Duck and Cover

Je n'ai pas payé le taxi. C'est un argument valide pour ne pas venir à pied.
Et puis c'est confortable, ces taxi volants... On pourrait presque s'endormir en s'asseyant sur ces fauteuils à l'arrière, dans lesquels on s'enfonce, moelleux et doux...

Le problème, c'est mon fusil. Il me gène. Je ne suis pas aussi à l'aise que je devrais l'être. Mais j'en suis fier, de ce bestiaux, alors je ne lui en veux pas. Pas trop.

Lunette de visée, précision redoutable, recharge rapide et instinctive, double rafale à chaque tir. Un vrai monstre.
Par contre, je n'ai pas lu tout le manuel, j'espère réussir à m'en servir le moment venu. J'aimerais bien tuer une ou deux personne ! Le gout du sang est appréciable.



Quand Krebs m'a retiré mon fusil pour me filer une simple arme de poing, j'ai gémis. Salaud ! Me promettre une embuscade pour m'y envoyer avec une arme merdique de petit calibre !
C'est pas juste !
Il a gardé le gros fusil pour lui tout seul... Perché sur son échafaud...



Bon, tant pis, allons nous mettre en place.
Caché dans l'ombre de la ruelle, avec un petit vent rafraichissant glissant sur mes cheveux, c'est l'endroit idéal.

« Ici Eldon. Je suis prêt. Et je suis même au frais ! »

Des jumelles TDK2 ! Un de ces modèles qu'on ne vois jamais sur le marché noir ! Et j'en ai entre les mains !
Je tremble d'impatience de les essayer !

L'ascenseur monte lentement, traverse étage aprés étage jusqu'au dernier.

Aujourd'hui, c'est ma première mission. J'espère qu'ils nous offrirons ce qu'on demande sans faire trop d'histoire, j'ai un peu peur du grabuge qu'il pourrait y avoir.
Je ne veux pas recevoir une balle perdu ou...
Mais là-haut, je ne crains pas grand chose ! Je pourrais m'enfuir facilement, avec l'accés des toits au autres bâtiments environnants !
Je crains plus pour Krebs, qui n'aura aucun échappatoire sur son échafaud à moitié percé.

Heh, mais s'il meurt, je récupérerais ses jumelles ! Neuves !
Il y a toujours du positif dans le négatif !

Ting ! Dernier étage ! Il faut continuer à pied !

Je gravis d'un pas rapide les escaliers vers le toit, et pousse la porte épaisse.

Les toits ! L'air pur et le ciel !

D'ici, on a une vue dégagée. Plus qu'à m'installer confortablement, tester ces superbes jumelles et attendre !

« Moi aussi je suis prête ! »

Ouais, ben z'avez intéret à sécuriser dur hein!

Putain, c'est toujours pour moi les missions foireuses comme ça...

Bon, avance toi.

Ouais, ça doit pas être facile d'avancer avec les yeux bandés et les mains attachées, mais tu fais un très bon otage / bouclier humain. Un flingue dans ma main, un poignard à ma ceinture dans le dos, une matraque électrique le long de la jambe, des munitions plein les poches. J'ai préféré être prudent, même si la matraque coute hyper chère (récupérée sur un cadavre de NOD en même temps...). Mais c'est pour la bonne cause.

On arrive au point de rendez-vous... Je compte sur vous les gars, j'veux pas crever ici moi. La seule présence d'un mentaliste entravé à mes cotés me rend nerveux, j'imagine pas une escouade du gouvernement...

