Pour vous changer ?
On y trouve des vêtements propres en libre service. Tous les vêtements. Robes de soirée, robes légères, robes sexy... lingerie fine... chaussures... tout ce qui se trouve dans cette pièce est fait pour séduire, les hommes...

Elle tâte tous les vêtements. Les caresse, les palpe, s'en imprègne. Décidément elle était née dans le luxe et comptait y vivre et s'y baigner indéfiniment.
Alors que son regard parcoure l'immense pièce, elle sort de ses pensées à la voix de Samia. Celle-ci tenait entre ses mains une magnifique robe de soirée aussi blanche que la plus pure des colombes et également d'une échancrure à vous damner.
Pour une fois Claudia ne pipa mot.

Ma ... gni ... fique !!!!

Peu de mots cette fois-ci. Seulement ses yeux parlaient pour elle. Un éclat de magie y luisait.
Elle s'empressa de e rapprocher d'elle avec un sourire à tomber.

Bah vas y !!!!
Essaie là !!!
Fais toi plaisir !!!!!!!

Alors que Samia regardait sa robe avec les mêmes yeux que Claudia, cette dernière jeta son dévolu sur une robe juste dans le portant à sa droite.

Hiiiiiii !!!
Celle-ci pour moi !!!!

Sans gène et sans aucune pudeur, la jeune fille fougueuse se déchaussa rapidement et entreprit de se déshabiller sur le champ afin d'essayer cette merveille dont le décolleté lui descendrai jusqu'au nombril, révélant un petit ventre légèrement bronzé ainsi qu'une poitrine arrondie et veloutée.
Sur le haut des bretelles une myriade de petits diamants étincelaient de milles feux.
La robe lui allait à merveille. Et les escarpins rouge attendaient déjà à côté d'un petit sac de la même teinte.
Lorsqu'elle s'approcha du miroir pour se regarder elle ne put s'empêcher de se sourire avec un petit clin d'œil malicieux.
Puis elle se repris et se tourna vers Samia.

Tadam !!!
Tu as vu ?
Elle est faite pour moi !!!

C'est à ce moment qu'elle vit son amie vêtue de la robe blanche.
Parfaite !
Désirable à souhait.

Mama mia !!!!!
Qué bella !!!!!!

Sortir de ce magnifique hôtel ?

Claudia prit entre ses mains le deuxième verre rempli du liquide bleu tout en regardant Samia avec une petite mimique comique. Elle but une gorgée. Gorgée bien agréable en bouche. Elle avait eu chaud à s'exciter devant le nombre incalculable de vêtements et la boisson fraîche apaisa de suite sa soif.
Elle reprit la parole avec un large sourire sur les lèvres.

Aaaah !
Je viens de comprendre !!!
Tu blaguais !!

Elle rebut illico une grosse gorgée du cocktail et se mit à rire à gorge déployée non sans lâcher sa nouvelle amie des yeux.
Bien sûr qu'elle blaguais !
Comment vouloir quitter tout ce luxe et toute cette volupté ?
C'était forcément insensé !
Surtout que la jeune fille pourrie gâtée était ici pour profiter de tout le luxe de cet endroit idyllique.
Elle laissa mourir son rire et reprit le cours de ses pensées à voix haute toute en agrippant à nouveau Samia par le bras.

Déjà allons manger.
Je meurs de faim !!!
En plus ils servent des mets que l'on trouve nulle part ailleurs !!!

Sur le ton de la confidence elle continua.

En plus j'ai une de ces envie de caviar
et de foie gras ... huuuum ...
J'te raconte pas !!!

Déjà elle entrainait à nouveau sa jolie compagne vers la porte d'entrée du dressing. Elle stoppa deux secondes et héla à l'inconnu d'une voie forte et assez autoritaire.

Par ici !!!

Dans un mouvement rapide la porte s'ouvrit et un majordome se présenta aux deux demoiselles. Raide comme un piquet. Prêt à servir.

Claudia se mit à chuchoter à Samia sournoisement.

J'adoooore faire ça ...

D'un geste de la main et à l'attention de l'homme, elle désigna leurs "anciens" vêtements qui trainaient à terre comme de vulgaires chiffons. Avec une prestance et une rapidité déconcertante, l'homme entreprit de les récupérer et s'empressa de les faire conduire dans les chambres respectives des demoiselles.

Tu verra, tu les retrouvera fais et lavés dans ta chambre à notre retour.

