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Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)

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Les Ressacs
Vos nuits sont nos jours...

Bavaria
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MessageSujet: Ici S.O.S amitié, vous êtes sur répondeur automatique et vous avez 30 secondes pour vous pendre.   Ici S.O.S amitié, vous êtes sur répondeur automatique et vous avez 30 secondes pour vous pendre. Icon_minitimeJeu 22 Jan 2015 - 14:35

[Résumé de la fiche trop longue pour que les gens soient pas obligés de la lire : C'est un ressac trafiquants de bidules dans le genre illégal. Et l'avatar a rien à voir du tout, le perso est pas couvert de poils et tout, ça me faisait juste délirer un chat qui fume un cigare. C'est peint par Louis Wain, il a fait des tableaux intéressants soit dit en passant.]

J'suis né dans le village de « Aire d'autoroute A64 ». Il est composé de débris des Anciens. On avait des chouettes cabanes en taule, l'hôtel de ville « Macdo » et le saloon. La génération d'avant, ou celle encore avant avait bricolé une muraille autour du bled avec des blocs bitume et des carcasses de voitures trouvés sur la grande route lisse en ruine à coté. On s'méfie jamais assez des étrangers, hein. Un peu en périphérie, à une ou deux bornes, il y avait aussi un entrepôt où j'avais strictement pas le droit d'aller. Une grande structure tout en métal et en béton, dont les portes avaient été mystérieusement explosées bien avant que je naisse – donc un sacré bail. Évidemment, je m'y suis précipité dès que j'ai su marcher assez loin, si j'avais envie de jouer, de me cacher de mes parents ou de « tonton Ben » - qui voulait toujours « montrer son truc » aux gosses du coin. Le Vieux m'a dit que c'était écrit sur le bâtiment « entrepôt déchets radioactifs, entrée strictement interdite, danger », mais personne sait ce que ça veut dire comme danger. En tous cas il m'y est jamais rien arrivé, comme à tous les gamins débiles qui s'y sont précipité avant moi. Y a juste des gros bidons éventrés là dedans

J'aimais pas ce patelin, il y avait que le Vieux de sympa avec moi. La spécialité du coin c'est la Raclure, un alcool distillé à partir de navets et de patates dans des vieilles boîtes de conserve. Le seul mérite de ce truc c'est d'avoir l'originalité de pas s'appeler « Vitriol ». En tous cas ça attirait une belle faune de connards, et tout le bled tournait à ça. La seule raison pour laquelle les enfants n'en buvaient pas aussi c'est que ça les rendait systématiquement aveugles, voire morts, donc inutiles à la communauté et tonton Ben. Toute la population, du coup, était atteinte d'un certain niveau de dégénérescence, physique ou mental, chose que j'ai su mesurer que bien plus tard.
Bref, c'était nul, on mangeait que des saloperies de navets et mes parents me battaient comme du plâtre ou m'obligeaient à faire des trucs chiants comme m'occuper de tous ces putain de tubercules pas foutus de pousser sans que je les aide. De temps en temps des pillards venaient buter des gens et voler des trucs, histoire de faire de l'animation. Je regrette pas trop cette époque.

Apprenant de mes maîtres, je me suis enfui vers douze ans avec une bonne réserve de bouffe, de l'équipement volé, des munitions et des objets légers que je pouvais fourguer facilement – imaginais je alors. Et un cheval. Très précieux le cheval, vu que c'était le seul qu'on avait pas encore boulotté. En tous cas j'ai plus jamais entendu parler de ce bled après ça.

Après ben... ça a été mouvementé. J'ai eu beaucoup de choses à apprendre très vite. Le monde est grand, les villes aussi. Le Vieux m'a dit que quand tout le monde avait été enfermé sous le Dôme, pas mal de gens du coin s'étaient cachés pour y échapper, ou n'y avait été tout simplement pas admis. Après ils avaient du faire face à un monde vide, d'un coup. Ça avait été le bordel apparemment. Mais presque chaque habitant a sa version du passé, alors je sais plus trop. En tout cas le monde est grand, avec toutes sortes d'habitudes. Une certitude : le Dôme existe vraiment. On croise des gens qui en sortent parfois. Ils racontent plein de choses folles, je comprends pas toujours mais j'm'en fous un peu. Ça me fait pas gagner ma croûte de me prendre la tête avec des conneries comme ça.

