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Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)

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 Peine capitale

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Mentaliste
Le destin bat les cartes, nous jouons

Lester
Lester

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Fan Club RP : 32

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Peine capitale Vide
MessageSujet: Peine capitale   Peine capitale Icon_minitimeVen 29 Avr 2011 - 0:47

Je ne savais pas où le mettre, et j'avais envie de le partager celui-là, parce qu'en plus vous connaissez Lester, et que j'ai galéré pour l'écrire, mais que c'est sorti du plus profond de ma tripaille.

Et puis mon roman, c'est un petit bout de moi-même, tout comme Lester ou Sergueï. Je suis contre la peine de mort, en même temps ça sortait de mes convictions, mais je suppose que ça se sent durant l'extrait. S'il y a un endroit vraiment mal écrit ou quelque chose de mauvais, merci de le signaler. Je suis très ouverte au lynchage... Il paraîtrait même que j'aime ça...

Je l'ai pas encore dit, mais je vous aime bien. Tous.




***

Sergueï s'était attendu au pire, mais l'horreur dépassa ses espérances. Quand les stores de la vitre s'ouvrirent et laissèrent apercevoir Lester sanglé comme un animal dans un fauteuil, il eut l'irrésistible envie de s'enfuir. À ses côtés, au niveau du premier rang, les gens applaudirent. Il ravala une bile âcre.

Deux cathéter avaient été placés au niveau de son bras. Ceux qui s'occuperaient de l'injection létale étaient cachés derrière une vitre opaque pour ne pas voir le condamné. Seul un médecin patientait en compagnie de Lester. Il ne serait utile qu'en cas de problème et s'occuperait de donner l'heure du décès.

Les deux frères échangèrent un regard. De la tristesse se peignit sur le visage de Lester, mais il ne détourna pas les yeux. La vision de Sergueï lui était préférable à ces autres visages grimaçants. Il l'avait toujours trouvé beau garçon. En même temps, Lester n'était pas quelqu'un de difficile. Il avait juste été heureux, et il n'en avait pas demandé plus à son frère de cuve.

Ses lèvres bougèrent imperceptiblement, mais aucune parole n'en sortirent. Il s'adressait à Sergueï. Ils se comprenaient ; pas besoin de mots pour comprendre les sentiments. Aucune larme ne perla.

La trotteuse passa le douze. Il était maintenant quinze heure. Le médecin se raidit sur sa chaise.

Sergueï aussi.

Le silence gagna l'assemblée. Voir un homme mourir était toujours un spectacle qui inspirait le respect. Ce n'était qu'à ce moment qu'on comprenait la fragilité d'une vie. Tout se jouerait à quelques grammes de chlorures de potassium. Quelques minutes, et son cœur s'arrêterait de battre.

Lester grimaçait. L'injection du thiopental sodique venait de débuter. Il ne lui restait plus que quelques secondes de conscience, ses dernières secondes. Alors il ne lâcha pas Sergueï du regard. Ne se reflétaient déjà sur ses pupilles plus que le vide. Peut-être revoyait-il sa vie ? Leur vie !

Sergueï cramponna son pantalon. Le sang sous ses ongles avait déjà séché, le sang de Lester. Il se les rongea et le goût salé se répandit dans sa bouche. Le contact n'était donc pas rompu. Palpitait encore leur lien mental. Jamais depuis leur naissance il n'avait été aussi fort. À fleur de peau, ses ondes parcourraient le corps de Sergueï qui frissonnait.

Lester lui adressa un dernier signe de tête avant de sombrer dans l'inconscience. Ses muscles se décrispèrent et il chut dans le fauteuil.

Il était à peine quinze heure et une minute.

