Le balafré tomba à genoux, ne portant que son pantalon et sa lame. Comment avait il franchi le mur ?
La réalité se rappela à lui. Son estomac se vida en quelques secondes d'un mélange qu'il ne connaissait pas.

Son corps trembla, il avait chaud et transpirait à grosses gouttes.

Il s'évanouit et tomba dans son vomi. Ivrogne sans le délice de l'ivresse.

Dans un coin derrière un mur à moitié détruit, il y a un homme... il est sans doute bourré ou à demi mort, vu qu'il est allongé au sol dans une pose surréaliste, dans une flaque de vomi, sous la pluie qui se fait vraiment froide.

La jeune femme fait le tour du corps. Rien. Pas un frémissement.

Elle s'accroupit.

- Hey ? Monsieur ?

Elle se tourne vers Nyriss.

- Des notions en secourisme, peut être ?

C'est un peu surréaliste. Un homme, étrange, dans son propre vomis.
Abasourdie elle se réveille quand la jeune fille s'adresse à elle, s'avançant vers le corps, elle le retourne sans difficulté et écoute sa respiration, elle est agenouillée, sa tête sur ses cuisses. Il respire, son cœur bat. Elle le secoue un peu, pas de réaction. Laisse son visage prendre la pluie froide quelques secondes puis finalement, elle lui colle une baffe, petite baffe.
Elle a vu ça dans un vieux film.

Si après ça il ne se réveille pas...

Le réveil, brutal. Une claque puis deux.
Il ouvre les yeux, le visage maculé du reste de vomi.

Par le Voyageur, repose encore une fois la main sur moi et je te botterai les fesses tellement fort que ton gros cul portera l'empreinte de mon pied 10 ans après ma mort.

Une femme ?

Ouh la mesdemoiselles, je suis au paradis des filles qui aiment cogner ? Je m'attendais à plus de douceur et de chaleur humaine. Vous avez été trop impatientes et vous avez déchire ma chemise sous le coup de l'excitation ?

Ah ben merde, encore un agressif.

- Heu... Non. On ne vous a rien arraché. On vous a trouvé comme ça. Vous vous sentez bien ? Vous semblez avoir été malade.

Se renfrognant.

- Et c'est pas parce qu'on a des seins qu'on doit être douces.

Vous avez noté ? Elle est restée polie, et n'a même pas parlé de la femelle du chat dans sa phrase.

Je la laisse répondre, vaquant à mes propres pensées. Elle a l'air tellement mieux qu'un peu plus tôt. J'écoute même, j’apprends des choses. C'est pas parce qu'on a des seins qu'on doit être douces. C'est vrai ça. Et c'est bien dit. Ma main glisse dans sa nuque. Il est bizarre celui là et il n'a pas l'air d'être pucé, ça laisse une petite cicatrice, juste là. Et je me méfies de ceux qui n'ont pas de puces, 90% d'entre eux sont mes ennemis, et je n'ai pas d'amis.

- Oh ! Tu vas le lâcher là, putain, mon jean quoi ! Il est plein de vomis ce mec !

Et je le lâche, enfin elle le lâche, un peu brutalement. Elle s'en fout. Et moi je me redresse et je pose mes doigts à l'extérieur de mes yeux et glisse sur les paupières, par dessus la sphère jusqu'au coin où je les ferme. C'est comme ça qu'il font les humains, une expression de soucis ou d'exaspération.

- Tais-toi, et dors...

Et quand je rouvre les yeux, ils me regardent bizarrement. Je suis pas folle, c'est elle qui est folle et je compose avec. Je pourrais briser les terminaisons nerveuses entre le cerveau et la bouche et les membres, les laisser qu'à moi. Mais je l'enfermerais là dedans, ça serait cruel non ? Elle mérite pas ça. Puis dés fois, on est une.
Je soupire. Elle peste.

Oh doucement ma grande on va attendre de mieux se connaitre avant d'aller plus loin.

Il se releva, un peu faible sur ses jambes. Deux nanas pour lui et il fallait que ça soit des cinglées. Les filles du dômes étaient pas toutes comme ça espérons.

Sinon une chemise en rab à me prêter ?

En vérité il mourait de chaud et de faim.

Vous chassez quoi dans le coin ?

Un frisson agita tout son corps. Le contrecoup de son voyage.
Il essuya ses vêtements et sa figure. Le bain attendra

- Désolée mais non. J'ai rien sous mon pull. Je m'attendais pas à trouver un gars à demi-nu ce soir. Et on chasse quoi ? Ben... Rien. J'ai des trucs au frigo, mais je les ai pas chassés.

Soupir. Bon, ce soir, elle fait sa BA mensuelle, comme ça, elle sera à jour.

- Allez. Venez tous les deux chez moi. Je vous fais à bouffer, on se sèche et on voit pour un TShirt. Nyriss... On y retourne ?

L'air de rien, elle prend le coude du type. Qu'il retombe pas.
... Ah merde, hein, quand on fait une BA, on la fait bien !

Elle m'a écouté, c'est la nuit elle dort. Je ne vis que sur mes neurones en fibre la nuit, pas besoin de dormir. Mais des fois je m’éteins quand même, juste parce que c'est reposant. Mais je ne peux pas le faire n'importe où... Il faut un lieu safe.
Vous chassez quoi ? Quel curieux personnage.

- On ne chasse pas ici. Il n'y a pas d'animaux sauvages. D'où vous sortez ?

Oh y'en a bien quand même, des humains, mais on ne les mange pas.
Je leur montre le chemin à nouveau. On n'en a plus pour très longtemps je pense. Je les ramène et je m'en vais, même si ça serait bien, un endroit pour passer la nuit... Mais je les connais pas assez, et c'est pas le bon quartier.

- Je vous ramène chez toi, et je vous laisse. Je peux pas rester, et j'ai pas besoin de manger. Tu seras en sécurité avec lui ?

- Heu... En sécurité ?

Elle jauge le bonhomme. Il a l'air paumé, ce qui veut pas dire qu'il n'est pas dangereux.

- Je devrais pouvoir gérer, si vous pouvez pas rester.

Suffit de prévenir à l'entrée qu'elle est accompagnée pour recevoir des appels périodiques. Si elle répond pas à l'un d'eux...

- Mais vous resterez même pas pour un café ? Vous avez été très sympa, j'aurais aimé pouvoir... faire un truc pour vous.

Elle suit Nyriss sans plus insister, en direction de chez elle.

Hé, les copains !:

Elle jauge également le bonhomme. Il n'a pas l'air dangereux. Et elle accompagne jusqu'à l'entrée de son immeuble, discutant un peu sur le chemin.

- Merci mais je ne veux pas m'attarder par ici. Vous avez fait quelque chose pour moi, vous m'avez donné quelque chose à faire.

Au revoir Monsieur. Au revoir K-cendre, j'essaierais de venir vous écouter chanter un jour.

Elle lui envoie un clin d’œil et puis elle part, demi-tour, en marchant puis en courant quand elle est hors de vue. Direction le Murphy's Pub.