Donc, revenons en à ma fascinante petite biographie. J'ai rejoint un groupe de pillard, plutôt dans le genre pauvre. Ils me sont tombés dessus alors que j'étais arrivé à court de bouffe et que le cheval était mort sous moi depuis belle lurette – qu'est ce que ça avale ces merdes quand même. Ils voulaient me buter, à la base, mais ils ont trouvé mon anatomie très intéressante. Pas comme t'imagine, espèce de dégueulasse.
Ils avaient jamais vu de gamin avec des griffes. C'est pas si exceptionnel pourtant, et moi ça me pose problème pour la préhension – genre tenir un ballon entre mes mains sans l'exploser -, mais ils trouvaient ça formidable. Des belles griffes, environs cinq centimètres, noires, dures, et surtout tranchantes. Je suis aussi capable de manipuler de tout petits objets, puisque j'ai pas des gros doigts tout mous, et j'escalade très bien aussi.
Bref, je les ai suivi. 'fin on m'y a forcé. J'avais pas trop le choix. Contrairement à ce que tu pourrais imaginer ben... ils ont été très gentils. Ouais, évidemment, au début ils me demandaient juste de leur trancher des trucs, mais le temps aidant ils m'aimaient bien. A cet âge là la fée puberté était pas encore passé et j'étais mignon. L'un d'entre eux, le Gros Whisky – oui c'est un surnom chelou -, m'a appris plein de trucs importants. Comme mettre une droite sans se casser la main, utiliser quelques armes sans se tuer tout seul, se dépatouiller d'un gars qui t'as chopé le bras par derrière, gérer un petit excité qui tient un couteau dont il sait pas se servir. Mais aussi du pratique, comment chasser et cueillir de la bouffe pour survivre jusqu'à la ville suivante, bricoler des fringues avec des lambeaux d'anciens et tout ce qui peut servir à amortir les coups. La base pour pas mourir au bout de deux jours quoi.
En tous cas, c'était pas le meilleur groupe de nomades pillards mercenaires du coin. Ils survivaient, tout au plus, avec des pauses jeux d'argent/psychotropes qui leur coûtait cher. Mais c'était mon groupe sympa à moi. Du coup j'étais triste quand ils se sont tous fait décimés.

J'avais seize ou dix sept ans. La seule raison pour laquelle je respire encore, c'est que j'étais pas là au moment du massacre. Mes collègues stationnaient en périphérie d'une ville charmante appelée « Zone Industriel Nord Ouest ». Au nord-ouest de quoi, on sait pas. Si j'avais su que je passerais autant de temps dans ce bled...
C'est une merde posée dans le paysage. La légende locale dit que tout a commencé quand des scientifiques du Dôme exilés sont tombé sur un labo pharmaceutique bien conservé au milieu des décombres. Pas que cons, ils se sont dit que ça serait très profitable à l'humanité si ils bricolaient de la drogue là dedans. En plus de ça, c'est près d'un fleuve – pratique pour aller et venir – et des plaines cultivables à moins de dix bornes. A partir de là, ça s'est bien développé niveau population. Y a eu des petits malins pour monter divers intérêts commerciaux concernant les besoins principaux de leurs contemporains – la bouffe, l'alcool, les armes, de quoi dormir, les putes, la violence – et ça a donné « Z.I ». Tous les propriétaires d'affaires rentables se sont réuni en un espèce de conseil municipal d'épiciers, au bout d'un moment, pour centraliser les défenses de leur bout de lard, et le reste peut crever la gueule ouverte entre les ruines d'entrepôts. Au moins, c'est riche niveau diversité dans la connerie. Toutes sortes de religions bataillent là dedans, par exemple. On a les classiques adorateurs de l'esprit de la Terre/la lune/les chevaux/le caillou qui ressemble vaguement à un visage. Il y a les Adorateurs de l'Absurdité Cosmique – j'y ai adhéré à un moment, mais juste parce t'as le droit à une grosse tête de weed pour ton baptême.

Donc voilà, j'étais dans cet antre du vice parce que ma dizaine de pères adoptifs avaient décidé qu'il était temps « de faire de moi un homme », puisqu'on était de passage dans cette ville. Le programme : picoler puis m'envoyer voir une pute. J'étais accompagné dans cette importante entreprise par Gros Whisky. Pendant ce temps, les mecs qui avaient engagés mes pillards pour récupérer une camelote à trente bornes de là les ont tous buté pour pas avoir à les payer. Voilà, c'est tout. C'était aussi fragile que ça.

