| Sujet: Flower Davies Lun 16 Mai 2011 - 17:03 | |
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- Mal… J’ai si mal. Si j’avais une âme digne de ce nom, elle souffrirait également mais à ce qu’il paraît les créatures comme moi n’en ont pas. Mon corps souffre tant, bien que ce ne soit pas la première fois où mon sang doive couler. Les hommes ont toujours su se faire souffrir les uns les autres, c’est ce qui rend mon travail si facile et si excitant. J’ignore pourquoi il y a tant de haine et de jalousie entre eux, leur histoire avait pourtant bien commencé au milieu d’une nature qui les choyait comme des enfants longtemps désirés. Le problème venait peut-être de là. En attendant de résoudre cette épineuse question sociologique de l’origine de la violence, j’ai mal. Même les immortels souffrent. Ils peuvent même mourir pour peu qu’on s’y prenne de la bonne manière. Par exemple et en ce qui me concerne, une balle dans la poitrine a suffit à me perforer un poumon. Je pourrais m’en sortir si je me trouvais dans la rue. Il me suffirait qu’un passant se penche sur moi pour me faire du bouche-à-bouche et le temps de ce baiser médical je pourrais lui voler son âme. Cela me redonnerait suffisamment d’énergie pour aller à l’hôpital le plus proche et me faire soigner comme le premier quidam venu. Mais aujourd’hui, je ne suis pas dans la rue. Je suis sur le toit d’un immeuble romain, mon fusil longue portée à côté de moi et une mare de sang qui grandit un peu plus chaque minute.
Je me suis faite avoir comme une bleusaille et cette opération ressemble davantage à un traquenard qu’à une véritable mission. A part mon employeur qui pouvait savoir ? Il est tellement facile de passer inaperçue sur ces vieux toits de la capitale italienne. J’ai cru y être à l’abri mais si j’étais bien cachée d’autres l’étaient aussi. La faute à la routine, au temps. Quand on parcourt la terre depuis presque 2000 ans on a tendance à se croire invulnérable. En ce moment, je remercie les puissances infernales de me rappeler à davantage de modestie et d’humilité et j’ose espérer qu’un de mes congénères va surgir sur le toit et me sauver la vie. Mais je ne me fais pas trop d’illusions. Notre raison d’être nécessite un égoïsme et un détachement total de ce qui nous entoure. Je vais devoir me débrouiller seule et endosser une de mes nombreuses identités. Je réussis à prendre mon téléphone portable depuis la poche arrière de mon pantalon non sans étouffer un énorme cri de souffrance et je compose le numéro des urgences européennes.
Que faire pour l’arme ? Comment expliquer ma présence sur ce toit ? Ils préviendront la police mais au moins je serais emmenée à l’hôpital. Une fois là-bas, je me dépatouillerai avec les carabinieri. J’aime les italiens, ils ne savent pas dire non à une belle femme. Oh ! Je ne vous l’avais pas dis ? Je suis la fille d’un démon et d’une humaine, autrement dit une succube. J’ai souvent changé de nom pour pouvoir passer inaperçue selon les lieux et les époques et en cette fin d’année 2010, j’ai pris le nom de Flower Davies et j’exerce le beau métier de tueuse à gages. Je me suis fondue dans cette humanité toujours plus nombreuse mais cela n’a pas toujours été le cas. Moi aussi, j’ai connu le pouvoir et la déchéance qui va avec…
Comment en suis-je arrivée là ? Je ne veux pas finir sur ce toit ni dans une ruelle attenante de l’hôpital. Il le saura si je suis encore en vie et mon véritable problème est là : pourquoi, cet homme auquel je faisais pourtant confiance depuis de nombreuses années, a-t-il subitement décidé de m’éliminer ? J’ai beau fouiller dans ma (longue) mémoire, je ne vois strictement rien qui ai pu le conduire à cette extrémité. Je me mets alors à envisager une autre solution : il sait qui je suis réellement et a pris peur. Je suis devenue trop dangereuse pour lui et il doit m’éliminer. Mince, voilà que je deviens paranoïaque ! A trop fréquenter les humains voilà ce que cela donne. Des images d’une vie passée surgissent dans mon esprit, les époques s’entrechoquent, les visages se mélangent…
