Livraison spéciale

Sujet: Livraison spéciale Mer 5 Oct 2011 - 16:10

C'est quand même un drôle d'endroit pour faire une livraison.
Remarque, c'est pas non plus très commun comme paquet à livret.

J'aime pas beaucoup venir ici.
En fait j'y vais quasiment jamais. Qu'est-ce que je viendrais y faire ? Un endroit où il y a plein de gens qui discutent, qui boivent, qui parlent fort. J'ai du répéter trois fois au barman le nom du gars que je cherche. Je le sais que je parle pas fort, mais ça m'énerve quand même de répéter. En plus il a dit un truc sur le colis que j'ai sous le bras, mais j'ai pas bien compris à cause du bruit que font les poivrots autour du zinc. Alors j'ai haussé les épaules avec un demi sourire forcé et je suis partie vite fait à la table qu'il m'a montré. D'abord d'un pas pressé pour pas avoir à discuter encore. Il me met mal à l'aise ce barman, comme beaucoup de gens pourtant pas méchants. Puis j'ai ralenti en voyant l'homme qui m'attendait.

C'est bien lui ? Je me trompe pas de table ?
Je crois qu'il m'a reconnu lui. On s'est jamais vu, mais il a du entendre parler de la mécano à 3 bras, il y en a pas 50 à Novlangue.
Bon bah... quand faut y aller...

Je m'approche timidement (je pense qu'il va pas me manger, mais c'est plus fort que moi) et je me penche vers lui pour qu'il m'entende bien

-Guinea ?

Sujet: Re: Livraison spéciale Mer 5 Oct 2011 - 19:48

1. L’art peut cesser d’être un rapport sur les sensations pour devenir une organisation directe de sensations supérieures. Il s’agit de produire nous-mêmes, et non des choses qui nous asservissent.

Il avait finalement trouvé un petit coin tranquille, où il pouvait discuter sans a priori, sans la possibilité de se faire épier, juger. On le comprenait, on l'écoutait et bien souvent, on lui donnait raison. Et oui, à force de trouver toujours les bons arguments, ça fini par être payant. Alors le voilà, assied dans un coin du pub, entrain de boire au moins sa cinquième bière de la soirée, écoutant, s'agitant, faisant de grands gestes avec ses mains et ses bras, pour faire comprendre ce qu'il voulait faire passer comme message. Vraiment pas facile malgré tout, quand il faut tout reprendre depuis le tout début, la base même de l'acte de révolte et à quoi elle doit servir. Mais si il était là, c'était parce qu'il attendait quelqu'un, ou plutôt quelque chose ... Ou alors les deux, certainement. Il regardait autour de lui plusieurs fois, avant de replonger sans la discussion, sans en perdre une miette, toujours à l'ouvrir pour dire qu'il n'était pas d'accord.

- Le problème, c'est que vous oubliez une chose : Non seulement on est coupé des masses et en plus, la majorité de celles-ci, sont soient lobotomisés, soient s'en foutent complètement. Il faut arrêter ce spectacle de la contestation, il faut passer à la contestation du spectacle, qui est la forme de notre domination. Rien n'a changé par rapport à l'autre société, si ce n'est que la domination se diffuse seulement dans quelques éléments distincts, mais peu nombreux. Si on ne se réapproprie pas nos luttes, on crève. On est déjà suffisamment dans la merde, alors à vous de voir.

Il vida son verre et le repose lourdement et bruyamment sur la table, soupirant ensuite, en regardant autour de lui, quand il s'arrêta net, se redressa et fit un signe de la main vers une personne à l'autre bout du bard. Comment ne pas la reconnaître ! Tout le monde savait qui elle était, tout le monde savait ce qu'elle faisait ... Et puis, avoir trois bras, c'est pas courant. ( Sauf pour les mecs, bon d'accord .. ) Il fit un léger sourire pour vite interrompre son voisin de droite :

- Oui, mais tu ne vas pas assez loin. Il ne s'agit pas demain, de reconstruire le Vieux Monde sur les même bases qui ont été détruite par le régime actuel : Il faut que tout soit balayé, qu'on élimine ceux qui doivent être éliminé, qu'on arrête de se prendre la tête. Nous sommes du côté de ceux qui luttent, de ceux qui ont pour mission de réaliser le bonheur commun. Arrêtons de croire que tout se fera parce qu'on le décide à quatre dans un bar ! Reprenons le contrôle de nos envie, c'est tout.

