Arène principale et bar

Pénétrez dans l'arène principale du Carnival et passez donc sous son immense tonnelle afin de commencer votre voyage !

Les meilleurs barmen de la ville sont à votre disposition ce soir afin de régaler vos papilles et étancher votre soif ! Une terrasse est là pour vous permettre de vous détendre ainsi que des coins canapés pour les V.I.P.

Le whisky descendit d'un trait dans son oesophage, réchauffant à la limite du supportable les parois qu'il empruntait, mais au final, n'était-ce pas ce qu'il aimait dans le fait de boire son pur malt ? Phil reposa son verre sur le comptoir et se retourna, tout en s'accoudant en arrière et observa les équipes de la soirée qui finissaient de tout préparer. Son pied tapait la mesure de la musique qui fusait de partout, chantant les paroles sans un bruit, juste en remuant les lèvres.

C'était sa première grande soirée officielle dans cette époque et sans pouvoir s'en empêcher il était tout de même nerveux. Excité, impatient, mais stressé. Tout va bien se passer, ils vont adorer, se répétait-il, tu es Phil Mason nom de Dieu, celui que toute la ville veut pour s'éclater. Il englouti un deuxième verre qui réussit cette fois à le détendre et à le rendre quelque peu euphorique. Il fit le tour du bar d'un pas léger, esquissant quelques pas de danse pour le mettre de l'ambiance, une glissade de côté et un tour sur lui-même à toute vitesse réussirent à le faire rire. Une fois stable sur ses deux pieds, il aperçu Henry, dans un des plus beaux costumes trois pièces qu'il lui connaissait, un sourire jusqu'aux oreilles, des étoiles dans les yeux, ce dernier avançait dans sa direction d'un pas enjoué ; traversant la pièce tout en croisant des échassiers, des jongleurs et des illusionnistes. C'était une scène fantasque à la limite du rêve qui le ravissait.

- Cinq minutes mon grand ! cria-t-il, laissant éclaté son excitation. Dans cinq minutes, nous reconquérons le monde Phil !
- Oh oui mon amour ! répondit-il en passant son bras autour de son épaule. Dans cinq minutes, la mariée ouvre le bal !

Henry tourna rapidement la tête vers le barman et fit signe de leur apporter deux verres. Se tenant par les épaules et regardant droit devant eux, comme si l'avenir leur tendait les bras, ils trinquèrent, vidèrent leur verre d'un trait et avancèrent doucement vers l'entrée. Là, Henry regarda Phil d'un air malicieux, comme s'il lui cachait une surprise.

- Hey buddy, tu devineras jamais ce que j'ai trouvé en fouinant pendant des heures, lui dit-il.

Phil le regarda, sa curiosité marquée par un sourcil relevé. Henry releva le bras et tapota sur ce qui ressemblait à une montre futuristique. Un petit écran holographique s'afficha au dessus de son poignée et il commença à chercher une commande.

- Je veux ce truc ! s'exclama Phil. Où as-tu trouvé un gadget pareil ???
- T'inquiètes donc pas, il y en a un sur ton bureau qui t'attend, répondit Henry. Mais tout d'abord, ouvre grand tes oreilles et savoure ce moment venu du passé.
- Tu contrôles les playlists avec ça ? C'est génial !

Henry sourit pour seule réponse et lança la musique.


A la première note, Phil reconnu tout de suite Alles neu, un très vieux morceau désormais, datant de plus de cent ans en arrière.
Les deux amis d'enfance se mirent à chanter et danser tout en se dirigeant vers les portes de l'arène principale. Phil attira l'attention des portiers et gesticulant des bras et il leur donna l'ordre d'ouvrir les portes. Ces derniers s'exécutèrent et les premiers invités firent leur entrée. Mason salua les premiers arrivant d'une poignée de main tout en leur souhaitant une excellente soirée et regagna le comptoir afin de contempler la scène. Une fois que l'arène principale fut un minimum rempli, il grimpa sur un tabouret, et attira l'attention de son auditoire.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Merci, merci du fond du coeur de vous êtres déplacé à cet événement qu'est The Carnival. Premier événement d'une longue série je l'espère, et pour lesquelles, les Entreprises Mason travailleront ardemment afin de vous satisfaire. Mais l'heure est à la fête ce soir et comme je n'aime pas les longs discours, je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps. Donc ! Sur votre gauche, la piste de danse et sa scène. Sur votre droite, la Foire aux monstres où vous pourrez jouer avec vos nerfs, j'y suis passé et croyez-moi, même moi je n'avais pas espérer autant d'effroi.