Bon !
On va manger ?

On file dans les couloirs sans manquer un détail, limier, c’est même pas de la déformation c’est de l’instinct. Ça l’est devenu. Je sais faire que ça.
Arrivée devant l’ascenseur, je peux dire dans quelles chambres il y a des occupants, et lesquelles sont inoccupées.
J’ai connais le nombre exact de pas, entre notre chambre et l’ascenseur.
Je sais que le môme sera un problème si y a du grabuge, et que la poule dans le drap sera un obstacle, mais pour qui…
J’ai repéré une issue au bout du couloir.

[Passage ascenseur sans intérêt]

[Réception sans intérêt]

Devant le dressing, je cède le passage à la lingère et au gamin. Je me contenterais de rester dans l’entrée. Tout ça n’a pas d’intérêt, juste un contretemps. Je vais monter la garde comme un bon chien.
Et si le temps me parait trop long, j’irais faire un tour du coté du restaurant. Pas pour la faim. Pour repérer.

(Pour Mad, le temps va surement paraître trop long, direction le restaurant ?)

Le rire de Claudia résonne encore dans ses oreilles. Et si elle a raison, si resté ici est la seule option qui lui reste. Toute perdue dans ses pensées elle écoute à peine les paroles de la jeune femme, sens à peine sa main sur son bras. Comment la convaincre de l'emmener loin d'ici, et si ce n'est pas elle, qui semble connaître tous les secret de cet hôtel, qui peut l'aider à retrouver sa vie. Sa vie, elle ne l'aime pas tant que ça sa vie, pourquoi vouloir absolument y retourner. Comme un chien battu qui s'obstine à retourner vers son maître.

Elle adore, elle adore quoi?
A peine cette question lui traverse l'esprit que déjà l'homme au allure de "j'ai un balai dans le Q" entre dans le dressing, prend leurs habits et ressort.

Doit-elle lui dire que la robe qu'elle portait n'était pas la sienne, qu'elle l'a trouvé dans la chambre. Elle se regarde dans le miroir une dernière fois, elle n'a pas perdu au change.

Avec un sourire forcé.

Allons-y alors.

Mais avant qu'elles n'aient fait un geste vers la porte, elle s'ouvre toute seule pour laisser passer un homme et une femme. La femme n'a pas l'air très enchantée de se trouver là d'ailleurs. Une femme et un enfant rentre à leur tour, on comment à être serré dans cette petite pièce, mais là, de l'autre côté de la porte restée ouverte, une silhouette familière. Elle se laisse entraîner par Claudia, qui ne cesse de lui vanter la saveur des plats qu'on peut y déguster. Passant devant lui, elle le regarde d'un air perdu

Mad....

Elle ne le lâche pas du regard tandis que Claudia l'emmène dans les couloirs en direction du Restaurant

[Je te laisse faire l'arrivée cette fois Claudia]

Très jolies bottes, pas très racées, très usées… non, vous n’avez pas l’air de vouloir vous en séparer, je n’insisterai pas. C’est… une longue histoire entre elles et vous, j’imagine.
Qu’importe !

Jolies demoiselles qui passent… Ô surprise, magnifiques et irrésistibles… Ebène partout, retiens-moi, attrapes mon bras, agrippes mes mollets, ou je les suis partout où elles voudront m’emmener. Le paradis, c’est pour moi !
Ça doit se voir dans mon regard qui les dévore tête aux pieds, avec une lente et périlleuse admiration scrutation : cuisses, genoux, mollets, mollets encore, galbe, chevilles, fines, creusées divinement, pieds enfoncés dans des chaussures parfaitement ajustés. Pinces-toi Jude.

Aïe, elle a du voir mon regard s’effondrer à l’arrivée sur les chevilles… Notre petit tête à tête s’en trouvera t-il compromis. La question reste entière.

Elles sortent, et le va et vient continue. Et moi, chevilles et mollet dans le regard, iris au reflet de genoux, cuisses et robes légères, je dois habiller cette compagne de glace, c’est elle ! Elle, qui a coulé le Titanic ! Mais, pas moi, je ne suis pas fait de taule et de boulons. Je suis une amère déception pour la génétique et les labos gouvernementaux, mais je ne coule que si l’air s’échappe de mes poumons. Et puis, je sais nager.

A nous deux. Parce que, oui, comme elles et « ces choses là »
Vous allez voir, ça vous change un homme.

Je viens de me faire rire. Et la soirée ne fait que commencer.

