L’annonce du capitaine est lancée, le bateau prend le large et je suis ravie à l’idée de passer un séjour sur un bateau si beau… J’imaginais très bien, les passagers se ruer vers la piscine et les cabines, je décidais donc de m’y rendre plus tard. Je quittais cet horizon merveilleux, tiraillée par une faim naissante…

J’avais longé les couloirs, demandé à l’un des membres du personnel où se trouvait la cuisine, et si je me souviens bien ça donnait un truc du genre : « prendre à gauche, après la porte en or prendre à droite, puis a gauche, attention c’était un piège je vous ai bien eu hein… faite demi-tour, prendre à droite continuer sur 30 mètres puis continuer encore jusqu’à la porte rouge, puis à droite… si vous voyez Julie embrassez la pour moi et encore à gauche… vous y êtes… »

Bref je n’avais pas suivi ses instructions et je n’étais pas tombé sur Julie j’en étais rassurée…

J’ouvrais enfin la porte de la cuisine, et ce fut déjà l’effervescence là dedans… l’un des cuistos me fit un petit signe histoire de savoir ce que je voulais…

*sucré*
* Non Salé… sucré tu vas encore me faire prendre trois kilos*
*Sucré je te dis, m’en fiche de tes hanches j’ai envie de sucré*
*Salé hors de question que tu abimes mon corps !!!*

Un truc Salé … je vous laisse choisir… tant que c’est salé…

*Tu aurais au moins pu dire merci !*
* Ils sont là pour nous non ? *
* Tu me fais honte !*
* Je sais et j’adore ça !!!*

J’étais ravie, en quelques minutes, on m’avait préparé une verrine au saumon… Tout en dégustant cette préparation, je regardais ces personnes travailler, s’agiter, se démener pour la clientèle…

Je ne sais pas combien de temps j’avais regardé les cuistos bosser mais je ne sais pas pourquoi j’avais trouvé ça dingue, un véritable spectacle, du grandiose, ils mêlaient les saveurs, les senteurs, assemblaient des pièces montées, mettaient en forme des assiettes, des chefs d’œuvres…

*Dis plutôt que tu reluquais tous ces mâles entrain de bosser…*

*Je dis ce que je veux te mêles pas de ma vie, c’est étrange mais ils m’ont totalement absorbée… *

Je regarde ma montre, réalisant que j’avais passé des heures ici, sans me rendre compte du monde extérieur…

Je m’apprête à quitter la pièce lorsque j’entends un bruit étrange… une voix ? ça vient du fond de la cuisine, je m’approche… oui y’a bien quelqu’un … La voix d’un homme…

Je m’arrête soudain, un frisson me parcourant l’échine… des pas, des pas derrière moi, de petits talons qui claquent contre le carrelage. Ils sont rapides, ils connaissent les lieux, je le sens, je me retourne curieuse de découvrir le visage de cette personne si pressée de gouter ces plats si merveilleux qui se préparent ici… sinon pourquoi tant d’empressement ?

Je me retourne et ne vois rien. Pourtant les pas continuent de claquer, ils se dirigent vers moi, tourne autour de moi, mais rien, personne… mon rythme cardiaque s’accélère, j’ai froid et j’angoisse, je me transforme à cet instant en une de ces mauviette, une chialeuse, une pleureuse, une fifille quoi…

*Y’a pas de honte à avoir peur tu sais, moi ces pas ça me fiche la trouille… *

*La vache c’est bien ce que je dis je me transforme en mauviette, en toi… *

Les pas prennent la direction du couloir, ils me quittent et je n’ai plus froid. En revanche, je ne comprends pas ce qu’il vient de se passer… y’avait il une drogue dans ce que les cuistos m’avaient donné, j’avais des hallucinations…

Des coups retentissent à nouveau, ces mêmes coups qui venaient du fond de la cuisine… nouvelle hallucination ? … Non ces coups sont réels j’avance et d’une main hésitante force l’ouverture de la caisse…

Je vois un homme au fond de celle-ci… violente odeur de poisson aussi… sans hésiter je referme la caisse…

*Mais qu’est ce que tu fiches, tu vas pas le laisser crever dans une caisse, ouvre là !!! dépêche toi !!*

*Non mais tu rigoles, il empeste et puis je le connais pas, s’il est dans une caisse c’est peut être parce qu’il est dangereux…*

*Arrête tes conneries, ouvre cette caisse…*

Je levais les yeux au ciel, ma moitié n’avait pas le sens de l’humour… j’ouvrais donc cette caisse, découvrant le visage de cet homme…

Bonjour…

Il referme le couvercle, comme une crevette bien au chaud dans sa boite de conserve...

* Il a peur que je le mange ou quoi ? Je crois rêver...*
* M'etonne même pas que tu lui aies fait peur, tu as du le regarder avec un air de mauvaise, comme tu sais si bien faire, le pauvre tu as du lui faire friser les moustaches. Ne le laisse pas il a l'air d'avoir peur, sois plus douce*
* Plus douce, comme si je savais faire... A croire que tu me connais mal*

Je levais les yeux au ciel, je ne savais pas quoi faire, le laisser dans son caisson ou le forcer à sortir... Je me décidais à ouvrir à nouveau le couvercle...

Coucou...

S'il me faisait beuh... je refermais définitivement le couvercle et le laissais croupir ici...

Pourquoi voulez vous rester dans votre boite, le luxe extérieur vous fait-il si peur ? Je vous assure qu'on se familiarise assez vite aux bons petits plats, aux cabines luxueuse, aux douches... Enfin à pleins de choses quoi...

Je lui tendis une main, pour l'aider à sortir...