Pas le temps de souffler.
Je sort à peine de la clinique qu'on m'envoie en mission.
Quoi comme mission ? Aller chercher Lewis et le rapporter. J'ai une tête de retriever ?!
Celui-là au moins, il devrait être plus coopératif que le dernier mentaliste qu'on ma demandé de ramener.
Va chercher le collègue et rapporte. Putain, ils mériteraient que je les morde à force d'être prise pour un labrador. Ah mais... je l'ai déjà fait ça... ah oui, c'est vrai, dans la clinique, ce matin même. mais j'en avais raz le cul de ces toubibs avec leurs aiguilles de merde. On m'avait enlever mon masque soit disant pour un examun. Ya une seringue qui est passée trop près, j'ai mordu la main qu'il y avait avec.
Du coup, j'ai encore été jugée pas assez fiable pour qu'on me donne une arme. Putain, fais chier ! On m'envoie en pleine remise d'otage avec seulement un pistolet anesthésiant et une matraque électrique. Même pas un ptit poignard ou un pistolet à plomb. Et pourquoi pas une bombe au poivre tant qu'on y est ?!

Mon but n'est pas de tuer du rebelle, ça les NODs s'en chargent très bien. Non, moi je dois ramener l'otage vivant. C'est ce que mon supérieur a dit. Mais je pourrais bien flinguer un ou deux insurgés au passage, quand même ! Qu'est-ce que ça change ? Je crois qu'ils ont peur que je me trompe de cible... bon, mais je pourrais bien flinguer un ou deux NODs au passage, serait pas très grave, yen a plein. Et ils ont des super tenues par-balle, eux, ils craignent pas grand chose.
Ok ok ! je suis de mauvaise fois. Mais j'en ai marre d'être prise pour une débile ! Je veux bien admettre que j'ai quelques saut d'humeur, mais quand même... puis c'est leur faute, ils ont qu'à pas me filer n'importe quoi comme drogue à la con.

Bon, c'est pas tout ça, mais ils attendent que je fasse mes preuves. Ils vont voir de quoi une ancienne NOD de la brigade spéciale de 2040 est capable. Je voudrais leur faire ravaler leurs grands airs, aux collègues qui me prennent pour une demeurée. Genre parce que j'étais NOD je suis forcément comme ces bourrins décérébrés. Moi aussi je sais travailler en finesse ! Et j'ai jamais aussi bien utilisé mon pouvoir que lors des derniers tests.

Bon alors, ils sont où ? C'était bien ici pourtant... je vois pas un NOD. Ils sont peut-être pas encore arrivés, ou bien ils sont bien planqués. Par contre, depuis la voiture, j'aperçois un type qui avance dans la rue, en train de pousser un autre type qui a les yeux bandés. C'est bien lui, Lewis Golden. Il a la même gueule sur la vidéo que dans mes jumelles. Il me semble l'avoir déjà vu autre part, mais j'ai du mal à me rappeler... tant pis, ça me reviendra peut-être plus tard, quand je l'aurais récupéré et emmené hors de danger.

Allez, au boulot.
Je sort le matériel pour m'occuper du mec derrière ma cible. On peut dire "cible" pour quelqu'un à ramener vivant ? J'ai du mal à dire "secourir", j'aime pas, ça me donne trop l'impression de faire le st bernard alors que j'en ai un peu rien à foutre qu'il reste en vie, si ce n'est pour mener ma mission correctement.

Je vais pas m'approcher plus, je suis bien, garée ici, à l'angle de la rue. Et je ne coupe pas le contact pour pouvoir démarrer rapidement.

Le plan : endormir le rat et foncer au plus près avec la bagnole pour ramasser le mentaliste avant qu'il se fasse descendre. Ce qui serait plus prudent avec quelques NODs pour assurer mes arrières. Ils sont prévenus au moins que je suis là ? Il faudra qu'ils occuper les rebelles pendant que je ramasse le collègue. On ne les voit pas, mais il doit y en avoir poster dans tous les coins, près à faire pleuvoir des munitions volées.

J'abaisse de moitié la vitre tintée et je vise le rebelle. Il va faire un gros dodo.
Vas-y, approche... approche... encore un peu... là, ça m'a l'air jouable. Reste plus qu'à attendre le bon moment.

Zut. Zut de zut de zut.
Une voiture, là, dans le coin de la rue !
Avec des vitres teintées en plus !

Ca y est, on est foutu ! On est foutu ! On va se faire tirer dessus !

