A la nuit tombée, nous nous introduisons au centre commercial.
Notre cible : la bijouterie. Pas pour les diamants et métaux précieux, ici, c'est à peine si on trouve du toc. Les orthodoxes ont vraiment des gouts de chiotte. Ou alors ils n'ont pas de gouts du tout, à part pour les montres, ces petits bijoux vous donnent l'heure la date, tous vos rendez-vous, le téléphone, le GPS, le net, le stylo, la petite cuillère et la brosse à dents. Ya peut-être même une option coup de pied au cul pour les fainéants. Existe en deux coloris : gris carcéral pour la semaine et blanc aseptisé pour le dimanche. Pouah, c'est laid ! Et ça coute la peau du fion en plus. De quoi se faire les couilles en or. C'est bien pour ça qu'on est là.

La discrétion nous facilitera la tâche et l'anonymat nous évitera quelques problème en cas de caméras de surveillance.
C'est pour quoi j'ai mis un bat sur la tête. Comme ça personne ne me reconnaitra.
Ça me fait une tête bizarre... enfin plus que d'habitude.

srcitch

merde, ya encore une corne qui vient de passer à travers. Mais ça fait rien, c'est que la 7ème.
Par contre, ça me pique le gros œil du milieu, c'est chiant. Du coup ça me fait tout cligner des autres, déjà que j'y vois que dalle...

BAM

-AÏEUH !! PUTAIN !! BORDEL DE BANC A LA COooooon!!
j'me suis fait super maaal.
HEY ! FAITES GAFFE A PAS VOUS COGNER, IL Y A UN PUTAIN DE BANC EN PLEIN MILIEU.
Aïe !
AH NON, EN FAIT IL EST CONTRE LE MUR, CA VA

J'ai murmuré assez fort, pour que celui de derrière entende. Comme je sais pas trop où il est...
J'espère qu'il est pas loin parce que je crois que c'est lui qui a ce qui faut pour nous ouvrir. Mais je ne suis plus très sûre. C'était quoi déjà le plan ?

Et la voilà qui hurle déjà ...
Bordel j'aurais du prendre des pros ... Sauf que la, ben ... Comment dire, je suis à sec.
Cette fille étrange, si c'en est une, à apparement le meme probleme que moi. Tant mieux, entre insurgés on s'aide, et c'est pas plus mal.

CHHHHHHHT! Le plan tu le connais aussi bien que moi ! Y'en as pas !
Elle ronchone. Elle a du ce faire mal. A cause de ces caisses surment.

Bon on entasse le plus de truc dans nos poches, et on se casse. Lunettes nocturnes, montre a énergie biologique (comment ca marche ca ?), stylo enregistreur, coupeur de jambon, distributeur de M&M, coupe oncle laser et le mythique coupe papier en adamantium. Sont fous ces orthos.

Bon magne toi ! On vas sur la caisse ! Et fait gaffe aux malles ... AIEUH ! c'est quoi ca ? je ... suis ... lourd .... zzzzzzzz

[Note HRP: le gardien c'est reveillé et a tiré a vu sur moi avec une sarbacane qui endore.]

-chhhhhhhhht !!!

Putain il fait un de ces bordel, lui !

-CA VA PAS DE CRIER COMME CA ?
et en plus il ronfle. Non mais je rêve !
Bravo pour la discrétion !
Et si tu crois que je vais me farcir tout le boulot pendant que tu fais la sieste, tu te fourre le doigt dans l’œil jusqu'aux nœud !
Allez, DEBOUT FEIGNASS !!

Et je lui met un coup de pied.

Hein ?
J'ai senti un truc. Qui c'est qui me lance des ptits machins sur la tête ?

-Oh merde

Je crois que c'est le gardien qui me vise avec quelque chose.
Et il y a une des choses que je viens d'entendre tomber par terre. Ça avait du rester entre mes cornes. Je me baisse pour le ramasser.
Mince, un fléchette. C'est ça qui a eu mon acolyte ?

Je tangue, je vacille et je tombe.
Le gardien appelle le NOD. On est dans la merde.
Il s'approche. Il est dans la merde, parce que bien sûr que j'ai fais semblant d'avoir été toucher. Et hop, je lui choppe le mollet lui plante sa saloperie que j'ai ramassée, juste au dessus la botte. L'enfoiré me met un coup de latte dans les dents, recule, m'insulte et tombe. Ça agit vite ces ptites conneries.

