Z'avez pas vu Mirza ?

Après m'être un peu reposée, je suis sortie de chez le docteur et suis rentrée chez moi, à l’atelier.
J'ai regardé un peu partout en chemin, des fois que je l’aperçoive, mais il n'était pas là, nul part, perdu quelque part hors de ma vue.
J'ai marché assez vite, pressée de le retrouvé m'attendant sagement devant la porte de l'atelier. J'espérais vraiment qu'il y serait, qu'il aurait retrouvé tout seul le chemin de la maison, comme ça arrive souvent quand on perd son chien. Mais Newton n'est pas vraiment un chien, même s'il en a l'apparence.

Il était pas là. La porte fermée et personne devant. J'ai ouvert la porte et personne à l'intérieur. Ça fait un sacré vide par rapport à quand j'étais partie. D'ailleurs, il faudra peut-être que je pense à donner de mes nouvelles aux autres, qu'ils sachent que je vais bien... enfin bien... c'est vite dit... putain j'ai un de ces cafard ! et je suis morte d'inquiétude. Et j'ai le bras blessé aussi, mais ça c'est moins gênant, en plus le docteur m'a bien soigné, il faut juste que je ne fasse pas trop d'efforts.

Pas trop d'effort... bon bah je vais y aller gentiment, sans courir. Je ne peux pas rester là à attendre qu'il revienne. Qui sait où il a atterri et dans quel état ? Il a peut-être besoin de moi. Il a surement besoin de moi ! Vu de quelle hauteur il est tombé...

Alors je sort d'un pas décidé. Je part à sa recherche. Je fouillerais tous les bas fonds s'il le faut et au delà si ça ne suffis pas. je veux le retrouver.
Je commence par les rues de la Paillade, parce que c'est le plus près, et si je ne le trouve pas j'irais me rapprocher des rues que j'ai survolé pendant que j'échappais aux NODs.

La Paillade. Centre commercial des pauvres, mais pas que. En parlant avec certains tenanciers mais surtout en utilisant les bons arguments, on peut trouver tout ce que l'on veut. Armes, véhicules, faux-papiers, et objets du quotidien mais surtout des informations.

Les informations, pièces de savoir comme pièces de monnaie. On se les échanges, on les achète ou les vend, elles permettent la survie de ceux qui en font le commerce. Pièces de savoir, pièces de pouvoir. Bien utilisées elles peuvent anéantir notre ennemi, sauver notre allié ou encore faire les deux à la fois. C'est pour ça que je suis ici, c'est pour ça que je vis: Toujours en savoir plus, les ragots comme les informations vérifiées, je prends tout.
Tout m'intéresse car en sachant on peut comprendre, donc si je sais tout je pourrai tout comprendre ? Peut être, je l'espère tout du moins. Et avec un peu de chance je trouverai des informations sur mon moi précédent.

Mais ce quartier ne sied pas à ma perfection, il est trop sale et trop mal fréquenté. Je n'ai peur, je suis une grande fille qui sait se défendre, mais certains me dégoûtent. Je me suis d'ailleurs habillée avec mes habits d'aventurière. Des bottines stables mais rustres, un jean confectionné de ma main, une chemise et une veste trop ordinaires. C'est nécessaire pour ne pas me faire agresser, mais je préfère mes tenues de Valkyrie.

Les gens d'ici me dégoûtent et ils me fascinent en même temps avec toutes leurs mutations. Il semble que je sois la seule orgienne fascinée comme ça, peut être est-ce parce que je ne suis pas une orgienne d'origine. Mais je me demande parfois si l'on est parfaites comme Saline nous l'a raconté. Nous sommes le reflet de la perfection humaine, mais ne serions nous pas meilleure avec quelques mutations ?

Bien sûr je garde mes doutes pour moi, mes sœurs ne doivent rien en savoir sinon elles me désactiveront. Et j'aime trop me balader pour être désactivée, cela serait injuste. Et puis même si les mutations nous rendaient efficaces la plupart sont tellement laides, tellement peu élégantes comparées à nous. Cela serait une insulte à notre corps parfait que de lui imposer une quelconque déformation.

Dieu que c'est laid par ici, je me suis perdue dans la ville tandis que j'étais perdue dans mes pensées. Il me faut retrouver mon chemin, je n'ai qu'à retourner sur mes pas. C'est ce que je vais fai...

faire. Non, je reste. A côté là-bas, il y a une jeune femme. Elle est souillon mais son troisième bras semble lui aller à ravir. C'est rare de voir quelque chose de pareil, ça se remarque à peine.
Il y a aussi le fait qu'elle semble chercher quelque chose, peut être est-ce important. Et puis je ne sais pas, elle me semble connue. Mais j'ai beau fouiller ma mémoire, je ne l'ai jamais rencontrée. Il faut que je lui parle !

Excusez-moi.

Tactique d'approche adoptée: La compassion. Peu d'assurance dans la voix, légère inquiétude simulée dans le regard, je m'avance doucement vers elle:
Je me suis perdue, accepteriez vous de m'aider à retrouver mon chemin ?

Toujours pas de Newton à l'horizon et je suis de plus en plus inquiète. Déçue aussi, comme si je m'attendais à le retrouver ici et vite alors qu'il peut être n'importe où.
Il est pas là.
Je presse le pas, change de rue, m'en vais voir après l'angle là-bas.
Quelqu'un m'arrête.

Merde, j'ai pas le temps. Je suis occupée là. Qu'est-ce qu'elle me veut ?
Elle perdue... elle aussi... elle pouvait pas se perdre un autre jour ?!
Qu'est-ce que je fais, je continue mon chemin ? Je peux pas partir comme ça et l'ignorer, ça se fait pas. Et puis elle a l'air inquiet. Elle est peut-être pas du coin et c'est vrai qu'on peut croiser des gens bizarres ici.
Et elle a l'air gentil, pas trop sûre d'elle, un peu timide sans doute. Je connais ça, la timidité. Ça me ferais mal de la repousser alors que je sais que ça peut-être difficile des fois de trouver une âme charitable à laquelle on oserait s'adresser.
En plus, ça ne prendra peut-être qu'une petite minute.