« Y'a une voiture ! A l'est, à l'angle de la rue ! On fait quoi, on fait quoi ?! »

J'ai pris conscience d'être ridicule aprés un instant de panique. Quelques secondes de panique, tout au plus.

« Euh... C'est peut être un civil non ? C'est peut être pas un N.O.D ou... »

Véhicule d'intervention modèle Véliptère XX10, excellent pour les interventions urbaines, maniable, rapide, bonne reprise, capacité d'une dizaine de gonzes avec l'équipement.
Ils ont été vite, les gros bras, brief concis du Colonel, transmission des quelques infos et roule.
En voilà une chouette brochette d'inquisiteurs, Llewelyn, Tex Brilux, 3 NODS plutôt inexpérimentés et Cornélius Thorpe, le chasseur d'insurgés à la baguette.
Le véhicule fonce dans la ville, et les derniers préparatifs ont lieu en route. Le NOD n'est pas un corps d'experts de l'infiltration, mais cette fois il y a un otage à récupérer et un mentaliste impliqué, l'option tir dans le tas va être à écarter, au moins au début.


Thorpe est vêtu d'une combinaison de combat, de celles qui en imposent, ça tient plus de l'armure médiévale que de la combinaison de fitness. Intégralement noire, métal et alliage renforcé, bottes, gants, casque épousant la forme du crâne et verres teintés pour la vision, peu d'électronique, mais une minie IA pour analyser le terrain et signaler les mouvements, ainsi qu'un capteur thermique. Des fois, ça sert.

Le ton est monocorde et grave. Opérationnel, efficace.

Aux commandes un des jeunes NODS, il est tout juste conditionné mais ses aptitudes au pilotage sont assez remarquables, à ses côtés un autre novice qui transmettra les infos du ciel à l'équipe terrestre et enclenchera l'artillerie au besoin...
Dans le vombrissement des moteurs et le tremblement de carlingue, le commandant de la mission expose le plan...


L'opération est délicate, un agent doit établir le contact et récupérer l'otage. Notre mission est simple, interpeller les insurgés, le gouvernement ne négocie pas. Autorisation de tirer pour tuer. Dommages collatéraux à prévoir.
Eliminons les petites mains et ramenons un instigateur de cette prise d'otage à la centrale.
On me signale déjà une interpellation dans cette affaire...


Et tandis que le Véliptère approche du point de rendez-vous, un carrefour assez isolé mais doté de bon nombre d'option de fuite, il reprend..

Tex Brilux, vous prenez le novice Chavez avec vous, vous serez l'équipe Squale, nous vous déposons ici..

Il indique de l'index sur l'holo-plan le bout de l'artère principale, ils avancerons ainsi jusqu'au point de rendez-vous en évitant tout contact..

Approchez au maximum, et attendez les ordres, vous emportez l'armement lourd et serez chargés du tire de barrage en cas d'affrontement direct.

LE visage encagoulé du colosse se tourne vers le discret Llewelyn..

Llewelyn. Vous prenez une carabine longue-portée 13-D Poseïdon, vous serez l'unité Shadow. On vous dépose au sommet de cette tour... Vous aurez à couvrir l'avancée et l'équipe Squale ainsi que la mienne, je serai dropé ici et serai-moi, l'unité Trap...

Il désigne alors le bout d'une ruelle croisant l'artère principale...

Je devrai atteindre le premier le point de rendez-vous, après analyse de la situation je donnerai les ordres.
Le Véliptère quittera alors son mode furtif pour survoler la zone, ça devrait faire bouger les insurgés.. Charge à nous, unités au sol, de tuer tous ceux qu'il sera possible, et d'interpeller les éléments importants pour interrogatoire.






Et voilà une intervention NOD, fatalement il faudra aussi compter sur un zeste d'improvisation, n'est-ce pas ? Simplement on développe assez peu la créativité lors des conditionnements de ces balourds de combat.
Unité Squale dropée au point prévu, Brilux et Chavez peuvent entamer une discrète progression le long de l'artère principale...
Le Vélipète, en furtif, emprunte les voies dérobées pour déposer Thorpe...
La suite... Ah la suite..