Bon on doit pas avoir beaucoup de temps avant que les poulets rapplique. J’attrape tout ce que peux et je bourre la veste de San avec. Je lui en enfourne jusque dans les manches et lui cale la caisse sur le bide. Après quoi je le traine par le pied.

Il est pas tout léger, et encore moins avec le chargement, mais j'ai intérêt à m'activer si je veux pas finir au gnouf. Alors j'y met tout ce que j'ai et je tire, j'avance aussi vite que je peux. Je nous sort du magasin et bifurque au premier croisement. Ça va pas assez vite comme ça, je vais devoir le porter. Surtout que j'entends déjà les bottes des NODs qui résonnent au loin.
J'essaie de le porter, mais il est vraiment trop lourd. Tant pis, l'ascenseur est pas loin. Je le traine à l'intérieur et nous emmène au rez de chaussé.

Arrivés au rez-de chaussé, la porte s'ouvre, mais j'entends du monde. Les NODs y sont déjà. Vite, on remonte. Destination le dernier étage, en espérant trouver une issue.
Le bâtiment est immense. On n'est pas rendu.

-Hey ! San, réveille-toi ! Allez !

Je lui met des claques.

-putain, magne-toi. Allez ouvre les yeux ! t'ne a que deux, ça doit pas être bien difficile quand même !

Je lui soulève la paupière avec un doigt.

-Allo ! tu m'entends ? J't'en supplie putain, réveille toi !

La lumière s'éteint dans l'ascenseur. On ne monte plus.

-Eh meeeeerde

Manquait plus que ça, une panne. Ou alors c'est les flic qui ont coupé le jus.

-Hummmmgnéé ?

Oulah ça tourne ! Encore une cuite au Murphy's ... Vraiment en ce moment ça devient lourdingue. Attend ... Non je suis pas au Murphy's. Une énorme caisse en métal m'écrase le torse. J'ouvre les yeux. Un ascenseur. Karmine la cornue qui me gueule dessus. la lumière s’éteint. on ne monte plus. et j'ai terriblement soif.

-Oukoné ? Kékicépassé ?

Je repose la tête. Apparemment on est enfermés. Je me relève, m'écroule contre le mur. La caisse tombe dans un bruit d'enfer. Ça y est, je me rappelle de tout: la boutique, la fléchette, les gadgets, Karmine. Je sort mon flingue, on en aura besoin.
Je sort un couteau a cran d’arrêt de mon sac, je le fait joue dans l’interstice des deux portes, aucun effet. Je farfouille dans les gadgets accumulé jusqu’à trouver le coupe ongle laser. Je m'en sert pour découper le boitier de commande. Plus de courant. J'enclenche la poignée d'urgence.

VLADADAM

On redémarre !

-YOUHOUUUU !!! OUUUUAIS ! ça marche ! ça marche ! On va pas moisir ici !

Je lui saute au cou pour fêter ça.
Il est grand. Enfin plus grand que moi, ce qui est pas dur. Alors je saute haut et fort pour m’accrocher comme une guenon à un bananier.

-J'ai eu si peur ! Pour un peu, je te roulerais un patin.
Ne dors plus jamais pendant les cambriolages ! C'est trop galère de te trainer.
Ya des NODs partout !
Et t'as vu ? Ils nous ont pas choppé ! Comment que je gère ! Heureusement que j'étais là, hein ?

Elle manque de m'éborgner avec une de ces cornes en sautillant mais je m'ose pas trop lui dire d’arrêter. A vrai dire, moi aussi j'ai eu peur.Je me laisse allez a la joie moi aussi. Pourtant ...

-Ne te réjoui pas trop vite: direction le toit. Et quelque chose me dit que c'est haut, et qu'on est attendus en grande pompe.

Je revérifie mon arme. Ça tourne au tic nerveux. Un bon Ruger T 512. Pas une connerie électrique de NOD, un bon flingue. T'en colle une entre les deux yeux, il bouge plus.

DING

Sonnerie d'ascenseur a l'ancienne plutôt mal appropriée à cet instant. Lentement la porte s'ouvre, je retiens mon souffle, mon coeur bat la chamade, je me plaque contre le mur et vise l'embouchure de la porte.