Sergueï se mordit douloureusement la langue. Il se rappelait un souvenir heureux, lors de leur adolescence, lorsqu'ils s'étaient embrassés pour la première fois. Intimement depuis leur enfance, ils savaient qu'ils vieilliraient ensemble. Petit, Sergueï lui avait promis qu'ils se marieraient, et jamais ils n'avaient pris le temps. Futile, symbolique. Qu'il aurait été fier de partager son nom avec Lester. Aucun cobaye n'en avait, comme si, à l'heure de leur mort, ce serait un souvenir de moins à conserver. Juste un prénom usuel. Voilà qu'il culpabilisait.

L'assistance était parcourue par un murmure, comme le bourdonnement d'une abeille. L'heure était au bromure de pancuronium qui paralyserait ses muscles, empêchant ainsi Lester de se débattre lorsque son cœur s'arrêterait. Ils voulaient une mort digne et calme, mais pour Sergueï, cela resterait égal à de l'euthanasie. L'idée selon laquelle son compagnon ne valait pas mieux qu'un animal le révulsait. Dans son corps, il sentait aussi ses nerfs s'engourdir. Le flou s'emparait de sa vision hormis ce corps blanc inerte dans le fauteuil.

Les secondes s'égrenèrent, douloureusement.

Puis quelque chose se brisa en lui. Le fil entre leurs esprit se tarit jusqu'à ce que Sergueï ne parvienne plus à le ressentir. Les picotements avaient disparu, ne laissant qu'un grand vide parmi ses sensations. Il leva la tête et contempla ce qui était désormais le corps de son frère. Le chlorure de potassium avait agi ; le cœur ne battait plus.

Lester n'était plus de ce monde.

Sergueï n'avait plus aucune raison de vivre.
Le vide, rien que le vide, un grand vide. Un trou noir avait prit naissance à l'endroit de son cœur et aspirait à lui tout ce qui lui restait d'humanité. La souffrance mentale était si forte que son esprit, par instinct de conservation, censura sa douleur. L'homme n'était plus qu'une pelote de nerf ballotée au vent. Il était incapable de faire le lien entre son environnement et sa situation. Il avait mal, le reste n'était plus de son ressort.

Les gens, satisfaits, s'étaient calés sur les bancs. Silencieux, ils méditaient sur la condition humaine. L'animal en eux avait eu son spectacle de mort, et, repu, il s'était rendormi jusqu'à la prochaine fois.

Sergueï ne répondait pas de ses actes. Seul la folie se distillait encore dans son être.

Il se leva, poussa ceux qui bloquaient son chemin. Insensible aux réclamations et cris indignés, il gagna l'allée. Il frappa contre la vitre, mais elle était blindée. Le besoin d'exciser sa souffrance le poussait à se faire mal. Il devait démolir le dernier obstacle qui le séparait du corps de son ami, quitte à se blesser.

Il n'entendit pas les gardes venir et enserrer ses bras. Ils le traînèrent au sol, comme une bête sauvage. Sur son passage, Sergueï se débattit et se cogna dans les bancs. Une flopée de jurons et de hurlement s'échappaient d'entre ses lèvres. Aucun ordre ni parole ne semblait parvenir à se frayer un chemin jusqu'à sa conscience. Alors, constatant qu'ils perdaient leur temps, ils le plaquèrent au sol tandis qu'un infirmier plantait une seringue de sédatif à travers son pantalon.

Les agents de sécurité réussirent à l'emmener en dehors de la salle. Incrédules, les gens avaient suivi toute la scène avec la curiosité morbide commune à l'espère humaine. Il avait suffit de quelques minutes pour que Sergueï, lui aussi, s'endorme. Mais avant de laisser le sommeil le prendre, il se promit quelque chose.

Il aurait à faire quand il se réveillerait.