Petit rire poli de la foule, Phil sourit, ils commençaient à accrocher et étaient plus que curieux, il en voyait qui regardaient de partout, impatient apparemment de faire le tour.

- Et derrière moi, au fond, pour ceux qui ne peuvent attendre finit-il avec un sourire complice, la Loge. Sur ce, je vous souhaite à tous, une bonne soirée et la bienvenue au Carnival !

-Surtout tu ne t'éloignes pas de moi d'accord ?

Elle a l'air perdu, et Grégoire aimerait pouvoir l'aider plus, mais il ne sait pas comment faire. Quand il a entendu parler de cette fête, il s'est dit que ce serait une bonne occasion pour que la petite sorte, s'amuse, et oublie pour un temps ses tracas.
Mais il ne pouvait pas non plus se permettre de la laisser seule. Elle disait ne se souvenir de rien, mais peut-être mentait-elle pour se protéger. Et puis elle pourrait dire des choses qui ne devraient pas être entendues. Alors il la tenait par le coude, et un de ses hommes les suivait discrètement, avec pour mission de ne pas la quitter des yeux.
La musique ne lui plaisait pas, ce qui ne semblait pas être le cas de Gwen. Un petit sourire timide lui montait au visage, et il ne pouvait s'empêcher de le regarder. Enfin, enfin elle souriait ! Il avait tant de choses à lui dire, tant de choses à lui apprendre, et à apprendre... Mais il faudrait patienter, elle devait apprendre à vivre dans ce nouveau monde. Et surtout, elle devait recouvrir la mémoire.
Il allait falloir qu'il l'emmène au médecin.

-Dis Grioghar, cet homme, tu as déjà eu l'occasion de le rencontrer ?

Il suivit le regard de Gwen, qui regardait Mason.

-Non, jamais. Il vient de 2040 aussi.
Où veux-tu aller ?

La jeune fille haussa les épaules, observant toujours le maitre de cérémonie.

-Je ne sais pas si les monstres me plairaient... Mais la danse oui.

Grioghar regarda tendrement Gwen, et lui caressa la joue.

-Guillaume m'avait dit que tu aimais danser. Tu vois, ta mémoire est toujours là, il suffit d'attendre patiemment.

(direction la zone de bal)

A quelques mètres de lui, il pouvait entendre Henry rire aux éclats avec un groupe d'invités. Ce dernier s'accoutumait à une vitesse faramineuse, le fait d'avoir les cent dernières années dans la tête aidant pour beaucoup -une heureuse conséquence de la faille- ; Henry pouvait converser avec les autres sans qu'il y ai le moindre doute quand à son époque d'origine. Politique, histoire, mode, arts, il connaissait désormais presque tout, ou du moins, les choses lui revenaient en tant voulu, une musique inédite pour lui et aussitôt c'était comme s'il se souvenait des choses, tel une donnée dormante au fond de sa mémoire.

Phil se sentait plus que chanceux d'avoir retrouver son meilleur ami de l'autre côté de cette faille, il avait son appui et compagnon de toujours à ses côtés, dans un monde entièrement neuf, et pour une fois, Phil voulait le conquérir à deux. Non pas qu'il renonça à vouloir contrôler de sa seule personne ses entreprises, mais il laisserait une place plus importante à Henry à ses côtés désormais. Il l'observa du coin de l'œil tandis qu'il échangeait des banalités avec un automate coincé comme un prêtre et sa dinde qui gloussait à chaque phrase ; oui, il aimait décidément Henry, il n'y aurait jamais rien entre eu, ils le savaient tous les deux, mais il adorait son acolyte, le considérant depuis de longues années comme la personne la plus importante de sa vie.

