Sauvage

Je n'estime pas être une rebelle ou une de ces filles pourries gâtées qui se rebellent contre leurs parents pour la forme, parce que "ça-le-fait". J'ai toujours fait semblant d'être plus idiote que je ne le suis. D'abord parce que, comme ça, les gens me laissent tranquille. Et parce qu'ils n'attendent pas trop de moi. Ensuite, mais ça, c'est venu plus tard, ce qu'il y a de bien à faire l'idiote qui ne comprend rien, ou pas grand chose, c'est que les gens parlent devant moi, sans s'inquiéter de ce que je pourrais faire de ces informations.
Je disais donc que je ne pense pas être une rebelle, une anarchiste ou un truc comme ça. Juste une fille d'automate qui doit réfléchir un peu trop, et qui pourrait donner l'impression d'avoir une grandeur d'âme ou un machin du genre. Parce que, en fait, je n'aime pas le monde dans lequel je vis, ni la façon dont sont traités les gens. Ce qui est stupide après tout. C'est grâce à ce système que je suis là où je suis, que j'ai cet appartement, ce compte en banque fourni, et pas besoin de travailler. Je ne sais pas trop comment j'en suis venue à penser comme ça. De toute façon, si je ne fais que penser, tout va bien. Surtout que je ne parle de ça à personne. En fait, je ne parle à personne. Donc la question est réglée. Je me contente de penser, de rêver à ce que je ferais si... Mais il n'y a pas de si. Je ne suis pas super woman, ni même une femme avec une assez grande gueule ou assez de courage pour dire ce qu'elle pense. Déjà que je n'ose pas dire non à mes parents...
Peut-être qu'un jour, j'agirais. Même à petite dose. Après tout, c'est déjà bien non, à petite dose ? C'est pas tout le monde qui ferait ça non ?
Un jour de toute façon hein... C'est juste pour se soulager la conscience, se dire, oui, c'est vrai, là tout de suite, je suis faible et geignarde, mais bientôt, bientôt ! J'agirais !

Il ne faut pas exagérer. Je me connais, le bientôt, j'y suis pas encore. Et j'y serais sans doute jamais. C'est que c'est compliqué tout ça. Faut être assez forte à l'intérieur, et moi je le suis tout juste assez pour aller au marché noir, acheter des livres interdits. Que je dévore, et que je range ensuite dans une pièce où la fenêtre ne peut plus s'ouvrir. J'ai mis des étagères partout, sur chaque mur. Elles sont pas encore pleines, et pourtant il y a quand même pleins de livres par terre. C'est parce que je suis comme ça. Je sais pas trop pourquoi mais, parfois, j'ai envie de tout changer en fait. Alors je vide tout, je pose tout par terre, et je remets, parfois comme c'était avant, parfois d'une autre façon. Et ça me fait du bien, de toucher tous mes livres, de les sentir sous mes doigts. De pouvoir choisir moi même lequel va à telle place. De choisir si je range par hauteur, par taille, par couleur peut-être ? Ce sont des questions un peu bêtes, mais ça me détend. Et puis, j'aime bien poser des questions qui n'ont de sens réel que pour moi. Et puis, ensuite, quand j'ai fini de ranger tous les livres, encore une fois, je les regarde, et je sors lentement de ma pièce, fermant la porte sur ce monde que moi seule connait, que moi seule pénètre.
Après ça, je me sens mieux, et je suis à nouveau apte à affronter le monde de dehors. A nouveau apte de rêver à ce que je ferais si... Si quelqu'un me donnait la possibilité de...Mais pour ça, il faudrait aussi que je me laisse approcher. Et ça, c'est déjà un peu plus compliqué. Mais j'apprends... J'apprends. Faut juste pas... Pas pleins de choses en fait. Surtout pas me faire peur en fait.

