-sympa ? tu veux dire que c'est une vraie morue ouais !
Putain qu'elle est vulgaire cette connasse !
Et tu la laisse te causer comme ça ? C'est pas parce que c'est une enfoirée d'ivrogne qu'elle a le droit de te traiter comme de la merde.

Si je me retenais pas, j'irais lui gueuler ma façon de penser à cette vieille rombière aigrie. Mais on a mieux à faire pour le moment. Elle a quand même pas intérêt à nous refaire le même cirque en ressortant.

Pendant ce temps, ya Anouck qui fout tout par terre.

-Il y aurait pas moyen d'allumer la lumière ?

Ah ouais, je l'avais pas vu sous cet angle là...
Elle doit être complètement maboule la voisine, à force de rester cloitrée chez elle. Pourquoi elle sort pas ? Il a du se passer des trucs pas sympa.

-ok, tu fais comme tu veux avec ta vieille peau de voisine. Si ça te convient comme ça...

Thé ou café… faites comme chez vous…

-un café steuplait

Je commence à farfouiller dans l'armoire.
Elle en a des fringues...
Mais elle plus grande que moi. Je dois faire à peu près 1m50 en comptant les cornes. Je me demande si je vais pas ressembler à Simplet là dedans.

-t'aurais quelque chose d'assez... court ?
et pour les cornes ?
et le visage...

Je pousse un soupir intérieur.
Avec la gueule que j'ai, cette mission, ça va pas le faire.
haaah misère !

Elle m'a fait peur la voisine...
Elle en a d'autres comme ça dans le coin ?

Je suis la dernière à entrer et je referme bien la porte dernière nous.
C'est... sympa ici.
Pas très grand, pas très éclairé, avec un peu de bazar, mais je trouve chaleureux.
Les bougies, ça donne ambiance intime et paisible.
C'est beau les bougies... trop beau... je crois que je pourrais passer des heures à la regarder comme ça.

Je fixe la flamme et laisse sa lumière s'imprimer sur ma rétine. J'aime la douceur de son halo, à tel point que je ne peux en détourner mon regard. La pointe effilée a l'air toute douce comme un pinceau. Dommage que le feu ça brûle. J'aimerais bien pouvoir y toucher.

Je ferais mieux de m'intéresser au contenu de l'armoire... encore un peu.
Juste un peu
quelques secondes
une minute
ou deux
on n'est pas à deux minutes près
Je me sent si bien en contemplant la flamme de cette bougie. Je voudrais que ça dur toujours.

Ton café est servi Karmine, les autres n’hésitez pas à vous servir lorsque l’envie vous prendra.
-Merci

Je commence à siroter mon café et la voilà qui se met à me tourner autour en me toisant de haut en bas.
Voilà même qu'elle me mesure dans tous les sens !
Qu'est-ce qu'elle f... ah ? Elle va coudre ? pour moi ? C'est trop gentil. Je dis rien mais ça me touche un tit peu quand même.

Le résultat est bien. Pile à ma taille. Elle est douée.
par contre, pour la perruque, je suis un peu septique
La coupe afro, dans le genre discret... et en plus faut que je la porte à raz des deux premières yeux pour planquer les autres. Ça me gratte les paupières. Je ne peux plus la retirer maintenant que les cornes son prises dedans. Je me sent un peu ridicule. Mais bon, je vais pas faire la difficile.
Et il faut encore camoufler les plaques rouges sur ma figure.

-Quelqu'un achète son fond de teint au kilo ? Parce que vu les rougeurs, je crois qu'il va falloir mettre la dose. Ce n'est plus une maquilleuse qu'il faut, c'est un peintre en bâtiment ! Ou alors des grooOOoosses lunettes qui cachent bien toute la gueule.

Je leur facilite pas la tâche. Mais puisqu'un fois sur le terrain, en cas de pépin c'est chacun pour sa gueule, j'aimerais autant limiter les risques de me faire chopper. On a dit que si quelqu'un se faisait prendre, on verrait plus tard pour aller chercher, mais ça j'y crois pas trop. En plus, la personne à aller chercher, encore faut-il qu'elle soit toujours en vie quand ils se seront décidé à risquer les leurs, de vies.
Mais bon, vaut mieux ne pas y penser. Ça se passera bien. Et Sinon, on verra.

Après être passé chez Krebs, nous arrivons devant chez Jade. On rentre dans le bâtiment quand d'un coup une vieille dame sort sur le palier et commence à proférer un monologue complètement incohérents.

- En plus elle ramène des mecs, c'est quoi c'te histoire, une partouze. Putain de jeunesse pourrie et dépravée. Je vous préviens, je vous fous deux carottes dans les carreaux si vous foutez le bordel. Mon mari va venir vous en mettre deux par la même occasion.

Ouah, elle est timbrée la vieille.

Bon vite chez Jade, histoire d'être sûre qu'elle ne pète pas une pile et vienne nous mettre "deux carottes dans les carreaux". On aura l'air malin niveau discrétion. Tandis que l'on s'approche de chez Jade, les sentiments que je ressens sont complètement contradictoires, je suis autant excité que terrifié. J'espère que tout va bien se passer, que les filles ont trouvées une solution pour les vêtements. Pour nous, c'est bon. Ma queue se cache bien dans le pantalon un peu trop large que m'a filé Krebs.

Bon, on est devant la porte de Jade. Je frappe.