Je fouille, farfouille, et pour finir j’ai du vider tous les placards. Je suis le roi du dressing, les bras remplis de tout ce qui se fait, de tout ce qui se porte, à la mode et démodé, j’ai tout pillé.
Et je lâche le tout devant elle, devant ses bottes de mathusalem.
Sourire denté, air radieux…

Il faut tout essayer.
Ne froncez pas ce nez si joli, il faudra au moins ça pour vous rendre présentable.
Une reine ébène ! Je vais faire de vous, une reine de Saba !
Mais, y a du boulot.
…

Allez ! Enlevez-moi toutes ces guenilles !
On n’a pas toute la nuit et j’ai faim.
De vous.

Aussitôt dit, je tire sur les rideaux qui cacheront la nudité.

Apres vous.

Sourire oblige. Je suis ravi de mon stratagème ; qui pourrait se vêtir et se dévêtir avec tant de choses, qui feront d’elle, malgré elle, la plus belle de la soirée.
Je saute sur le meuble central pour m’y asseoir confortablement et observer émerveiller, qui sait.

HaaaAAAaaa !

Est-ce mon cri qui m’a fait sursauter, ou le sursaut qui m’a fait crier ? Je ne sais guère. Je pourrais bien demander autour de moi, à ces gens qui me regardent de façon étrange, mais j’en ai pas envie. En plus, je sens leurs regards qui me dévisagent, qui me fixent comme si j’étais une grosse tache crasseuse sur une belle nappe blanche. Je préfère reculer, pour m’éloigner d’eux. Ils me font peur, avec leurs gros yeux. De la main, je cherche un contact. Celui de cette dame qui m’a pris dans ses bras pour me rassurer tout à l’heure, comme le faisait Féli.

Féli… Tu me manques Mamy Féli… Si au moins Suzy était avec moi…

Suzy !

Elle est où ma sœur ? Elle devrait être là, pas loin, quelque part. Parce que si elle n’est pas là, ça veut dire que je suis seul, tout seul, au milieu de tous ces gens, toutes ces grandes personnes mal attentionnées. Elle m’a prévenu Suzy. Les adultes, ça ne te veut jamais du bien. Les NOD te cherchent pour te faire implanter. Les Mentalistes te fouillent le cerveau. Les Insurgés t’enrôlent dans leur bataille folle. Les Automates veulent faire de toi leur jouet. Et les Orthodoxes passent leur temps à te faire la leçon. Et les Valkyries, je suis trop jeune et trop innocent pour leur parler.

En reculant pendant ma réflexion sentimentalo-existentielle, j’ai tout foutu en l’air. J’ai renversé un portant, déchiré quelques pans de tissus, marché sur d’autres en laissant de belles empreintes de semelles, tout ça pour finir les quatre fers en l’air au milieu d’un tas de fringues. Je dois me débattre comme un forcené pour me sortir de ce pétrin. Mais je ne me relève pas. Je reste assis, à observer. Je ne me souviens pas être sorti de la chambre. Je me souviens juste de la voix de la gentille dame. Et maintenant, je suis ici. Quelle heure peut-il être ? Ou suis ? Quelle belle étagère !

En faisant mon regard rotatif panoramique pour étudier la géographie de l’environnement dans lequel je me retrouve infiltré à l’insu de mon plein gré, je l’ai vue. Elle. Si belle. Sur son escabeau en l’air. Elle m’éblouit, m’hypnotise. Je me relève et m’approche d’elle doucement, avec mon sourire de petit ange irrésistible. Et doucement, je tends ma main vers elle. Je la touche, elle frétille. Comme elle ne s’enfuit pas, je la prends à pleine main et l’approche de mes lèvres. Elle est si douce…

Elle est pas trop top c’te cravate ? J’vais être d’un chic absolu avec !

Sans même penser qu’il pourrait y avoir des vêtements à ma taille dans cette armoire géante, j’enfile la cravate trop grande par-dessus mes frusques râpées, et je marche d’un pas fier, le menton haut et les coudes balançant avec fougue.

Je ne sais pas où je vais, mais j’y vais. Droit devant, en avant marche. Droite gauche. Droite gauche. Petit pas chassé et gauche droite. Gauche droite. Demi-tour, droite !

Direction le restaurant

Avant dans la chambre 213.