- Il faudra que vous nous parliez de votre époque, ça serait une histoire absolument ravissante ! s'exclama la dinde de son interlocuteur. Vous pourriez même faire un livre !
- Oh ! Ce serait une excellente idée ! répondit machinalement Phil.

Cela faisait longtemps qu'il n'écoutait au cours de ce type d'échange, et là, il commençait à s'ennuyer.
Vite, un verre. Il trouva le moyen de poliment couper court à la conversation, leur servit le plus enjôleur de ses sourires, et pris congé.
La soirée commençait à gagner en puissance, le comptoir était pris d'assaut et le public commençait à se disperser aux travers des différents lieux de la soirée. Il se dirigea vers le bar, un grand sourire aux lèvres toujours fixé sur son visage, comme à chaque fois qu'il passait un merveilleux moment. Il commanda un gin tonic, il n'en avait pas bu depuis des années et décida de faire honneur à ces lointaines racines anglaises. Il se pencha en avant et commença à échanger quelques mots avec un des barmen, vérifiant si tout se passait bien, quand quelque chose attira son attention, dans le coin de son œil.
Quelque chose ? Il tourna la tête et constata que c'était plutôt quelqu'un. Il pencha la tête sur le côté, intrigué, il avait déjà vu ce visage mais où ? Et quand surtout ? Quelque chose différait, il savait qu'il connaissait cet homme mais il y avait des différences. Les cheveux peut-être ? Non. Une minute...
Le Wonderland ! Le souvenir lui éclata à la figure. L'homme n'avait désormais plus les cheveux hérissés et avait laissé ses habits blanc au placard, mais c'était bien lui.
Phil ouvrit grand la bouche sous l'effet de la surprise et éclata de rire. C'était plus que formidable. Il devait absolument allait lui parler, il lui devait à boire d'ailleurs.
Sa dernière soirée en 2040, et cet homme se retrouve comme par miracle aussi à la première de 2140. Les circonstances étaient bien trop amusantes pour qu'il n'en fasse rien. Il se dirigea donc vers ce familier inconnu, et pris place à ses côtés tandis qu'il vidait un verre d'un trait.

- Ce monsieur à open bar désormais, lança Phil à l'attention des barmen.

L'homme tourna alors la tête pour découvrir qui parlait et lui fit face.

- Cela fait un siècle que je vous dois une tournée, conclut-il d'un clin d'œil.

Il commençait à être ivre, il le sentait. Cela montait en lui depuis son ventre, lentement, réchauffant sa poitrine avant de venir lui exploser à la tête. A chaque seconde qui passait, il était un peu plus détendu, plus excentrique, plus désinhibé qu'il ne l'était déjà en temps normal. L'excitation et l'impatience qui avaient résulté de cette soirée le rendait plus sensible que d'habitude à l'alcool. Il allait freiner légèrement sur la boisson pendant une petit heure, quelle esclandre cela ferait si le maître de cérémonie finissait complétement cuit en début de soirée.

Tandis que Lester répondait à son invitation, Phil put remarquer ce qui l'avait perturbé en le reconnaissant. Alors que la différence d'âge les séparant ne devait à l'origine pas être très grande, voila qu'il avait sous les yeux un tout jeune mentaliste, dans la fleur de l'âge, et lui même qui avait pris dix ans de plus. Alors traverser la faille pouvait vraiment vous faire tout et n'importe quoi. Il l'enviait, il était resplendissant même si son regard était bien trop profond pour quelqu'un qui aurait réellement eu 20 ans, il lui trouvait même du charme, bien que la mèche qui lu tombait sur le visage lui donnait envie de prendre une paire de ciseaux, mais l'heure n'était pas à la drague, pas pour le moment en tout cas. Il avait devant lui un compagnon de galère tout autant perdu que lui, et ils allaient peut être pouvoir devenir alliés dans le futur. Un bon temporel de cent ans, ça aide à tisser des liens.