-euh... je veux bien essayer de vous aider.
Où est-ce que vous voulez aller ?

J'espère que c'est un endroit que je connais qu'elle cherche, que je pourrais lui indiquer facilement la route à suivre et repartir sans trop tarder à la recherche de Newt.

Elle semble contrariée ou plutôt préoccupée, je ne dois pas arriver au meilleur moment de sa vie. Mais mon approche semble appropriée et elle accepte de m'aider et me demande ma destination.

C'est définitivement une insurgée, si je lui demande un endroit trop proche elle sera capable de m'indiquer la route. Chinatown est assez éloigné d'ici pour qu'elle ne puisse pas m'indiquer la route, mais assez proche pour qu'elle connaisse.

J'avais rendez-vous avec mon frère à Chinatown, mais j'ai du tourner au mauvais carrefour. J'habite dans le quartier du Temple et une connaissance m'a dit de couper par ici.

Je la dévisage discrètement tout en lui parlant, elle n'est pas laide et pourrait presque rivaliser avec certaines de mes sœurs si elle était... améliorée. Mais contrairement à nous elle ne dégage pas une aura de perfection, elle parait même incertaine et anxieuse. Peut-être vit elle des choses difficiles en ce moment.

Accepteriez-vous de m'accompagner ? Je vous aiderai en retour si je peux, promis !

Elle m'intrigue, c'est quelque chose de profond. Mon ancien moi la connaissait il ?

-euh... oui... bien sûr.

Pourquoi je sais pas dire "non", moi ? J'ai autre chose à faire que de l'accompagne à Chinatown. C'est pas du tout sur mon chemin.
Quoi que, il y est peut-être... j'avais pas survolé Chinatown à un moment ?

Je regarde à droite, à gauche, au bout de la rue, par dessus l'épaule de la jeune femme... je le vois pas. Apparemment, il n'est pas ici.
Et elle, elle doit ce demander ce que j'ai à faire la girouette la mine inquiète. Elle va se demander ce que je surveille comme ça. Déjà qu'elle est peut-être pas très rassurée d'être paumée ici...
Mais si ça se trouve elle l'a vue !

-dites, vous n'auriez pas vu... comment le décrire ? un robot qui ressemble à un chien ? Il est à peu près haut comme ça, avec un tête ronde, un seul œil vert et un canon sur le dos.

Ça d'ailleurs, il a déjà posé quelques petits soucis à mes invités, son canon. Mais après la chute qu'il a fait, pas sûr qu'il l'ai encore. Quelqu'un l'aura peut-être même ramassé et revendu.
... oh non... je viens d'avoir une idée horrible : et s'il était là, mais en pièces détachées, sur les étalages des commerçants ? Si jamais quelqu'un l'a trouvé il aurait très bien pu... non !
Qu'est-ce que je fais, je repart fouiller tout le marcher ? Son IA. C'est surtout son IA qu'il faut que je récupère.
Pas de panique. Pas de panique.
Ya la dame qui est là devant moi, qui m'attend pour que je l'aide et j'ai les larmes aux yeux. Moi aussi j'ai besoin d'aide !

Nous y voilà. Elle n'aura pas mis bien longtemps à se confier à moi, mais c'est tout naturel puisque je suis parfaite, les gens ont confiance en moi. De plus, elle a l'air suffisamment désespérée pour accepter toute l'aide qui lui sera offerte.
La pauvre petite a perdu son chien, enfin son robot, si j'ai bien compris. Elle a l'air d'y être attachée à en voir son état. Mais malheureusement pour elle je n'ai rien vu de tel, et pourtant...

Laissez moi réfléchir...

Simulant un air songeur, je parcoure rapidement ma banque de donnée. Je n'ai rien sur aucun chien, peut être qu'en élargissant la requête aux robots quadrupèdes.

J'ai deux résultats:
-Un robot aurait détruit un mur en tirant au canon, et aurait été neutralisé les NODs. Un insurgé était présent sur les lieux et a été arrêté après s'être emparé d'un hovercraft.
-Un robot en très mauvais état serait en train de parcourir les rues des Minguettes, accompagné d'une petite fille. Certains disent avoir remarqué un homme étrange avec eux sans être capable de s'en rappeler précisément.

La description correspond, les deux rumeurs concerneraient le même robot, qui serait le chien d'Emilie ? Ce n'est pas impossible.
Je souris d'un air bienveillant.

Je crois que j'ai quelque chose, j'ai entendu des hommes parler d'un robot qui ressemble à votre description. Il serait encore en un seul morceau, quelque part dans les bas fonds.

Cela pourrait suffire, mais les bas quartiers sont grands et l'information date d'un peu plus d'une heure maintenant. Il faudrait actualiser tout ça, cela sera chose facile.

Votre situation est pire que la mienne, je vous aiderai donc en première si vous le voulez bien.
Je m'appelle Sam *dzit*... Appelez moi Cat'

J'ignore ce qui vient de se passer, c'est comme si j'avais voulu donner un nom autre que le mien. Ce n'est pas normal, mais pas préoccupant si cela ne se reproduit pas, j'aurai juste à le signaler lors de mon rapport.

Et vous ?

-C'est vrai ? Vous savez où il est ? Vous allez m'aider à le retrouver ? Il va bien ?

Enfin un vrai espoir de le retrouver ! Elle ne sait pas à quel point je suis heureuse d'entendre ça. Pour un peu, je la prendrais dans mes bras !

