Le murmure du vent

A trop vagabonder, le nez en l’air et les pensées s’envolant bien plus haut encore, on finit par s’égarer le long des chemins de traverse. Le temps d’une ellipse les paysages familiers se métamorphosent en terres inconnues.
En résumé : comme à mon habitude, inattentif, je m’étais perdu dans mes pensées jusqu’à finir par me perdre tout court.

Enfin... me perdre... j'avais simplement dérivé de la route de Chinatown vers un sombre tunnel d'égout.
Pourtant ça n'était pas bien compliqué ! Suivre un itinéraire précis !

Tandis que je pestais intérieurement contre ma propre étourderie, un bout de papier placardé sur le mur retint mon regard.
La lecture m'arracha dans ses premières lignes un froncement de sourcils. Puis un réel intérêt pour les propos. Avancer, faire bouger les choses : ça ça me parlait !

Des idées plein la tête et tout se mélangeait.
Une curiosité née de quelques mots lus au détour d’une rue dans mon itinéraire incertain.

"Lettre à Toi, libre de tes actes."
Lettre à toi ? Toi ? Genre moi ? Pourquoi pas ?

Appel silencieux, message qui sonnait comme une note d’espoir dans mon âme d’idéaliste.

Un canular, peut-être rien de plus. Pourtant l’envie me pris de répondre à l’invitation. Après tout on verrai bien ce que cela pourrait donner. L’idée me plaisait à moi qui cherchait encore un peu ma place dans le mouvement.

Je plongeai une main gantée dans mes poches, espérant y dénicher papier, stylo, n’importe quoi qui put me permettre de griffonner un mot à l’attention de l’auteur du mystérieux message.
Malheureusement, tout ce que j’avais sur moi se limitait à un tournevis, quelques pièces de monnaie, plus divers petits composants électroniques récupérés ici et là. Rien qui ferait l’affaire.

Soudain retour à la réalité. Et une question : qu’est-ce que j’étais en train de faire exactement ???
M’enflammer, m’enthousiasmer pour rien. Pour un bout de papier placardé dans un coin miteux. Du vent !
Imperceptible. Le bruit du vent. Le son du changement ?

Je m’apprêtais à reprendre ma route.

Brusquement, une impulsion.

Je me retournai, enfournant une nouvelle fois la main dans ma poche. J’y dégotai, parmi les bricoles, un petit amplificateur piqué sur les restes d’un poste radio.
Comme je pus, je fixai l’objet à côté du message à l’aide d’un vieux bout de scotch également exhumé de ma poche. Pourvu que cette attache précaire tienne, au moins le temps que…

Le temps que quoi ?? J’espérais vraiment que quelqu’un y prêterait attention ??!?

Je poursuivis alors mes errances, retrouvant peu à peu le chemin qui me mena vers Chinatown. J’y avais à faire, un contact à rencontrer pour récupérer du matos. Mais ça attendrait. D’abord j’avais davantage envie de m’arrêter manger un morceau ou de flâner encore un peu dans le quartier.

Tandis que je marchais, je fis abstraction du brouhaha de la rue qui m’entourait ; je prêtai attention au murmure du vent…

[Désolé, pas très inspiré le post, mais bon, vu l'heure, je me rattraperai demain ]

Le vent souleva les feuilles et souffla dans les oreilles de Silence. Son murmure attira son attention. Il leva le nez de son journal et aperçut un homme fixer un objet sur la lettre ouverte de l'insurgé. Il jubila tout en replongeant dans son papier. Silence avait mémorisé l'apparence du jeune inconnu, et l'inconnu se dirigeait droit dans sa direction. L'excentrique but son fond de verre, attendit que l'homme le dépassa, puis abandonna sa place au bar, laissant son journal sur son tabouret, pour prendre le jeune homme en filature. L'arrivant affichait une démarche insouciante, témoin de son jeune âge. Silence avançait calmement, le visage droit vers l'horizon. Arrivé à sa hauteur, il lui parla sans détourner le regard et en gardant sa cadence de marche.

""Un amplificateur, astucieux comme manière de ne pas se faire repérer. Cependant, flâner ici comme tu le fais, c'est loin d'être prudent. Je suis Silence. Continue de marcher à mon rythme, mais ne me regarde pas. Pas ici. "


Silence se faisait légèrement entreprenant, mais il n'avait pas le choix. C'était sa manière de juger son interlocuteur. C'est à la réaction de ce dernier que l'excentrique allait savoir si cet homme allait se montrer à la hauteur. Ils se mêlèrent à la foule de Chinatown. Silence se mit en direction d'un autre bar où ils pourraient discuter tranquillement. En attendant, ils allaient devoir se parler de manière robotique et sans même se regarder.

