WTF ???

Je lève un index pontifiant :

S'il dit non, on lui casse la gueule.

Et s'il dit oui et qu'y sait pas faire... Rolala mais chais pas moi, vous allez voir une Valkyrie, vous vous démerdez, je vais quand même pas lui tenir le zgeg ? Si ?

Ah ben voilà. A force de me marrer, je suis tombée de mon tabouret. Putain, c'est bas, le sol...

Mais....

Oukèlé ? Anépu sur son tabouret ??

Pourtant, je l'entends rigoler, mais... plus bas. Je baisse les yeux et la découvre vautrée par terre, morte de rire. Résultat : j'ai failli la rejoindre.

Je me stabilise, fronce les sourcils -merde, ça me fait loucher- et demande :

- Ah... Parce que tu fais partie des gens qui savent toi ? Alors voilà : on va le voir... On le dépuce... T'y expliques, pis tu vas dormir chez moi passke t'es pintée et que t'es ma copine. ... S'ten penses ?

Je me remets sur mon séant -- wouhouuu ça tourne.

Super idée. Bon plan.

Je cherche une prise, trouve le pied de ma nouvelle amie, m'appuie de tout mon poids dessus pour me relever.

Mais comme chitacoupine, z'y touche pas à ton hypopotentiel. J'y essplique zuste.

Grand geste catégorique.

Sinon, chipatacoupine.

Zwiiip !

- Méééheu !

Je me raccroche au comptoir -ça touuuuuuuuuuuurne, bordel !- mais je sais pas pourquoi j'ai glissé. Ptêt parce que Kim m'utilise comme corde pour se relever ? Je l'aide un peu tiens.

- Ouais mais non... C'est pas mon copain, c'est juste qu'il est mignon. Les copines, c'est sacré, ça passe avant les plans cul... Je crois.

Je fronce les sourcils. C'est les copines avant les mecs, ou l'inverse ? Chépu.

Je vacille sur place, plongée dans une réflexion intense.

Ouais nan mais en fait, plan cul, moi, connais pas. Copines non plus d'ailleurs !

Tordant non ? Ah ? Moi je trouve.

Oh ? Je pense.

- Oh ? Ben alors, ça sert à quoi de se dépucer ? ... C'est pas plus ou moins pour ça qu'on le fait, l'amour ou l'amitié ? Et le cul, accessoirement ?

Là... Chuis perplexe.

Je me laisse tomber sur un tabouret, parce que quand même, la sagesse de ses dires a percé les brumes de mon ivresse.

Ha ouais nan mais c'est sûr, j'dis pas, mais moi... c'est pas pareil.

Et toc. J'aime bien dire "moi c'est pas pareil". Nan faut pas glousser ! Ça ruine tout l'effet !

Quelque part, tout au fond, son argument me semble spécieux. Mais en surface...

- Ouais, t'as raison. ... Bon, alors, on fait quoi ? On rampe jusque chez moi en espérant ne pas se faire serrer par les NOD ?

C'est moi, ou je me suis assise sur un chewing-gum ?

Haha elle est trop drôle, ma coupine newbie !

Se faire serrer ? Par les NOD ? Prffffhihi ! Ces balourds ? Non mais lasse-moi rigoler !

Et puis la soirée fait que commencer, bordel ! Allez Bao, envoie la spéci... hips... la spéciale !

Oh. C'est pas dangereux, les NOD ?

- Mais... Ils sont pas super armés et tout ça ? Parce que moi, ma lumière, elle est pas agressive, tu sais ? Elle fait juste joli. Je crois.

Qu-quoi ? Une "spéciale" ??

- Je suis pas sure de tenir le choc, tu sais ?

Petite voix.

Je tapote ma bouche de mon index.

Ouais. Annule, Bao. J'suis pas sûre non plus, en fait.

Super armés et tout ça. On est d'accord. Sauf qu'ils nous ont toujours pas attrapés, hein ?

Oh la la, je sens le sourire vantard qui s'épanouit sur mon visage.

Mais ouais, elle est très jolie ta lumière. Et mon œil aussi, j'l'aime bien. Et l'troisème bras d'Emilie il est tout choupi, et les yeux rouges d'April, ça lui donne un style.

Il est temps d'aller s'coucher, non ?

Tiens, il y a deux Siobhan. Non, quatre. Non, huit. Non, deux...

... Ouah, en fait, les Insurgés, c'est "Freaks" chez "Friends" ? Dont acte.

J'm'étire en évitant de me gaufrer.

- Ce serait mieux... Je vais être ,malade ou TRÈS malade, demain ?

