Dressing caduc

Il faut que Ginette trouve de quoi s'habiller, mais elle ne va pas bien. Depuis le kidnapping de Michelle, elle se sent mal, mais elle doit agir. Elle se doute que la vieille maquerelle se trouvera à la soirée. Ginette doit se mettre en mode furtif.

Elle a quand même été visiter le bateau, au cas où, mais aucune trace de son bichon.

Alors elle arrive dans le dressing vide, et elle se met à fouiller.
Je vais lui faire bouffer son dentier à la maquerelle...

Une hispanique hystérique en slip métallisé déboule dans le dressing, marmonnant des "hija de puta, chinga a tu madre".

Elle houspille les habilleuses -- pour une fois que quelqu'un d'autre fait son job, elle va se gêner -- pour qu'on lui nettoie le sang sous son nez, qu'on la remaquille et qu'on lui trouve un nouveau costume. Non, mais comme si elle allait laisser tomber aussi facilement...

Jetant à peine un regard à la nageuse est-allemande qui farfouille dans les armoires, elle s'inspecte beaucoup plus longuement dans le miroir en pied, finit par se déclarer satisfaite d'un mouvement sec du menton et quitte la pièce. Elle a l'air d'avoir une revanche à prendre, et pour elle ce plat-là se mange apparemment chaud, voire bouillant.

L’une qui accuse l’autre qui clame son innocence, ces coups de points, ce tintamarre… C’en est trop pour Madame de France. Il lui faut un peu de calme. Et puis sur petit Bichon chéri est tout sale, il lui faut le nettoyer encore.

Madame quitte donc le Grand Salon pour se rendre au dressing, espérant ainsi être tranquille pour se trouver une tenue plus chaude pour elle et propre pour Bichon. Dommage… Il y a déjà quelqu’un.

Bonjour ! Je ne vous dérange pas au moins ? Je viens juste laver mon pauvre petit Bichon. C’est le chaos dans la s…

Une grosse secousse vient renverser Madame. Bichon fait un bond vers Ginette. Le bateau tangue, un miroir éclate pas loin, des cintres se décrochent, c’est un horreur, une tragédie, la fin du monde ! Puis… plus rien. Rien de rien de rien. Plus de lumière, plus de secousse. Le calme.

Madame se relève tant bien que mal et cherche son bichon dans le noir. Elle l’entend mais ne le vois pas. Puis elle panique. Elle est quasiment seule dans le noir, elle ne sait pas si l’autre personne est vivante, quelqu’un rit… Y’a de quoi avoir peur. Alors elle crie, appelle au secours en espérant une réponse.

Ginette, prostrée, reste dans le dressing. Finalement, elle trouve un chouette tailleur très stricte, vieillot à souhait, qui la moule, elle et son ventre plat, elle et ses fesses fermes de catcheuse. Mais elle est triste. Son Michel, c'est pas n'importe qui. Alors elle s'en fout, du rire des gens, du bruit de la musique. Elle ne fait pas attention à la vieille en voix de décomposition.

Ni à la maquerelle.

Un bichon noir, juste le temps de se relever, poitrine éhonté.
MICHEL !

Et à ce moment, la bateau fait une embardée. Ginette est projetée contre le mur, se prend une machine qui sèche les cheveux sans abimer le brushing. Heureusement, elle a une dentition de cheval qui résiste à l'impact. Sa lèvre, par contre, rompt. Le goût ferreux du sang se répand dans sa bouche tandis qu'en cœur de son cri, Michel jappe et que les gens hurlent.

Un rire, sardonique, vilain, abject, serpente et sillonne autour d'eux. Ginette a l'impression qu'il est partout à la fois. Heureusement, son chien vient se frotter contre elle. Se concentrer sur le poil. Frisé, doux, chaud.

Noir, il fait tout noir.

Comme le poil de Michel.

Marre de jouer les pauvres vieilles femmes apeurées, Madame ouvre son grand sac qu’elle trimballe toujours avec elle. Elle fouille longtemps parmi son attirail de véritable mama de la mafia (ben oui, vous croyez qu’elle se l’est payé comment son billet pour la croisière ? En vendant des cookies ?) jusqu’à trouver sa lampe de poche. Elle l’allume et promène le faisceau lumineux dans toute la pièce pour admirer les dégâts.
Elle arrête la lumière sur l’autre personne et tout de suite elle sent la colère lui monter à la tête. En quel honneur cette femme se permettait-elle de toucher à SON bichon ?
Alors direct, Madame sort son pistolet mitrailleur et le brandit vers l’inconnue.

Lâche mon petit Bichon, salope, ou je te fais exploser la cervelle !