Dernière édition par Lester le Sam 7 Mai 2011 - 11:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Peine capitale   Peine capitale Icon_minitimeVen 29 Avr 2011 - 0:54


Plus tôt


Lester repoussa l'assiette de nourriture devant lui.
― Comment veulent-ils que je mange dans pareille situation !
Le regard de Sergueï se faisait fuyant. Il prit la main de son frère et la serra avec plus de force dans la sienne.
― Du homard, quand même...
― Je ne peux pas manger tout en te voyant pleurer...
― Excuse-moi.
Le scientifique baissa à nouveau les yeux. Il fouilla dans sa poche et en sortit un mouchoir déjà humide. Il tentait sans succès de sécher ses orbites rougies.

Le RIST, pour sa première exécution en son sein, avait gratifié Lester d'une cellule de luxe. La pièce était d'un blanc lumineux, bien meublée. Les draps sentaient même le jasmin ! Le personnel avait eu la gentillesse, un peu plus tôt dans la journée, de lui demander s'il voulait écouter de la musique ou lire un livre. Durant vingt-quatre heures, Lester était le roi ; il pouvait ordonner. Pour la drogue de synthèse, il attendrait que Sergueï soit parti. Il ne voulait pas entamer sa lucidité pour le moment ; il en aurait encore besoin pour profiter de leurs dernières minutes ensemble.
― Il faut que tu me promettes quelque chose, murmura alors le condamné.
Sergueï renifla sans aucune discrétion.
― Ne t'inquiètes pas, je veillerai sur elle comme sur la prunelle de mes yeux, naturellement.
Lester se leva et se posa derrière son ami, enserrant puissamment ses épaules. Il avait déjà tant pleuré qu'il lui était impossible désormais de produire la moindre larme supplémentaire.
― Non, ce n'est pas ça. Enfin, je... S'il te plait, je t'en supplie, ne viens pas à mon exécution. Ce serait trop dur pour nous deux. Quand on te raccompagnera à la maison, prends des somnifères, et reste-y jusqu'à demain. Ou alors va la voir, et attendez ensemble. Mais ne viens pas, c'est tout ce que je te demande.

La voix de Lester n'était plus qu'un miaulement déchirant. Il savait qu'il réussirait à rester fort tant qu'il ne verrait pas son frère dans la mêlée. Mourir devant deux cents inconnus ne le dérangeait pas, mais devant Sergueï, c'était autre chose. Il se sentait déjà suffisamment coupable de l'abandonner face aux difficultés. Depuis toujours, ils avaient prévu de mourir ensemble. Lester aurait préféré mourir en homme libre, et non en terroriste.
― Promets-le moi ! le pria-t-il.
Sergueï ne put prononcer le moindre mot. Lester réitéra sa demande.
― Écoute, bredouilla le scientifique, je ne peux pas. Savoir que tu es en train de... et ne pas pouvoir être là... Je vais devenir fou !
Les mains du cobaye se crispèrent sur ses épaules. Il serra tant et si fort que le massage se transforma en torture.
― Tu me fais mal, se plaignit Sergueï.
Lester diminua la pression sur la nuque de son ami, se retira, et vint s'asseoir sur le lit. La pendule accompagnait leur silence de ses tictacs rythmiques. Les hommes étaient incapables de faire face l'un à l'autre.
― Il nous reste un quart d'heure à peine, constata Sergueï.
Il se sentait de plus en plus mal. Le temps s'effilait avec la même indifférence depuis les prémices de l'humanité. En ce monde, ils n'étaient que trois à compatir à leur malheur, peut-être quatre. Trois contre mille, c'est bien peu.