Cornélius sert son fusil d'assaut et avance avec une gestuelle qu'on lui a entré dans le crâne des années durant... Tâchant de se fondre dans l'ombre, avançant de véhicule en véhicule.
Aux deux tiers de sa progression il repère le colis. Pas de doute, celui-ci fait avancer le captif à découvert. Ils n'ont peur de rien ces insurgés.
Rapport du Véliptère, ils atteignent le sommet de la tour pour dépos....

Ce qui vient de pulvériser le rétro de cette voiture, c'est un tir, Thorpe se rue autant à couvert qu'il le peut derrière un véhicule, mais si c'était lui la cible du tireur, on avait affaire à une sacrée équipe de bras cassés, là... 10 mètres ça fait un joli raté. Pas le temps de réfléchir, agir, réagir, analyser, commander. Dans la voiture, quelqu'un. Le contact ?
Déjà le Véliptère reprend le contact... C'est un des novices, le co-pilote..

Commandant !! Nous sommes au sommet de la tour, drop de l'unité Shadow, contact ! contact !! un individu équipé de jumelles ! Féminin, féminin !!


Ok, et voilà, c'est le bordel...
Bon beeeen, action, on va les prendre en tenaille...

ABATTEZ-LA !! QUE L'UNITE SHADOW SE METTE EN POSITION !!
SQUALE PREPAREZ-VOUS AU TIR DE BARRAGE !!


Là le punisher reprend la main, oubliez la diplomatie ou l'intervention délicate estampillée dentelle et courbettes, Thorpe se met en position accroupie de tir et balaie les étages de son viseur à agrandissement quartz, il faut surveiller celui qui a l'otage, si ça chie vraiment, lui exploser la caboche au moins à celui-là...



HRP : Au cas où : le véhicule des NODS tombe sur Caroline en allant déposer Llewelyn notre sniper de luxe. Pour le reste, freestyle.

On m'a tiré dessus là... enfin sur mon rétroviseur.
De la provocation ? Ou est-ce qu'on essaierait de m'impressionner ? Moi ? nooooon

C'est dangereux quand même, je devrais peut-être aller me garer ailleurs. Mais pourquoi j'arrive pas à m'inquiéter plus que ça ? j'ai qu'une envie, appuyer sur l'accélérateur et emboutir un rebelle. Mais c'est pas ça ma mission.

Oh tient, j'ai cru voir passer un NOD. C'est pas trop tôt.
Mastoc son armure. Je me demande s'il arrive à la remplir complètement. Si ça se trouve, il est tout petit tout maigre et il flotte dedans. Mouais, avec sa tête de molosse, j'y crois pas trop, mais ça aurait pu. En plus, ça existe pas des gars de cette taille là. Qu'est-ce qu'ils leur filent à bouffer au Centre ? Ça doit pas être la même merde qu'il y a cent ans.
De toute façon les maigrichons maintenant, ils leur sortent la cervelle de leur corps de crevette pour la coller dans un colosse en fer. C'est peut-être ça, peut-être que du monsieur qui vient de passer, il n'y a que la tête qui est d'origine.

Oh mais je me laisse distraire moi. C'est pas très sérieux ça.
En plus j'entends brailler des ordres. Ça va commencer à être le bordel.
Et lui là, il vise quoi comme ça ? Ils en ont quelque chose à faire de l'otage ? C'est peut-être pour ça qu'on m'envoie ici... Qu'est-ce qui leur importe le plus, sauver l'otage ou butter des insurgés ? Un mentaliste pour eux, ce serait pas une lourde de perte au milieu des dommages collatéraux. Quand on a entendu le boucan qu'ils ont fait dans un quartier voisin...