La porte s’ouvrit à la volée sur une Charlie à l’allure étrange, jean et débardeur sans forme, les mains dans les poches, le cheveu en bataille, le visage fermé ; seul dénotait le petit éclat rouge, très bref, à chaque pas. Elle passa devant un type assis sur le comptoir central sans émettre un son. Elle avait pourtant bien remarqué sa présence, et celle, plus discrète, des bottes rapiécées qui dépassaient du rideau d’une cabine d’essayage ; elle ne voulait simplement pas s’attarder. Elle se dirigea immédiatement vers les portants du fond. Juste le temps de mettre la main sur un petit quelque chose qui collerait avec le rôle qu’elle comptait bien jouer une fois en bas.

Voyons voir…

Charlie se mordit la lèvre inférieure une seconde, caressa du bout des doigts une manche, un top en satin, un col fourrure qui faisait bien trop nouveau riche. Son dévolu et sa main s’arrêtèrent sur un bout de soie qui dépassait. Elle attrapa le tout et fila en cabine.

Bruissement de tissus, trente secondes à peine et elle était sortie. Adieu les frusques et bonsoir la petite robe noire, sobre, courte, fatale, parfaite. La jeune femme saisit au vol un sautoir de perles sur un présentoir et un grand sac à main pour y fourrer la boule de vêtements qui lui restaient dans les mains. Elle s’éclipsa par la porte restée entrebâillée sans demander son reste ; tout au plus marmonna-t-elle, dans un sursaut de bonne éducation auquel elle n’arrivait pas à couper malgré tous ses efforts, un «bonne soirée» qui résonna sur les murs pratiquement nus du dressing.

Le claquement régulier des talons s’évanouit dans le couloir. La scène n’avait pas duré trois minutes.

Prochaine étape, le restaurant.

Je me concentre sur la scène, admiratif de ma brocarde. Je m’amuse à regarder le tas de vêtements diminuer d’un coté et se remplir de l’autre. Les rideaux, n‘en déplaisent aux usagers, sont toujours trop courts et laissent voir les pieds, et les tas de vêtements qui fonctionnent en vases communiquant.
Et poils aux dents.
Elle sort…
J’ai failli tomber à la renverse. Ah… Je suis tombé à la renverse. En tout cas, j’ai fait semblant, tout comme, allongé sur le dos et les jambes pendantes le long du comptoir central. J’ai du dire un : « maman » avant de m’écrouler sur le dos, jambes ballantes.
Puéril et sous le charme, je joue au sot, c’est si drôle de se faire rire.
Et puis, elle est si belle.

Tellement belle, que je n’ai plus faim
Sauf d’elle.

Je roule sur le coté, main en support de tête et coude sur le marbre du comptoir.
Je la regarde…
Avec insistance
Souriant
Evidemment,
Et…

Je me redresse et saute du promontoire.

Une poignet de pas pour mener la revue, juste assez près pour voir l’iris de ses yeux, juste assez loin pour entamer une courbette apprise dans les livres, juste assez d’audace pour voler sa main précieusement et y poser un baisé, volé, un de plus, mais celui-ci plus distingué que l’autre, dans le bar de l’hôtel.

Debout en face de la grâce, malgré les chaussures à gerber, je ne lui rends pas sa main, je l’envole avec moi, et surement pas vers le restaurant.

Suivez-moi !

Direction : CUISINES DE L'HOTEL

[courant depuis la porte du restaurant ]

Ici ! Une autre pièce. Je vais peut-être pouvoir m'y cacher, au moins pour pouvoir souffler deux minutes.
Aïaïaïe ! Des gens sortent ! Il faut pas qu'ils me voient !

Un homme et une femme. Plaquée contre le mur en retenant ma respiration, je les vois de profil, puis de dos... surtout ne vous retournez pas !
Le temps qu'ils fassent quelques pas, et je me faufile à l'intérieur. Là je saute derrière une rangée de vêtements accrochés à des cintres et me plie comme une coquillette pour me faire toute petite, les yeux fermés, tous mes bras repliés contre moi.
J'écoute. J'ai peur. Et s'ils m'avaient vu quand ils étaient de profil ? Allons, ils avaient sans doute autre chose à faire, et j'ai pas fait de bruit ou presque, j'étais bien cachée contre le mur, bien qu'à découvert. Je ne suis pas sûre. C'est allé si vite.

J'ai la tête qui tourne, le cœur qui galope et la larme à l'oeil en me disant que je suis là, toujours en vie, cachée à l'ombre des vêtements. Je n'ose pas encore ouvrir les yeux. Un pan de tissu frôle mon épaule. C'est doux. Envie de m'y blottir.