Sergueï se leva et rejoignit son ami, sans bruit. Il se pressa contre son flanc, savourant l'odeur musquée qui s'élevait de son compagnon. Toujours sans le moindre mot, il posa une main sur sa hanche. Il la caressait avec de plus en plus de fougue, comme s'il voulait imprimer le souvenir de cette peau jusqu'au plus profond de ses cellules. Lester laissa sa tête choir contre la chevelure de son ami. Il avait crû qu'il ne pleurerait plus, mais ses glandes lacrymales avaient repris du service. Ses cils balayèrent un nouveau torrent jusque sur ses joues. Il pleuvait au-dessus du scientifique.
― Il y a tant que j'aimerais te dire, commença celui-ci. On s'est toujours connu. En fait, je ne crois toujours pas que... ce qu'il va se passer. Je n'arrive même pas à l'imaginer. Je t'aime tu sais...
― Arrêtes, tu me fais peur ! Ça me rappelle que...
Ses mots se perdirent dans le hoquet d'un sanglot. Brisé par l'émotion, et surtout par l'angoisse, il ne parvenait plus à contenir ses larmes.
― Tu vas aussi me faire pleurer ! gémit Sergueï en essuyant ses yeux. Ça me fait mal de te voir dans cet état. Si au moins je pouvais faire quelque chose...
― Mais il n'y a plus rien à faire ! Je suis perdu. C'est pour cela que tu dois te concentrer sur l'enfant. Dans le fond, son arrivée est déjà un miracle, et c'est le plus important. Est-ce que tu m'en veux toujours ?
Il prit fébrilement la main que lui tendait son ami.
― Bien sûr que non ! Je ne t'en ai jamais vraiment voulu ; c'était après moi-même que j'étais en colère. Lester, je t'en prie, calme-toi...
― Ma vie va se terminer, et qu'est-ce qu'il va rester de moi, de mon passage sur Terre ? Rien, je n'ai rien fait ! Ah, si tu savais Sergueï comme j'ai peur. Je suis mort de peur. J'ai si peur que j'aimerais qu'on m'abrège maintenant, tout de suite. La peur est en train de me rendre dingue !
Le rythme cardiaque du condamné s'était envolé, et ses poumons suivaient le mouvement. Noyé au milieu de l'hyperventilation, il peinait à ne pas succomber à la panique. Ses orbites roulaient en tout sens. Une fine pellicule de sueur humectait son front.
― Tu resteras avec moi ?
Pourtant Lester connaissait les règles. Il savait que Sergueï ne pourrait pas lui tenir la main jusqu'au bout. Dans cinq minutes, les geôliers le ferait partir. Mais il se prit à croire que non. Sa bouche s'activait sans daigner prendre note des avis de son cerveau. Il était redevenu un enfant naïf et espérant.
― Oui, bien sûr, le rassura Sergueï, je serais quand même là.
Il caressait ses cheveux et l'embrassa. Cela ne le calma toujours pas.
― Sergueï, l'heure tourne. Je t'en prie, serre-moi le plus fort possible. La douleur me fait du bien. Elle m'anesthésie. Serre-moi encore plus fort.

Comment l'homme aurait-il pu ne pas lui obéir ? Chaque parcelle de sa peau qui n'était pas en contact avec celle de son compagnon le brûlait. Chacune de ses cellules le suppliait de l'attirer à lui. Il défit sa chemise tandis que Lester faisait de même. Le besoin était inassouvissable tellement il les élançaient. Ils se pressèrent l'un l'autre jusqu'à ce que l'air leur manque, imprimant dans la chair du voisin la trace de leurs ongles. Lester saignait Sergueï à blanc, mais celui-ci ne se plaignait pas. Lorsque la paix des endomorphines les prit, une douce chaleur émanait de leurs dos à vifs, striés de griffures. Ils se sentaient plus sereins.
― Une dernière fois, le pria le condamné en attardant ses doigts sur son ventre.

Sergueï tiqua quelques secondes, ne sachant s'il réussirait à le contenter dans pareille situation. Finalement, ses doigts défirent d'eux-même sa ceinture, machinalement. Ils répétèrent ces gestes qu'ils avaient si souvent partagé. La gène ne pouvait pas les atteindre, même en se sachant observés. Peu leur importait, là n'était pas l'essentiel. L'essentiel serait de profiter jusqu'à la dernière seconde, jusqu'à cet orgasme qui jamais ne viendrait.
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