Ce que je vois maintenant, c'est qu'au milieu de la rue, il y a un rat qui fait une cible idéal, et que ma cible à moi, à ramener vivante est beaucoup trop près de leur cible à eux. Je dois flinguer leur cible avant qu'ils n'explose la mienne. Si celui-là tombe, ils n'auront plus de raison de tirer dessus à travers Lewis.

Je passe mon fusil par la fenêtre, je vise et... PAF bonne nuit.
... oh... ah merde... pourquoi c'est l'otage qui tombe ?
Je revois pourtant bien la tête de l'insurgé dans mon viseur... Ça vient de l'arme peut-être ? Elle est peut-être mal réglée. Ou alors ce serait comme un acte manqué ? C'est vrai qu'il me faisait chier cet otage à être juste là où il faut pas, en plein milieu. D'un autre côté, maintenant qu'il roupille par terre, l'autre n'a plus personne derrière qui se cacher et il aura du mal à s'enfuir avec. Pour peu que sa bande crois que je l'ai tué, ils n'auront plus aucun intérêt à s'en prendre au mentaliste.
Mais alors, ça veut dire qu'il est presque hors de danger ?
Que j'ai presque accomplit ma mission ?
J'ai plus qu'à aller le ramasser.

"T'inquiète pas. C'est moi. Méfie toi de la voiture au coin de la rue... Ne sais-on jamais..."

Mais à part ça, j'dois pas m'inquiéter, noooon. Bah dans le doute j'ajuste mieux mon otage entre moi et la voiture. Si on me tire dessus, j'veux que ça soit lui qui prenne. J'aurais du prendre un gilet pare-balle... Ah, c'est vrai, on est des pauvres, on en a pas des gilets. D'façon les NODs sont tellement acharnés qu'ils dureraient pas longtemps, nos gilets.

Sauf qu'après, j'ai pas tout compris. Y'a eu un débarquement de NOD, et mon mentaliste adoré s'est écroulé devant moi. Je l'ai retenu comme j'ai pu, sauf que du coup j'ai les bras pris, et il est lourd, et j'peux pas tirer si on m'attaque avec ce boulet!! Et là y'a des mecs qui me foncent dessus!!

Krebs, les autres, j'compte sur vous hein!!

Hop, larguée la cible, et tant pis pour les médocs hein! Au moins, vu comme il s'est affalé sur l'un des NODs, il devrait les ralentir un minimum, juste assez pour que MOI j'me casse à toute vitesse. J'ai même pas pris la peine de me retourner, j'suis parti à balle et j'ai fait le demi tour en courant... Faut que j'atteigne les toits, à partir de là y'aura toujours moyen de courir, les éviter, et rejoindre une planque insurgée. J'aurais bien ramener de l'aide, mais malheureusement il se trouve que tous les insurgés prêts à nous aider, sont actuellement présents avec moi.

Hé Mistinguette, j'reviens vers toi, essaye d'en dégager le temps que j'arrive!

Ma venue inopinée devrait surprendre ceux du haut, le temps de dézinguer ceux qui restent, enfin j'espère. Et si vraiment, on est couillus comme pas permis, prendre leur véhicule... Pourvu que ça marche, parce que là comme plan j'ai pas mieux...

Mon dieu ! Mon dieu mon dieu !
Un véhicule monte à ma hauteur, et le vent qu'il génére me déstabilise et met mes cheveux en bataille.
Je vais mourir... Je vais mourir...

Je suis repérée et je vais mourir !

J'ai laissé tomber mes jumelles, et sorti mon arme avec laquelle j'ai tiré comme une idiote sur le véhicule jusqu'à en vider le chargeur.
« Krebs !! Krebs, ils sont là !!!! Je fais quoi bordel, je fais quoi ??! »

Clic clic, plus de balles.

« J'ai plus de munitions, j'ai plus de munitions !!!!! »

Merde. Caroline est dans le collimateur d'un véhicule de N.O.D.
Je suis trop bas pour tirer sur le véhicule, mais je peux lui ouvrir un passage. Peut être.

