Jour 1.
Aucun son dans la pièce. Rien qu'un silence déchirant. Ses yeux sont grand ouverts. Depuis combien de temps ? La lumière est très faible.
Elle ne sait pas ce qu'elle fait là. Elle referme les yeux. Sombre à nouveau.
Jour 2.
Personne n'est venu. Pourtant, d'habitude, il y a toujours quelqu'un. Quelqu'un qu'elle détestait au début. Et puis, ya eu ce que certains appellent le syndrome de Stockholm.
Elle ne connait pas ce syndrome, mais elle a pourtant appris.
Après tout, apprendre, c'est une des choses qu'elle fait le mieux. Mais là, depuis hier, il n'y a plus personne, et les effets commencent à disparaître. Plus de piqures, plus possible de planer.
Elle ne sait plus trop si elle veut rester dans cet état ou non. Elle est encore trop faible. A nouveau le sommeil l'emporte.
Jour 3.
Elle se redresse. Elle tangue. Non, c'est la pièce qui tangue. Ou les deux peut-être. Ça fait mal à la tête. Elle ne bouge pas. Attend que ça passe. Elle pose ses pieds au sol. Redécouvre des sensations autre que celles ressenties sur ce lit.
Sa tête se tourne vers la fenêtre. Quelques raies de lumières passent à travers. Qu'y a-t-il là-bas ? Elle pousse sur ses bras, arrive à se lever. A nouveau, tout tangue. Elle aussi, beaucoup, elle le sent. Elle avant vers la fenêtre, réapprenant à marcher. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas quitté ce lit ?
Elle se souvient d'une seule fois. Mais ce n'est pas vraiment elle qui était sortie du lit. On l'avait soulevé, plaqué contre le mur. Alors ça ne doit pas réellement compter.
Tout contre la fenêtre, la lumière du jour lui fait mal aux yeux. Petit à petit, ses yeux s'habituent. Elle se rend alors compte que ce n'est en rien la lumière du soleil qui lui fait tant mal aux yeux.
Elle regarde les gens, en bas. Sans comprendre ce qu'elle fait là. Ni pourquoi plus personne ne vient la voir. Mais elle est encore trop fatiguée, alors elle retourne sur le lit, et s'endort.
Jour 4.
Elle ne cherche pas à se lever. Ne veut pas voir les gens en bas. Elle réfléchit. Elle cherche à comprendre.
Jour 5.
Elle ne peut pas passer par la porte. La fenêtre lui semble un moyen plus simple de partir d'ici. De rejoindre une de ses sœurs. Elle se recule, rentre la tête dans les épaules. Elle a compris. Elle se souvient. Maudits insurgés, avec leur drogue qui lui ramollit le cerveau. Ils l'ont prise pour une putain. Mais elle va se venger d'eux.
Sa rage décuple ses forces. Elle court à travers la pièce, saute. La douleur se mêle à cette rage qui coule en elle. Le verre et le bois éclate en morceau dans un bruit qui fait se lever les têtes des gens d'en bas. Elle roule au sol, pleine de coupures et de sang. Mais elle se relève, les affronte tous du regard.
-Ce monde sera à nous, crache-t-elle avec dédain avant de se mettre à courir, disparaissant au milieu des passants ébahis.
[Orgienne]