupée à taille humaine. Homme comme Femme, je sais que vous en avez forcément rêvé.

Je suis l'homme poupée.