« Eldon, April, essayez de trouver quelque chose pour lever le camp ! Tout pars en couille, on va y passer si on reste ! »

Vite, une issue pour Caroline. Le bâtiment en face. Elle pourrait rejoindre le bâtiment en face, mais il n'est composé que de fenêtres en verre lisse... Elle ne passerait pas à travers, elle s'y heurterais et ferais une chute jusqu'au sol... Une GROSSE chute.

Je pourrais fragiliser la vitre, et elle pourrait la défoncer en se jetant dessus. Mais c'est risqué... Si le verre ne se brise pas...
Entre elle et la vitre, il y a une séparation d'un mètre, voir deux, qui donne sur le vide.

« Caroline, va falloir que tu prenne ton courage en main. »

J'ai levé le bras, et j'ai tiré six, sept balles à travers la vitre, autant d'impacts qui s'y dessinent.

« La vitre est fragilisée. Tu peux passer à travers. Ensuite, de l'intérieur du bâtiment, planque toi ou redescend dans la rue... Magne tes fesses !! »

Si c'est du quadruple vitrage, paix à ton âme.

Je l'ai entendu débiter des mots. Il veux que je fasse un bond au dessus de la rue pour me jeter à travers une fenêtre. Il est fou.

Mais devant moi, il n'y a que des N.O.Ds. Si je ne réagit pas avant eux, je suis morte.
Une mort incertaine vaux mieux qu'une morte certaine, non ?

Je me suis retourné, et j'ai sprinté jusqu'au rebord de l'immeuble, d'où j'ai frappé les talons pour sauter en direction de la fenêtre en position de bombe humaine. J'ai souvent vu faire dans les films. Ca doit marcher, non ? Non ?

Ne. Pas. Réfléchir. Ne pas voir la rue sous moi à des dizaines de mètres.


J'ai traversé la fenêtre, dans une explosion de bris de verre, et j'ai roulé-boulé dans les éclats au milieux des bureaux vides du bâtiment.

Je suis découpée de partout. Une de mes deux mains ne répond plus et je saigne de partout. Mes vêtements sont en lambeaux, en charpie et un épais morceau de verre s'est planté dans mon épaule.
Mes lunettes sont tordus et complétement brisées.

Rien aux jambes. C'est cynique de le dire, mais je vais pouvoir courir...


J'ai descendu les escaliers en courant, en tenant mon bras douloureux de l'autre.
Putain, ca fait mal. Ça fait mal !
Bordel de merde de raclure de bidet de chiottes !

J'ai envie de pleurer, mais l'adrénaline m'en empêche... Je viens de sauter au dessus de la rue, et je ne suis pas morte.
Ca valait presque le coup de venir.

J'ai dévalé les escaliers en courant. Pas assez vite. Jamais assez vite...
Le N.O.D est passé par dessus la rampe est m'est tombé droit dessus, avant de me balancer la tête contre le sol.
La douleur vibre de mon nez jusqu'aux tympans, je fais caisse de résonance... Un peu...

Il m'écrase le dos contre les marches, et mon épaule blessée contre la rampe. J'ai attrapé ses fringues avec ma main valides, et j'ai donné une impulsion vers le bas. Le bas des escaliers.
Le mouvement fut trop violent et m'entraina avec lui, pelle-melle vers le bas des escaliers, dans une chute des plus douloureuses.

Je me suis redressé sur lui, encore sonnée de la chute, et j'ai attrapé le premier objet à portée de main : Une chaise.
J'ai donné un grand coup de chaise à travers les airs, et je suis à peu prés sûre de l'avoir heurté avec sous le menton.

Il s'écroule, assommé. Mais pour combien de temps ?...

Trop d'événement en trop peu de temps, j'ai envie de m'asseoir et de souffler.


Le fusil. Un fusil qui pendouille sur lui.
C'est trop tentant. Et j'ai plus de balles.

Désolé, j'espére que tu ne m'en voudra pas quand tu te réveillera dans une minute ou deux....