Je revois vaguement les traits d’une femme qui me semble douce et pour qui j’éprouve de l’affection. Ma mère ? Elle est habillée à la romaine. C’était il y a si longtemps. J’ai pu établir l’année de ma naissance avec certitude : 15 après le début de l’ère chrétienne. Je revois des paysages de champs à perte de vue, de grandes plaines fertiles ensoleillées, des hommes en armure rutilantes, des femmes portant des bijoux magnifiques, oui… c’était mon enfance dans le Latium au milieu d’une familia riche et puissante. Je n’ai aucun souvenir du nom que me donnèrent mes parents mais je me souviens du secret qui me fut révélé lorsque ma mère mourut l’année de mes 16 ans. Elle me dit que mon père ne l’était pas vraiment, que je fus conçue un soir d’orgie alors qu’elle se faisait séduire par un homme étrange à la peau sombre et aux yeux de braise. Elle me raconta la fierté qui la sienne d’avoir une enfant aussi belle et son inquiétude aussi de voir les hommes qui commençaient à me tourner autour. Elle me mit en garde contre eux et leurs désirs insatiables mais curieusement, cela ne me fit pas peur. Au contraire, j’eu la soudaine envie d’aller à leur rencontre et de connaître leurs désirs, de les exploiter et de connaître jusqu’où ma beauté pouvait leur être fatale. Un jeune centurion fit les frais de la découverte de mon pouvoir mortel et je compris alors tout ce que je pourrais tirer de cette situation et de ce don exceptionnel. Je convainquis mon père de m’emmener à Rome et d’intégrer l’entourage de l’Empereur Tibère. Dans ce milieu où tout le monde se haïssait et ne cherchait que son propre profit à court terme, il me fut facile d’y faire ma place et d’éliminer ceux qui me barraient le chemin du pouvoir suprême. L’Empereur mourut bien vite après mon arrivée et son remplacement par le fou Caligula ne dura pas bien longtemps. J’entrevis alors la montée en puissance d’une jeune femme de la famille impériale, Agrippina, dont l’appétit de pouvoir nous rapprocha au lieu de nous séparer. Nous devînmes amies et confidentes et j’assistai heureuse à son mariage avec l’Empereur Claude puis à sa réussite lorsqu’elle réussit à faire couronner son fils Néron. Je dû partir à cette époque. Dans l’entourage de ce jeune homme aussi fou que son oncle Caligula, se trouvait une femme mystérieuse et d’une grande influence dont je sentais qu’il fallait que je m’éloigne au plus vite si je voulais rester en vie. Je suis retournée dans la propriété de mes parents et c’est là que j’ai appris, quelques années plus tard, le meurtre à peine déguisé d’Agrippina, sur ordre de son propre fils. Les humains étaient pires que nous. Cette expérience me résolut à ne plus travailler que pour moi, sans chercher à créer des liens d’amitié et encore moins amoureux. Pour survivre je n’avais besoin que de liens charnels temporaires et désormais, tout être séduisant, homme ou femme, était susceptible de succomber à mes avances. Aristocrates ou paysans, légionnaires ou généraux, prêtres ou cuisiniers…
La situation devint plus difficile à partir de 313 lorsque l’Empereur Constantin se convertit au christianisme et décréta que cette religion serait désormais celle de l’Etat. Les êtres comme moi avaient tout intérêt à passer inaperçus et je devins par obligation une créature nocturne. C’est dans les ténèbres que je rencontrai pour la première fois les vampires. J’en séduisis certains, d’autres tentèrent de me vider de mon sang, j’en ai même aimé un. Un véritable amour qui se perdit lors de la chute de Rome et de son invasion par les armées du chef Germain Odoacre.
J’ai traversé les siècles seule. J’ai vécu l’Histoire en spectatrice. Jamais je ne pris part à aucun grand évènement. Je regarde les hommes écrire leur propre vie, leur propre légende et je suis lasse de ce spectacle perpétuel d’égoïsme, d’envie, de jalousie et de cupidité. Les Humains vont bientôt tout perdre, ils le savent mais ne font rien. Ils voient le mur arriver et accélèrent pour y aller encore pus vite. Est-ce un suicide collectif inconscient ? Peu m’importe après tout, je n’en serais pas, je me contenterai de regarder passer l’histoire comme je l’ai toujours fait … sauf si ma vie s’arrête ici, sur ce toit où les médecins urgentistes viennent d’arriver. Vont-ils appeler les carabinieri ? Je ne le sais pas, je suis trop faible et je m’enfonce dans un sommeil sans rêves. Retour à la réalité et au présent: Novlangue City, 2140Que c'est loin tout ça. Les Hommes ont mal tourné, comme prévu. Et me voilà à faire la pute pour les maîtres du monde alors que je leur suis bien supérieure. Tout ça va se payer... un jour... |
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| Sujet: Re: Flower Davies Jeu 19 Mai 2011 - 16:03 | |
| Et voilà, histoire postée! Je vais être honnête il s'agit de mon histoire sur ALAD où j'incarne une succube. Bien contente d'être chez vous. |
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