Gros Whisky a par la suite bossé pour « un copain », et pouvait pas m'emmener. Il est mort à son service six mois plus tard. Moi j'me suis retrouvé abandonné là dedans, avec seulement ce que je portais sur le dos, ce qui raccourci franchement l'espérance de vie. Un mec sans allié dans cet endroit est condamné à se faire exploiter par les autres pour à peine de quoi survivre jusqu'à ce que mort s'ensuive. J'aurais pu partir, mais où ? Et sans même de quoi transporter de l'eau ? J'étais coincé.

J'ai erré deux jours, en essayant d'attirer l'attention sur moi le moins possible, puis j'me suis mis à mendier parce que j'avais vraiment très très faim. Un peu de délinquance aussi, pour joindre les deux bouts. Le classique et peu ambitieux vol à l'étalage, puis j'me suis mis à utiliser mon génome mal branlé pour cambrioler. Je vois très bien dans le noir, c'est loin d'être inutile. Évidemment, des gens ont fini par s'intéresser à ce que je fourguais et m'ont passé à tabac pour m'apprendre à voler leurs affaires, mais c'était une bonne époque avant ça. Du faste, tout ça. Après ça j'ai cherché des moyens plus socialement acceptables de gagner ma vie, ne tenant pas à me faire casser le bras à nouveau, mais du coup c'était beaucoup moins rentable. Je me regardais avec désespoir passer mon adolescence à travailler dans un tas de trucs chiants le jour et boire de l'eau de vie de merde la nuit. J'ai fait pêcheur, après vendeur de poissons, puis porteur de trucs – des caisses trop lourdes, généralement -, courrier, saisonnier dans une putain de ferme de navets, dealer et enfin serveur dans un bordel un peu cossu. C'est le dernier boulot à la con que j'ai fait. Je me suis mis à rencontrer des gens à ce stade là, qui m'ont refoutu dans le métier, avec du soutien cette fois. Surtout un employeur, le dirigeant d'une « honnête compagnie de marchands ». Il me faisait surtout voler des technologie ou des données arrachés au Dôme par des mecs qui le fuyait, trouvant extraordinairement intéressant que j'arrive à escalader dans une telle discrétion la plupart des bâtiments. Je comprenais pas bien ces histoires là vu que j'ai jamais été très à l'aise avec l'alphabétisation et tout ça, mais ça m'empêchait pas une seconde de faire la pute pour ce gars. Mais une pute de luxe, s'teu plaît. Il me payait à peu près n'importe quoi. Des chouettes coins où dormir, des gonzesses pas trop fatiguées, de la bonne sape et d'la drogue pas trop coupée. Tous mes désirs de la vie comblés quoi. J'avais strictement aucune ambition au delà de ça, je voyais presque jamais le monde extérieur. Après il m'a motivé pour tuer des gens.
Parce que pas savoir lire et donc utiliser les technologies du Dôme, c'était un handicap en l'occurrence. Pour buter des mecs par contre, rien à foutre... puis ça rapporte beaucoup plus, vu que tout le monde cherche des tueurs à gage dans cette époque troublée et pleine de connards. Et j'ai pas des griffes pour pas m'en servir hein ?
Bref, le patron m'a envoyé des fois vachement loin pour dessouder un gars. J'ai déjà vu le port d'Ilham, très joli, surtout les fumeries d'opium. J'ai eu l'occasion de voir des trucs très bizarres et de rencontrer des gens bien chelou, ça m'a fait relativiser pas mal de choses, comme les rayures le long de ma colonne vertébrale qui sont plus ou moins voyantes selon mon bronzage, ou la queue pleine de fourrure noire qui m'a poussé au cul à la fin de ma puberté. Bref, j'étais un superbe euh... mammifère, d'une petite vingtaine, à voyager partout pour dessouder des gens sans le moindre soupçon d'empathie. Sauf quand je me suis mis à faire des cauchemars et des machins comme ça, mais j'ai pas très envie d'en parler. J'ai réglé le problème en me sédatant massivement la gueule.