C'est pour apprendre que je suis là. Même si je crois qu'il y a plus engageant comme femme dans ce bar. Pis d'abord, faut qu'on me remarque, assise à cette table dans le coin. Moi ça me va, d'ici je vois tout le monde. Comme ça on me surprendra un peu moins facilement... Si quelqu'un vient forcément. Le verre sur la table, c'est juste parce que je crois que si je consomme pas, le patron va me jeter dehors. Alors j'ai pris un quelque chose. Il a pas bougé depuis que la serveuse l'a posé sur la table. Et puis mon bouquin, acheté au noir, alors j'ai trafiquer la couverture, pour pas qu'on voit ce que je lis vraiment. Couverture d'un roman à l'eau de rose. Pour qu'on me catalogue. Et j'attends. Je sais pas trop quoi. j'ai déjà rembarré deux personnes. La prochaine sera peut-être la bonne, même si j'en doute...

Y'avait rien aujourd'hui. Rien de rien. Et j'ai horreur de trainer dans ces quartiers minables pour rien.
Un dernier détour par ce bar, où soi-disant, il y a parfois de bons contacts. J'espère qu'en voyant ma gueule de riche enfarinée, ils seront saisie par l'envie de me lécher les bottes et me délester le porte-feuille, comme ça j'aurais pas besoin de les chercher.

Je m'assoies au bar, et en attendant de passer commande, regarde autour de moi. Non, personne pour m'agresser? Oh, dommage. J'aurais vraiment perdu ma journée alors.

Attend, c'quoi c'te gamine au fond là? Une qui s'la joue "vas y j'suis fille de riche, j'suis trop rebelle qoua"? Ohlala, ça m'énerve ces mômes, jamais pu les piffrer. Même à mon époque. Elles avaient beau se la jouer dure, ça les empêchait pas de chialer dès que je leur cassais le nez. Mais j'ai du arrêter, parait que c'était pas très distingué.

Oh, et puis qu'elle se débrouille, si ça l'éclate de chercher les emmerdes...
Par contre, avec elle dans le coin, ça me fait une rivale en matière d'attire-vendeurs-louches. Et ça, c'est gênant, très gênant.

Sans attendre que le barman daigne s'intéresser à moi, je me retourne et me dirige vers la table de la gamine.

- Hé, toi. Qu'est-ce que tu cherches ici? T'es pas sans savoir que ça craint un peu comme quartier ici.

Voilà, je commence gentiment. Pour lui expliquer gentiment que c'est risqué d'être là, et bien mieux pour elle si elle pouvait partir.

J'aime pas les mômes.

Je commence à m'ennuyer. Les gens font trop de bruits ici, et ça m'empêche de lire correctement. Je lis trois phrases, et quand je lève les yeux, je me rends compte que je n'ai pas compris un traitre mot de tout ça. C'est une chose que je n'aime pas, mais alors pas du tout. Sans doute que je ferais mieux de rentrer, au moins, je serais tranquille. Et je n'aurais pas l'impression que tout le monde me regarde.
De toute façon, j'ai toujours cette impression quand il y a de la foule. Si j'allais voir un psy, il me dirait peut-être que c'est parce que j'ai envie d'attention ? Mais je ne veux pas aller voir un psy. Je ne crois pas être encore prête à assumer ce qu'il me fera découvrir à mon propos. Même s'il pourrait sans doute m'aider à être moins... Moins tout ce que je suis. Après tout, il paraît que c'est à la mode pour les automates, d'aller voir un psy pendant que monsieur va en réunion et autre. C'est la seule explication que j'ai trouvé pour comprendre pourquoi ma mère allait en voir un en tout cas. Ou peut-être est-ce juste parce qu'elle aime tellement parler d'elle que ça ne l'ennuie pas de payer quelqu'un qui l'écoute, au contraire ? En tout cas, vu le nombre de séances qu'elle a chaque semaine, elle doit en avoir, des choses à dire.
Elle me prend mon nombre de mots auxquels j'ai droit chaque jour. Alors je m'enferme dans mon mutisme. Après tout, c'est de leur faute à eux. Mes mots, ils me les volent en parlant à ma place.

