Je sautille sur place comme une fan hystérique de Tokyo Hotel sous acide.

« Allez Docteur Ricard !! Lisez nous ce foutu bout de papier !! Les filles et moi ne tenons plus ce suspens ! »

Donnez moi ça !

J'arrache le morceau de papier des mains du jeune homme au chapeau et reprend mes esprits. De toute façon, avec cette équipe de bras cassés dirigés par le Doc' pas doués, on va pas avancer bien vite.
Lorsque mes doigts se posent sur le morceau de papier, un frisson désagréable me parcoure le corps.
Je frissonne.

Calmement et d'une voix posée, je lis à voix haute les quelques phrases posées sur le vieux papier.

Citation :

14 juillet 1832

J’ai été appelé au milieu de la nuit, j’ai du mentir et invoquer un conflit à l’usine, des ouvriers en colère, des grèves qui s’annonçaient, j’ai du fuir au beau milieu de la nuit pour la rejoindre et voir enfin, cet enfant inespéré.
Quand je suis arrivé sur place, j'ai entendu les 12 coups de minuits, au douzième coups, ses premiers cris ont résonnaient dans la nuit. C’était une bénédiction, enfin j’avais un fils. Et je pouvais le tenir dans mes bras.

C’est merveilleux Seigneur, avoir un enfant, le prendre dans ses bras. Cet être si fragile que je vais avoir à protéger, et je devrais mentir et garder ce secret. Ne jamais dévoiler le lien qui nous uni pas le sang et la chair au delà de la foi.
Oh mon dieu, je vais mentir, parce que je n’ai d’autre choix.

Personne ne connaitra la vérité.

Une fois terminé, je regarde celui à qui j'ai enlevé le papier des mains et murmure.

C'est émouvant ...
Mais c'est ... très étrange. Mystérieux tout ça.

On dirai une confession ...

C'est bête que ça se termine si vite. J'aurais volontiers voulu savoir la suite ...
Pas vous ?

« Ouai.. super émouvant... Je prends délicatement le papier froissé des mains de la jeune femme dont l'image de la blouse blanche transparente augmente anormalement ma salivation. Je contemple le papier froissé quelques longues secondes et mes yeux s'emplissent de larmes que je retiens avec effort. Je m'essuie du revers de ma manche trempée puis secoue la note en main et ajoute.
Ce bout de papier, si beau, si fin, ... si seulement il me restait une peu d'herbe...

Et vous ? Vous ne dites rien ??!! m'adressant à l'autre femme, non moins dénudée que la première. Puis je me retourne vers la première et le docteur Picard, cherchant désespérément des explications...

Cartes sur table ! Que ceux qui ne sont pas du FBI lèvent la main ! » Et je lève le bras, observant le comportement des autres.

Je hausse un sourcil incrédule à la demande du type au chapeau. Puis, en haussant les épaules d'un air blasé, lève moi aussi la main.

Moi non plus j'en suis pas.

Je baisse illico mon bras et me tourne vers l'autre femme présente. Enfin, "présente" est un bien grand mot. Certes elle est présente de corps mais pour l'esprit c'est autre chose.
Je m'avance vers elle et prend une voix plutôt douce.

Mademoiselle ?

Pas de réaction.

Mademoiselle ???

Toujours rien.

Je me tourne vers le Doc' et l'interpelle vivement.

Dites vous là !!!
Vous pouvez pas faire quelque chose pour cette jeune fille ?
Parce que là elle va pas bien du tout !!!

Mama mia !!!
Quel caractère ! Quelle fougue !!! Quel ...
Schbooiiiiiiinnngggg chaaaaaaaapiteauuuuuuuuuuuuu

Le Doc' aime les femmes rebelles et si huuuuum autoritaires.
Mais il aime aussi celles dociles et discrètes qu'on a envie de dorloter et de chouchouter.
Alors le Doc' il a vite choisi !
Entre la fougueuse (et casse-couilles avouons-le) et la tendre et perdue petite jeune femme le Doc' choisi de prendre soin de la deuxième.

D'une voix douce et non brutale il tend le bras à Nancy.

Venez douce enfant ...

Il l'installe dans le fauteuil de la chambre au moment où la voix du Capitaine retenti, rompant une silence religieux.

Voilà !
Vous pouvez me laisser cette douce personne. Je vais m'en occuper comme personne.
Sourire bien faux rempli de dents.
Le Restaurant vous attend.

En fait il demande pas mieux le toubib. Bien tranquille avec la pépé ! Que demande le petit personnel ?

Ouais c'est ça ... Occupe toi d'elle ...
Je soupire.

Par contre y a un truc que je peux pas.
Le macchabée là, j'ai l'impression qu'il me mate lui aussi.
Eurk.

Je me dirige vers l'unique lit de la chambre et commence à retirer la couverture du dessus.
Je l'aurai bien gardée pour moi la couverture parce qu'il fait un froid de canard depuis un bon moment. Depuis qu'on est entrés ici ? Non. Enfin je ne sais plus en fait.

Une fois la couverture enlevée, je la traine jusqu'au mort sans tête. Enfin avec tête décapitée et le recouvre.

Paix à lui.

Désolée je pouvais plus ...

Petit air contrit.

Par contre je suis vraiment frigorifiée maintenant et l'annonce du Capitaine est un peu notre bouée de secours. Surtout que le Doc' nous encourage à aller au Restaurant. Et bien soit ! Moi j'irai là-bas.

Je m'adresse à notre compagnon de fortune au chapeau.

Je ne sais pas vous, mais moi je suis gelée. En plus cette tenue ...
Oui rappelez vous ! Sous-vêtements et blouse du Doc' !
... n'est plus trop de saison.
J'ai froid ! J'ai faim ! J'en ai marre !
Alors moi j'y vais !


[On va se réchauffer au Restaurant Mr White ? ]