Parce que là... J'me sens trop bizarre.

Hmmm... Très très malade.

Pour les prochaines expériences j'te conseillerais plutôt ton Tyler, y a moins de séquelles...

Je me lève tant bien que mal.

Tabitou ? J'te raccompagne, tu pourrais tomber sur un méchant insurgé !

Je glousse.

Bonne question, tiens.

- Heu... Impasse Volta. 3e étage gauche. C'est moins... coloré qu'ici, tout le monde doit ronquer. ... Et ils me feraient quoi, les vilains Insurgés ? Ça se voit, que je suis pas "normale", non ?

Je lui agite ma main sous le nez.

- Pis mon voisin, hein, j'l'ai vu qu'une fois.

Ton boudeur. Je fouille dans mes poches pour trouver des thunes.

Oulà, elle me fait quoi, du boudin ? L'alcool triste ?

Je pose la main sur son bras en train de fouiller sa poche.

C'est ma tournée, et tu discutes pas. Nan méoh.

C'est pas pour autant que je fouille mes propres poches. Je l'ai dit, qu'il me fait crédit, Bao ? Ouais, j'ai dû le dire.

Je lui lance un "Zaijian !" puis inspecte les deux côtés de la rue en fronçant les sourcils. Ça les empêche pas de se dédoubler.

Bon, c'est par où le quartier ortho, déjà ? Ah ouais, par là.

Je titube dans la bonne direction. Ou pas.

Nan mais promis on va les laisser pioncer, tes voisins. Même Tyler. On s'ra des p'tites souris.

J'ai l'air con, à marcher sur la pointe des pieds en rangers ?

- Merci.

Ouais, parce que c'est pas passke je sens que je vais finir par gerber que c'est pas sympa de m'avoir payé ma première cuite, hein ? Elle est cool.

- Ouais. De petites souris cuitées à point. ... Par contre... Si tu continues tout droit, tu vas t'empêguer le lampadaire.

Devrait faire comme moi, se tenir au mur. On a jamais vu quelqu'un mourir de manque de dignité, si ?

*BONG*

Trop tard.
Aïeuh.

Soyons désinvolte, n'ayons l'air de rien.

La putain de sa race de lampadaire à la con de bordel à queue !

Non mais c'est vrai, quoi. Y a bien qu'un lampadaire pour oser m'agresser comme ça, dans ce quartier.

J'éclate de rire. Elle est pas trop marrante, ma copine ?

- Relax, Kiminette. Personne a rien vu. Sauf le lampadaire. ... Et moi. Mais...

J'agite les mains, laissant des traces rémanentes de ma main gauche.

- Sur la tête de... mon voisin, j'dirai rien à personne !

Kiminette ?

Kiminette ?

J'agite un peu le poing, vaguement dans la direction de ma nouvelle copine, mais j'ai comme l'impression que je manque de crédibilité.

Je préfère pouffer, en fin de compte.

Okay... Siobhounette. On va tenter d'arriver chez toi sans se faire agresser par tous les lampadaires qui passent !

Mine de rien, on progresse. Déjà les rues sont vides et les murs tout gris.

Oh... Mais elle me menacerait presque, hé ! Ou pas. J'préfère quand elle rigole... Je regarde autour de nous. Ouaiiiiis ! On n'est plus très loin de chez moi ! Je remets mes gants, remonte ma capuche sur mon crâne. Machinal.

- Et ensuite ? On fait quoi ? Tu dors chez moi ou.... j'te raccompagne chez toi ?

Ça m'a fait du bien, cette petite marche dans l'air vivifiant de la nuit. J'aurais presque les idées claires. Presque.

C'est gentil, ma caille, mais y a une bouche d'égout juste là, je suis presque chez moi.

Je l'attrape par la nuque. Pour un grand palot fougueux ? Mais naaan, bande de pervers. Pour lui chuchoter à l'oreille un ou deux codes et un numéro de téléphone.

Voilà, tu sais où nous joindre au cas où. Moi, j'repasserai te voir à l'occasion.

Et t'as intérêt à avoir avancé avec ton voisin, y aura interro !

Je tempère le ton menaçant avec un clin d’œil, et tourne les talons.

J'pousse un couinement pas très... viril quand elle me chope par le cou pour me chuchoter des numéros -que je m'empresse de noter bien au chaud dans ma mémoire.

Je la suis du regard quand elle s'éloigne d'un pas chaloupé.

Murmure.

- Merci bien Kim. A bientôt. Je ferai de mon mieux pour... mon charmant voisin.

Promesse. D'ivrogne ? J'crois pas.

Je rentre chez moi.

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