Je suis tellement perdue dans mes réflexions que je n'ai pas vu arriver la demoiselle. Plus de vingt mots ! Fichtre. J'ai l'impression qu'elle aurait pu dire une chose de même sens, avec moins. Ou même se taire, et me laisser contempler son visage, qui semble tout dire à lui seul. Je ne sais pas tellement comment lui répondre. Un « plait-il » comme si je n'avais pas compris, alors qu'il n'en est rien ? Ou alors un « Rien », pour répondre à sa question ? Ou alors me taire, et voir si elle part, ou si elle s'énerve ?
J'avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'on m'accueil ici comme ça. Comme si elle était un chien de garde et qu'elle venait aboyer, et bientôt mordre sans doute, quiconque venait pénétrer son territoire.

-Ça ne vous regarde pas.

- Pas très polie... Mais bon, c'est comme ça qu'il faut répondre ici.

L'intimidation, ça ne marche pas. C'est noté. Et si j'essayais d'être plus conciliante?

- Mais si tu me disais pourquoi t'es là, je pourrais t'aiguiller vers ce que tu cherches.

Je la regarde plus attentivement, essayant de comprendre ce qui m'énerve chez elle.

Elle est normale. Banale, même. Une gamine comme on en voit partout.

C'est justement ça qui coince... Elle est pas là pour se la jouer rebelle en fait. Pas le look pour. Elle est là, toute proprette et distinguée, en train de lire... Quoi? Un roman d'amour? Mais qu'est-ce qu'elle fout là, sérieux? C'est un OVNI cette fille, elle est autant à sa place ici qu'un NOD en tenue de Père Noel...

L'énervement a fait place à de la curiosité. Maintenant, je suis vraiment intriguée. Je vais sans doute pas la lacher comme ça...

Je ne suis pas très polie qu'elle dit ? Sans doute a-t-elle déjà oublié la façon dont elle m'a abordé, qui n'était pas des plus polies non plus. Mais enfin, dans ce genre de milieu, ça doit être normal que les gens agissent comme ça.
Je me demande bien ce qu'elle peut me vouloir. J'ai la tête de quelqu'un qui cherche quelque chose ? Peut-être que oui finalement, peut-être que ça se voit comme si c'était marqué sur mon visage que je cherche de la compagnie. Et je préfère celle toute féminine, quand on voit ce que j'ai vécu avec les hommes. Et pourtant, comble de l'ironie, malgré tout ça, tous ces dingues pervers qui viennent vers moi dans l'espoir de... et tous ces autres que l'on appellerait communément « beau parleur », te faisaient rêver pour que tu t'écrases de plus en plus haut, malgré tout ça, je n'arrive toujours pas à me décider à arrêter d'aimer les hommes. Si je pouvais éprouver quelque chose pour une femme, je suis persuadée que ça se passerait mieux qu'avec un homme. Même si c'est dur de parler comme ça sans avoir eu d'expérience avec le genre féminin. Et puis ça criserait sans doute lors de la présentation officielle. Est-ce que mes parents seraient capable de me marier de force à un homme de leur choix, pour gagner plus ? Sans doute. Autant rester discrète. Et puis, une femme ouverte à une femme, faut trouver.