Le serveur lui apporta une autre bière et il le remercia poliment et bu une gorgée. Une voix faible et féminine se fit entendre près de son oreille, il leva les yeux en reposant sa bière et fit un signe positif de la tête :

- C'est bien moi. Je pense que tu es venu me livrer ce que j'attends désespérément depuis plusieurs semaines ? Ce serait dommage que tu viennes me dire une mauvaise nouvelle, j'pourrais devenir méchant.

Sujet: Re: Livraison spéciale Mer 5 Oct 2011 - 21:36

Il parle fort lui aussi, il s'arrête pas et il gesticule. Il serait pas un peu saoul ? voir carrément ?
Allons prend pas cet air inquiet. C'est peut-être quelqu'un d'extraverti avec quelques verres dans le nez, mais il est pas méchant.

- C'est bien moi. Je pense que tu es venu me livrer ce que j'attends désespérément depuis plusieurs semaines ? Ce serait dommage que tu viennes me dire une mauvaise nouvelle, j'pourrais devenir méchant.

ah il pourrait le devenir... sympa...
mais ça va, puisque je n'ai pas de mauvaise nouvelle !
Allez, faut pas se laisser impressionner ! S'il croit qu'il me fait peur... ben il a pas tort... mais faut pas se laisser faire quand même !

-oui, c'est ça. Enfin, la livraison, pas la mauvaise nouvelle.

Je pose le colis sur la table.
Ça devrait lui plaire. Ça m'a pris un peu de temps, mais je me suis appliquée. C'est pas ce qu'il y a de plus compliqué à faire, mais je suis assez contente de moi. Et puis on m'en commande pas très souvent, des comme ça.

Je suis quand même pas très à l'aise, là debout devant de lui, qui en plus serait du genre à devenir méchant.
N'empêche des fois j'aimerais bien avoir autant d'assurance... pouvoir m'assoir là sans comme eux, avec une bière, sans gène... mais j'oserais pas.

C'est fou ça, c'est plus facile pour moi d'aller tirer un cou de canon dans un bureau du Temple et de poser une bombe à Wall Street que de m'assoir à une table dans un bar avec un client ! Quelle nouille

Sujet: Re: Livraison spéciale Jeu 6 Oct 2011 - 0:04

2. A mesure que la nécessité se trouve socialement rêvée, le rêve devient nécessaire. Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n'exprime finalement que son désir de dormir. Le spectacle est le gardien de ce sommeil.

Il tapote plusieurs fois le paquet qui vient d'être posé sur la table et regarde ceux qui sont autour de la table. Il sort son couteau Bowie, donne plusieurs coups dans le carton, ouvrant le tout et regarde la multitude de mécanismes qui se trouvent à l'intérieur. Il exulte sur place, sort un des mécanismes et le regarde attentivement, puis le pose sur la table, le pointant devant tous les yeux ébahi, qui ne comprennent pas trop :

- Et bien, voilà. Vous voyez ça ? C'est avec ça qu'on changera le société, c'est par des actions violentes. On s'en fout maintenant, de pactiser, de sa cacher, de respirer la merde qu'ils veulent bien nous laisser. Nous sommes peu, mais c'est parce que nous sommes une fine minorité conscience de notre rôle historique, que nous pourrons aider le genre humain. Bien sûr, on ne détruit pas des édifices avec seulement de la dynamite, mais avec de la persuasion. Il faut unir tous les insurgés, il faut que l'on se donne une ligne directrice claire, révolutionnaire et qui ne fait aucun compris ! Et ça, c'est la base. On est bien d'accord ?

Une personne se lève et s'en va de la table, sans doute un peu choqué par le discours qu'il vient de dire. Il hausse les épaules et fait un geste au barman, pour qu'il vienne servir une bière pour la mécano et qu'elle s'installe. Il fait un autre signe de la main pour que la chaise libre vienne à côté de lui et il s'écarte un peu, pour lui laisser la place :

- Vas'y, installes toi, et détends toi un peu, je déconnais avant. Je sais bien me tenir, malgré toutes les conneries que je peux dire. Et toi ? T'es qui ? Tu fais quoi de beau ? Pas trop chiant d'avoir trois bras ? Je pose trop de questions, désolé, j'suis trop curieux.

Il descend sa bière et intercepte les nouvelles, lui en posant une devant elle pour qu'elle puisse boire avec eux. Un léger silence s'installe, malgré tout le bruit aux alentours. Il regarde autour de lui, d'un air suspicieux. C'est trop pesant, d'un coup.

- Bon c'est pas un enterrement bordel, un peu de joie de vivre ! Qu'est ce qu'on fait péter prochainement ? Une tour ? Un QG ? Un poste de police ? Le QG des Orgiennes ?! Proposez quelque chose, qu'on puisse au moins ne pas être venu pour rien, ce serait vraiment débile. J'attends vos propositions, les plus sérieuses si possible.