Y a une erreur qu'on devrait jamais faire : arriver défoncé devant son employeur. Il a juste froncé les sourcils ce jour là. Mais mystérieusement, un de ses rivaux m'a accusé d'avoir volé dans sa caisse pour m'enfuir avec sa fille quelques jours plus tard. J'ai rien à voir avec tout ça, et c'était pas mal de « mauvais endroit au mauvais moment », ça devait arranger quelqu'un quelque part que ça tombe sur moi, mais je regrette des fois d'avoir abusé de psychotropes. Je serais peut être encore au royaume des draps en satin et de la bonne bouffe. En tous cas on m'a accusé du truc, suite à quoi j'ai été passé à tabac, violé, puis on m'a arraché trois griffes et une dent histoire de faire bonne mesure avant de me lourder à trois kilomètres de là dans un bidonville. J'ai rassemblé la dignité qui me restait et je me suis enfui.

J'ai erré un moment dans la pauvreté complète, en manque la moitié du temps et à attaquer presque n'importe qui à vue. Un gros malade. Je vivais dans une cahute en plaques de taule et en carcasse de voiture, d'où j'avais délogé le précédent locataire : un squelette moisi. J'étais pas loin de lui ressembler d'ailleurs, on aurait pu nous prendre pour des jumeaux. J'ai jamais été taillé dans le modèle bourrin, mais là je devais glorieusement peser moins de cinquante kilos. Une bonne époque quoi. J'étais vert de m'être fait enculé comme ça, ça me rongeait, du coup j'étais content de le faire payer à des pauvres vagabonds en leur volant jusqu'à leur gourde d'eau. Un miracle que j'ai pas eu d'ennuis avec ça. Ça aurait pu continuer jusqu'à ce que je claque, ce qui aurait pas tardé.

Un jour j'étais dans un boui boui pourri, dans un village pas loin de mon lieu de villégiature, à picoler tout-seul-en-groupe – un truc d'alcoolique, tu peux pas comprendre - puis un mec fin bourré est venu m'embrouiller. Me demande pas la base de la dispute, je m'en souviens pas, soit disant j'aurais triché aux cartes, genre je suis capable d'une chose pareille. En tous cas j'ai fini encastré sur la table et le mec y a perdu l'intégrité physique de ses couilles par contact violent avec le bout de ma botte. Après cet épisode on était copain pour la vie, et on a souvent bu ensemble après ça. Monsieur était mercenaire indépendant, avait un léger problème avec la boisson depuis ses dix ans et était copain avec tous les connards de la région. Facile à vivre, d'un caractère plutôt sociable quand il avait pas l'alcool mauvais, aussi ambitieux et rusé qu'un bout de bois, c'était l'employable idéal. On en a rapidement conclu au fil des beuveries qu'il fallait faire rentrer nos talents respectifs en synergie, et on a même fini par le faire. Ça a été une très chouette période de ma vie. Au lieu de m'asservir à un seul connard, on a fait nos affaires à nous comme ça nous plaisait dans notre coin. J'ai eu l'occasion de vraiment « devenir un homme ». Apprendre à vivre en société, à cacher mes émotions sous le tapis et sembler mort à l'intérieur, à être sobre plus d'un jour sur deux. Ça m'a permis de fêter mes trente ans sans bouffer les pissenlits par la racine - et c'est pas donné à tout le monde de pouvoir faire ça ! Dans la prospérité de nos carrières de mercenaire-trafiquant-assassin-voleur-garde du corps en indépendant, mon associé et moi songions même au bout d'un moment à arrêter de faire du mal aux gens pour entrer en retraite. Des goûts de luxe, comme ça. Hélas, l'un comme l'autre étions des paniers percés modèle XXL. Toujours à deux doigt de la faillite. Surtout que mon associé a eu la bêtise de se mettre avec une seule gonzesse, de lui faire des mômes et de s'engager à leur payer la bouffe et tout jusqu'à ce qu'ils soient grands, pour des raisons mystérieuses qui me dépassent. Il a jamais vraiment arrêté de boire, et ça c'est un budget aussi.
Néanmoins, cette histoire de se mettre au calme nous préoccupait pas non plus des masses. On avait des raisons légitimes de penser qu'on passerait jamais les quarante ans. On travaillait quand même souvent avec des gens qui voulaient nous tuer pour une raison ou une autre, sans compter que les humains avec du génome chelou vivent rarement vieux. 'fin c'était pas le cas de mon pote, mais le mien si et j'suis là pour parler de moi. J'ai grandi dans un endroit où tout le monde a des chromosomes qui partent en sucette, donc j'avais pas le recul, mais déjà c'est un miracle que j'ai atteint l'âge adulte. Je sais pas trop pourquoi dans mon coin c'est comme ça, mais c'est loin d'être le seul à subir le phénomène. J'ai connu une meuf qui pondait des œufs, dans un bled hyper loin. Pour dire. Y en a aussi qui viennent du Dôme, mais c'est vraiment dur de comprendre exactement ce qu'il leur est arrivé.