-vous allez m'aider à le retrouver ? Oh merci ! merci, vraiment, merci

Trois fois merci et des étoiles pleins les yeux, ça va peut-être suffire, non ?

-sincèrement merci

et bah non, ça a pas suffit.
Je ne devrais peut-être pas trop m'emballer quand même. Elle a pas dit qu'elle l'avait vu en bon état, juste qu'elle en avait entendu parler.
Je rougis un peu de m'emporter comme ça. Mais vraiment, ça fait du bien de savoir que quelqu'un l'a vu, qu'il n'a pas complètement disparut et qu'il est au moins en assez bon état pour ressembler encore à ce que je lui ai décris.

Cat ? C'est mignon comme nom. Cat qui va m'aider à retrouver mon chien. Ça fait sourire. Je sent que je l'aime déjà cette Cat.

-Moi c'est Emilie, enchantée.
Vous savez par où il faut chercher pour le retrouver ?

Elle reprend des couleurs quand je lui annonce que j'ai vu son compagnon, et elle est déjà plus jolie comme ça. "Des étoiles plein les yeux", c'est ça l'expression que les humains utilisent. Ce n'est pas très approprié, une étoile ne pourrait pas tenir dans leurs yeux, alors plusieurs... Ils en mourraient, écrasés et calcinés par les forces en présences.

Elle me remercie à plusieurs reprises et puis me dit "moi c'est..."
-'milie.
Avec un "m" un brin appuyé comme dans "mmmh, qu'c'est bon !" ou comme "miaou miam miam" après avoir malencontreusement mangé le "E" sous l'effet d'un bien être langoureux.

Non, elle n'a pas dit ça, elle a dit Emilie. Mais... ça se ressemble presque, il y a juste le "E" qui change.
Que s'est-il passé, qu'ai-je entendu ?
Etait-ce une hallucination auditive ? Je ne devrais pas y être sujette.
J'aurais mal entendu ? Je suis parfaite, je ne peux mal entendre.

Son air familier, l'envie de lui dire que je m'appelle autrement et maintenant ça... Mon cerveau l'aurait elle connue ?
Je veux en savoir plus, toujours plus. Comprendre qui je suis, qui j'étais, qui elle est pour moi.

Je me reprends, même si cela n'a duré qu'une seconde j'ai laissé mon visage exprimer ma surprise, ce n'est pas bon. Il faut faire oublier ça.

Euh... Chercher, oui. Pour commencer, nous pouvons essayer de retrouver les hommes qui en parlaient, pour voir où exactement se trouvait votre chien.
Ne vous inquiétez pas c'est tout près d'ici, et je suis une experte pour obtenir des informations.

Clin d'œil et sourire plein de malice, je fais le premiers pas en lui tendant la main.

Venez Emilie, nous allons le retrouver !

Une experte en informations ? Je suis super bien tombée alors !
quoique en même temps... elle en fait quoi de ses informations ? Et des informations sur qui ? sur quoi ?
Voilà que je me met à me méfier d'elle, alors qu'elle a l'air si gentille et jolie... j'aime bien son sourire. Du coup je n'ai plus du tout envie de me méfier.
En plus, si elle peut m'aider à retrouver Newton, cette fille est un ange !

Elle me tend la main pour m'emmener chercher ces hommes dont elle me parle.
J'hésite un instant à lui donner la mienne. Non pas que je me méfie ou que ça me dérange... enfin si peut-être que ça me gêne un peu, ou plutôt que j'ai pas trop l'habitude. Déjà que d'habitude, je sort pas beaucoup, alors me promener en tenant la main de quelqu'un... ça doit faire au moins un siècle que ça ne m'est pas arrivé.
Mais bon, je vais pas faire de chichis, même si ma main à moi est un peu moite. Je l'essuie vite-fais sur mon pantalon et attrape la sienne.

Oh dis dont ! elle a la main toute fine et toute douce. La mienne est un peu calleuse à côté. Forcément à force de faire du bricolage... Oh mais faut peut-être que j'évite de lui caresser la main comme ça en bougeant mes doigts. Ce serait une amie que je connais bien, ce serait peut-être pas trop gênant, mais elle je la connais à peine, je sais pas comment elle va le prendre. C'est peut-être un brin trop familier. Enfin ce n'est qu'un détail, je m'en fais sans doute trop pour pas grand chose, comme d'habitude. J'ai toujours tellement peur de déranger...

J'espère que les hommes dont elle parle sont toujours là où pense les trouver. Et avec un peu de chance Newton aussi est toujours là où ils l'ont vu.

Elle prend ma main... La sienne n'est plus très féminine. Mais c'est compréhensible, en tant qu'insurgée elle doit avoir son lot de travaux manuels. C'est dommage, elle serait presque à notre hauteur.

Je l'emmène vers notre destination, un "magasin de vêtements" où l'on peut aussi acheter une nuit avec la femme qui les porte. Peu reluisant et je reçois pratiquement toujours des avances déplacées, mais c'est une véritable mine d'informations plus ou moins fiables.

Je reste dans la rue sans lâcher Emilie et demande à l'agent de sécurité de m'amener le patron. Viktor, un fort insurgé borgne, couvert de cicatrices et vaillant combattant tant dans son lit que lors des opérations pour pourrir le gouvernement, c'est de toute sa naïveté qu'il espère encore égaler mon endurance. Tant qu'il paye et me dit ce que je veux savoir, il a le droit d'espérer.

Cat', ma belle !

Regard sérieux et voix ferme, je ne suis pas venue pour jouer avec toi ce soir.

Désolée Viktor, mais nous ne jouerons pas ce soir. Je cherche à aider ma nouvelle amie, elle a perdu son animal.

Il est déçu, mais se rattrape en dévorant Emilie du regard. Je me mets entre eux deux. Sourcil droit relevé et agacement dans la voix.