Cette voix... Qui est là ? Où ? C'est comme si ça venait de partout à la fois. J'ai peur.
pécher pécher pécher, c'est à moi qu'il parle ? Oh non, je suis foutue !
Il parle de la loi et j'écarquille les yeux, incapable de bouger, de m'enfuir. Pour aller où ?

Non

Oui d'accord, j'ai enfreint quelques règles, oui je goutes à toute sortes de plaisirs, certains dont on imagine même pas la provenance ni l'effet que ça fait. Oui, j'en jouis tellement que je pourrais sans doute en crever.
Mais c'est pas ma faute ! Je ne peux pas vivre autrement et je veux vivre. Putain oui ! Vivre. S'il vous plais, laissez moi ça. Je ne suis vraiment née qu'il y a 3 ans, quand la puce est morte. Je suis trop jeune !

Je tremble. Je tremble tellement fort que ça fais trembler le sol... et les murs... et ça fait un de ces bouquants.
C'est pas ma faute. C'est pas moi !

J'entends les choses qui craques, le plafond qui se casse la gueule. Tout ce renverse, les vêtement me tombent dessus. Je reste en boule sous le tas de tissus, protégée de la chute de gravas. Aïe ! Pas trop quand même, mais celui-là ça devait être un parpaing. J'ai maaaaal !

Puis plus aucun bruit. Le séisme c'est arrêté.
Je bouge juste un peu pour faire tomber les caillasses.
Mon épaule me fait mal.
Pas grave, j'en ai deux autres, on pourrait dire. Mais merde, ça fait mal !
Mais encore plus peur que mal.

Cette voix effroyables comme le jugement dernier, c'était quoi ? Il est parti ? Dites moi qu'il est parti, qu'il ne reviendra pas.
Je ne bougerais pas d'ici tant que je n'en serais sûre.
Il est peut-être là à attendre en silence. Il écoute et attend que je sorte de sous ces vêtements.
Ils sont doux eux, ils sont chauds, ils sont chics. J'en sert une manche dans ma main et la ramène contre ma poitrine, rapproche un col par dessus ma tête avec l'autre et presse une robe de soie contre ma joue avec la dernière. J'y enfouis mon visage comme si c'était les bras d'une mère, pour me rassurer. Elle éponge mes larmes, m'offre un contact apaisant. Je n'aurais pas aussi peur, je crois que je pourrais m'endormir dans son drapé.

Il fait chaud là-dessous, mais j'aime ces matières. C'est agréable, j'en oublierais presque la douleur.

[Venus de la Chambre 215]

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH !!!!

Comment j'ai pu croire un instant que je serais à l'abris là dessous ?
Je suis découverte, fichu. La chose avec la grosse voix m'a retrouvé. S'en est fini de moi !

Ah non.

C'est juste deux personnes, un homme et une femme tout de blanc vêtus. C'est beau le blanc...
Ils sont là et ils me regardent. Et moi... je suis à poil !!!

-Hiiiiiiiiiiiiiiih !!!

A poil et avec trois bras pour cacher ma nudité, mais rien pour cacher mes bras et ça c'est pire.

-Pitié ! non, ne me faite pas de mal ! C'est pas faute, j'ai rien fait !

Je suis foutue foutue foutue !!!
Tout en suppliant et en tentant de défendre vivement mon cas, j'attrape tous les bouts de tissus que je trouve, les ramènent contre moi, y plonge mon troisième bras pour le caché. Après tout il y a peut-être une toute petite chance pour qu'ils ne l'aient pas encore vu. Hein ? Imaginons, s'ils ont cligné des yeux assez longtemps juste à ce moment là, pour que j'ai le temps de cacher ce que je peux. Non ? Allez, on a bien le droit espérer quand même ! ou de croire aux miracles.

-Je peux tout vous expliquer. Enfin non ! Je ne sais rien ! Et je ne suis pas une criminelle, je veux juste vivre. J'ai pas choisi ça ! Enfin si peut-être un peu, mais je n'ai jamais fait de mal à personne.

Putain je dis n'importe quoi ! C'est pas avec ça que je vais sauver ma peau. Il faut que je trouve une porte de sortie et vite. Je regarde autour de moi... bonjours les dégats... c'est le tremblement de terre qui à fait ça ?

-C'est pas moi !!

