J'arrive pas à lire son bout de papier, mais j'ai tout entendu.
J'étais là, juste à côté, depuis le début je crois. J'écoutais d'une oreille en m'extasiant devant les petites bulles. J'ai envie de tremper mon doigt dedans... je suis ivre... mais je suis pas sûre que ce soit que l'alcool.
En tout cas, je me sent biiiieeeen.
Et ce qui est chouette avec la bière, c'est que ça décoince. Autrement j'aurais pas osé faire toc toc du bout du doigt sur son épaule, pour attirer son attention. Beuh, ça colle un peu. Il s'est vautré dans quoi ?

-hé, je peux peut-être te prêter la mienne, de douche...

Ohlàlà, je crois que je pique un fard. Ou bien c'est l'alcool qui fait chaud aux joues.

-je peux même t'en fabriquer une !

Hey mais c'est pas un peu moyen de ramener un clodo à la maison ? Même s'il a l'air sympa.
Les clodos ça mendie des douches ? euh... bah je sais pas.
De toute façon, maintenant que j'ai proposé... et qu'est-ce que je risque ? J'ai mon Newton à la maison. Il le laissera pas m'embêter.
Et c'est peut-être pas un clodo. Ou peut-être pas depuis longtemps.
Et franchement, qu'est-ce que ça coute une douche ? Même si c'est un SDF, il a le droit d'être propre ! non ?

Ça hurle dans le fond du bar, mais le mec bourré a tellement de mal à parler que je ne comprends rien à ce qu'il dit.

Je sens un contact, on me tapote sur l'épaule.
Je tourne la tête, surpris. Je dois avoir une tête de déterré.
J'ai l'impression que mon allure la rebute. En même temps, elle a failli resté coller à mon impers.

-hé, je peux peut-être te prêter la mienne, de douche...

Ouah, elle a les joues toutes roses, la chaleur, l'alcool, je ne sais pas, mais sûr une âme charitable qui s'adresse à moi. Je dois passer pour un clodo, vu l'état de mes fringues et cette foutue araignée qui a élu domicile dans mes cheveux. Maintenant qu'on me parle qu'est ce que je répond ?

-je peux même t'en fabriquer une !

J'ai mis trop de temps à réfléchir, je pense. M'en fabriquer une ? Il faudrait déjà que j'ai un chez moi. Je me retourne pour faire face à mon bienfaiteur.

- Merci, merci beaucoup, je suis désolé d'avoir une allure aussi souillon mais je dors dans les poubelles depuis deux mois.

J'espère qu'elle ne prend pas pour un pervers. Elle a l'air ivre, c'est sûrement pour ça qu'elle me fait cette proposition, je ne m'inviterais pas moi-même.

- D'ailleurs, je me présente Sanay Fleo, non implanté.

Mais quel crétin, les seuls non-implantés sont au-dessus de nos têtes, en espérant qu'elle ne fasse pas ce faux rapprochement.

Ma queue sort de sous mon cuir, pour se mettre à voguer vivement au dessus de ma tête, l’excitation d'une rencontre, ou le plaisir de pouvoir me remettre au propre. Hum, une douche chaude, rien qu'en y pensant, un sourire se dessine sur mon visage.

2 mois dans les poubelles ?!
Tu m'étonnes qu'il pue.
En même temps il est pas SDF depuis si longtemps. Ca doit pour ça qu'il a encore l'air sympa malgré la crasse. J'en ai déjà vu d'autres, des vieux SDF, et ceux là, même beurrée je ne m'en approcherais pas.
Ça doit être dur de dormir dehors quand on n'a pas l'habitude... après aussi remarque, quand on voit dans quel état ils finissent...

Lui ça va, il est encore civilisé.
Je me présente à mon tour :

-'milie

J'ai mangé le "E", j'ai miaulé le "m" et je souris bêtement. Ça va vraiment biiieeen.

-désimplantée aussi

et je glousse comme un d'inde. Bah oui, mais c'est drôle, non ? Parce que ça se voit quand même que j'ai pas de puce.

-On fini not' verre et on y va ?
Ça pue ici...

Ah mais non, c'est lui qui sent comme ça. J'suis bête quand j'suis saoule.

J'ai cru voir un truc passer au dessus de sa tête... mais oui mais oui ! j'ai bien vu un truc au dessus de ça tête. C'est long et ça bouge. C'est quoi ? Je lui montre le truc timidement du doigt et lui demande :

-euh... c'eeest... à toi ?

- 'milie

Milie, hummm ... Emilie surement. Elle, trois bras, moi, une queue, on devrait s'entendre. Elle me propose d'y aller, je ne vais pas me faire prier. D'autant plus que ma bière a un goût étrange, pas sûre qu'il lave tous les verres ici.

Une désimplantée, parfait pas de risque qu'elle me balance aux NODs. Je vais pouvoir la suivre en toute confiance, de toute je n'ai plus rien à perdre.

-euh... c'eeest... à toi ?

Merde elle l'a vue, en temps même cette abrutie bouge toute seule, enfin je dis ça mais je l'aime bien ma queue.
Question équilibre, on peut dire qu'elle m'aide pas mal et quand elle n'en fait pas qu'à cette tête, elle me sert même à tenir des trucs.