Viktooooooor...
Je n'ai plus le droit de regarder les jolies femmes ? Tu es bien sévère.
Je me rattraperai plus tard, j'aurais besoin que tu me répètes l'histoire sur le chien et la petite fille que tu m'as contée. Où se trouvaient ils ?
*soupir* C'était il y a deux heures à la frontière entre les Minguettes et notre quartier, tout près de la laverie du Tchèque. Un robot à quatre pattes, assez endommagé. Un seul gros œil qui faisait marrer les gamins, y avait aussi une petite fille et j'ai cru voir un homme mais je ne sais plus trop bien. Ils se dirigeaient vers le cinéma de Roger.
Merci Viktor, je repasserai te remercier plus tard. Sourire en coin et clin d'œil aguicheur.
Oh, et ton amie aussi?

Alors que j'étais en train de partir, je me retourne vers lui et lui lance un regard noir, voix dure et cassante.

N'exagère pas !

Je lâche Emilie pour me rapprocher de lui et lui glisser à l'oreille:
Si tu touches un seul de ses cheveux, les gamins des Minguettes joueront aux billes avec ce qui te sert de couilles.

Je m'éloigne et reprend la main d'Emilie.

Dépêchons nous, et ne t'inquiète pas : ils parlent beaucoup mais aucun n'oserait te faire du mal devant moi.

Sourire qui se veut rassurant, sourire sincère pour une fois. Je ne sais pas pourquoi mais elle m'est chère. Espérons que mes sœurs n'en sauront rien.

Ah bah sympa le bonhomme... en tout cas, ils ont l'air de bien se connaitre.

-bonjour

à peine audible, avec à peine un signe. De toute façon, il sait que je suis là, il m'a vu... et même bien vu. "mâté" serait le terme plus exact.
Où est-ce que j'ai mis ma clé à molette ? A ça place dans l'atelier bien sûr, là où je reste cloitrée d'habitude, avec tous mes outils rassurants à porté de main.
Les hommes sont un peu moins taquins quand on a un chalumeau ou une scie à métaux dans la main. Ou encore avec un bouledogue en fer armé d'un canon comme garde du corps. D'ailleurs c'est pour lui que je suis là, en face de ce type borgne... enfin, en face mais un peu retrait. Je laisse parler Cat, elle fait ça très bien. Beaucoup mieux que moi.

Le monsieur a dit que Newt était "assez endommagé". J'espère que c'est pas aussi grave que ça en a l'air. J'espère aussi que les gamins ne l'embêtent pas trop. Je voudrais pas qu'il y ait d'accident. C'est qu'il a parfois des réactions un peu violentes. Je m'en voudrais qu'il fasse du mal aux enfants.
Et en même temps, s'il est gentil avec eux, ce serait merveilleux. J'aurais moins peur de le sortir. Je pourrais peut-être même l'équiper un peu mieux, il l'aura bien mérité. Je pourrais peut-être lui rendre son bras que j'ai gardé. Il faudra l'adapter, ça risque de faire bizarre sur sa carrosserie actuelle, mais ça serait tellement pratique pour lui... encore faut-il qu'on le retrouve... bon, on s'en va maintenant ? Il me met mal à l'aise le monsieur.

C'est marrant ce qu'elle me dit au moment où on repart. Elle a l'air beaucoup plus sûre d'elle que tout à l'heure. A l'entendre, elle n'aurait rien à craindre de personne. Elle est si forte que ça ? Elle en a pas l'air. A part celui qu'elle se donne, peut-être...

J'ai oublié de dire au revoir à Viktor. Tant pis. J'aurais peut-être du le remercier aussi, il nous a quand même dit où chercher Newton. C'est pas très correcte. remarque, lui non plus, il était pas très correcte.
Je me demande ce que fait Cat avec un mec comme ça... en fait j'ai pas trop envie de savoir... enfin ça les regarde.
Est-ce qu'elle coucherait pour qu'on lui dise des choses, la pro de l'information ?

Oh mais... elle a pas l'air si perdue que ça en fait... je commence à trouver ça bizarre... est-ce qu'il existe vraiment, son frère de Chinatown ?
C'est pas sympa de la soupçonner comme ça alors qu'elle est si gentille avec moi. Elle m'aide à retrouver Newt et en plus elle veut me protéger.

Elle doit avoir du caractère pour tenir en respect des malabars comme Viktor.

Je répond à son sourire bienveillant par un autre un peu timide mais reconnaissant.
Je ne suis pas trop rassurée, pas très à l'aise. J'ai surtout hâte de retrouver Newton si possible en un seul morceau.
Du coup, je ne suis pas très bavarde pendant qu'on marche. J'espère que ça ne la dérange pas. Je voudrais pas la mettre mal à l'aise avec tout le mal qu'elle se donne pour m'aider. Mais je ne sais pas quoi lui dire.

Elle ne parle pas beaucoup, se pourrait il que je lui ai fait peur ? Je peux sentir l'humidité de ses mains augmenter, et son pouls est irrégulier. Peut être est-ce son chien, ou alors ma démonstration de force de caractère devant Viktor. Mais il le fallait, on est jamais trop prudente avec des types de cette espèce.

Roger n'est pas le même genre d'homme, c'est l'un de mes anciens voisins. J'ai beaucoup déménagé avant de trouver mon emploi actuel, mais je n'étais jamais allée aussi loin dans la Paillade avant aujourd'hui.

Viktor c'est juste pour le travail, je... je suis une Valkyrie.

Je m'arrête et lui fait face, un petit sourire gêné pendu sur mon visage. Me dévoiler un peu à elle, lui faire croire que je suis inoffensive. La mettre en confiance pour qu'elle se dévoile ou ose s'intéresser à moi.