Et voilà, j'ai encore les yeux dans le vide, à partir dans des réflexions étranges et farfelues. Et, encore une fois, je ne sais pas spécialement quoi lui répondre. Lui expliquer pourquoi je suis là... Je ne suis pas sûre qu'elle veuille sincèrement entendre ma réponse. C'est comme ces Automates, qui demandent quand ils te croisent si « ça va », tout en se moquant bien de la réponse. Au contraire, ça leur permet même de mieux parler d'eux, et de leurs « terribles » soucis... Ah... La sincérité dans ce monde...
Je hausse les épaules. C'est une sorte de réponse non ? Peut-être pas.
Non, vraiment, j'ai beau me creuser la tête, je vois vraiment pas quoi lui répondre. Abréger la vérité ? La rendre moins... Pleurnicharde et stupide ? Comment faire ça ?
Soupir. Les mots m'échappent. Je ne sais pas vraiment toujours les faire sortir de ma bouche. Parfois, un simple bonjour, c'est dur, mes lèvres restent closes, alors que je voudrais dire ce simple mot.
Je mets mon marque page bien comme il le faut entre les pages de mon livre, là où je me suis arrêtée, je referme doucement le livre, et le pose bien à plat sur la table. Oui, je cherche à gagner du temps, et alors ? C'est plus facile avec la cyber conversation. Pas besoin d'ouvrir la bouche, juste à taper sur des touches. Et là, personne ne te vois, alors parler devient plus simple. Tu n'as pas sous tes yeux le visage de l'autre, dont tu analyses les moindres mouvements, pour essayer de deviner ce que pense l'autre. Et comme tu n'as pas ça, tu ne te refermes pas comme une huitre dès que tu as l'impression que l'autre s'en fou.

-Je cherche de la compagnie.

J'ai marmonné ça, un peu trop rapidement peut-être pour que tous les mots sont compris. Ah oui, c'est bien plus dur quand on est pas caché dans son appartement, derrière son écran d'ordinateur dernier cri offert par papa maman, à parler avec des gens que l'on ne connait pas vraiment, et que l'on ne verra sans doute jamais.

C'qu'elle est lente. Quelle soirée riche en émotions dis donc. Je recommence à regretter de m'être intéressée à elle.

De la compagnie? Tout ça pour ça? Ca t'écorche tant que ça la gueule de me le dire? Ah, parce que tu veux pas de moi en fait. Ah.

Ma pauvre chérie, t'es bien mal tombée. J'adore écorcher la gueule des gens.

Je me laisse élégamment tombée sur la chaise en face d'elle, trop contente d'avoir trouver une victime pour ce soir. J'pense qu'à cause de ça, elle doit voir un peu mes dents. Sourire de satisfaction, il parait.

- Mais il suffisait de demander voyons! J'étais justement seule ce soir.

Mon regard tombe sur son verre d'eau, encore bien rempli.

- Tiens, tu ne bois pas? Tu as des principes peut être?

Si tant est que le seul mot "principe" ait encore un sens ici bas...

Je m'attendais à plus que ça de ma part. Juste un léger tressaillement, pas plus ? Pas de rage, de poings serrés ? De sourcils froncés ? Pourtant, elle s'invite, sans invitation justement. Allons bon. Soit je me ramollis, et je ne sais même plus exprimer ce que je ressens grâce à mon corps. Soit... Soit ça ne me dérange pas qu'elle soit assise à ma table ?

Je sourirais bien à mon tour, mais n'exagérons rien. Plus tard peut-être, je me méfie encore d'elle. Elle a un petit quelque chose qui fait que je ne peux pas m'en empêcher.

Mes yeux suivent son regard. Mon verre.

-Je n'avais pas spécialement envie de boire.
Surtout de l'eau.

Je relève les yeux vers elle. Bon... J'ai dit que je cherchais de la compagnie et, même si je ne m'attendais pas à elle, autant faire un effort.

-Vous voulez boire autre chose avec moi ?

Elle me vouvoie? Hm, ça me fait bizarre...
C'est vrai que la propreté douteuse du lieu n'encourage pas à la consommation. M'enfin, puisqu'elle propose...

Je fais signe au barman, qui s'approche.

- Vous avez des cocktails non alcoolisés?

Le sale type a un sourire vicieux.

- Allons chérie, t'es pas venue ici pour boire de la grenadine quand même...

- Mon grand, regarde moi bien. J'ai une tête à m'appeler Cendrillon et à me transformer en pute de bas étage après les 12 coups de comptoir? Non. Donc tu fais ce que tu veux avec mon verre, mais j'exige un truc pas trop dégueulasse et sans alcool, tu s'ras mignon.