Mais bref, au final on s'est mis à vieillir comme des cons. Puis, contre toute vraisemblance, mon associé a claqué avant moi, dans son lit. Il s'est vomi dans les poumons en dormant. Comme ça faisait bien quinze ans qu'on traînait ensemble, ça m'a emmerdé, quand même. Je suis parti en sucette dans tous les domaines, globalement. Quelques mois après, j'ai filé la majorité de mes possessions terrestres à sa gonzesse et je suis parti. C'est dire comme j'étais remué, c'est pas trop mon genre de filer des trucs aux gens comme ça, sans contrepartie.

Je suis pas allé très loin en fait. Au milieu du désert, sur la grosse piste en plaques de bitumes fissurées j'ai croisé une gamine en train de marcher, toute seule, en portant un caillou, au milieu de nul part. Elle avait une queue de lézard et des griffes aussi. Je sais pas ce qui m'a pris, j'me suis approché pour voir. Elle avait l'air pas vraiment fraîche, plutôt maigre. Et là dans un élan de connerie j'ai posé des questions. La gamine a commencé à m'expliquer des trucs très rapidement, d'un air passionné, mais c'était plutôt incohérent comme récit. Elle était avec des gens, puis les gens sont plus là depuis hier, voilà. Le caillou s'appelle Bernard, et elle a vu une vache faire caca sur le chemin et c'était très rigolo. Pour le caillou, j'ai vaguement compris qu' un jour, elle avait réclamé un jouet, que quelqu'un lui avait filé en disant « tiens en voilà un » et que depuis elle le traînait.
Donc après cette presque discussion je me voyais pas partir sans lui filer un repas et de l'eau, puis j'suis resté avec pendant qu'elle mangeait, évidemment, à l'écouter babiller des trucs, et après j'ai regardé le désert, la gamine, encore le désert en notant au passage une carcasse d'animal en train de se décomposer, puis de nouveau la gamine. Tu comprends pourquoi j'étais emmerdé. Je suis donc retourné d'où je venais. Avec la putain de morveuse sous le bras. J'ai essayé de retrouver ses propriétaires sur le chemin, mais évidemment personne savait qui c'était. J'ai essayé en suite de la fourguer à un peu n'importe qui que j'estimais pas trop dangereux, genre la veuve de mon associé , Des potes aussi, mais personne en voulait. Du coup je me suis retrouvé avec ça sur les bras.

Parce que je m'étais remis à mes meilleurs vices depuis quelques temps, ça me foutait la pression. Gérer les besoins vitaux de deux personnes et tout. J'ai continué de faire des affaires, du coup, mais moins parce que je motive pas trop le chaland à me faire confiance, vu l'état de délabrement général Je me suis arrangé moyennement finance avec la veuve, au début, pour gérer des trucs. Puis après quelques mois de galères, la gamine et moi on a dû partir très précipitamment suite à une sombre histoire de vol avec laquelle j'ai rien à voir promis juré. 'fin je mens peut être un peu sur ce coup là. Je suis pas très fier de ça.

La gamine a proposé qu'on aille sous le Dôme, comme ça. Que ça serait forcément génial. Elle l'a vu une fois, de loin. Pas moi. J'ai dit oui. Comme ça, parce que j'avais un peu nul part où aller de toute façon. Dans ma tête j'étais déjà à l'article de la mort, alors j'me suis dis, autant qu'elle décide ce qu'elle veut faire de sa vie. Le trajet a été long, en chemin j'ai essayé de lui apprendre la base de la survie, la chasse, la bagarre, le couteau, le plus rapidement possible. J'avais beau être convaincu d'être sur le point de claquer,  on a fini par arriver en vue du Dôme. Il est... immense. J'avais jamais rien vu d'aussi grand. Autour, un désert de gravats et de pièges mortels. Pas un truc dans lequel tu fonces la tête la première. Est ce qu'il y avait des passeurs ? … est ce que les ours chient dans les bois ?