Et hop, je me lève comme un ressort avec une boule de vêtements dans les bras et fonce vers une cabine d'essayage que j'ai repérée comme seule issue. Je me jette derrière le rideau et me plaque au fond enfin à l'abr... enfin piégée. Et merde ! Mais quelle conne !

Du calme. On respire. Au moins, ils ne me voient plus.
Qu'est-ce que j'ai là ? Des pleins de robes, des vestes, un grand bout de tissus que je sais pas trop ce que c'est... au moins, je pourrais mourir dignement si on me laisse le temps d'enfiler une de ces choses.

[Vient du Hall de l'hôtel]

Éric se vautrait toujours sur le sol de l'entrée de dressing. Les décombres avaient en partie pénétrés aussi, si bien que Éric restait invisible aux yeux d'une autre personne présente dans le dressing.
Il était griffé en de nombreux endroits du visage, son costume tout noir était à présent gris de poussière et en lambeaux. Un de ses pieds fiché dans le tas de cailloux. Et une plaie ouverte sur la tête.
Un cri terrifiant le fit tressaillir. Il remua ses yeux sous ses paupières, bougea un peu. Ca n'allait pas fort...

Spoiler:

Il tente de se redresser une première fois, mais c'est trop d'effort pour l'instant.
La gravité le renvoie à terre.

Spoiler:

Il a localisé son pied coincé. Pas le choix cette fois, pour le retirer il va falloir s'asseoir.
Hop ! On joue sur les muscles, appui sur les coudes, puis sur une main, puis très vite sur les deux.
Et on bascule vers l'avant, plie les genoux.
Éric commence a déblayé le terrain mais le gros de l'histoire lui, résiste.
Pas le choix, il doit abandonner sa chaussure à la gueule de pierre.

Après tous ces efforts plié en deux, il s'allongea à nouveau, le souffle coupé.

Seulement un deuxième hurlement retenti, plus aigu que le premier, plus inquiétant.
Pas le temps de terminer sa sieste, une femme était en danger.
Il se lève donc péniblement, sort de sa cachette et tombe sur une embuscade.
Une femme à l'entrée, un homme à l'intérieur, penché sur une jeune femme dans le plus simple appareil couvée par un nid de vêtements luxueux.
Celle-ci était sans doute celle qui venait de crier. Pas le temps de dire un mot, elle s'empare de ses couvertures et s'en va se cacher dans une des cabines.

_ Que se passe-t-il ici ?
Qu'est-ce que vous lui voulez ?

Buzwata, qui était restée cachée dans le dos de Lester, avait entendu quelqu'un crier
mais n'eu que le temps de voir une momie de laine et de soie filer dans une cabine d'essayage.
Lorsqu'un homme fit éruption derrière elle en demandant se qu'il se passait, elle eu un grand
sursaut qui fit presque jaillir son cœur hors de sa fabuleuse poitrine. Elle le sentait tel un tambour
jouant un rythme endiablé qui remontait le long de ses veines jusqu'à ses tympans.
Lorsque Lester se tourna pour répondre à l'homme, elle vit dans son œil le trouble et la confusion
monter en lui.


Soudain elle remarqua que le visage de Lester blanchissait à vue d'œil en se perlant de sueur.
Elle avait l'impression de ressentir le malaise de Lester, au plus profond d'elle même elle vivait
sa tourmente. Faisant abstraction de l'homme en haillons et de la momie, elle posa les mains sur
les tempes de Lester, colla son front contre le sien et ferma les yeux. Elle se concentra sur le malaise
de son compagnon comme si elle souhaitait le faire passer en elle et y laisser à la place le calme
et la sérénité. Elle s'efforçait de se concentrer comme si elle souhaitait parler à Lester par télépathie
avec une voix la plus rassurante possible, presque maternel.

Éric est interloqué. Visiblement son entrée a créé un malaise chez les embusqués.

Spoiler:

Il s'adresse à eux assez sèchement, d'une voix la plus sûr possible, malgré l'incongruité de la scène.

_ Eh bien, moi qui pensais que c'était vous les méchants dans l'histoire, je suis bien mal à l'aise tout à coup...
Et vos réactions ne m'aident pas.

La jeune femme que vous avez déterré a hurlé. J'étais derrière les décombres, a essayé de me dépêtrer.
Je me suis précipiter pour voir ce qui se passait.
Qui je suis importe peu, un client comme un autre, un peu déboussolé par l'accueil...
En revanche, vu votre allure de débarqués immaculés, c'est plutôt à moi de vous retourner la question.
Comment se fait-il que vous sembliez avoir échappé à l'effondrement ?