- Merci Phil, répondit Lester. Ça ne vous dérange pas que je vous appelle par votre prénom, je suppose ? Je crois que vous devez être la seule personne que je connais encore, ici. Vous...

La gêne, Phil sentit la gêne de son interlocuteur à plein nez, comme si elle avait réellement une odeur. Il savait toujours lorsque quelqu'un n'était pas à son aise en sa présence, celle de Lester n'était grande non plus et devait plus être due au fait qu'il était tout autant largué que Phil dans ce nouveau monde. Voila bien quelque chose que Mason ne souhaitait pas du tout de la part de son interlocuteur contemporain et il fallait qu'il le mette en confiance. Il ne savait pas pourquoi, mais il tenait à être en bon terme avec ce singulier personnage. Il se souvint de la première impression qu'il avait de lui et il sourit, sincèrement.

- Phil, Phillip ou encore monsieur Mason, je m'en tape complétement ! répondit-il en riant. Ce soir je m'éclate, alors autant ne pas s'emmerder avec les formalités non ? En tout cas, cela vous a réussit ce petit voyage, lifting gratuit, pas mal comme cadeau de bienvenue. Et au fait, puis-je savoir votre nom ?

- (...) Je suis aussi ici pour réapprendre à vivre, non ? Alors autant se jeter dans le bain. Je dois faire marcher mes jambes. Cent ans que je n'ai plus utilisé mes muscles : ils ont besoin d'un peu d'action, annonça Lester.

Enfin, il se détendait. Déjà cent ans auparavant, Phil avait pu ressentir une légère tension, comme de la retenue de sa part, comme s'il cherchait à contenir quelque chose. Mais après tout, comprendre un mentaliste n'est en rien quelque chose d'aisé ; comment savoir ce qu'il pouvait bien se passer dans la tête de quelqu'un issu d'un laboratoire ? Phil se rendit compte sur le coup qu'effectivement, il était en face d'un homme entièrement conçu par les scientifiques d'Europe Nouvelle, et alors ? Mise à part le moyen de fabrication, le résultat final était le même, il était fait de chair et de sang, il avait un coeur battant et un cerveau pour diriger toute la mécanique du corps humain. Mason ne voyait pas tellement la différence, Lester n'avait pas eu de ce que l'on pourrait qualifier de vrais parents mais à quoi bon, quand on voit l'exemple que furent les siens, ce n'était peut être pas plus mal ; Phil se dit qu'effectivement, il n'était pas si différent l'un de l'autre.

- C'est comme vous voulez. lui dit lester. Après tout, c'est vous le spécialiste !
- Spécialiste, spécialiste, je ne fais que mon travail, répondit Phil en riant. Mais j'avoue que je le fais excellemment bien, conclu-t-il d'un haussement de sourcil.

Il passa son bras autour de l'épaule du mentaliste et posa son verre.

- Let's go then ! s'exclama-t-il en emboitant le pas. La foire aux monstres risque de ne pas vous plaire, et je vous comprends. Il est trop tôt pour la Loge, il ne nous reste plus que la promenade ou la scène. Vu que vous voulez vous dégourdir les jambes, ce sera la scène !

Il ne lui laissa pas le temps de répondre que déjà ils se dirigeaient droit vers le lieux en question. Phil héla Henry au passage et lui fit signe qu'il se rendait à la scène et se fit arrêter de nombreuses fois lors du trajet afin de serrer des mains et de rire hypocritement aux blagues plates de ses invités.
Un quart d'heure plus tard ils y arrivaient enfin. La salle était pour le moment à moitié pleine, mais les gens continuaient d'arriver, timidement mais surement. Phil tapa dans ses mains puis les frotta l'un contre l'autre, toujours autant enjoué par la soirée.

- Bien. Allons-y ! lança-t-il.

Et il entraîna Lester sur la piste.

-Mais qu’est-ce que je fous ici ?