Sujet: Re: Livraison spéciale Ven 7 Oct 2011 - 0:46

Cool ! il m'invite à m'assoir.
Je me fait pas prier.

Et puis ça me rassure ce qu'il me dit (peut-être pas totalement, mais quand même).
Je suis bête, j'aurais du le savoir, qu'il plaisantait.
Ça et la confirmation que mon travail lui plait, c'est trop de bonheur. Je suis contente. J'ai la banane. Envie de poussé un petit "youhou !" ou quelque chose comme ça, en faisant une danse de la joie, mais ce serait peut-être un ptit peu excessif.
j'ai pas encore bu et je suis déjà euphorique.

Bon on calme un peu sa joie avant que ça dégénère !
Je suis encore bien détraquée, depuis le dépuçage. Mais là, pour le coup, je ne m'en plains pas.

Il pose beaucoup de question d'un coup, Monsieur Guinea. C'est que je suis timide, moi (au cas où on l'aurait pas remarqué). je crois que je rougis un peu, mais je prend sur moi et je lui répond :

-et bien moi, c'est Emilie.
Je suis mécano

voilà, on enfonce bien les portes ouvertes

-et non, ça va, c'est pas trop chiant. C'est même assez pratique d'avoir un troisième bras, une fois qu'on sait s'en servir. Surtout pour le boulot que je fais.

En fait, c'est surtout pour m'habiller que c'est chiant, mais je vais peut-être pas lui raconter comment je bricole mes soutifs pour qu'ils ne me gênent pas entre l'aisselle gauche du haut et l'épaule du bas. Que sinon, c'est tout de biais et c'est n'importe quoi.
Je vais plutôt boire un coup, ça va me détendre.

Oh putain, en deux gorgeant, j'ai déjà des frissons jusqu'aux orteils. Pourtant, il parait qu'elles sont pas terribles, les bières, dans ce bar. Sauf qu'il me faut vraiment pas grand chose.
Il y a eu un silence et je me suis entendue soupirer d'extase. Il y a des moments comme ça... mais faudrait peut-être que je fasse gaffe à pas m'envoler trop haut sur mon petit nuage, j'ai peur que ça finisse par se voir. Sauf que je contrôle pas vraiment ça.

Pourquoi ils se taisent, les gens ? c'est un peu gênant, là.

Mon client brise le silence.
Côté joie de vivre, je crois qe j'ai pris un peu d'avance, mine de rien. Mais c'est marrant qu'il enchaine sur ce qu'on va bien pouvoir faire péter. Mais oui, pourquoi pas ? La vie est belle, on pose des bombes... Remarque, j'avais kiffé ça, quand j'en ai fait pété une à Wall Street. Même si ça a failli tourner très mal.
je bois.
J'hésite... allez, un peu de cran ! Je prend la parole :

-hum... l'assemblée ? dans le quartier automate.
c'est symbolique et... pour ce qu'ils y font, là dedans... ils feraient mieux d'arrêter...

Je jette un coup d’œil aux réactions des uns et des autres et je m'enfonce dans ma chaise, le nez dans mon verre, comme si ça pouvait me rendre invisible.
C'est juste une idée hein, j'ai rien dit...

Sujet: Re: Livraison spéciale Sam 8 Oct 2011 - 1:27

3. Quand le prolétariat manifeste par sa propre existence en actes que cette pensée de l'histoire ne s'est pas oubliée, le démenti de la conclusion est aussi bien la confirmation de la méthode.

Toute la pensée subversive pourrait se résumer en trois simple points : Théorie, Praxis et encore Théorie. Rien d'autre, c'est aussi simple que ça. Faire de belles phrases, bien argumenté, montrer qu'on est cultivé, c'est bien pour se taper une nana dans un coin, mais ça n'aide pas plus que ça à faire avancer les choses. Parce que en effet, au delà de tout ça, il y a un système entier qui s'est mis en place et qui est plus perfectionné que jamais. Guinea sait très bien au fond de lui, que c'est pas un pauvre mécanisme qui va remettre en cause toute la structure du totalitarisme des industriels, des patrons et des financiers. Il fallait frapper un grand coup, mais il fallait encore savoir où, quand et comment ...