* Ha bah tu vois quand tu veux*
* Tais toi ou je le repousse vite fais bien fait dans sa caisse*

Je le regardais avec gentillesse ? En tout cas j'essayais de lui adresser un regard qui pourrait le réconforter...

Allez venez...

J'ai cru que j'allais m'étouffer en écoutant ce qu'il était entrain de me raconter... Loka reprends toi. Pendant un instant je me suis demandée s'il était pas entrain de se foutre de moi et puis je l'ai bien regardé, de haut en bas, de bas en haut, se lissant la moustache et j'me suis dis ...

*Que sa moustache te fais craquer?*
*Non mais tu rêves ou quoi toi, ça va pas de penser des trucs comme ça !*
* Non mais regarde le bien, avec ses petits yeux noisettes, ses grandes lunettes et sa petite moustache, moi je le trouve super touchant comme mec, j'suis sur il doit être super sympa*
* Non mais arrête tout de suite de me polluer l'esprit là je te jure, tu sais que les mecs je les aime...*
* avec un blouson en cuire et un style mauvais garçon*
* Bah oui et lui a tout l'air sauf d'un mauvais gars*
*ça te changerais pour une fois*

je secouais la tête voulant faire taire mon "Moi" niais

Alors je le regarde et à nouveau j'ai cru que J'allais m'étouffer...

Si je marine chez mes harengs ? Hum je crois que vous êtes resté un peu trop longtemps dans cette boite non ?

Je tourne les talons prête à fuir ce lieu...

* Fais un effort bon Sang*
* Hors de question ! *
* Et s'il est blindé de pognon ?*

Je soupire, je tape du pied et je cède... la teigne m'avait eu, elle savait comment m'avoir, elle savait que je ne résistais pas au plaisir de pouvoir faire les poches ... A nouveau je lui fis face.

ça vous tente de prendre le large vers une autre pièce, bal, casino...

*S'il dit cabine j'le latte*

*Inspire,Expire, Inspire, Expire... Je vais le tuer... Inspire, Expire...*
*A croire qu'il lit dans tes pensées !!! A mais peut être qu'il m'entends !!! OUhouuuuuu Moi c'est la gentille Loka ouhouuuuuuuuu !!! Je te trouve chou je te jure !!! Mon Numéro c'est le 06.21.*
*Non mais tu es aussi déglinguée que lui c'est pas possible*

Je fronce le regard pendant son jeux de sourcils... J'ai failli lui donner une petite tape derrière la tête mais mon autre moi me retenait, je la maudissais véritablement.

Je lève la main, souhaitant l'attraper par le bras histoire de le bouger un peu, et ma main vient se nicher dans la sienne, impossible de l'en défaire...

* Retire tout de suite ma main de la sienne !*
* Non mais je te dis qu'il est super gentil, pour une fois laisse moi apprécier un peu*
*Ha oui tu veux le prendre comme ça, ok*

je serrais davantage ma main dans la sienne, histoire de lui faire comprendre que son histoire de grenouille ventriloque il pouvait bien se la garder.

Bon Ollie, on va dire que je ne suis pas amatrice de ce genre d'histoire ok ?
Je vous laisse me guider où vous souhaitez, en revanche... Je vous dis tout de suite la cabine, abandonnez tout de suite l'idée...

Au faite, je m'appelle Loka...

*Saleté d'autre moi, il a fallu qu'elle lui dise*

*Est-ce que je suis morte ?*
*Si c’est ça on est en enfer, il fait noir, je vois rien, j’ai peur, ça pue le vomi et le poisson… Putain mais pourquoi tu m’as pas écoutée quand tu étais en vie, on aurait pu profiter des cocktails, et du beau temps au paradis au lieu de ça tu as préféré voler, mentir, tricher, trainer avec des dealers, des mauvais gars, voilà où ça nous mène, merci*
*Oh toi commence pas à me saouler avec ton paradis et ton enfer j’y crois pas à toutes ces conneries et s’il fait noir c’est peut être parce que j’ai pas encore ouvert les yeux*

Bon, voyons un peu, j’ouvre les yeux… il fait noir… Merde...
L’odeur de vomi et de poisson est bien réelle est elle me décape les narines
Et je ressens soudain une douleur aigue derrière le crâne, la vache, j’ai hyper mal…
La tête me tourne et je n’ose pas bouger… visiblement je suis allongée.
Soudain je sens une main se poser sur mon épaule et sans avoir le tant de dire quoi que ce soit je reconnais la voix d’Ollie, me hurlant dans les oreilles à m’en faire crever le tympan…

Je le repousse spontanément…

Ha mais non quoi mais chut ça va pas de hurler dans les oreilles des gens comme ça…

Je me relève un peu trop vite surement, la tête me tourne, j’ai l’impression que mon crâne est compressé dans un étau… migraine d’enfer… une main derrière le crâne bosse d’enfer également…

Autour de moi il fait noir, vraiment noir et je ne me souviens pas de grand-chose… juste un bruit strident et des objets qui commençaient à tomber, et puis plus rien, vraiment rien jusqu’à ce qu’Ollie me crie dans les oreilles…

Ollie ??

* Le pauvre, il essaye de t’aider et tu lui hurles déçu…*
* Oh ça va bien*

Ollie…

Je m’abaissais cherchant à taton ce jeune homme qui j’avais repoussé… je tombais sur une jambe, un bras, un visage, une petite moustache… c’était bien lui…

Excusez moi, j’ai juste un mal de crâne d’enfer … J’ai pas été super aimable, je ferais un effort…Merci d’être resté avec moi…

Je l’attrapais par la main…l’obligeant à se relever avec moi…

On sort de cette pièce ?