Je lui enlève son fusil et continue ma descente vers le pied du batiment... Qui vivra verra

"Krebs !! Krebs, ils sont là !!!! Je fais quoi bordel, je fais quoi ??! J'ai plus de munitions, j'ai plus de munitions !!!!!"

Ah mais quelle gourde, c'est pas possible! Elle a du tiré des rafales sans viser, vu le bruit que ça a fait au dessus de moi. Putain mais quelle conne! Bon, j'arrive hein!

Mon écouteur grésille. Krebs encore.

"Caroline, va falloir que tu prenne ton courage en main. La vitre est fragilisée. Tu peux passer à travers. Ensuite, de l'intérieur du bâtiment, planque toi ou redescend dans la rue..."

Qeuwa? Elle saute carrément dans l'autre bâtiment? Mais j'venais la chercher moi bordel de merde! Bon, j'arrive au niveau du toit. Avec un peu de chance, son saut fera diversion et...

J'enfonce la porte et dégaine mon flingue avec l'énergie du désespoir. Bien, ils la regardent tous, l'un d'eux la poursuit même, je vise, tire... J'en ai un! Pas de temps à perdre en réjouissance, je tourne le canon de l'arme vers le deuxième... Qui pointe l'artillerie lourde du Véloptère vers moi... Il a l'air furieux. Je prend pas le temps de réfléchir, demi tour net, course dans les escaliers... En bas c'est bouché, en haut c'est bouché, où aller? Tout droit.

Les passerelles qui montent le long des bâtiments c'est pratique. On passe par la fenêtre, on atterrit sur une, on saute, on tombe sur celle d'en face un peu plus bas, on repasse par la fenêtre, on repart dans un nouvel immeuble, jusqu'à la prochaine passerelle trouvée. Faut surtout que je trouve le moyen d'atteindre les égouts. Ils sont pour la plupart bouchés, mais y'a toujours des trous de souris avec de l'air.

Je cours, je sais pas où mais je cours, et je réfléchis. Le plan, on l'avait regardé avant, réfléchis, où étaient les bouches d'égout les plus proches? Les sorties? Je sais pas, je sais plus, et je sais même plus très bien où je suis.

Je regarde par une fenêtre, j'ai du monté les escaliers, d'autres passerelles, d'autres poutres rouillées à accrocher pour passer encore dans un autre immeuble, est-ce que je peux compter m'enfuir comme ça?
Pourquoi pas?
Avec un peu de chance...

Allez, les rebelles sont en fuite, ils ne cherchent pas à riposter et les NODs sont occupés à leur courir après. Je vais pas trop trainer pour aller ramasser l'otage.
Je vais pas trop me déplacer à découvert, alors je reste dans la voiture et j'accélère pour venir m’arrêter au plus près de l'endormi.
Oups ! Un peu plus et je m'arrêtais dessus. On peut difficilement faire plus près.

J'ouvre la portière et me magne de charger Lewis dans la bagnole. J'en chie pas mal. C'est qu'il est lourd quand il dort !
Je le fout sur la banquette arrière et je referme.
Tient, c'est moi où il a bougé ? Ils font effet combien de temps déjà, ces somnifères ? Bah, on verra bien.

Je me remet au volant, mais en repartant, j'ai l'impression étrange qu'il manque quelque chose dans cette histoire... les rebelles, ils avaient pas demandé une rançon ? J'ai pas entendu dire que quelqu'un était chargé de l'amené en échange de Lewis. Je crois qu'ils l'ont dans l'cul. Quel bande de crétins.

Je vais pouvoir le ramener tranquillement au Temple. C'était vraiment pas difficile comme mission.

Je ne suis pas encore rentré en jeu que le jeu est déjà fini. On a perdu. Et de beaucoup.
Alors tout le monde doit fuir ? La queue entre les jambes ? Et on a perdu l'otage sans rien en retour...
Bon.
Les autres galèrent alors que moi, je suis en pleine forme sans avoir dépensé une seule balle.
Le minimum, c'est encore d'aider les autres en leurs faisant gagner du temps...