Il serait bon de la détendre en parlant, mais contrairement à moi elle risquerait de perdre son souffle. Cela serait regrettable, surtout que notre destination n'est pas la porte à côté. Je fais semblant d'hésiter et de chercher un nouveau moyen pour rompre le silence.
Il vaut mieux prendre un véhicule pour le reste du chemin, on gagnera du temps.

Je lève la main et lance un "taxi", comme ils le faisaient au siècle dernier. Un peu démodé mais efficace, surtout quand un taxi libre passe devant vous à ce moment là.
Il est vieux et il roule plutôt que de voler, mais cela sera toujours mieux qu'à pied. J'ouvre la porte arrière et monte, ce n'est pas très confortable mais cela fera l'affaire à défaut de mieux.

Emmenez-nous au cinéma des milles lumières, remontez la vitre et coupez vos micros, merci.

Il obéit, mais je ne lui fais pas confiance pour les micros, espionner deux jolies filles est si tentant. Je me tourne vers l'extérieur et fais signe à Emilie de monter.

Ne t'inquiète pas, c'est moi qui paie

Valkyrie
ça explique des choses
et si ça ne fait pas très longtemps qu'elle a emménagé dans le coin, c'est normal qu'elle se soit perdue.

C'était vraiment bête de la soupçonner. C'était petit. J'ai un peu honte.
En plus elle nous paie le taxi. C'est sympa.
J'entre dedans sans me faire plus attendre et ferme la porte.

Je taxi démarre.
C'est loin le cinéma ?
C'est qu'en attendant, je ne sais toujours pas quoi lui dire.

Je la regarde
un ptit sourire
mais non, rien qui sort.
Alors je reste muette comme un carpe, à me tortiller les doigts.
Je regarde par la fenêtre, ça m'occupera et j'aurais peut-être moins l'air gêné.

J'ai jamais été très douée pour faire la conversation. En plus je n'ai qu'une idée en tête : retrouver Newt. Tout le reste me parait sans grande importance.
Autrement je pourrais peut-être m'intéresser un peu plus à elle. Je pourrais lui demander ce qu'elle fait dans la vie par exemple. Ah bah non, je le sais déjà, elle est valkyrie.
Nan vraiment je ne sais pas quoi lui dire. Ou du moins pas sans faire tâche.
Mais qu'est-ce qui est le pire, faire tâche ou maintenir ce silence pesant ?

Bon allez, un ptit effort ! Dire un truc, c'est quand même pas la mer à boire.

-...ça gagne bien valkyrie, dans le coin ?

Ouais, méga-tâche.
En plus elle avait l'air un peu gênée quand elle me l'a dit tout à l'heure.
Qu'est-ce qui m'a pris de lui demander ça ?
Je suis vraiment nul en conversation ! Et de passer ma vie enfermée dans mon atelier à ne parler qu'à Newton, ça doit pas aider. Même quand je sort je ne parle presque à personne d'habitude. Juste "bonjour, merci, au revoir" avec quelques commerçant, quand j'ai besoin d'un truc ou que je chercher du matériel.

Elle ne parle toujours pas, cela va finir par être lassant.
Elle semble embarrassée par la situation, peut être qu'elle n'aime pas discuter ? Elle n'a pas l'air très sûre d'elle en tous cas, à regarder dehors. C'est rare, d'habitudes c'est moi qu'on regarde: Les hommes me désirent et les femmes me jalousent.

C'est reposant, mais cela va finir par être lassant si elle ne dit pas un mot. Je ne vais pas faire toute la conversation quand même ?

Elle parle enfin, et me demande si ça paye bien Valkyrie. Mais du coin de l'oeil j'ai vu le chauffeur nous regarder dans le métro, pile à ce moment là. Ce petit enfoiré n'a pas coupé tous les micros, j'en étais sûre. Il veut observer ? Qu'il observe alors.
Je me tourne vers Emilie, pose mon index devant sa bouche et me rapproche d'elle, nous voilà épaule contre épaule. C'est suffisamment proche pour qu'on puisse se parler à voix basse sans qu'il n'entende rien, ses micros sont maintenant obsolètes.

Désolée, mais il est possible que le chauffeur nous écoute. Ca ne te dérange pas j'espère?
Pure question rhétorique, je n'attends pas sa répondre pour reprendre. De toute façon qui pourrait être dérangé par la proximité de son corps ? Beaucoup de femmes s'y découvriraient des penchants lesbiens. Peut être pas elle, trop réservée, mais je cherche juste de l'intimité.

Je lui chuchote à l'oreille:
Oui, cela peut bien payer. Des fois je vais dans les quartiers riches pour combler quelques automates, on gagne plus et ils ont plein d'informations utiles pour aider les insurgés.

J'inspire, et pendant que l'air emplit mes poumons mes nerfs olfactifs m'indiquent qu'elle sent la transpiration et la crasse, elle a probablement stressé et fouillé les rues après son ami pendant plusieurs heures. C'est inhabituel pour la part d'un humain de s'inquiéter pour ça. Ce chien serait il précieux ou jouerait il un rôle dans une opération importante pour les insurgés ?

Mais parlons de toi s'il te plait. Ton robot, tu l'aimes bien ?
Je me recule un peu pour pouvoir voir son visage et la laisser respirer, je lui rappelle de mauvaises choses. Pour faire passer la pilule je lui souris et lui prends la main dans les miennes.
Ne t'inquiète pas, on le retrouvera.

Cette proximité... ça me fait tout drôle tout d'un coup.
Ça fait tellement longtemps que j'ai pas laisser quelqu'un approcher d'aussi près... faut dire aussi que l'occasion ne s'est pas souvent présentée. Je voyage rarement en taxi avec quelqu'un. Quand je discute avec une autre personne, en général c'est dehors ou dans mon atelier, là où il y a la place pour garder ses distances.

