Un peu de gâteau au chocolat

Sujet: Un peu de gâteau au chocolat Sam 29 Jan 2011 - 8:33

Je ne me souviens plus très bien comment cela c'est passé.
Peut-être ferais-je mieux de simplement tout oublier, mais comment cela se fait-il ? Même si je ne me souviens pas de tout, il reste toujours un petit quelque chose, un visage un peu flou, un sentiment de joie, ou de tristesse, comme un film cassé dont on ne pourrait plus voir que quelques parties, entendre certaines paroles sans voir les images...
Je vois une silhouette devant moi, les contours un peu flous, me permettant cependant de deviner qu'il s'agit là d'un homme. Malgré mes efforts, je n'arrive pas à deviner qui il peut bien être. Je vois une main tendue, pourtant je reste là, sans bouger. Je ne sais pas si j'ai envie de la prendre, ni si j'ai envie de la fuir. Je ne ressens rien. Je la vois, mais c'est comme si je n'arrivais pas à en comprendre la signification. Comme si je ne pouvais rien ressentir à cette vue. Ou alors... Peut-être est-ce parce que le film est cassé ?

Et puis, du blanc, partout. Qui m'agresse.
Je m'habitue lentement, et reste désemparée. Que faire ? Ou aller ?
Un sentiment d'angoisse remonte en moi, me dictant qu'il faudrait que je parte de là. Mais... Pour aller où ?

Je ne sais pas. Je ne sais pas. Je ne sais pas.
J'ai peur.

A nouveau tout disparaît. Je ne comprends rien. Je ne sais pas où je me trouve, je ne reconnais rien. J'ai mal à la tête. Je tremble, j'ai froid, j'ai chaud.
J'ai peur.

Je ne sais pas combien de temps cela dur, quelques secondes, des jours ? Tout ce que je sais, c'est que j'ai mal à la tête, j'ai l'impression qu'elle va exploser.

Et puis tout s'arrête, sauf mon mal de tête. J'ai envie de vomir...

Sujet: Re: Un peu de gâteau au chocolat Dim 30 Jan 2011 - 10:50

Nate ne se sent pas vraiment bien. Nauséeux, Migraineux, creux... Oui c'est le terme exact. Vide. ça ressemblait étrangement à un retour de cuite des mauvais jours. Non, pas vraiment en fait, plutôt un très mauvais trip. Bon sang qu'est-ce qu'il avait pu s'injecter cette fois. Il s'était pourtant juré de ne plus retoucher à l'acide...

Son cerveau arrête de se poser des questions quand son sens du toucher refait surface. C'est froid et c'est dur sous son crâne. Putain, Alfred l'aurait pas laissé crever sur le carrelage de la salle de bain quand même... Il hurle. Mais rien ne traverse la barrière de ses lèvres. C'était d'ailleurs une très mauvaise idée cette tentative, il a la gorge en feu. De l'eau, du whisky quelque chose bordel...

Il va falloir ouvrir les yeux s'il veut comprendre quelque chose. Dur. Un millimètre d'ouverture des paupières et il est déjà aveuglé par une lumière blanche. Un éclair de lucidité lui annonce qu'il vient de se retrouver dans un hôpital. Une overdose ? Il n'était pourtant pas... En fait, il n'est sûr de rien, impossible de se rappeler des deux dernières heures, voire plus. En même temps non, qu'est ce qu'il foutrait sur le carrelage d'une clinique. Il vaut bien plus cher que ça tout de même. A moins qu'il ne se soit trainé là et qu'il vienne de perdre connaissance...

Nate, vous êtes en plein délire...

Et puis il se sent soulevé. Deux hommes viennent de l'attraper à bout de bras et le trainent vigoureusement. C'est une façon de traiter un automate ça ? Mais dans quel bled il est tombé bon sang ?

Un seau d'eau jeté en pleine figure, ça vous réveille un homme ça, même complètement déchiré par une nuit de folie. Nate manque tout juste de se noyer. Il aurait mieux valu pour ses petits merdeux. Il vont le payer très cher... Foi d'automate.