Deux minutes plus tôt, Drew se trouvais devant l’entrée du bâtiment à demander son chemin, et sans le vouloir elle s’était retrouvée à l’intérieur. La jeune femme avait mis trois jour avant de se décider à sortir de son appartement. La peur du nouveau, voire même du renouveau, l’avait empêchée de faire un pas dehors. Mais après ce laps de temps, elle avait enfin trouvé le courage de sortir et de visiter la ville. Tout avait changé, elle ne s’y retrouvait plus. C’est ainsi qu’à la tombée de la nuit, elle s’était retrouvée totalement perdue devant un bâtiment bondé. Elle avait voulu demander où elle était au vigil mais celui-ci avait mal compris ses propos à cause du bruit alentours et l’avait poussée à l’intérieur tout en disant : « allons, madame, d’autre personnes voudraient passer ! »

Drew balaya la foule du regard. Des tas de gens, des tas de têtes, des tas d’inconnus. Sans doute tous d’ici, de cette époque, pas comme elle. En avait-il d’autre de 2040 ou était-elle la seule ? Et en quelle année était-on déjà ? Ca même elle ne le savait pas. En fait, elle n’avait pas eu le courage de le demander à un passant, de peur d’être prise pour une folle.

*Bon, maintenant que je suis sur place, autant faire un petit tour du propriétaire. On sait jamais sur qui je peu tomber.*

Elle vadrouilla donc dans la salle, à la recherche de têtes connues, en vain. Elle décida alors d’aller au comptoir pour se désaltérer – une journée sans boire ni manger l’avait mise dans une phase où elle aurait pu avaler du rat mort – et s’assit. Du fait de sa jeune apparence, le barman hésita à lui servir quelque chose.

-Quel âge avez-vous, jeune fille ?

-Sans doute bien plus que vous vieil homme.

Il n’en demanda pas plus et lui ramena un double whisky qu’elle goba d’une traite. Et c’est là qu’elle aperçut au loin une silhouette familière. Reconnaissant la personne, elle avala de travers. Elle posa le verre et se dirigea discrètement derrière l’individu.

-Lester ? fit-elle. C’est bien toi ?

L’homme que Drew avait pris pour Lester n’avait même pas daigné se retourner. Alors était-ce lui où non ? Les chances que ce fut la bonne personne étaient faibles, trop faible. Drew choisit alors de ne pas le suivre. Après tout, si c’était un malentendu, il risquerait de la prendre pour une folle. Mais si c’était bien lui… Peut-être ne l’avait-il tout simplement pas entendu…

La jeune femme préféra ne pas y penser. Elle resta donc plantée là pendant quelques secondes, le temps de voir cet homme s’éloigner avec un autre. Des souvenirs douloureux, mais si bons, lui revinrent à l’esprit, et elle choisit de les noyer dans l’alcool. Après tout, c’était la seule chose qui lui restait à faire.

Elle retourna au bar et s’assit à côté d’un homme qui n’était pas là avant. Elle commanda un « ce que vous avez de plus fort » qu’elle vida d’une traite en grimaçant.

*C’est dégueulasse ! *

Elle prit une fraction de seconde pour observer – de manière peu discrète en fait – l’homme assis à côté d’elle. Elle avait l’étrange impression de l’avoir déjà vu. Sans doute n’était-ce qu’une impression, mais quelque chose en lui lui faisait penser au Novlangue de 2040. Etait-il aussi un importé de là-bas ? Elle n’osa pas lui demander. Du moins pas avant un second verre.

Elle tourna la question x fois dans sa tête, cherchant la meilleure manière de la poser sans paraître folle. Depuis ce bond dans ce nouvel endroit, Drew s’était découvert une nature très timide qu’elle n’avait pourtant pas avant. Sûrement cette peur de l’inconnu l’avait-elle rendu ainsi.

Enfin déterminée à interroger l’homme – et déjà faiblement sous l’emprise de l’alcool –, elle se tourna vers lui et dit :

- Bonjour, excusez moi de vous déranger – début très médiocre, mais il en faut bien un –, mais ne viendriez vous pas de… avant… Je veux dire, vous aussi vous…

Blocage complet. Son petit discourt qu’elle s’était dit et répété ne sortait voulait plus sortir. Elle mit ses mains sur son visage et laissa échapper un petit grognement.