Éric se déplace lentement, pour ne pas effrayer, danse avec les deux individus pour les contourner, et, sans leur tourner le dos, s'approche de la cabine où s'est réfugiée la cantatrice. D'une voix plus calme et rassurante, il lui parle à travers le rideau.

_ Vous m'entendez ?

Apparemment vous n'avez rien à craindre... Ils sont aussi émotifs que nous.
Détendez-vous et mettez quelque chose sur le dos. Prenez votre temps.

Éric ramène son cou et sa tête dans l'axe de gravité, et s'adresse à nouveau aux deux autres.

_ Du coup j'imagine que c'est aussi un mal-entendu cette histoire ?

J'écoute ce qu'ils disent, savoir comment ils ont l'intention de me cuisiner. Une balle entre les deux yeux ? Un peu de torture avant pour me faire trahir les copains d'en bas ? ou juste par sadisme ? Mais non, apparemment rien de tout ça.
Par contre le type en blanc à l'air bien givré. Il s'est évadé d'un hôpital psychiatrique ?

Un autre homme que j'ai entendu arriver après que je me sois réfugié dans cette cabine me dit que je n'ai rien à craindre... j'en suis pas sûre.
Mais bon, déjà, j'ai le temps de me mettre quelque chose sur le dos.
Voyons ce que j'ai là...

J'enfile un truc un peu au pif. La texture est génial, mais je suis coincée ! Il manque une ouverture, là, sous la manche gauche. Pas pratique.
Quoi d'autre ? C'est pas possible, tous leurs fringue n'ont que deux manches ! Ya donc personne qui pense aux gens comme moi qui sortent un tout petit peu des normes anatomiques. pffff !

Ah ! Ça ça a l'air pas mal, cette petite chose rouge. La couleur me plaies beaucoup une fois secouée de sa poussière. Pas de manches... pas beaucoup de tissu non plus. Le grand trou là, il va devant ou derrière ? Je crois qu'il va derrière, ou sinon, ce n'est même plus un décolleté, c'est largement ouvert, des trois épaules au nombril. Donc j'essaie avec le vide derrière et il se révèle qu'effectivement, c'est bien une robe avec un dos nu qui tient juste avec une ficelle derrière la nuque et toute la place qu'il faut pour laisser passer tous mes bras. C'est bien décollée devant et fendu en bas, des chevilles jusqu'à mis-cuisse.
C'est bien pour bouger... courir... s'enfuir ! Je n'aurais pas trop chaud. Mais pour le bras, je suis embêtée. Il faut que je trouve quelque chose pour... ça ! Ce grand bout de tissus, de la même couleur, un genre de très grand châle. Une fois sur les épaules, ça dissimule tout ce que je veux dissimuler.
Je m'enroule dedans et me hasarde à jeter un œil dehors en passant juste la tête de l'autre côté du rideau, dans un premier temps.

Pas de mouvements brusques, pas d'armes à première vu, pas de regard menaçant... J'hésite encore. Ils m'ont vu toute nu. Ils ont tout vu. Enfin lui en tout cas, c'est sûr. Mais je nierais ! Qui le croira s'il dit que j'ai trois bras ? T'as rêvé mon gars ! Bon après il faudrait pas qu'il leur vienne l'idée de vérifier.

Bon, de toute façon, je ne vais rester là dedans éternellement. Je prend mon courage à deux main et me décide à sortir complètement.
Et là, je leur dis :

-....

Rien. En fait je dis rien. Je sais pas quoi leur dire et j'ose pas. En plus, je ne sait toujours pas ce qu'on me veut ni ce que je fais là, dans un hôtel. Et c'était à qui la grosse voix ? Est-ce qu'il va venir tous nous massacrer ou est-ce que c'est juste pour nous faire peur ?

Et je me sent mal à l'aise, là, devant eux ! J'ai la trouille et j'ai honte aussi, d'avoir été trouvée nue comme un ver.
Alors je les regarde, le nez baissé, les cheveux en bataille, une mèche tombant négligemment en travers de mon visage. Mais je ne ferais pas un mouvement pour la remettre à sa place, même si elle me gène un peu pour voir. Je ne suis prête qu'à faire une seule chose : courir très vite si le besoin s'en fait sentir.