"Alors, dis moi, tu es prêt à rejoindre les rangs des invisibles ? Ceux, comme quoi, qui vivent de plusieurs identités, qui côtoient les pourris comme les insurgés, qui vivent de coup bas et supercheries ? Oh, évidemment, tu es un insurgé, cela crève les yeux, ça se voit à ton look et ta démarche, le langage corporel, ça ne trompe pas. Mais quel type es-tu ? L'idiot ? Le réfléchi ? Le prétendu intelligent qui se fera pincer par le N.O.D au petit matin ? Quoi qu'il en soit, je veux juste que tu saches que je veux que les choses changent. Mais pas avec des bombes. Ni par une révolution, du moins, pas dans l'immédiat. Je veux d'abord servir mon propre intérêt avant celui des autres. Et pour cela, au delà de tous mes contacts, j'ai besoin d'une personne de confiance. Si tu acceptes de me parler de toi et d'en savoir plus sur moi, tire moi à la prochaine table de bar. Sinon, prend la prochaine à droite, et disparait. "

Bientôt le vent se mit à me souffler ses réponses au creux de l’oreille.
… Minute… le vent ça cause pas ! Ou du moins pas dans un langage que je comprends couramment…

Le Silence venu hanter mes pas.
Mon premier réflexe fut évidemment de vouloir me tourner, faire face à mon interlocuteur. Chose qu’il me déconseilla d’emblée. Pas prudent.
La police de la pensée mettait rarement le nez à Chinatown, l’endroit était réputé relativement tranquille concernant ce point là. Aussi, toute cette mise en scène m’intrigua et j’étais près d’en faire la remarque quand une petite voix intérieure vint me rappeler que le NOD était malheureusement loin de représenter la seule menace sérieuse.

Le panel des esprits mal intentionnés était vaste, autant ne pas attirer bêtement leur attention.
A ce sujet… si malgré son monologue mon acolyte avait une chance de rester discret, je n’étais pas certain d’y parvenir aussi bien. Puis, deux types marchant à proximité l’un de l’autre chacun paraissant embarqué dans un petit délire personnel, cela pouvait vite sembler louche.

De ce fait, au risque de passer pour un rustre, je me contentai dans un premier temps d’écouter ce que Silence avait à me dire.

Le moment venu je bifurquai vers le premier bar qui se présenta. Je n’avais pas répondu au message pour ensuite prendre la première échappatoire que l’on m’offrirait.

Une fois attablé dans un coin d’apparence tranquille, je commandai un café.

« - Bien… Enchanté… Silence. Tu m’as un peu surpris je dois admettre ; m’attendais pas à une réponse si … instantanée. Moi c’est Soren. »

Présentation sommaire, ça m’avait l’air pas mal pour un début.
L’effet de surprise dissipé j’étais plutôt content que Silence ait immédiatement pris contact avec moi.

Un instant j’avais douté que l’auteur de la lettre se soit réellement présenté à moi, puis j’avais écarté cette hésitation.
Le discours correspondait. Et je doutais que quelqu’un souhaitant me piéger ait pris la peine de recourir à une telle mise en scène.

« - Insurgé… je risque visiblement pas grand-chose à confirmer l’info. Honnêtement je pense que si t’en avais après moi l’affaire serait déjà réglée depuis un moment et on serait pas là à en discuter tranquillement. Je me trompe ? »

Ma phrase m’arracha un léger sourire.
J’embrayai ensuite sur le sujet qui nous intéressait tous deux, remuant distraitement une petite cuillère dans mon café.

« - Un peu par hasard j’dois dire mais ta lettre m’a interpelé. J’sais pas jusqu’où peuvent te mener tes intérêts personnels mais pour l’instant j’ai l’impression qu’on est plutôt sur la même longueur d’onde. L’envie de faire bouger les choses en évitant que ça termine en bain de sang. A mon échelle jusque là ça a pas été très concluant… Alors... peut-être tu peux m'en dire plus sur tes projets ?»

Sans en être à m'enflammer comme le gamin rêveur et idéaliste que j'étais par certains côtés, j'avais du mal à dissimuler la légère note d'enthousiasme que les perspectives évoquées faisaient pointer dans ma voix.

Lui sans identité et moi tentant de m'en reconstruire une depuis que je n'étais plus un zombie à la solde du système.