Je crois que c'est ça que j'aime, dans ces repères pouilleux. Je ne suis plus obligée d'être polie et agréable quand je parle aux gens que j'aime pas. Ca me change agréablement de la haute société. Est-ce pour ça que je passe ma soirée dans un pub sombre, à des siècles de mon époque? Mystère. Moi même, je sais pas pourquoi je reste là, sur une chaise branlante, au lieu de retourner dans mon lit au chaud. Je sais même pas où je vais passer cette nuit. Je m'en préoccuperais plus tard.

Je me retourne vers ma compagne.

- Et pour toi, ça sera quoi? Oh, et tu peux me tutoyer tu sais. Je doute qu'on ai une si grande différence d'age.

Je la regarde faire, elle, avec son assurance. Une assurance que je n'ai pas. Comment fait-on pour acquérir ce genre de chose ? Est-ce inné ? Ou bien faut-il travailler là-dessus ?
Comment savoir ? En lui demandant bien sur.

Oui, une sacrée assurance. Et un bon sens de la répartie. J'ai un bon sens de la répartie. Sauf que personne ne s'en rend compte, puisque je le fais dans ma tête.
Ca me compte sans doute pas dans ces cas là non ? Un jour, ça sortira bien ? Et si ça sort pas, tant pis, qu'on pense que je m'écrase. Moi je sais.

-Je prendrais pareil.

L'homme nous laisse, gromellant sur nos gouts, de filettes qu'il dit ? On a pas commandé du lait fraise à ce que je sache.

-Sans doute pas non, j'ai 20 ans. Pile poil. Enfin non, dans quelques heures.

Et je me mets à chanter d'un air dépité, d'un ton tout sauf joyeux.

-Joyeux anniversaire. Joyeux anniversaire. Joyeux anniversaire Seel, joyeux anniversaire...

Et toi t'as combien ?

Je veux pas qu'elle me souhaite mon anniversaire. Je sais même pas pourquoi je lui ai dit, surtout si je veux pas hein. C'est pas logique, mais je m'en fous.

- Oh. Rassure moi, tu n'es pas venue ici pour chercher un gâteau?

Bon, ça va, c'est pas la mort non plus de fêter son anniversaire seule, dans un bar miteux. De pas le fêter tout court d'ailleurs. Moi même, on ne me l'a jamais souhaité. Je ne connais ma date de naissance que par mon état civil. Et ça m'a pas tuée, non? Mm, mauvais exemple en fait.

- Hm, 22 ans je crois. J'ai la flemme de vérifier sur mon ID.

Voilà le résultat quand on vous rappelle pas que c'est votre anniversaire.

Cette discussion m'aura au moins permis d'apprendre son prénom. Seel. C'est... inhabituel. Mais j'aime bien. Ca me fait penser à "Steel", l'acier. Ca fait un joli contraste avec son air inoffensif.

- Dis, tu voudrais pas qu'on fasse quelque chose pour ton anniversaire? C'est franchement glauque ici. Je dis pas pour le gâteau et les bougies, c'est kitch à mort, mais... Si t'as un truc que t'as toujours rêvé de faire, même un truc répréhensible, c'est le moment non?

Qu'est-ce que je fous? Pourquoi j'essaye de, quoi, lui remonter le moral? Les anniversaires, ça craint, c'est un truc commercial et pour petit friqué. Mais je sais pas pourquoi, moi aussi, d'un coup, j'ai envie de dire fuck à la société, de leur pourrir la vie pour m'avoir pourri la mienne. Passé un certain age, on s'en fout de ces fêtes bidons, mais je sais que j'aurais adoré ça à 8 ans. Est-ce que ça aurait changé quelque chose? Je ne sais pas, mais j'aime cracher au visage de la société que j'abhorre et dont je suis un rouage.