J'entre dans le grand bureau, sans frapper à la porte, de toute façon il a déjà reconnu mes pas depuis le bout du couloir.
Salut!
Je regarde ce fauteuil noir me faire face et me cacher son occupant, juste sa voix grave témoigne de la présence du patron.
Alors?
Je m'approche du bar pour me servir un verre du meilleur scotch que j'ai bu et qu'on ne trouve que dans ce bureau, tout en lui répondant.
Tout c'est bien passé comme d'habitude. On est arrivé au bon moment, ils n'avaient pratiquement plus rien.
Je bois une gorgée savourant le liquide chaud me bruler la gorge.
Ah, tu vas être content, Météore m'a donné un nouvel article.
Je me tourne pour voir juste à temps le fauteuil pivoter pour laisser la place au vieil homme bien en chair qui affiche un grand sourire.
Ah enfin, ses nouvelles me manquaient. Et il dénonce quoi cette fois?
Autre gorgée de Scotch
Les richesses que les NOD ont volés durant les rafles. Très bon article et il progresse en plus, il commence à ne plus mettre les verbes à l'infinitif.
J'écoute le rire de Beni et je me souviens, la première fois que j'avais rencontré Météore, jeune insurgé illettré. Ce jour là, il m'avait donné un petit papier tout crasseux, son premier article, quelques mots qui ne voulait rien dire accompagné de dessin.
Une autre gorgée de Scotch.
Je sais à quoi il pense mon "oncle", la même chose que moi, et sûrement même que je progresse aussi. Météore est le meilleur des écrivains que j'ai découvert parmi eux.
Je te l'amène demain matin sans faute.
Demain soir alors, je suis à nouveau convoqué. Probablement pour les deux derniers articles non censuré.
Et que vas tu leurs dire cette fois?
La même chose qu'il y a un mois, mais il faut qu'ils me laissent le temps de vérifier tous les imprimeurs, c'est long et j'ai encore un journal à faire tourner à côté moi.
Il me fait un clin d'oeil discret et je lui répond par un sourire complice.
En parlant de faire tourner un journal, j'ai du boulot moi, j'y vais.
Je finis mon verre et le laisse trainer sur le petit bar avant de sortir du bureau. A peine la porte passé que j'affiche déjà mon masque d'indifférence de parfait petit orthodoxe.
[Nigelin est votre seul contacte entre vous et le journal, n'hésitez pas à prendre contacte avec lui pour vos futurs articles]