Je me plaque avec lui contre le mur et je respire pour deux.

-tu les vois ?
il y en a beaucoup ?

Je passe la tête par la porte pour regarder mais j'ai à peine le temps de les apercevoir que j'entends un bruit assourdissant, et ma tête est balancée en arrière.
Je crois qu'il y a un problème là.
J'essaie de garder tous les yeux grands ouverts, mais tout se referme quand je me cogne contre le mur de l'ascenseur puis sur le sol.

-je suis morte ?

Je rouvre les yeux mais je peine à faire le point pendant quelques interminables secondes.
C'est pas le paradis ici. Je ne crois pas que ce sois l'enfer non plus. Et je ne me vois pas flotter au dessus de mon propre corps, ce qui doit être plutôt bon signe.
Par contre, ça sent un tout ptit peu le cochon grillé.
Je me frotte le visage et regarde ma main. Pas de sang sur les doigts. Par contre, en tâtonnant, je trouve une corne chaude et plus courte qu'avant.

-oh putain... OH PUTAIN !!! BANDE D’ENFOIRÉS !!!
ils ont failli me buter ma parole.
NON MAIS CA VA PAS LA TÊTE !! Ils sont tarés ces mecs !

Ça va, je suis pas morte, j'ai juste été un peu sonnée, mais quand même !
J'ai failli mourir...

-HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!
Ils vont nous tirer comme des lapins !!!
Qu'est-ce qu'on va faire, San ? Je veux pas mourir !!

Oh ! je sais !
J'appuie sur le bouton et hop, la porte se referme. Ce sera peut-être moins dangereux à l'étage d'en dessous.

Elle a été projetée au sol, une balle ? Non, elle se relève, elle n'a rien.
Par contre on est en dessous. J'ouvre la porte et me jette dans le couloir. Dans mon élan, je renverse un NOD automate, je m’arrête et lui tire dans dans le pied. Comme ça il bougera plus. La cornue me suit de loin, visiblement ébranlée par sa corne tombée car elle m’arrête pas de tâter son moignon de corne, comme pour se convaincre de son existence. C'est vrai que maintenant elles n'est plus symétrique. Enfin là, moi je m'en fout. Je cours. Un mur. Une porte. Encore un mur. Une fenêtre. Une fenêtre ? Je brise le verre et me jette dans le vide pour me rattraper sur la façade d'en face.

VLADADAM

Direct dans les poubelles. Mon cosys à pris cher ... Je me relève tout juste quand Karmine s'écroule à mes cotés. Bon. On est dehors. il fait nuit.

-Une idée d'où aller ?
Il seront là d'une minute à l'autre, et je ne suis plus apte a combattre, désolé.

Il court vite.
Il essayerait pas de me semer ?

-HEY ! ATTEND MOI !

On court moins vite avec la caisse dans les bras.
hey, vous croyez quoi ? je suis pas venue pour rien !

Par contre, j'ai les NODs aux fesses, alors je réfléchis pas, je fonce, comme San. Et je me jette dans le vide, comme lui. Je savais même pas où j'allais atterrir. Heureusement qu'il n'est pas suicidaire. Donc c'est pas enfer que j'atterris, mais dans une poubelle. Les détritus amortissent notre chute (à moi et à la caisse). Je me redresse avec des nouilles et de la salade accrochés aux cornes, mais surtout avec une partie de notre butin dans les bras.

-Par là !

Je m'extirpe des ordure et je tire la première plaque d'égout que je trouve.
Hop ! je saute dans le trou sans lâcher la caisse et commence à courir droit devant en lui gueulant de se magner le cul.

J'atterri dans une bouillasse sans nom. Égouts de Novlangue. Charmant. Dire que des gens y vivent. Je cavale, mi-glissant, mi-courant. Mon dos me lance terriblement.
-Hey mais t'as une idée d'où on vas ??
J'entend un bruit de cavalcade dans mon dos ! Les NoDs ! Un arc électrique me fouette le dos. Étrange. Il me veulent pas nous tuer apparemment ... Je tente un tir en arrière mais je ne touche pas ma cible !
-Putain Karmine ils sont là !
Accélération !! Aie aie aie il me rattrape. Je bondis et fait un magnifique plat dans l'eau souillé des égouts. Mais quel imbécile !! Le NoD après un court gloussement sadique tire un coup électrique en direction de l'eau. Choc. Dans mes derniers instants de lucidité j'ai le temps de penser: Karmine, cours, cavale, échappe toi ... Je vois sa tête couronnée de piques disparates s'éloigner.