Et le voilà qu'on le balance à travers la pièce. Il se retrouve à quatre pattes devant un bureau en bois.

Votre nom ?

Putain, je suis où bordel ?

Votre nom ?

Il émerge lentement, reprend son souffle, ses esprits et perçoit enfin ce qu'il se passe autour de lui.
Une rafle ? Où est ce qu'il a foutu les pieds cette fois ? Il déglutit difficilement et parvient enfin à articuler quelque chose d'audible.

Nate.... Nathanaël... Thomas... Hollychurch...

Sujet: Re: Un peu de gâteau au chocolat Dim 30 Jan 2011 - 11:35

Qui sont toutes ces personnes à la mine dure et peu aimable qui nous encadrent, hommes et femmes, perdus, désemparés... Certains tentent de partir, mais le moindre geste esquissé est déjà arrêté d'une poigne de fer.
Je ne tente rien, préfère m'appuyer contre un mur. Au moins ai-je ainsi l'impression de ne plus trop tanguer. Mes yeux cherchent un visage connu avec l'énergie du désespoir, pour que je puisse m'accrocher à quelqu'un, me dire que je ne suis pas seule... Mais je ne reconnais personne, et mon esprit reste définitivement vide. Je pourrais chercher à me souvenir du comment, du pourquoi de tout ceci, mais je sens que je butte contre quelque chose, qui ne fait qu'amplifier mon mal de crâne.
Rien ne vient.
Rien du tout...

Mes yeux se posent sur la table, seul vestige de meuble de cette pièce. Que s'y passe-t-il donc ? Qu'y demande-t-on ?

Je m'approche, lentement, suivie d'un homme armé qui me regarde avec une certaine méfiance. Qu'il se rassure, je ne me sens pas en état de faire quoi que ce soit. Et que devrais-je faire de toute façon ? J'ai besoin d'aide...

L'homme au pied de la table parle. Je me décale encore un peu, histoire de voir son visage tandis qu'il décline son identité.
Et si on me demande la mienne, que devrais-je dire ?
Je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas... Et ça m'angoisse... Je sens mon ventre se nouer, et un léger tremblement me prendre.
Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas...

Et là, j'aperçois le visage de l'homme.
Coup de poing au ventre.
L'homme armé me soutient en m'agrippant fortement le bras ; trop fortement. J'ai mal.
Un instant, une douce odeur vient à mes narines. Je ne sais pas d'où elle vient. Ou plutôt si, elle semble provenir de l'homme.

Il sent... Il sent le gâteau au chocolat...
Et puis j'entends un rire. Je ne sais pas à qui il est. « C'est un grand enfant. » Cette voix claque dans mon esprit vide, c'est comme une détonation, et pourtant, elle me rassure...

-Alfred...

Nathanaël n'a pas encore complètement repris ses esprits. Il perçoit juste le bruissement des feuilles tournées avec mépris par le fonctionnaire auquel il fait face.

Hollychurch... Hollychurch... Mouis, mouis, mouis... Je vous ai là... Disparu en fin 2040. Automate c'est bien cela ?

Nate détourne le regard. C'est la première fois qu'il se sent gêné à l'entente de sa caste. Mais c'est compréhensible quand on perçoit les coups d'œil suspicieux et les murmures agacés des gens qui l'entourent. "tiens un bien-né!" "il manquerait plus qu'on nous chasse pour lui dérouler le tapis rouge"

Des insurgés sans aucun doute, vu comme l'autre partie de la population reste sagement attentiste. Nate étouffe. Il faut qu'il sorte. Il va pas crever au milieu de ses crevards quand même. Il se passe deux doigts au col pour desserrer sa cravate. Respirer. Un whisky. De la coke. N'importe quoi pour oublier qu'il a oublié. Et toujours cette question qui revient. "Qu'est ce que je fous là?"

Il finit par s'apercevoir que l'homme au bureau s'est remis à lui parler au bout de la troisième question posée un peu plus haut que les autres.

Monsieur ! Personne d'autre ?

Pardon ?