TOC, TOC

- JJAADDEE, c'est nous, y'a une vieille qui va nous buter si tu n'ouvre pas de suite.

Les garçon sont arrivés.
Je les entend entrer et Jade qui les accueille.

Je devrais peut-être en faire de même. Au moins montrer que je sais qu'ils sont là, que je leur accorde un peu d'attention.
Mais pour ça, il faut que je détache mon regard de la flamme de la bougie.
C'est dur.
Elle est tellement belle...
Dire qu'il va falloir que je m'en sépare...

Je sent une petite larme qui vient m'emplir l’œil.
Je la retient parce que d'une part c'est idiot de pleurer pour une bougie, même si sa plaisante beauté à un effet exacerbé sur ma personne toute détraquée. Et d'autre part, parce que les larmes risquent de troubler ma vue et je pourrais moins bien profiter de cette merveille.

J'essaie de me consoler en me disant que je pourrais m'en procurer, des bougies. Je commence déjà à réfléchir à l'endroit où je pourrais en acheter.

C'est ridicule. On prépare une mission super importante pour l'avenir de la rébellion et moi, ce qui me préoccupe, c'est la flamme d'une bougie.
J'ai un peu honte. Mais je fais pas exprès.
Ils ne trouvent pas ça joli, eux ? Peut-être pas tant que ça. Mais s'ils pouvaient la voir comme je la vois...

On rentre dans l'appartement, l’éclairage à la bougie donne une ambiance de maquis. Emilie soutient fixement la flamme d'une d'entre elle. Elle semble absorbé, comme si elle était ampli de cette douce chaleur. Son esprit semble parti un moment.

On voit Anouck fasciné par une livre de Victor Hugo et Jade qui s'affaire à nous mettre tous à l'aise, café, thé, un vrai salon.

- Salut les gars !
Vous tombez bien ! On a une énigme à résoudre.
Comment masquer le visage de Karmine. Perso, je sèche ...

- Salut les filles.

Je regarde chacune d'entre elle de la tête au pied, Anouck à l'air prête. Une parfaite petite orthodoxe sauf son petit minois chapardeur qui pourrait éveiller les soupçons mais rien de bien grave.

Emilie n'est pas encore prête mais à part un bras en trop à cacher, ça devrait aller.

Karmine, alala Karmine, .... trop de douleurs et de déformations. Comment cacher ses yeux et ses cornes ....

- Tu as bien gérer Jade, les vêtements nickels. Pour Karmine, ..., hum, y'aurait-il un masque typique utilisé par les orthodoxes, ou un col relevé avec un chapeau ?

Je m'assoie sur le canapé, prend une tasse de café met un sucre, met deux sucre, met tris sucre, ... stop ça suffit.

- Et nous, vous nous trouvez assez neutre ?

Allez 'milie, soit forte.
Je tourne la tête, la larme à l'oeil. Je dois te laisser, petite merveille. Le devoir m'appelle. On se reverra, hein ?
Et puis si on ne se revoit pas, de toute façon je pourrais bien trouver d'autres bougies. Mais c'est dur quand même.

Je regarde les garçons et je m'essuie l’œil gauche.

-tristement neutres... c'est parfait.

Je renifle un coup, mais c'est pas leurs vêtements si neutres qui me rendent si triste. Allez ! Faut se ressaisir. C'est ridicule ! Ils vont pas comprendre ce qui m'arrivent et risque de se faire du soucis pour rien.

Je regarde Karmine et les plaques rouges sur son visage. Tout le front et ses yeux surnuméraires sont déjà cachés par la perruque. Il reste encore les yeux, les pommettes et le nez.

-Je peux lui prêter mes lunettes. Elles ne sont pas très classiques mais elle couvrent bien.

J'enlève les lunettes que je porte sur mon front et les tend à Karmine.

-Et pour le nez...

Je sort un pansement de ma poche. J'en ai toujours quelques uns sur moi, comme il m'arrive régulièrement de me blesser en travaillant.

-Ça arrive à tout le monde, un petit accident. Il vaudra mieux qu'on croit que tu as pris coup plutôt qu'on voit la mutation.

Une coupe afro, des grosses lunette et un pansement sur le nez, c'est pas ce qu'il y a de plus commun comme allure, mais ça l'est déjà plus que 7 yeux et des cornes.

Il faut aussi que je m'occupe de mon bras. J'attrape un grand manteau dans la penderie et l'enfile. Un bras dans chaque manche, le troisième le long du corps. Je ferme et me voilà normale... du moins en apparence.

Elles sont pas mal, les lunettes d'Emilie. Il y a encore un ptit peu de rouge qui dépasse en haut de la joue, mais ça va peut-être aller.
Et puis ya mon pif. Je met le pansement dessus comme si j'avais pris une patate. On voit encore un peu le bout du nez qui dépasse et qui est rouge. Mais un nez rouge quand on a pris un bourre pif ou qu'on s'est crouté dans les escaliers, c'est assez normal.

-merci.

Je suis à peu près camouflée. Difficile de faire beaucoup mieux avec les moyens du bord et on a assez perdu de temps à se pomponner.

-bon z'êtes près ? On y va ?

Je me la joue "même pas peur", mais je suis quand même un peu pressée que ce soit fini, qu'on rentre tous saint et sauf à la maison. C'est ce qui va se passer, c'est ça qu'il faut se dire. Ça va bien se passer. De toute façon, quand faut y aller...