D'ailleurs, je pense que je devrais la prêter à la jeune femme qui me propose la douche, question équilibre pas sûre qu'elle s'en sorte très bien en ce moment.

- Euh (un peu gêné), c'est ma queue.

Je l'attrape, et c'est qu'elle se défend la saleté, elle a beau faire parti de mon corps, quand elle a décidé quelque chose ... C'est bon elle se calme. Je montre à Emilie mon appendice.

- C'est l'héritage de mes parents, ils se font fait désimplanter avant de me concevoir, je pense que c'est dû à ça. Ce qui est génial c'est qu'elle a un duvet de la même couleur et de la même texture que mes cheveux, ça me sert de temps en temps de coussin ...

... ... Mouai pas terrible comme présentation, je change de conversation.

- Pas de souci, on fini notre bière et je te suis. Merci encore.

-ooow... alors toi aussi tu as un cinquième membre...

C'est marrant comme elle gigote.
Qu'est-ce qu'elle est longue !
Je reste un petit moment à contempler l'appendice... pas très propre, comme le reste. Je me demande quelle couleur a vraiment le poil sous la crasse.
C'est étonnant, sa queue a l'air de bouger indépendamment de celui à qui elle appartient, comme si elle avait sa volonté propre. Enfin "propre", façon de parler.
Je me dis alors que je suis bien contente que mon troisième bras n'en face pas autant, ça pourrait être embarrassant.

Elle est toute dégueux, mais à la voir bouger comme ça, j'ai envie de la toucher, un peu comme pour un petit animal perdu. Ça doit être les poils qui fait cet effet là.
Trop mignon !

Mais je dois avoir des gouts bizarres. Ou peut-être trop de gout pour trop de choses. Mais quand même, quand on arrive à s'attendrir pour un robot du NOD au point de l'adopter et de s'en faire un ami... D'ailleurs, il doit se demander ce que je fabrique, mon Newton. Il se fait tard.


J'ai pas mis longtemps à finir ma bière et au moment d'y aller, je fais quelques pas et je penche à gauche. Ça va, je me rattrape au bar. Par contre...

-dis, tu sais conduire ? Parce que je crois que je ne suis plus trop en état...

Ma voiture (ou plutôt la dernière que j'ai emprunté pour une durée indéterminée) est garée pas très loin.

Elle regarde ma queue avec affection, ... bizarre vu l'état de cette dernière. Mais bon au moins ça ne l'effraie pas. Elle s'est calmé, je la lâche, elle ondule tranquillement dans les airs malgré quelques accoues lorsque le bruit augmente.

Emilie se lève.

Comme je m'y attendais, elle ne tiens pas droit et manque de s'étaler par terre. Les bars sont vraiment des amis. J'espère qu'elle n'habite pas trop loin, sinon ça risque d'être compliqué.

-dis, tu sais conduire ? Parce que je crois que je ne suis plus trop en état...

Ah .... Conduire .... Ça fait un bail que je ne n'ai pas touché une voiture, mais bon ça devrait aller.

- Pas de problème, indique moi juste la route. Veux-tu que je t'aide à sortir du bar ?

En même temps que je le dis, ma queue prend l'initiative de venir gentiment et tranquillement la soutenir par les épaules, pour éviter quelle tombe surement. C'est la première fois qu'elle réagit comme ça, je pensais pas qu'elle ferait preuve d'empathie.

- Allons-y

- Pas de problème, indique moi juste la route. Veux-tu que je t'aide à sortir du bar ?

Un frisson me parcours quand je sent sa queue sur mes épaules. Je ne m'y attendais pas. J'en reste sans voix ou presque.
Un ptit effort quand même :

-euh oui, je veux bien...

mais alors tout petit
pas sûr qu'il ait entendu.

Ce truc me fait un drôle d'effet
comme beaucoup de trucs

Allez, je craque : je touche.
Baw ! il a les poils tout collés. Sympathique ! Finalement, je crois que je vais garder mes mains dans mes poches. A part une au cas où, pour pas me casser la binette.

On arrive devant la voiture. Les portes ne sont pas fermées. Normal, j'ai pas la clé, alors une fois que j'ai réussi à ouvrir j'allais m'embêter à refermer. En espérant quand même que personne n'en aura profité pour piquer des trucs.
Je m'installe côté passager et lui à la place du conducteur. Tout à l'air encore en place, le GPS y compris. Par contre il faut mettre le contact pour que j'y entre mon adresse.

-humm... attend.

Je me penche sur ses genoux pour aller trifouiller sous le tableau de bord partiellement éventré.
Qu'est-ce que j'ai foutu là dessous ? Ah non c'est bon, il est là le bidule, avec le fil.
Je machine le truc et ça démarre le bousin.

-voilà. Tu peux y aller.
Par contre, le pilote automatique est nase et ya ce voyant là qui déconne. Mais c'est pas grave, c'est juste celui qui indique l'altitude.

J'entre la destination dans le GPS, et ya plus qu'à y aller.