Les secondes s'égrainent, péniblement. C'est presque un travail de titans que de les faire passer, d'arriver à ce que les ondes ne faiblissent pas, ou si peu, durant quelques secondes. C'est si dur de concentrer cette chose, au départ si petite, si faible. C'est trop dur de la faire grandir et de l'envoyer droit devant soi. C'est un sacré travail de précision et de concentration.

Merde, ça faiblit.

*7...8...9.....10 !*
Putain que c'est bon !
Sourire, la joie d'avoir déjà tenu 10 malheureuses secondes. C'est si peu et pourtant c'est tellement énorme !

Et puis pouf, trop dur. L'onde revient au stade zéro, ne subsiste qu'un mince filet dans sa tête, coincé dans sa boite cranienne. Le voilà à l'étroit, et avec un sacré mal de tête !

- Vas-y mon gars, crâme moi tout ça !
Ce mentaliste, il ne l'a ni entendu, ni vu venir. Il est venu, juste venu, comme ça, sans qu'il lui demande rien.
Et sa main s'est accrochée fermement à son bras. Il sentait sa chaleur corporelle, les petites ondes que son cerveau envoyait, comme s'il était en train de se faire une petite fête perso à coup de poudre blanche.
Les ondes bougent sous sa poigne, rentrent dans sa peau, parviennent finalement jusqu'à son cerveau.

Alors il tente de continuer.
Le flux, ne venant pas de directement de lui, est plutôt faible et ne durera pas longtemps. Mais c'est pas grave, c'est mieux que rien, on restreint le nombre de personne et on le lance.

*1...2.....3......4..........5 !*
Cette fois-ci c'est foutu ; il ne pourra pas faire mieux !
15 secondes de merde... ca c'est de la prouesse !

Juste assez de temps pour se barrer, pour courir jusqu'au Temple. Mais lui, peut-il courir ? Il sent ses jambes qui chancellent sous lui. Il est si fatigué, et pourtant il se sent si bien ainsi, l'esprit totalement vidé. Il n'est plus qu'une huitre. Il ne pense plus à rien. Le monde autour de lui lui parvient dans ses nerfs comme brouillé, lointain, et sa vue se teinte d'un voile clair. Il est fantôme de conton.
Il sourit.

Et il revient à la réalité.
Il doit courir !
Il tente de courir, mais c'est dur. Et il réalise l'existence de ce gars, qu'il ne connaissait même pas, qui est venu spontanément vers lui. Un bon type que celui-là. Il lui tend le pistolet solaire
- Merci l'ami, mais va falloir qu'on se grouille. Tiens, j'te la prête, faut dégommer ceux qui gênent avant qu'ils se rendent compte de ce qui se passe,
Les autres sont déjà dans le temple.
Un soupir traverse la barrière de ses lèvres.
Et il s'accroche à son nouveau pote, et ensemble ils se frayent un chemin jusqu'au Temple.