J’arrêtai de remuer bêtement le contenu de ma tasse à café pour enfin songer à y goûter. Un bon café, encore bien chaud, il ne m’en fallait pas plus que cela pour déconnecter un instant de la réalité.
Cela donna lieu à un blanc de quelques secondes dans la conversation.
Puis, reprenant le cours des évènements là où je l’avais laissé, je posai ma tasse, relevai les yeux vers mon interlocuteur.

« - D’où je viens ? Bof, de pas très loin à vrai dire. Et je venais juste chercher deux-trois bricoles dans le coin. Rien de vraiment impressionnant. En ce moment je fais de la récup’. »

Afin d’appuyer mon propos, je plongeai ma main gauche dans l’une de mes poches et en ressorti deux petits rouages plus mon tournevis, présentant le tout à Silence.

« - Je bricole, puisque ça je sais à peu près faire. Et… Ouais, j’avoue, les armes et tout le bordel j’y ai songé. Je dis pas que c’est la solution, seulement je peux pas nier l’avoir envisagé. »

Tandis que je parlais, en arrière plan je réfléchissais un peu plus aux mots de Silence.
Les faits d’arme, la lutte acharnée, les combats héroïques : les images qui viennent le plus aisément à l’esprit lorsqu’on prononce le nom de révolution. On se représente beaucoup moins tout ce qui peut s’échafauder dans l’ombre des batailles.
Cependant, s’insinuer dans les hautes sphères, s’y dissimuler, et de là faire chavirer lentement l’ensemble du système, c’était autrement plus ambitieux, et plus délicat à mettre en place. La moindre précipitation, le moindre faux pas serait fatal.

« - Enfin… maintenant j’essaie de trouver comment je peux faire quelque chose d’utile. Concrètement, juste avant de répondre à ton message, j’étais prêt à aller rencontrer un contact. En ce moment je bosse sur un émetteur radio, là je cherchais à récupérer des pièces qui me manquaient pour terminer. »

Mes mains accompagnaient mes paroles, s’accordant à leur diapason ; la petite cuillère à café entre mes doigts semblant battre la mesure.

« - J’en suis pas encore à penser aux détails. C'est pas grand chose, mais un moyen de communication sûr ça peut servir."

Inoffensif, du moins d’un certain point de vue, mais un projet qui ne me semblait pas inintéressant de mentionner.

[désolé pour l'absence, j'étais parti quelques jours en vacances )

J'observais les pièces métalliques que Soren me présentait. Il se présentait comme quelqu'un d'habile de ses mains. C'est bien, ça. Très bien, même. Après tout, j'avais beau être assez rusé, ça ne m'empêchait pas d'avoir deux mains gauches. Donnez-moi une armoire à réparer et je la transforme en... bah en rien du tout en fait. Enfin, si, en tôle froissée. Manier l'art du langage est plus simple que de manier un marteau, à mon sens. Je bus ma boisson d'une traite, sentant la chaleur me bruler intérieurement. Cela m'avait redonné un petit coup de fouet, et, après avoir entendu ce que Soren comptait faire de ces pièces, je me mis à réfléchir. Sa proposition n'était pas bête, elle était même ingénieuse.

"... Ta... radio ! Evidemment ! Une radio pour communiquer entre insurgés, c'est une excellente idée. A l'exception faite que les ondes sont surveillées. Cependant, ton idée est très bien trouvée, puisqu'on peut user de ton engin comme un false flag. Nous induirons les hautes sphères en erreur, en montant une fausse révolution, pour déplacer l'attention de nos dirigeants sur un évènement fictif. Pendant ce temps-là, on prépare notre offensive silencieuse. 3

A vrai dire, je venais d'inventer ce plan à l'instant. Néanmoins, même si c'était soudain, il demeurait tout à fait exploitable. Evidemment, ça n'était pas un jeu, par conséquent, il allait falloir y réfléchir. Mais c'était déjà un bon début.
Je le regardai puis repris sans qu'il ait le temps de me répondre.

"Bien entendu, il nous faudra également un vrai moyen de communication. Mais puisque tu t'y connais là-dedans, tu n'aurais pas des idées ? "

Je choisissais de jouer carte sur table et de ne pas m'imposer, préférant jauger mon probable acolyte.

Silence mettait l’accent sur un point essentiel ; en effet, un moyen de communication, aussi performant soit-il, ne nous serait d’aucune utilité si n’importe qui, en particulier nos opposants, pouvait en intercepter les messages.
A partir du moment où nous serions capables de contrôler parfaitement la diffusion, de choisir ce que nous laisserions entendre, ce qui au contraire resterait entre nous, là seulement cette radio pourrait servir nos projets.