Il n'y avait personne d'autres avec vous ?

Comment ça ?

Au moment de la faille ! Vous étiez seul ?

De la faille ? Quelle faille ? Je ne comprends pas un traître mot de ce que vous me dites !

Soupir ennuyé de l'interlocuteur. Il va encore devoir expliquer un phénomène inexplicable... Des semaines que les Nods récupèrent des gens apparus subitement au milieu d'endroits plus incongrus les uns que les autres. Bizarrement tous les "disparus de 2040" comme on les appelle. Les déclarés, et bien entendu, un tas d'autres paumés qui devaient faire partie des insurgés à l'époque. Et voilà que lui se retrouve ici au milieu de tout ça à expliquer pour la centième fois la situation.

Vous êtes en 2140... Vous êtes semble-t-il passé au travers d'une "faille temporelle". Nous allons vous raccompagner auprès des autorités qui prendront en charge la suite des formalités administratives. cependant nous devons savoir, si vous étiez accompagné ou non le jour de votre disparition. Cela pourra éviter à vos domestiques ou vos proches, plus de complications concernant les formalités...

Heu... Je...

Plissement de sourcils. 2140... Il est perdu. Il ne comprends pas. Comment est-ce possible. Faire marcher sa mémoire. Vite... Comprendre. Faire quelque chose !

Alfred...
Il relève la tête et cherche dans la direction d'où vient ce murmure. Le regard de la jeune femme qu'il vient de croiser ne lui est pas complètement étranger.

Vous étiez seul ?

Heu... Non ! Alfred, mon majordome. Alfred Becker. Et...

Bon sang qui est-elle ?

Et ?

Ailleurs.

-Je me fiche que vous n'ayez pas le temps ! Vous allez le prendre ! Qu'est-ce que vous croyez, c'est moi qui vous paie, alors vous allez faire ce que je vous dis, et tout de suite, c'est bien clair ?

La voix de son interlocuteur semble tout à coup faible, Grioghar se l'imagine en train de se rapetisser sur lui même. Et ça lui plait, oui, ça lui plait. Voir qu'il fait peur aux gens, qu'il a une emprise sur eux, voilà ce qu'il aime.
Il écoute à peine la réponse de l'homme, persuadé qu'il fera ce qu'il lui a demandé, et il raccroche. Il faut qu'il la trouve le plus tôt possible, sinon elle risque de se retrouver avec une puce. Et il faut aussi qu'il s'arrange pour que personne ne lui parle, pas avant de lui avoir appris les bases, sinon les gens comprendront que quelque chose cloche, qu'elle n'est pas réellement une automate.
Espérons qu'elle apprenne rapidement...

Temple des mentalistes.

L'odeur de chocolat a disparu quand j'ai essayé de me souvenir de qui est cet Alfred, et de pourquoi j'avais pensé à tout ça en le voyant lui. J'avais beau essayer encore et encore, rien ne me venait. Absolument rien.
Alors je me répétais cette phrase, c'est un grand enfant, c'est un grand enfant. Inlassablement. Comme pour en comprendre le sens.

Qui est le grand enfant ?
L'homme en face de moi ? C'est pour ça que cette odeur de gâteau au chocolat est apparue quand je l'ai vu ? N'est-ce pas stupide d'associer aux enfants cette odeur ci ?
Ou peut-être est-ce non pas aux enfants, mais juste à lui ? Nous serions-nous déjà croisé quelque part lui et moi ?

-Vous voulez du gâteau au chocolat, monsieur ?

Je le regarde droit dans les yeux, je ne sais pas pourquoi je lui demande ça. Cette question résonne étrangement en moi, comme la suite d'une conversation non finie, dont je ne me souviens pas.
Le NOD qui me tient par le bras me sert plus fort, me faisant grimacer de douleur, et cherche à m'éloigner de l'homme à la si bonne odeur.

Ailleurs.