D’un coup, la lumière revient. Madame s’effraye et manque de lâcher son arme. Elle éteint sa lampe de poche, la range et fixe intensément l’autre personne.
Madame se penche et tapote ses genoux avec sa main libre.

Viens là, mon Bichon. Cette personne est méchante, ne reste pas avec elle.
Et vous, laissez mon petit bébé.

Mais mais...
Ginette regarde, médusée, la vieille maquerelle sortir son fusil d'assaut. Elle a l'étrange impression d'avoir basculé dans une réalité parallèle.

Elle veut jouer à ça la vieille connasse ? Mais c'est que son brushing va souuuuuffrir ! Foie de Ginette, foie de Corbeau !

Michel reste stoïque aux pieds de Ginette. Ce que la connasse ne comprend pas, c'est que c'est SON bichon.

C'est mon Michel !

Elle n'osera pas tirer, pas pour ça. Ginette essaye de s'en persuader. Et elle est vieille, alors que notre bonne catcheuse est jeune, agile, gracile. On prend son courage à deux mains, dix doigts, et on crispe ses muscles.
Si, Ginette elle a fait de la lutte quand elle était plus jeune. Vous croyez qu'elle le sort d'où son squelette musculeux de félin des montagnes ? Et faut bien entretenir tout ça, malgré les tartiflettes à répétition.

Et voilà qu'un roulé-boulé plus tard, Ginette s'est jeté sur la vieille. Lui faire lâcher le flingue en premier, éclater sa sale tronche en second.

Je vais te faire bouffer ton dentier connasse !

Le dressing...

Faut pas le dire, mais Julie c'est souvent qu'elle vient ici pour faire comme les passagers et pouvoir se la pèter.

Mais pas aujourd'hui. Non, non, elle n'est pas là.

Gling gling !

Ah si peut être qu'elle est là en fait !

Chutteuh, j'suis incognito. Ah zut y'a du monde.

Youhouuuuuuu le capitaine il veut compter les gens, donc si vous êtes morts vous bougez pas et si vous êtes vivants faudra aller retrouver les autres euh... Zut, je sais plus où c'est qu'il faut les retrouver !

La seule chose qu'elle veut Julie, c'est le dressing pour elle toute seule en fait.

Allez oust ! Du balai le capitaine a dit !

Quelle délicatesse et quelle douceur pour faire passer des messages aux passagers quand même cette Julie.

Ginette s'est jetée sur Madame de France, et repousse vivement le fusil d'assaut, qu'on ne puisse pas dénombrer deux morts de plus. Ginette est à califourchon sur sa monture quand une blondasse a daigné arriver, une sacrée cruche.

MAIS PUTAIN, ON A UNE TERRORISTE SUR LE BATEAU !

Comme si c'était pas déjà assez clair, le combat de catch et le fusil mitrailleur... Qu'elle vienne l'aider à la ficeler la maquerelle et à la foutre dans la cale !

Aidez-moi à la mettre hors d'état de nuire. On va l'emmener chez le capitaine, et il va appeler les autorités. Je suis persuadée qu'elle est recherchée...

Ben ouais, kidnappeuse de bichon sauce mama mafia, forcément c'est dangereux en liberté.

Son Michel ? Madame De France n’y comprend rien. Cette femme donne un autre nom à son petit Bichon d’amour et stipule qu’il lui appartient.
Mais pendant que Madame réfléchit, elle se laisse surprendre par l’attaque spontanée de cette folle. Toutes deux tombes à terre et c’est le combat entre une vieille mafieuse et une jeune femme sculpté comme un mec.
Madame tente en même temps qu’elle lutte de reprendre son pistolet mitrailleur. Mais c’est une tâche difficile car l’autre folle est assise sur elle. Heureusement, une autre femme rentre dans le dressing et leur insiste pour qu’elles sortent. Ne se rend-elle pas compte qu’il y a un combat ici ?

MAIS PUTAIN, ON A UNE TERRORISTE SUR LE BATEAU !

C’est faux ! C’est une folle à liée ! Elle m’a volé mon chien et m’a attaqué sans raison !

Aidez-moi à la mettre hors d'état de nuire. On va l'emmener chez le capitaine, et il va appeler les autorités. Je suis persuadée qu'elle est recherchée...

Non ! Emmenez-la, elle ! Elle veut me tuer !

Et voilà que Ginette prend la vieille par le colbac et l'emmène avec elle. Elle la hisse comme un sac de patate, sur ses épaules carrées, tout en tenant à la main le fusil de la dame, comme preuve à conviction.

- On va trouver les autorité au petit salon

Et les voilà parties...

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