- Arg! Quelle conne!

Il était temps que le chasseur entre sur la scène, ou plutôt dans le bar, car c'est par là qu'il avait décider d'entamer sa recherche. Ce n'était pas tellement le moment de tirer sur tout ce qui bouge mais s'était une occasion parfaite pour faire de la reconnaissance. Il avait muni son uniforme d'une caméra intégrer, très discrète elle lui permettrait d'avoir des images de ce qui se passe ici. Il semblait que la ville ai autorisé une sorte de passe-droit pour cet endroit, mais étoffer un peu son fichier de "clients" était toujours appréciable, ça rendait son boulot presque supportable.

Le Nod entra donc dans le bar, en uniforme tout de même car s'était l'habit de rigueur lorsqu'il sortait, mais cet uniforme était un peu différent de celui qu'il mettait habituellement. Il portait l'uniforme de soirée, celui avec des décorations et autres pièces superflus qui récompensait des années de service, de promotions et d'escarmouches ou fusillades en tout genre desquelles il était toujours sortit vivant jusqu'à présent.

Les gens entraient et sortait du bar, il y avait un mouvement perpétuel qui rendait difficile de surveiller une personne en particulier. Ce soir il ne ferait qu'une surveillance très limité, mais la caméra qu'il avait embarquait était une plutôt bonne idée, en espérant que les images puisses être utilisables ensuite. Jim se rendit au comptoir du bar et y commanda une bière, il partit ensuite pour s'assoir à une table, aucunes de libres mais ce n'était pas non plus un problème, il se dirigea vers une table où une personne seule se trouvait. Celui-la ne semblait pas être un automate, juste un banal orthodoxe, mais chacun savait qu'il ne valait mieux pas emmerder un Nod et Jim le savait, les gens avaient peur d'eux, ce qui fit donc fuir le malheureux lorsque l'homme en uniforme lui fit signe de déguerpir, voila une table tranquille où il pouvait donc boire sa bière tranquillement, pour surveiller les alentours.

[venant de la foire aux monstres ]

Je les ai semé ? Ohlàlà ! ils vont venir me chercher, c'est sûr !
pas de panique, pas de pa-ni-queu !

Je suis où ?
C'est chic ici.
La déco est chic, les gens sont chics... ya pas de mutants. J'ai l'impression de pas être à ma place. J'ai le droit d'être ici ?
Bon, ça ne fait rien. Après tout, je fais parti de la fête, j'ai été achetée exprès pour. Du certaine façon, je suis légale.
Ya des gens qui me regarde bizarrement.
La télécommande ! hop, dans la poche de pantalon. Non non, je ne suis pas évadée d'un cirque, je fais une pause, j'ai quartier libre. Ou alors je me suis perdue, mais c'est surement pas de ma faute, je suis innocente.
Ya un règlement qui dis que les monstres de foire ne doivent pas quitter la foire ? C'est écris où ? Et ça sait lire, un monstre ? Ils sont bien capable de croire que non. Et puis des autres de la foire, je crois qu'il y en a pas beaucoup qui savent lire. Voilà, j'ai encore une excuse si je me fais chopper.

Oh non, un NOD ! Il manquait plus que ça.
Pourvu qu'il ne me voit pas.
Je garde le bras gauche du bas dans mon dos, pour être plus discrète, mais j'ai quand même l'impression de faire un peu tache dans le décors.

Tous ces gens riches, toutes ces lumières, tous ces regards braqués sur moi... je suis rouge de honte ou blanche de peur ? On peut être les deux à la fois ? Dans tous les cas, je suis trop visible. Ya pas un coin plus tranquille où je pourrais me planquer ?
En plus j'entends des voix qui s'élèvent de la salle d'où je viens. Je sent qu'ils vont pas tarder à me retrouver, faut pas rester là.

Par là ! Il a l'air d'y faire plus sombre et plus calme. Je m'y dirige gentiment, l'air de rien, mais sans trainer.

>>vers la zone de bal<<