Mais ya pas de quoi être nerveuse. C'est une attitude tout à fait normale entre bonnes copines. Je ne lui dirais pas que je kiffe qu'on me murmure des choses à l'oreille. Elle pourra me raconter n'importe quoi comme ça que le frisson serait le même, de l'oreille jusqu'aux doigts de pieds.
D'ailleurs, qu'est-ce qu'elle disait déjà ? Ah oui, elle aide les insurgés en leur donnant des informations tirées des automates. C'est bon à savoir, ça.

Elle s'écarte et j'ai un peu la tête qui tourne. Décidément, il fallait que ça arrive maintenant ! C'est pas grave, ça se voit même pas, mais c'est quand même un peu gênant.

Mais parlons de toi s'il te plait. Ton robot, tu l'aimes bien ?
Ne t'inquiète pas, on le retrouvera.

Un moment de flottement et...

-euh... oui ! Oui, j'y tient beaucoup.
Vous savez pour moi, c'est pas juste un bout de ferraille. C'est... mon compagnon de tous les jours.
... vous devez trouvez ça un peu ridicule d'apporter autant d'importance à un robot...

Moi je sais bien que c'est pas juste un objet. Il pense, il ressent les choses... On a vécue de sacrés moment tous les deux.
Mais je vais peut-être pas lui raconter d'où vient son IA, surtout ici avec le chauffeur qui nous écoute. Je pourrais peut-être le lui dire tout bas à l'oreille, mais d'une part je trouve que j'ai déjà été assez près d'elle une fois et je tiens à garder les idées claires au moins jusqu'à ce que j'ai retrouvé Newt, et d'autre part si je lui disait, elle trouverait ça complètement dingue.

Un robot comme compagnon... Pas un esclave, pas un animal ou un objet, mais "quelqu'un". Et pas n'importe qui mais quelqu'un qu'elle considère comme son égal, son ami. Les situations de ce genre sont plus que rares, je me demande si lui a le même avis.

Cela me touche d'une manière que je ne peux pas expliquer, le soulagement que même avec des pièces de métal en nous on peut être considérés comme des humains. Pas spécialement les orgiennes, pour qui c'est la moindre des choses, mais n'importe quel cyborg aurait cette chance.

Emportée par ce sentiment non identifié et relativement nouveau, je lui ai fait la bise en la serrant dans mes bras. Mon corps semble m'échapper, je souris sans l'avoir voulu.

C'est mignon, du coup j'ai encore plus envie de t'aider.

Mais quelque chose cloche avec l'effet qu'elle me fait, c'est comme si je perdais le contrôle. Dehors rien ne transparaît, je me contente d'avoir l'air heureuse et complice. Dedans je suis heureuse, complice et troublée puisque je ne devrais pas ressentir tout ça. Mais le paraître est important

La belle Emilie et son prince robotique, cela réchauffe le cœur.
Cœur que je n'ai pas, enfin si mais ce n'est pas lui qui me dicte quoi que ce soit.
Je t'aime bien, j'espère que l'on pourra rester amies.
C'est un non-sens, elle est humaine. Est-ce donc un mensonge ? Probablement.

On arrive au cinéma de Roger. Un vieux cinéma qui ne sert pas à grand chose: on n'y trouve que des films acceptés par le gouvernement, donc de la propagande, et dont les seuls clients sont accompagnés de Valkyries.
Par contre le propriétaire, un vieil insurgé d'une cinquantaine d'années, est un homme bon et aimable. Presque aveugle, il ne m'a jamais pelotée ni même essayé de me soutirer la moindre faveur coquine. Tout ce qu'il demande est une oreille pour ses vieilles histoires, celles qu’il a vécues, entendues ou dont il a hérité par ses parents.

Avant d'entrer j'appelle Emilie et lui montre une fenêtre en face.
C'est là que j'ai habité durant quelques temps, maintenant je vis à la Ruche avec mes collègues.
Information véritable, c'est probablement la première fois que je lui dis quelque chose à propos de moi sans mentir. Et la dernière aussi, à priori.

Lorsqu'on entre Roger arrive, le bougre a reconnu ma voix. Il m'embrasse sur la joue en me serrant dans ses bras.

Cat', jeune brigande. Magnifique comme jamais !
Bonjour Roger. Désolée de te déranger je voudrais parler à Corentin.
Il est enfermé dans sa chambre, comme toujours. Installe toi dans le salon en l'attendant.
Mon amie...
Oh Cat, fais comme chez toi !

Gentil comme tout, mais un peu excentrique. Il nous amène dans un vieux salon, désuet mais bien entretenu. Les étagères sont couvertes de livres électroniques et de CD. Je m'assieds dans un fauteuil et invite Emilie à venir s'asseoir à côté de moi.

Corentin est un "génie" en informatique spécialisé dans les vidéos. Sons passe temps favoris est de pirater les réseaux du gouvernement, il aura certainement vu ton robot et pourra nous dire où il est allé.

Roger entre dans la pièce, il tire un petit peu la tête.

Il a dit qu'il arrivait après avoir sécurisé tous ses bazars, je lui ai demandé de se dépêcher.
Oh, vous voulez à boire?
Un verre d'eau pour moi, merci.
Et pour ton amie ? J'ai de l'eau, des vins, de la bière, des jus de fruits et même du Cola-Fanta.
Oh, j'oubliais ! Je m'appelle Roger enchanté !

Il ne tend même pas la main vers Emilie, et se contente d'attendre sa réponse.

Je suis contente qu'on descende de la voiture, il faisait chaud là-dedans et étroit surtout. Et je devais être cramoisie.
Ça m'a émue ce qu'elle m'a dit. Elle ne s'est pas moqué du tout de mon ami de fer.
Elle a l'air drôlement affectueuse aussi. Ou c'est la dernière mode de se faire une bise comme ça pour un oui pour un non ?
En plus elle m'a dit que j'étais belle. Venant d'elle... c'est vrai quoi, c'est loin d'être un ton. Moi j'ai trois bras, mais je suis peut-être un joli monstre alors.
Et Newt, s'il entendait ça, qu'il est un prince... Je pense qu'elle lui plaira.
A moi, je crois qu'elle me plait déjà.