- C'est assez pénible facilement. Tous autant que nous sommes, nous avons besoin de reproduire les schémas aliénants du Vieux Monde : Chef, ligne directrice commune, organisation hyper hiérarchisés ... Comment peut-on combattre un système aliénant, avec une méthode d'action et d'organisation tout autant aliénante ? C'est ça que je n'arrive pas à comprendre. C'est pas en collant des affiches ou en faisant les marioles devant les NOD que la situation changera. Il ne s'agit pas pour nous d'être une élite, mais d'être un simple individu responsable de la révolution. La question, est comment la provoqué une bonne fois pour toute, après les raclés qu'on sait pris ? Je vous laisse réfléchir un peu.

Lui, il avait pas besoin de réfléchir, il avait déjà tout le schéma dans la tête finalement. La révolution, c'est comme la plomberie : Faut quelques spécialistes qui arrivent à un moment et qui permettent au processus de continuer, voir de colmater les fissures. Enfin, c'est très poétique tout ça ...

- Finalement, c'est quoi la révolution ? C'est comme une vache qui va mettre bas, si on ne l'aide pas, on perd la vache et on perd le veau ! C'est tout. Rien de bien compliqué, si on ne remonte pas nos manches, on va tout simplement crever.

Et puis les images de la sorte, ça frappe l'imaginaire des masses, enfin ... ce n'est pas vraiment le cas actuellement, il le savait parfaitement bien. Il se grattait le cou, en faisant mine de réfléchir, écoutant tout à tour ceux qui parlaient et puis la mécano, Emilie. Tiens, il l'avait presque oublié, faut dire qu'elle fait pas beaucoup d'effort pour se faire remarquer. Mais ça ne le regarde pas après tout, il est pas là pour faire des cours du soir. C'est un salaud, comme d'habitude quand on le connait bien en fait. Il se redresse quand elle parle de placer la bombe, une sorte de décharge vient lui traverser le corps, de l'échine à ses cheveux et il frappe du poing sur la table :

- AH BORDEL ! La seule personne qui ai des couilles ici, c'est une nana. Bravo messieurs, j'espère que ça ne vous dérange pas qu'une nana puisse avoir autant de neurones que vos têtes blondes réunis. Et en plus, c'est une bonne idée, vous trouvez pas ? Maintenant la question, c'est : Comment on y arrive, comment on l'infiltre et comment on arrive à faire péter la bombe sans qu'on se fasse trouver avec. Nous n'avons pas beaucoup de solutions tout compte fait, il faut soit qu'on trouve une équipe de tête brûlée, soit un gars qui accepte de se faire sauter avec 100 kg de nitro' sur lui, pour le bien de la révolution. Personne à une hotline de dépressif, pour voir ?

Arriver à garder de l'humour, même dans les pires moment, c'est quand même la marque d'un grand et franc caractère. Il donne une légère tape sur l'épaule d'Emile et lui fait un grand sourire :

- Comme on disait il y a fort longtemps : Plus je fais l'amour, plus j'ai envie de faire la révolution. Plus j'ai envie de faire la révolution, plus je fais l'amour. Tu es d'accord, camarade ?

Sujet: Re: Livraison spéciale Sam 8 Oct 2011 - 14:18

Mais pourquoi il me dit des choses comme ça ?!
Il me demande si je suis d'accord pour quoi ? Faire l'amour ou la révolution ? Les deux ? Nan mais c'est qu'une expression, hein ? C'est pas comme s'il me proposait quoique ce soit. Faut pas avoir les idées mal placées comme ça.
Je suis quand même affreusement gênée. Je sais que je vire au vermeil. Il faut que je réponde un truc avant d'être parfaitement ridicule.

-hum... euh... ui ?

c'est pas une réussite

-oui bien sûr

j'ai peut-être pas l'air convaincue mais... mais j'ai rien compris en fait. J'ai les idées qui se brouillent entre la bière, les compliments, le fait qu'il me soit bien sympathique malgré sa grande gueule, et la pression que je subis en étant là, mise en avant devant tout le monde.
Allez, c'est rien. Je risque quoi ?
Picole ma fille, ça ira mieux.

Quatre lampés, la moitié de mon godet et c'est la grosse goute de trop. Je serre le bord la table d'une main en me mordant la lèvre, pour contenir la vague avant d'échouer sur un petit nuage.
Je le savais bien que j'allais finir comme ça, avec un œil plus fermé que l'autre et sans doute la tête de droguée qui va avec. Ça arrive... peut-être pas à tout le monde, surtout pour si peu, mais je vais pas m'en plaindre quand même.

En plus je tiens pas trop bien l'alcool. Me voilà pompette et droguée en même temps.
La main droite qui tient la bière, la gauche du bas qui retombe sur ma cuisse, le coude gauche du haut sur la table, la tête appuyée dans la main, je lui adresse un sourire un peu débile.
Tout va bien, peut-être un peu trop même.

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