Le NOD grommelle dans sa barbe. Pourquoi a-t-il accepté ce boulot ? Ce satané Doyle le traite comme un chien, et le voilà obligé de chercher une fille qui a disparu depuis des années.
Alors il va dans tous les endroits où les « revenants » ont échoué, avec un petit dossier pour prouver qu'il ne faut pas pucer la fille. Il a des photos, il peut même faire des tests ADN et autres bidules.
Tout ce touintouin pour une fille...

ET ?

L'homme commençait à s'impatienter.

Vous voulez du gâteau au chocolat, monsieur ?

Nate porte une main à ses tempes. Douleur aiguë dans le crâne. Les lumières redeviennent aveuglantes. Ils plissent les yeux, serre les dents. ça fait un mal de chien.

Et toujours cette question qui tourne dans sa tête. "Qui est-elle ?"

ELLE !!!

Pardon ?

Elle ! Elle était avec moi ! Elle... heu... Elle travaille pour moi !

Vite une idée. La première qui passe il faut l'attraper au vol. Un gâteau ?

Ma cuisinière ! Je...

Il a failli s'excuser. Qui sont-ils pour qu'il s'excuse. Il fait parti des nantis. Ils ne sont rien.

C'est ma domestique bon sang ! Lâchez-là ! Et sortez-moi de cette pièce ou je vais finir aveugle !

L'homme fait signe de la main aux Nod qui l'entourent.

C'est bon, c'est bon ! Amenez-les en zone 2 pour qu'ils récupèrent leurs passes.

Nathanaël est remis sur pied avec un peu plus de douceur qu'en arrivant mais les poignes restent rudes pour lui qui n'est habitué à un tel traitement. Pur geste de fierté, il donne un coup d'épaule en avant pour s'arracher de leur prise, et replace correctement sa chemise.

On pourrait y aller ?

Et alors qu'ils avancent, lui devant, fièrement, elle, un peu en retrait, il se demande. Pourquoi l'a-t-il sauvé ? Qui est-elle ?

-Je ne veux pas le laisser !

J'ai hurlé. J'ai hurlé, et c'est comme si j'avais expulsé tout l'air de mes poumons dans ce seul cri. Je ne peux pas le laisser. Grâce à lui je me souviens. Pas de beaucoup, mais je me souviens. Alors c'est précieux, et il faut que je reste avec lui. Au moins encore un peu.
Et puis, groggy comme il est, il me semble moins dangereux que tout l'armada autours de nous.
Il faut que je sache qui est cet Alfred en plus. Pourquoi essayer de me rappler qui il est me rassure ?
Et c'est un grand enfant. Un enfant, aussi grand soit-il, a toujours besoin d'aide. Et, étrangement, je sais que je pourrais l'aider. Je ne sais pas quoi faire, mais j'en ai envie. Il faut que je l'aide. Je ne sais pas comment. Est-ce réellement une bonne chose, vouloir aider cet homme, quand il faudrait que je pense à moi ?
Je ne sais pas. Je-ne-sait-pas ! Je déteste cette situation...
Je la déteste vraiment.
Alors je me raccroche à la seule chose qui me rassure. Cet homme chocolat.

Sa cuisinière ? Vraiment ? Peut-être. En tout cas, ça expliquerait cette odeur de gâteau au chocolat. Raison de plus pour rester avec lui, pour l'aider.
Enfin le NOD me lâche. Je passe ma main sur mon bras, là où il a serré trop fort.

Sa cuisinière ? Je ne m'en rappelle pas, aucun flash, rien. Rien du tout... Je veux me souvenir ! Pourquoi je ne peux pas ? Pourquoi je n'y arrive pas ?
J'ai mal à la tête. Je voudrais tant que ça s'arrête...

On peut partir ?
J'ai bien entendu ? C'est un peu le brouillard là tout de suite dans ma tête. Monsieur ? Il s'en va ? Il faut que je le suive. Je ne peux pas le laisser seul. A moins que ce ne soit l'inverse, je ne peux pas rester seule ?

Alors je le suis. J'ai envie de lui parler, mais je n'ose pas. Pour lui dire quoi ? Que je ne me souviens même pas de qui il est ?
Mieux vaut me taire. Oui, mieux vaut me taire.

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