Par contre elle dit qu'elle habite à la ruche. Moi je croyais qu'elle venait de déménager dans le coin. Je dois tout mélanger. Il faut dire que j'ai un peu de mal à restée attentive et concentrée depuis le début de cet histoire.

Et voilà donc le fameux Roger.
Il a l'air gentil, mais je crois qu'il m'a pas vu. J'ai essayé de faire un ptit coucou pour dire bonjours, il était déjà reparti. Alors j'ai suivi sans rien dire.

Au bout d'un moment il fini quand même par faire savoir qu'il m'a remarqué. Mais si Cat n'avait rien dit, je pense que j'aurais pu me faire passer pour un meuble. Avec un abat-jour sur la tête, j'aurais fait une lampe tout à fait dans le ton de son salon. Il faudra que j'essaie un jour, voir si je passe vraiment inaperçu. On ne fait jamais attention aux gens timides et silencieux. Et encore, je me fais un peu plus remarquer depuis que j'ai un bras en plus.

Et pour ton amie ? J'ai de l'eau, des vins, de la bière, des jus de fruits et même du Cola-Fanta.
Oh, j'oubliais ! Je m'appelle Roger enchanté !

-moi c'est Emilie. Bonjours.
Je veux bien un Cola-Fanta, s'il vous plais

Un soda, ça m'apportera un peu d'énergie. Je me sent un peu flagada.
Je ne pensais pas que ça pouvais être aussi fatigant de se remettre d'une balle dans le bras. Il y a peut-être aussi l'inquiétude et le reste.
Je ne me suis pas faite prier quand Cat m'a fait signe de m'assoir à côté d'elle.

J'ai envie de rentrer chez moi, avec Newton.
pouvoir aller me coucher tranquille. Peut-être que je le laisserais entrer dans la chambre...

Roger reviens rapidement avec nos boissons ainsi qu'une bière et un café. La bière est pour lui et le café pour son fils adoptif. Je ne bois qu'une petite gorgée de mon verre, juste pour donner l'illusion. Avec de la chance on ne s'éternisera pas ici, ce qui m'évitera de devoir évacuer ce que j'aurais ingurgité en restant trop longtemps.

Et qu'est ce qui vous amène au fait ? Tu as encore des ennuis ?
Moi non, mais mon amie a perdu son chien robotique.

Roger sourit: pour lui je suis Catherine, une gentille fille qui n'est Valkyrie que pour survivre. Le cœur sur la main avec trop de gentillesse et de naïveté en dedans.

Je vois, Corentin pourra certainement vous aidé s'il l'a vu.
Oh mais je l'ai vu papy.

Egal à lui même, Corentin était resté dans la pièce d'à côté pour nous écouter. Il rentre et je me rends compte que j'aurais peut être du avertir Emilie de son physique... peu commun. Le jeune homme a en effet la moitié du visage recouverte de piercings divers, pour "brouiller les ondes du gouvernement". A en juger par ses cernes et la rougeur de ses yeux il a accumulé au moins deux nuits blanches. Dans ses cas là il carbure au café, deux tasses par heure.
Je souris quand il se laisse tomber à côté de son père, épuisé comme s'il venait de sauver le monde. Un peu de compassion -simulée, il reste humain après tout- ne lui fera pas de mal.

Quand il se met à parler je dépose ma main sur celle d'Emilie, il ne faudrait pas qu'elle ait peur de cet énergumène.

Un seul œil, grand comme ça, une patte endommagée. Une sorte de canon cassé sur le dos et une fuite d'huile..
Il se redresse et prend sa tasse de café qu'il inspecte minutieusement.
Ca ne sent pas le poison. Accompagné d'une petite fille et d'un mec bizarre, oui bizarre.
Il renifle et boit une gorgée.
Ils m'ont intrigué, surtout le mec en fait, alors je les ai suivi avec les caméras.
Ils avaient l'air bizarre ?
Non, ils se baladaient simplement mais j'aime pas le look du mec, trop passe partout..
Il sort de sa poche un bout de papier avec un schéma. Un plan de la ville où il a dessiné leur itinéraire.
Tiens, prends mais fait attention j'aime pas le type. Agent du gouvernement sûrement..

Je prends le papier et le mets dans une de mes poches.
Le type avait l'air armé ?.
Non..
Alors ça ira, merci Corentin. Désolée Roger mais on discutera une prochaine fois..

Le père lève les mains pour dire "pas de problème" et le fils disparaît aussi vite qu'il est apparu.
Je me lève et me dirige vers la sortie où j'attends Emilie. Une fois qu'elle est là je lui prends ses mains, enfin deux des trois, dans les miennes.

Ne t'inquiète pas, Corentin voit le mal partout. L'homme qu'il a vu était peut être le garde du corps de la petite fille, ou un parent.

Roger arrive et me donne un pistolet neutralisant pour me défendre avant de me faire la bise. Il salue Emilie et puis retourne dans son cinéma, pendant que nous nous mettons en marche vers l'endroit où est Newton.

Un drôle gars entre, comme ça. Je ne l'ai pas entendu arriver mais ça ne veut pas dire qu'il écoutait à la porte... si ?
Il a une drôle de tête avec tous ses piercings. Peut-être que lui aussi aime le contact du métal. Enfin moi je préfère en faire des machines plutôt que le porter dans ma peau.