Ça m'a coûté cinq cent grammes d'opium pour passer. Ça fait beaucoup. Et c'était pas une promenade dans le parc. La gamine y a perdu une poignée de cheveux, un peu de peau, et moi j'ai eu une brûlure sur l'épaule et une entorse dans l'histoire. Et on a eu le droit à toutes les vannes possibles de la part des deux connards qui nous escortaient dans ce dédale infernal. Sur mon âge, celui de la gamine, nos mutations. Du coup le passage à tabac qu'ils ont vécu quand on est arrivé, ils l'ont pas volé. La morveuse a même eu la présence d'esprit de les dépouiller dans la plus grande efficacité. J'lui ai bien appris.
Donc on a débarqué... là dedans.
Comment dire.

C'est très différent du dehors, déjà. Immense, ça part dans des constructions en métal crasseux dans tous les sens. Y a toujours des gens, des bidules qui volent, des lumières qui clignotent dans tous les sens. Puis que de concepts compliqués j'ai dû apprendre rien que pour y vivre ! Un Etat central, déjà. Genre qui s'intéresse à ce que tu fais pour des prétextes complètement ésotériques. Par exemple, en dehors, la loi, c'est ce que le type qui a le plus gros fusil du coin veut pas que tu fasses. Nuire à son business par exemple. Là ils s'intéressent à ce que tu trafiques ben... pour ton bien, si j'ai compris de quoi ça parlait. En tous cas, vendre des armes et de la drogue dans tous les sens c'est illégal, tu trouves pas ces articles en magasin. Quand j'ai appris ça j'ai failli me juter dessus. Ça me laisse toute la place pour faire des affaires ça !  Bien sûr il y a cette histoire d'implants, de technologie, tout ça... il a fallu du temps pour comprendre ces choses là, mais j'ai pas eu tant de mal que ça à retomber sur mes pattes, finalement. Avec l'instinct du connard haute performance, j'ai rencontré des gens. Bizarrement, les griffes, la queue de chat et tout fait forte impression, en général, ils ont pas l'habitude. Y a des effets dramatiques à doser. J'me suis mis aux gants et aux longs manteaux quand je dois me promener en public. Tant qu'on y regarde pas de trop près je passe pour un homo sapiens respectable, quoiqu'un peu usé. J'ai arrêté la drogue en chemin, mais j'ai jamais été gros et costaud, et ça laisse des marques ces choses là. Le ventre plat et les côtes saillantes à quasiment cinquan... à un certain âge c'est pas le signe d'un passé prospère et calme quoi. La gamine c'est mieux, elle grandit. Elle commence à ressembler à une femme, mais j'ai gagné en élégance par rapport à ma jeunesse où je foutais ma queue n'importe où : j'essaye pas de la baiser. Chépa, ça serait bizarre, ça me met un peu mal à l'aise d'y penser en fait.

En tous cas, il y a de grands zones de non-droit sous le Dôme. C'est parfait. Tout le monde s'en fout de ce que j'y trafique. Des armes, de la drogue. Parfois je transbahute des gens ou des morceaux de gens – un peu crade ça, j'ai fait quelques cauchemars. Des fois y a de la violence, mais on s'en sort. Y a des gens qui veulent changer le fameux Etat, parfois par la force, alors ils m'achètent souvent des trucs. Je présente la gamine comme « mon associée », ça l'amuse beaucoup. Elle a toujours son caillou, Bernard, et elle fait plein de trucs utiles. C'est un pickpocket de premier ordre, déjà, et elle négocie vachement bien de façon flippante avec les gens, quoiqu'elle vive dans son monde à elle. Ça doit être un avantage en fait. Elle fait vraiment peur quand on la connaît pas.

Bref, le Dôme on s'y est fait. Plus ou moins. Je continue d'être surpris par pas mal de trucs. Et la nature me manque, les grands espaces me manquent, la solitude me manque. Mais y a des avantages. C'est une jolie maison de retraite pleine de saloperies à manger et de trucs qui clignotent.
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