Et, s’il s’avérait qu'on ne pouvait pas échapper totalement au contrôle, au moins faire en sorte que le signal ne soit pas localisable.
J’ignorais dans quelle mesure c’était possible, mais cela permettrait d’introduire efficacement l’idée du false flag. L’effet serait encore plus probant si dans notre démarche nous parvenions à faire en sorte que le gouvernement pense avoir accès à nos plans malgré nous.

De faux échanges planifiant étape après étape une révolution factice tandis que les véritables enjeux se dérouleraient dans l’ombre. Une opération de long terme, encore.

Voir les choses avec une telle envergure… Je n’avais pas visé si loin en m’ancrant en tête cette lubie d’émetteur radio. Tout au plus avais-je songé à quelques messages échangés entre deux groupes d’insurgés lors de petites opérations quelconques.

« - Vrai moyen de communication ? Carte postale ? Pigeon voyageur ? Signaux de fumée ? Téléphone ? »

Dans les faits j’étais plus bricoleur qu’expert en moyens de communications. Cependant, en me laissant le temps d’y songer, mes connaissances dans le domaine devraient tout de même me mener à quelque chose de pas trop stupide.

« - Avec le téléphone, même problème que pour la radio : ça ne nous assure aucune sécurité, il y a le risque que les lignes soient sur écoute. … Qu’est-ce qui n’est pas sous contrôle dans cette ville ?!! … … La pensée des non-implantés ! Certes… mais perso j’suis pas mentaliste pour pouvoir causer par télépathie !!! A moins de pouvoir contourner le problème ? Pour le téléphone je veux dire, pas pour la télépathie. »

Ce que ça donnait quand, malgré moi, je réfléchissais à voix haute. Un aperçu du joyeux désordre qui pouvait régner dans ma tête.
Avec en plus un débit de parole assez rapide et un léger air du type dont on ne sait précisément s’il converse avec la petite voix dans sa tête ou s’il s’adresse réellement à la personne qui lui fait face… c’était un coup à faire peur à la personne en question.

« - Ou bien on peut rester sur un système d’émetteur-récepteur assez basique mais avec lequel on aurait la possibilité de changer constamment de fréquence d’émission pour être plus difficile à tracer. Évidemment c’est pas sûr à cent pour cent… mais là, dans l’instant j’ai pas mieux. Ça demande de s’attarder un peu plus sur la question. »

Adressai-je à Silence, sur un ton cette fois plus posé.

A mesure que la discussion avançait, notre plan d’action se précisait. Évidemment, nous n’en étions encore qu’au début ; un bon début selon moi.

C’est ma colloc’ qui allait être contente. La perspective de se voir débarrassée du bazar que j’accumulais chez elle devrait lui plaire. Pas que je sois spécialement envahissant (ou alors, question de point de vue), par contre, ma collection de pièces détachées et bricoles en tout genre pourrait vite le devenir.

« - Une planque ce serait parfait. D’autant que là où je vis en ce moment c’est pas bien grand, et si en plus je me mets à investir le peu de place disponible pour en faire mon atelier bricolage ça va vite devenir ingérable. »

Dans une planque nous pourrions facilement aménager un coin dédié à la construction des émetteurs et autres objets nécessaires à nos projets. Des conditions de travail plus appropriées que bricoler installé sur un canapé dans un appartement où il y avait tout juste la place pour deux personnes.

« - Par contre, c’est vrai que moi je saurais pas trop à qui m’adresser pour ça. Donc j’te laisserai t’occuper de nous trouver un endroit sûr. »

Il avait l’air de savoir exactement où chercher, qui contacter. De mon côté j’essaierai de me renseigner mais je doutais fortement du fait que le peu de connaissances que j’avais en ville soient en mesure de nous obtenir ce qu’il nous fallait.

« - Dans un premier temps il faut voir comment on va s'organiser à deux. Pour l'émetteur-récepteur je pense pas avoir de gros problèmes. J'irai récupérer le matos qui me manque; ce que je devais faire avant qu'on se croise. Ceci dit, vu qu'on s'éloigne légèrement de mon idée de base il me faudra sans doute d'autres pièces, mais pour ça je me débrouillerai. Jusque là je gère. Après, si on veut s'embarquer dans des projets plus ambitieux c'est évident qu'un peu d'aide sera bienvenue. »

Toujours aussi motivé, et même davantage à présent que l'affaire était lancée.