J'ai levé mon arme ridicule et décoché quelques balles autours d'eux, en espérant qu'ils se concentrent sur comment ne pas mourir plutôt que sur les fuyards. Ils sont N.O.D mais ce n'est pas ce qui leurs enlève l'instinct de conservation.

C'est idiot et je ne pourrais pas le faire longtemps. J'ai trois autres chargeurs dans ma poche, je vais les épuiser rapidement au vu de la situation.

Prendre son temps et ne pas gaspiller de balles.....

Des tirs. Eldon ?
Du temps... C'est ce qui me fallait. Du temps et une poche de sang pour une perfusion.

J'ai couru. Le fusil de l'autre andouille me gène pour courir, mais ils sont occupés visiblement.

Les rues annexes sont vides. Complétements vides...

Et celle de droite ? Vide aussi ?...

A gauche à cette intersection peut être...? Ah, j'ai mal bordel...


Là ! Un taxi ! Un taxi prêt de ce mur !
J'en pleurerais de joie et de soulagement !


J'ai ouvert la poche, mis le fusil discrètement derriére les siéges, et j'ai camouflé mon épaule dans l'ombre du taxi.
Ensuite, d'une voix neutre, j'ai demandé à ce qu'il m'emmène aux minguettes. Ce n'est pas trop loin et le docteur fou s'y trouve... Il devrait pouvoir m'aider. Ou m'empêcher de mourir par manque de sang, tout au moins.

J'ai de quoi payer le trajet, je crois... Je crois...

[ Directtion le squat de Dr. Fritzerman ]

Nouvel immeuble, je continue de courir... Et rentre dans une personne. Ah merde, c'est vrai, c'est pas vide, c'est habité ce coin... Putain, allez, on improvise...

Bonjour! Vous tombez bien, vous savez où habite Monsieur... Golden? Voyez vous, je suis coursier, mais je n'arrive pas à trouver son appartement...

Forcément, le premier nom qui m'est venu à l'esprit, c'est celui du mentaliste qu'on a capturé... Tant pis, le mec en face ne le sait pas, lui. Je l'observe à la dérobée, tout en affichant une expression neutre et polie sur mon visage. Un homme, la quarantaine, cheveux grisonnants, habits gris eux aussi, surement un ouvrier. J'ai pas pensé à bien cacher ma pigmentation foireuse, c'est malin. Encore une fois, tant pis. Vu comment je lui ai sauté dessus, le bonhomme n'a pas vraiment le temps de me calculer.

Euh, je ne connais pas de Monsieur Golden...
Oh, on a du mal me renseigner alors. Au revoir.

Demi tour, on descend calmement... Calmement... Bruit de verrou, c'est bon, Monsieur est retourné chez lui, on recommence la cavalcade des fois qu'il ai la bonne idée de prévenir aussitôt le CDD (Centre de Délation).

Je cours, je cherche... Ah, la voilà. La porte de secours. Me voilà maintenant à deux rues de l'altercation. Tant mieux! Je me jette sur une bouche d'égout, la dévisse, file dans le trou.

Adieu tout le monde, j'espère que tous vont bien... J'irais bien chez Emilie voir s'ils m'y retrouvent. Je me sens mal de les avoir laissés en plan comme ça.

Caroline est parti, je l'ai vu.

Krebs. Caroline est partie, je fais quoi ?!

Silence. Aucun grésillement, aucune réponse, aucun écho.

Krebs ?

Ok. Il m'a laissé tombé. Ou s'est planqué et a coupé son micro, je ne sais pas. Ou alors, il est mort. Ou capturé. Ou dépecé.

Bon, il est temps pour moi de tirer ma révérence alors.

CASSSOOOOOOSS !!


Et me voila partant en courant dans les ruelles.

Qu'ils se débrouille avec leurs mentaliste, ca ne me regarde plus !
Ne reste plus qu'à trouver un chemin ou un autostoppeur pour retourner chez Emilie.