Un marteau piqueur à élu domicile dans mon pauvre crâne...
Il pioche, tranche, vrombit, tronçonne, massacre, découpe, assourdi et hurle... Il hurle si fort... Et depuis si longtemps... Il hurle encore et encore et encore et encore et encore. Je n'arrive plus à aligner une idée après l'autre, une sensation après l'autre, un goût après l'autre, une phrase après l'autre. Je ne suis plus qu'une entité décousue, épuisée, meurtrie, perdue. Je ne sais plus si je suis en haut, en bas, à gauche, à droite, au nord ou au sud. Je ne suis plus maître de moi, de mes actes, de mes pensées, de mes choix et mes idées... J'ai l'impression de ne jamais l'avoir été. Je ne suis même plus spectateur : je ne suis qu'une voix, minuscule et ténue, qui menace de s’éteindre.
Les docteurs reviennent, me piquant pour la millième fois aujourd'hui. Un flot de liquide inconnu déferle dans mes veines et le monde se mets à tourner encore plus vite. Il tourne si vite que les formes et les sons finissent par se déformer pour finalement disparaître. Je suis dans une obscurité et un silence absolu. Plus rien ne vient, ni de l'intérieur ni de l’extérieur. Je reste en flottement pendant une seconde ou un milliers d'année, impossible à dire.
Puis une lumière prends peu à peu place. Elle grandit jusqu’à emplir tout l'espace, jusqu'a devenir mon unique existence et vérité. Elle m’inonde littéralement et je fini par m'y noyer puis m'y fondre. Je passe du vide au plein en quelques secondes.
Elle m'offre un répit et une plénitude que je pensais ne jamais connaitre.
Elle finit par décroître lentement pour laisser peu à peu place à ma conscience. Tout reprends progressivement sa place comme si elle ne l'avait jamais quitté : l'End Vice qui n'a pas pris sur moi à l'age de 16 ans, les Automates qui m'injectent une dose plus massive, les expériences hasardeuses pour faire plier mon esprit et mon corps, les 10 dernières années passées dans ce foutu laboratoire... Les rouages de mon cerveau redémarrent au fur et à mesure, les engrenages de mon corps s’emboîtent à nouveau les uns dans les autres. Mon être retrouve finalement toute son unité à la place de cette lumière de plus en plus lointaine. Quelques instant avant de disparaître la lumière me murmure "Quand tu sera prêt, reviens vers nous".
Il ne me reste plus qu'a foutre le camp de cet endroit de malheur...
[Ressac]