[désolé pour l'attente, mais je suis de retour ]
[cette discussion a lieu avant mon tabassage en règle dans le sujet de Clyde ]


J'affichais un sourire satisfait. Apparemment, Soren semblait motivé, et même très motivé. Et ses compétences en électronique en ferait un atout de choix. Je terminai mon verre et lui exposai les dernières formalités.

"Effectivement, l'idée serait d'avoir un QG propre et d'autres planques réseaux. Mais commençons par le commencement. Quand je nous aurai trouvé notre planque, tu auras ton atelier, et tout ce que tu demanderas même, dans la mesure du possible. Evidemment, il faudra que l'on soit discret, très, trop même. Et ça ne sera pas simple, puisque les risques que l'on devra prendre seront parfois énormes. "

Quoi que je dise, Soren semblait impassible. Prêt à tout faire. On aurait dit un aventurier sans peur. Et à notre époque, il en manquait beaucoup, des gens courageux. C'est ce qui manque à pas mal de monde. Un courage presque aveugle. Je lui tendis une petite capsule en forme d'oeuf, d'une taille de deux centimètres.

"Bien, garde ce dispositif sur toi, dans ta poche par exemple. Quand tu le sentiras vibrer, tu le placeras dans ton oreille. C'est une sorte de récepteur miniature que j'ai conçu pour communiquer. Ca n'est qu'un prototype cela dit, par conséquent tu ne pourras que m'entendre dans un intervalle de 30 secondes après la première vibration. Je m'en servirai pour te communiquer l'adresse de notre QG dès que je l'aurai obtenu. "

Je réfléchissais à l'endroit le plus judicieux où nous installer. Et surtout, à qui demander. Obtenir un lieu sécurisé était une utopie, de nos jours.

"Bien, je te recontacte très bientôt, donc reste aux aguets. Je m'en vais. Attends 5 minutes de plus, et ensuite, part aussi en empruntant une rue opposée. A bientôt, et bonne chance. "


[Je ferai un sujet pour obtenir le QG et je te préviendrai en MP quand on sera prêt ]

Un gamin insouciant, des rêves plein la tête et des étoiles plein les yeux. L’assurance et la témérité de ceux qui ne mesurent pas clairement les risques.
Lorsque le danger n’est qu’un vague concept que l’on ne connait que de loin, on est prêt à tout, parfois même au pire.
Que pouvais-je bien savoir du danger moi qui, même au moment critique où fraichement débarrassé de mon implant je m'étais retrouvé fugitif , j’avais eu la chance de rencontrer les bonnes personnes et d’éviter ainsi de devoir faire réellement face à tout ce que Novlangue recelait de plus effroyable ?

Enthousiasmé par mes grandes idées de révolte et de liberté j’eus tôt fait de reléguer au second plan les ennuis qui pouvaient résulter des actions que Silence et moi allions entreprendre.

Motivé ? Je l’étais.
Conscient des menaces auxquelles nous nous exposions ? Aussi ; mais largement moins que nécessaire.

Avec un haussement de sourcils étonné je saisis le petit objet que me tendait Silence.

« - Impressionnant. »
Commentai-je, les yeux rivés sur la capsule, la tournant et retournant en tous sens tandis que mon acolyte m’en expliquait le fonctionnement.

« - Ça… J’avoue que je le démonterai bien, juste pour voir comment tu l’as assemblé. »
Curieux, comme d’habitude, et un petit sourire au coin des lèvres.

Cependant, je n’en ferai rien, hors de question que je touche quoi que ce soit sur le mécanisme de cet émetteur. Manquerait plus que je le casse, perde un de ses minuscules éléments, et que je rate des informations importantes. Déjà que je me demandais par quel miracle j’allais réussir à ne pas égarer la capsule…

« - J’te fais confiance pour la planque. Je verrai ce que je peux récupérer comme matos pour commencer. … Donc, salut. Bonne chance de ton côté aussi, et à bientôt. »

Je lui adressai un signe discret de la main avant qu’il ne quitte le bar.
Il s’éloignait, repartant comme il était venu, une ombre se fondant aux ombres de la rue.

Assis sur ma chaise, je commandai un second café.
Un moment je restai là à me repasser mentalement cette improbable rencontre.

Je me mordis légèrement la lèvre pour réprimer un sourire satisfait.
Sensation plaisante d’être sur la bonne voie ; d’avoir peut-être finalement trouvé le chemin que je voulais suivre, la place que j’occuperai dans la rébellion.

Puis, je quittai à mon tour le lieu, gardant serré dans ma main droite le précieux émetteur de Silence.

Spoiler: