Effervescence

Y a trop de monde ici. Trop de gens qui me frôlent, trop de visages amorphes, de pas saccadés et de par-dessus trempés.

Moi, j'ai gardé la capuche. Les bottes aussi.
Personne voit ma tête, et moi je veux voir personne. Pour ça, c'est vraiment pas l'endroit idéal, je sais.

Mais moi je voulais voir ce que ça faisait le vaste monde, la foule, les lumières, et le reste. Alors j'ai vu que cet endroit de merde. Ce foutu centre commercial. C'était sans doute un peu trop haut. Un peu trop vite.


Y reste bien un putain de mouchoir dans c'te poche!
J'extirpe un espèce de bout de tissu à carreaux rouges que Monique a du me coudre il y a longtemps. Ça ressemble plus à un torchon dégueulasse qu'à autre chose, mais j'me mouche quand même dedans.
J'fais un bruit du tonnerre. Je m'attend même à voir les gens se retourner, mais ils s'en foutent. Tant mieux.

Faut que je sorte.
Faut que je sorte d'ici putain!
Je renifle, et puis j'écarte cette foutue mèche cendrée de devant mes yeux. Les autres sont en train de goutter sur mes épaules. Heureusement qu'il y a la capuche parce que moi je commence à y voir tout flou...

J'peux pas faire trop pas sans me retrouver devant une vitrine à automates, devant un écran plat qui diffuse son flot de conneries. Ça me donne envie de gerber.
Sort! Sort! Sort...

'Puis là je l'aperçois. L'issue de secours.
Et une issue c'est vraiment ce qu'il me faut. Le secours, j'en veux pas, mais l'issue oui. Alors faute de mieux, je coupe la trajectoire de deux trois mioches mal fringués et d'une grand-mère qui en perd presque son dentier! (On lui a jamais grillé la priorité comme ça, avec autant d'impolitesse!)

Je fonce vers la lumière verte. "Issue de secours, issuedesecours..." Je me répète ce truc dans la tête. "Issuedesecoursissuedeseco...." PAF!

La gueule par terre.
Le pif écrasé sur le dallage marbré.
Les bras ballants inutiles le long de mon corps.
J'viens de m'fracasser sur le sol en beauté... Et tout ça...

...A cause d'un putain de type qui se la joue beau gosse à moitié assis sur le seul banc qui traînait par là. Je vais lui défoncer sa...
CALME!

Oh et puis merde quoi...
" Tu m'as pas vu connard?! Tu l'as fait exprès hein?! Me foutre tes jambes dans le passage ça te faisait marrer! Et voir ma gueule s'écraser par terre aussi hein?! Non mais tu te prends pour qui là putain?! D'abord qu'est-ce que tu branles ici?! Pourquoi qu't'es pas en train de faire du lèche-vitrine comme tous les autres enfoirés de ton genre?!... "

J'remets ma capuche. J'essuie mes yeux d'un revers de manche. Ce serait con que je me souvienne juste d'un visage flou. Parce que si jamais je le recroise dans la rue...

Y a un goût amer au fond de ma gorge. Je sais pas si c'est le fait d'avoir pleuré, ou celui d'avoir lâché trop d'insultes d'un coup. Mais ça fait du bien de trouver un bouc émissaire. Forcément, tout est de SA faute.
Tout.
Même les néons qui brillent trop fort, même le brouhaha de la foule, même les vitrines clinquantes, même les mioches qui piaillent! C'est de SA faute, il avait qu'à pas être là.

'Puis il a le culot de me sortir un vague truc, trois mots mal formulés qui se suivent sans vouloir dire vraiment quelque chose.
« Excusez moi, Je ne suis pas de ce genre là, non... La consommation et les néons, c'est pas trop mon truc, en fait... Je crois... »
J'me retiens de lui demander ce qu'il fout là ce con. Après tout ça me regarde pas, j'ai juste envie de lui en mettre une, là, juste au coin de sa mâchoire. Pourquoi tant de violence et de hargne? Bah pourquoi pas d'abord?!
Putain, pourquoi faudrait toujours que j'ai des explications à tout ce que je fais, hein? Pourquoi j'aurais pas le droit moi aussi de m'énerver?!


De m'énerver...


Je me suis énervée là...


Oui...
On dirait bien...


Un frisson se glisse jusqu'au bas de mon dos.
Je me suis énervée.
Ouahou. Maintenant que j'y pense, je me suis énervée. J'ai pleuré de colère même!
Vas-y, je peux réessayer?!

« Et je... Hm... M'excuse pour votre glissade. Je rêvais... Vous non plus, ce n'est pas votre truc, pas vrai ?... »
"T'occupes pas de ça, espèce d'enfoiré! Fait pas genre que t'as pas fait exprès! On me la fait pas à moi; les connards dans ton genre, je les connais par coeur! Ça te fait marrer au fond, hein?! T'avais l'impression d'avoir trouver la victime idéale, j'me trompe?! Bah, c'est raté du con! Les trois pauvres neurones qui se battent en duel sous ton crâne, aurait du se douter qu'une petite mamie ça aurait été beaucoup plus conciliant? Mais non, suis-je bête. T'as pas trois sous de jugeotes en fait. T'as rien sous le crâne, c'est ça!..."

Ouahou. C'est euphorisant ce truc.
J'en reviens pas que ce type que je connais ni d’Ève, ni d'Adam me fasse expérimenter un truc pareil. La colère... Enfin y a le contexte aussi, c'te foutu centre commercial. C'est sans doute plus sa faute à lui, qu'à ce type sur son banc.

Je m'essouffle.
Enfin, il n'y a pas que moi, ma colère aussi.
Et je commence à me demander de quelle manière je vais bien pouvoir me sortir de ce foutu pétrin dans lequel je me suis mise, tout seule. Idiote!

Son calme apparent fait retomber toutes mes ardeurs.
C'est pas drôle de s'énerver contre quelqu'un qui ne bronche pas...
Surtout si en plus il a réponse à tout, et que chacune de ses réponses semble sincère.

C'est à peine si je remarque un haussement de sourcil.
Ma colère s'est évanouie, je me retrouve à nouveau vide de toute sensation, avec ce type, là, sur les bras. La solution la plus simple serait de faire marche arrière, de m'enfoncer dans cette foule qui me donne la gerbe et de ressortir bien vite de cet endroit maudit. D'ailleurs c'est ce que je m'apprête à faire.
J'ai toujours le visage dur, cassant, ça je le sais. Le masque de la colère perdure encore un peu jusqu'à ce que j'entende son ventre qui grogne. Je m'en fiche de ses excuses, j'ai pas écouter un mot de ce qu'il a dit depuis tout à l'heure. Ça m'intéresse pas.

" Je vous offre un café? Avec un croissant, manifestement, ça ne serait pas de trop. "

Il est quelle heure, je sais pas trop. Certainement pas l'heure d'un café-croissant, mais bon. En plus je sais même pas où trouver ce genre de truc. Et puis c'est un peu abrupte, un peu trop même. J'offre jamais rien à personne, mais peut-être qu'avec ce type je peux bien faire une exception.
Lui m'a offert quelques instants d'un sentiment que je ne connaissais plus.
Je lui dois bien ça.

Etant donné la réponse qu'il m'a faite. La toute première blague foireuse qu'il a lâché, j'aurais du m'énerver à nouveau. C'était de la provocation pure et simple, et n'importe quelle bonne femme aussi hystérique que moi quelques secondes auparavant lui aurait collé une baigne bien comme il faut.
Sauf que je ne suis pas n'importe quelle bonne femme, et l'hystérie chez moi ne dure qu'un temps.

La vanne et le clin d'oeil sont tombés à plat.
J'ai même pas levé un sourcil, j'ai même pas bronché, même pas sourit, je l'ai regardé droit dans les yeux et j'ai tiré ma gueule de tous les jours: grise, terne, vide.

Ça aurait du l'arrêter le bonhomme.
En fait là j'aurais presque préféré qu'il me remercie poliment et refuse. Au moins j'aurais eu une bonne excuse, et finalement tout aurait été de sa faute.
Mais même pas. C'te con a continué avec ses blagues à chier, il a même failli s'étonner de mon revirement soudain. (J'avoue que sur ce coup-là il avait peut-être pas tord, mais pas à voix haute nom d'un chien!)

Il se relève, me regarde, sourire "colgate", genre t'es un gentleman mon cul oui.
Et il me tend le bras...







Ouahou quoi!

Je crois que l'espace de quelques instants j'ai du resté bouche bée à regarder ce type me tendre le bras comme si on était des potes de la Haute. "Mort de rire!" comme disait les mômes autrefois. Ou pas.

J'y vais pas par quatre chemins.
J'm'appelle pas Blanche pour rien: j'suis glacée, ça m'fait même pas rire.

" Allez-y, j'vous suis. J'connais pas ce quartier, c'est la première fois que j'viens. "

Je ne sais pas sourire. Et même si j'avais su, je crois je lui aurais pas fait ce plaisir.
Quelque part pourtant il est drôle. Mais sans le vouloir. Drôle alors qu'il ne veut pas l'être, et carrément barbant quand il se croit drôle. Il est assez paradoxale ce type finalement.
Son rôle de garçon sérieux ne lui va pas du tout. C'est comme si moi j'enfilais une robe de cocktail, c'est pareil. Moi j'aurais rien à faire dans un truc pareil, et lui n'a rien à faire dans ce rôle si éloigné de sa personnalité.

Encore une fois, je l'écoute pas.
Je l'observe, finalement y a rien de mieux que les mimiques, les tics du visage ou la façon d'entrouvrir les lèvres quand on parle pour cerner quelqu'un. Les mots? C'est du vent, de la poudre jeté au visage des autres. Autant dire, rien.


Son regard croise le mien.
Je baisse les yeux bien vite, pour juste l’apercevoir, disparaissant dans la foule.
Là s'offre deux options: soit comme il dit "je viens", soit au contraire je prends la tangente. Ma raison me crie de prendre mes jambes à mon coup. Les vilains garnements et moi on a jamais trop fait bon ménage, enfin plus depuis que... Bref. La fuite paraît être la bonne solution, mais...! Car il y a un mais. Y a cette envie étrange qui gratouille le creux de mes tripes et qui me dit de m'enfoncer dans ce brouhaha inconnu et de le suivre.
C'est l'inconnu, l'adrénaline? J'sais pas, je connais pas ça, l'adrénaline. C'est quoi?

Et j'fends la vague, j'casse le va-et-vient, je fend l'écume de ces jours monotones. J'traverse la foule, et j'le suis. Enfin j'essaye, parce que à force de trop réfléchir, j'le situe plus moi le bonhomme!

" Putain, vous pourriez m'attendre hein?! Vous êtes où merde?! J'vous ai dit que j'connais pas cet endroit! "

J'tourne la tête à gauche. A droite, à gauche.
Que des têtes inconnus, des visages amorphes. Tous stéréotypés.

C'te conne que je suis. Bien sûr qu'il m'a pas attendu. Bien sûr que non. Pourquoi il aurait eu envie de prendre un croissant avec la bonne femme qui vient de lui gueuler dessus non stop pendant trois minutes?
C'est lui qui a fuit.
Et bon Dieu, il a sans doute bien eu raison...

Maintenant moi j'me retrouve à mon point de départ, perdue au milieu de ce centre commercial. Y a même pas un ponton d'amarrage en vue, ni non plus un remorqueur bienveillant qui me sauverait de la noyade. J'suis paumée, et j'ai de nouveau les larmes qui montent aux yeux.
Putain de merde!

J'ai pas vraiment compris ce qui m'arrivait. Pour ne pas dire pas du tout.

Au moment où je ne m'y attendais plus, alors que je sombrais à nouveau dans mes pensées sans fond, un éclair a fendu la foule, m'a attrapé, et je me suis perdue. Encore.

Sauf que cette fois-ci c'est ce type qui me déboussole. J'ai aucun repère ici, je sais pas si lui en a... Je voudrais qu'il me lâche, qu'il enlève sa main de mon poignet, mais tout bien pesé, je vais endurer ça. Parce que j'ai pas envie, mais vraiment pas envie, de me retrouver toute seule au milieu de la foule. Alors, je me mords la lèvre, jusqu'au sang et je supporte ce contact, cette amarre, cette bouée de sauvetage qui me vient en aide au moment où j'en ai le plus besoin. Je ne l'avouerais jamais, ça non, trop de fierté mal placée pour lâcher un merci à ce type.
J'ai rien demandé moi après tout! Il avait qu'à enlever ses jambes de mon passage! Namého!

Je suffoque, j'étouffe. Trop d'odeurs, trop, beaucoup trop pour mon faible odorat. La sueur se mélange au cuir des chaussures neuves. Y a ce relent de plastique, avec un zeste de bouffe périmée. Et puis les parfums pas chers de ces types en costard qui se presse de rejoindre bobonne et ses enfants. Ça me soulève le coeur, me donne la gerbe.

Et puis... OUF!

On quitte le flot de ces immondices pour... une autre.
Un café miteux, sans âme, et sans charme. Des tables vides, des prix astronomiques, et un type avec une sale gueule derrière le comptoir.
Tout ça me ferait presque oublier que le type m'a lâché. Je reprends vite fait bien fait mon poignet, m'attarde du bout des doigts sur ce pli si léger, mais pourtant marqué juste sous la paume, qui se prolonge discrètement sur mon avant-bras...
Il avait trop faim pour se rendre compte de quoi que ce soit...
Je suis presque rassurée. Bientôt je retrouverais mon aplomb.

Mais pas question pour autant qu'il se prenne pour le patron ici. Alors je prends les devants. Je passe devant lui, et sans même un coup d'oeil vers les tables vides, je m'approche du comptoir. Le mec assis derrière me reluque de bas en haut; je ne bronche pas, ce n'est qu'un banal examen de routine.

" Deux cafés. Deux croissants. Et... Euh... Rajoutez-moi... Un autre croissant. Un pain au chocolat. Un chausson aux pommes. Un pain aux raisins. Une dizaine de chouquettes. Euh... Et deux sacristains. Voilà... C'est monsieur qui régale. "

Je lance un sourire derrière moi vers mon "bienfaiteur" d'un jour.

" Ça vous va? J'ai faim moi... "

Hermann dépose les deux cafés sur la table, avec un clin d'oeil à mon égard. Hermann a le sourire aux lèvres, ça faisait longtemps qu'il avait pas croisé un petit bout de femme qui prête attention à ses histoires. Je lui rend son sourire, un hochement de tête, et il s'en retourne derrière son comptoir, nous laissant seuls, moi et le type, attablés.
Chaque bouchée de ce truc m'arrache une grimace, mais je le finis malgré tout.

Il s'est mis à rire. Sans doute a-t-il compris que je n'aimais pas ça. Sans doute suis-je ridicule? Et entêtée? Et complètement tarée? Et alors? Jusqu'ici ça n'a fait de mal à personne. Et moi ça ne me fait ni chaud ni froid qu'on se foute de ma gueule. J'aurais bien aimé pourtant retrouver la colère éprouvée tout à l'heure. J'aurais aimé m'énerver, péter un câble à nouveau, retrouver la hargne, la rage. Mais rien n'y fait ce type se fout ouvertement de moi, et moi je continue de mastiquer mon chausson aux pommes, sans un mot.
Et puis soudain, il s'arrête de rire, se tient le ventre et halète.
Je me fiche de ses justifications. Asthmatique? Mensonge. On n'apprend pas au vieux singe à faire des grimaces, surtout lorsqu'on est un piètre menteur. Qu'importe, je ne relève pas, chacun ses secrets...

Les volutes de café fumant montent jusqu'au plafond. Je fixe la noirceur de la tasse, et la porte à mes lèvres tandis que l'inconnu articule tant bien que mal quelques mots en mâchant un pain au chocolat.
Sa vulgarité ne choque pas, ni ne me fait sourire.
Ce type ne me connaît pas, c'est normal qu'il s'étonne.
J'avale d'un trait le café brûlant, repose la tasse et lève les yeux vers lui.

" Hermann, c'est son nom, n'a pas touché un femme depuis maintenant trois ans. Hermann n'a pas non plus les moyens d'aller chez les Valkyries; il ne voit passer que des pingouins et des ancêtres. Alors si Hermann n'a qu'un bout de femme flanqué d'un imper à se mettre sous la dent, c'est son affaire... "

On pourrait presque appeler ça de la charité. A ceci près que je ne suis pas une âme charitable. La vie morne de Hermann, c'est son affaire. Je lui fais un signe pour qu'il m'apporte un autre café, et je fixe à nouveau le type en face de moi.
" Par contre ce que je trouve bien plus bizarre, comme vous dites, c'est le recours à la violence. Pour si peu. Vous êtes un NOD? "

Ce n'est pas un NOD donc. Et il est comme Hermann. Moui... J'ai envie de le croire, mais d'un autre côté, je n'y crois pas vraiment.
Le fait qu'il ne soit pas un NOD, ça oui, ça ne fait aucun doute.
Le fait qu'il soit comme Hermann, ça déjà, ça me laisse nettement plus perplexe.

Je regarde à nouveau mon inconnu.
Il mange son pain au chocolat comme si de rien n'était. Comme s'il n'était pas en train de m'embobiner comme une vulgaire orthodoxe... Sans doute parce qu'il sait que je ne suis qu'une vulgaire orthodoxe, mais quand même!
J'attrape deux chouquettes, et les enfourne, l'une après l'autre, sans les avaler.
Je mâche, j'ai la bouche pleine, ça m'empêche de dire des conneries mais pas pour autant de sourire à Hermann quand il dépose un deuxième café en face de moi. Et puis je le laisse s'éloigner, et cette fois-ci je fixe l'inconnu.
" Vous n'êtes pas comme Hermann. Hermann ne pense même pas, il réagit. Il n'agit pas, il réagit. Il réagit comme un homme, il réagit à ce qui l'entoure, il réagit, mais il ne pense pas, il n'agit pas. Il n'a pas de sens critique, il ne sait pas prendre de recul sur lui même.
Vous si. Donc vous n'êtes pas comme Hermann... "

" Et vous ne me ferez pas croire que l'asthme se soigne avec le genre de pilules que vous avez avaler toute à l'heure en croyant que je ne vous voyait pas. "

J'ai presque envie de sourire. Parce que pour qui ne me connaît pas, pour qui viendrait s'immiscer dans la conversation à cet instant précis, je pourras très bien être l'un des sbires du gouvernement en train de cuisiner un non-implanté...
Je pourrais... Et rien que cette idée me donne envie de sourire.
Elle me donne aussi envie de partir d'ailleurs. Sans boire mon deuxième café.

Je lève la main, et fait signe à Hermann d'amener l'addition. Il me répond par un petit sourire faiblard, comme s'il était triste de me voir partir.
Mais lorsqu'il amène la facture, je sors deux gros billets de ma poche et je les lui mets dans la main.

" Gardez la monnaie Hermann. Et vous aussi, gardez le reste, buvez le café même si vous voulez, je n'aime pas les viennoiseries... "