Le réveil est difficile. Très difficile, même. Les membres endoloris et cette douleur derrière la tête sont pas d'une grande d'aide pour aider Cosma à retrouver ses esprits. Allongé sur ce qui ressemble à un vieux brancard un peu daubé, il ouvre péniblement les yeux et regarde autour de lui. Une petite pièce, pratiquement vide à l'exception d'un genre de vieil établi avec tout un bordel dessus, des calepins, un scalpel, des aiguilles... Et au-dessus, un miroir. Les murs sont dégueulasses et il règne une atmosphère pesante, le genre qui pue la lourdeur et le renfermé. Cosma finit enfin par se redresser tant bien que mal. C'est maintenant assis sur son lit de fortune qu'il se rappelle où il est. Le cabinet. Dans un mouvement vif et oubliant ses bras fatigués, il porte sa main à sa nuque et sourit légèrement en touchant une cicatrice qui n'était pas là quelques heures plus tôt.
Ça y est. Il est parti. On lui a enfin enlevé ce putain d’implant, après toutes ces années.
Cosma se lève, souffle lentement, et avance vers le miroir.

T’as vraiment une gueule de déterré, gamin…

- Ta gueule.

En prononçant ces deux mots, Cosma regarde rapidement autour de lui. Toujours aucun signe du médecin, ni de personne d’ailleurs. On l’avait déjà suffisamment pris pour un fou par le passé, mais depuis qu’il s’était habitué à cet espèce de fantôme planqué dans son esprit, il avait pris le coup d’éviter de lui répondre en public. Il l’entend rigoler au fond de sa tête, ce connard…

Allez, détends-toi, souris… Ça y est bonhomme, t’es libre.

Réalisant peu à peu qu’il était débarrassé de son implant, il finit par remarquer quelque chose dans le miroir, quelque chose d’un peu flippant. Comme une trace noire et filiforme dans son cou. Et il avait beau passer sa main dessus, il ne sentait pourtant rien. Il ouvrit quelques boutons de sa chemise et constata le reste du bordel. De longues lignes noires, semblables à des veines, lui parcouraient tout le torse et une bonne partie de son bras droit.

C’est les effets secondaires ça, rien de grave….

Il murmura un « putain… » discret en refermant sa chemise. À partir de maintenant il allait falloir qu’il se démerde pour cacher ce truc-là. Ça plus l’autre casse-couille qui lui encombrait le cerveau en permanence, ça commence à faire pas mal d’un coup… Il se retourna à nouveau vers le brancard, et retrouva par la même occasion son vieux cuir usé, balancé au sol contre le mur, pas loin de la porte entrouverte (de toute façon vu la gueule de la porte, ce serait étonnant qu’elle ferme encore). Ramassant sa veste, il sort enfin de ce cabinet  délabré et se retrouve dans un petit couloir, à peu près dans le même état. Toujours personne, mais au bout du couloir une nouvelle porte. Et la mémoire lui est revenue. Il se dirige vers la sortie, avec déjà en tête l'idée d'aller se poser dans le premier rade sur lequel il tomberait dans les souterrains.

- On est libres.

Oh que oui...

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