Je tombe dans le noir.

Je cours comme une dératée. Encore plus vite quand il me cris qu'ils sont à nos trousses.
Puis j'entends un bruit, celui de sa chute dans l'eau.
Mais qu'est-ce qu'il fait, le con ?!
S'il plonge, ils vont le rattrapper et ils n'auront plus qu'à le repêcher !
Quel idiot !

Je stop à un angle et me plaque dans l'ombre, contre le mur froid et humide.
Je me rendais pas compte que je respirais aussi vite pendant que je courais. Avec un arrêt si brutal, mes poumons et mon cœur on du mal à suivre.

Ils vont le chopper, putain !
Qu'est-ce que je fais ?
Il est foutu, je file !
Non, j'aimerais pas qu'on s'enfuie en me laissant là, si c'était moi.

Je tend l'oreille. Je ne l'entend pas se débattre, juste un NOD qui patauge avec ses grosses bottes. Il va aller le chercher ? Et après ?
Non, je ne veut pas qu'ils le ramassent, l'emmènent, le torturent et le tuent !
Je pose la caisse là dans un coin et je fais demi-tours en rasant les murs.

C'est très risqué, je sais. Je ferais mieux de m'enfuir loin et vite. Mais je veux pas laisser faire ça. S'il y a une petite chance que je le tire de là, je le fais, sinon... est-ce que je pourrais me pardonner ça ? Partir en sachant qu'il y avait peut-être une chance de l'empêcher de finir au Centre ?

Je reviens à l'endroit où j'ai entendu son plongeon.
Mais je n'entend rien
personne
où sont les NODs ?
Où est San ?

-SAN ?
SAAAAAN !!

Merde, pas de réponse.
Il a peut-être réussi à fuir.
Ou bien...

Je retient mon souffle tant bien que mal et j'écoute.
Le silence, un bruit de goute à goute. Un tuyaux percé ou l'humidité qui coule du plafond.
A part ça, personne, même pas un rat.
Il fait noir. Je les imagine cachés quelque part dans l'obscurité, n'importe où.

C'est pas possible qu'ils aient tous disparut.
Ils l'ont déjà emmené ?
Non, je l'ai aurait entendu, n'est-ce pas ?
C'est peut-être une ruse. Ils se cachent pour me suivre, que je les amène aux autres.
Ils vont être déçut. Pas question que j'aille rejoindre qui que ce soit maintenant.

San n'est vraiment pas là ?
Il s'est pas noyé au moins ?
J'y vois vraiment rien.
A quoi ça sert d'avoir autant d'yeux si c'est pour ne rien y voir ?!

-SAN !

toujours pas de réponse.
Je respire toujours comme si j'étais en pleine course.
Il est où putain ?!
Il a peut-être réussi à se sauver.

Il m'a semblé voir bouger par là.
Ok, je reste pas là.
Je me remet à courir, ramasse la caisse là où je l'ai laissé et m’enfuie, je ne sais pas où.
Je ne dois rejoindre personne, au cas où je serais suivie.
En chemin, je pense à San, à ce qu'il a pu devenir.
Au pire, il a été tué par les NODs
Au un peu moins pire, il est toujours dans l'eau. S'il se noie, il finira par s'échouer quelque par. Je vais aller à la sortie des égouts, en suivant le courant. Et là bas, si je ne voit pas de NOD, je l'attendrais.

Oh non, pourvu qu'il s'en soit sorti.
Qu'est-ce que je vais faire si je trouve son corps tout pâle, tout imbibé d'eau putride, noyé dans les égouts ?
Je cours et des larmes coulent de mes yeux. Avec autant d'yeux, ça fait beaucoup de larmes.
J'aurais peut-être du le chercher mieux dans l'eau. Et si je ne le trouve pas ? Ni vivant ni mort ? Bonjours l'angoisse !

Pour le moment, je cours vers la sorti et je vais l'attendre là-bas.
je ne sais pas combien de temps je vais l'attendre. Je ne sais même pas pourquoi. Est-ce que ça vaut vraiment la peine ? Est-ce qu'il y a une chance qu'il ressorte par là encore en vie ?