Je ne rate pas un seul de ses mots quand il décrit Newton. Pas de doute, c'est bien lui qu'il a vu. Mais il en a combien des caméras dans la ville ? Est-ce qu'il surveille tout Novlangue comme ça ? Ça me fait drôle de me dire qu'on a pu voir tout ce que je faisais dès que je sortais de chez moi. Est-ce que j'ai fait quelque chose de compromettant à un moment ? Il m'a peut-être vu bailler sans mettre ma main devant ma bouche ou mettre un doigt dans mon nez à un moment où je pensais que personne ne me voyait.
Je suis contente qu'il ait retrouvé Newton, mais il ne me met pas très à l'aise. Il a l'air bizarre en plus, un peu parano et un peu agité. Il boit peut-être trop de café. Je me demande ce qu'il fait de ses journées à part surveiller les rues avec ses caméras.
Et puis il commence à m'inquiéter avec ce type qu'il a vu près de Newt. Et la petite fille... qu'est-ce qu'ils faisaient ensemble ? Ils lui voulaient quoi à mon Newton ?
Un agent du gouvernement ? J'aime pas ça...

J'aimerais bien voir le plan, mais Cat le met tout de suite dans sa poche.
Elle a raison, on ne va pas s'éterniser.
Il a dit que le canon était cassé, mais est-ce qu'il est vraiment HS ?
J'ai peur pour la petite fille
j'ai peur du monsieur avec un look "trop passe partout"
et j'ai peur pour Newton. S'il a juste une patte abimée et une fuite d'huile, c'est pas la cata, je le réparerais. Mais je suis inquiète quand même.

Cat essaie encore de me rassurer. Mes mains (deux sur trois, cette fois si) se retrouvent encore dans les siennes. Ça doit être quelqu'un d'assez tactile. J'ai un peu de mal à m'y faire... surtout connaissant son métier... et voilà ! je dois encore être toute rouge. C'est embarrassant. Pourtant elle m'a juste pris les mains, je devrais pas être gênée pour si peu. C'est pas comme si elle me faisait des avances. Je dois être une perverse pour avoir des idées pareilles ! En plus c'est une fille alors à moins d'être bisexuelle il n'y a pas lieu de penser à ça. J'ai honte !
Mais j'essaie de pas le montrer. J'évite de trop la regarder. Je regarde plutôt la porte et devant nous quand nous marchons dans la rue. Je garde mon objectif en tête : retrouver Newt. C'est tout ce qu'elle veut, m'aider à le retrouver, rien de plus. Et puis peut-être être mon amie aussi. Ce serait peut-être pas mal, vu que j'ai pas beaucoup d'amis.

L'endroit indiqué par Corentin n'est pas très éloigné, du coup on peut y aller à pied. Mais il commence à se faire tard et les rues se font toujours un peu plus désertées de minutes en minutes, nous ferions bien de nous dépêcher. En plus il pleut et je n'ai pas de parapluie. Heureusement ce ne sont que des gouttelettes, mais la crasse qu'elles déposent ne va pas avec mon teint.

Ils étaient dans une petite ruelle, sauf que les ruelles ne sont pas ce qui manquent et que l'ambiance ne donne franchement pas envie de les explorer une à une, il ne faut donc pas se tromper.
Heureusement pour nous, l'éclairage de nuit est encore en état dans ce quartier, ce qui nous garantit une certaine sécurité. Et puis après tout je suis une orgienne, je ne peux pas me tromper.

Il semblerait que l'on soit sur la bonne voie, regarde, dis je à Emilie en tendant mon doigt vers le sol.

A l'endroit que je désigne on peut remarquer des traces d'huiles qui collent parfaitement avec la théorie du robot endommagé. De plus ces traces accompagnent les traces de pas de deux personnes vers la porte d'un immeuble, une de ces petites portes de secours qui sont là uniquement pour rassurer les gens et qui permettent d'aller jeter les poubelles ou qui sont utilisées par le NOD pour entrer lorsque l'entrée principale est gardée.
Ce genre de petites portes qui se ferment automatiquement et qui ne peuvent être ouvertes que de l'intérieur.

On va devoir faire le tour, à moins que...

Je la regarde de bas en haut, oui elle a la tête de l'emploi pour ça.

Désolée, je sais que les préjugés sont mauvais, mais... Tu pourrais peut être l'ouvrir ?

J'espère qu'elle ne se vexera pas, et aussi que j'ai raison, car cela nous ferait gagner un peu de temps.

A l'intérieur il faudra être discrète et surtout prudente. On y est presque !

J'ai les larmes au yeux et la gorge serrée quand je vois les tâches d'huile au sol. Mon cœur accélère comme si c'était le sang d'un proche, sur le bitume. Ce n'est pourtant qu'un peu d'huile de machine, ça devrait même me rassurer puisque ça veut dire qu'il n'est pas loin, mon Newton. Mais au lieu de ça, je suis encore plus inquiète. On est de plus en plus proche du moment où je vais voir dans quel état il est. J'imagine qu'on doit se sentir à peu près aussi bouleverser quand on va voir un parent à l’hôpital après avoir reçut un coup de fil disant qu'il a eu un accident de la route.
Sauf que dans un cas comme ça, on n'entre pas par effraction dans l’hôpital et on a sans doute moins peur que les infirmiers soient dangereux.

Mais qu'est-ce qui lui fait dire que je pourrais ouvrir cette porte ? j'ai l'air d'une cambrioleuse ?
Ok, j'ai toujours quelques outils dans mes poches, de quoi piquer une bagnole, entre autre. Mais bon... je lui demande moi, si elle embrasse bien ? Je sais, ça n'a pas grand chose à voir, mais j'me comprend.

-j'ai bien quelques petits trucs sur moi... je vais voir ce que je peux faire, mais je promet rien.

Ouais, ça va, c'est connu comme type de fermeture à code. Je sort l'outil qui va bien, une petite cuillère. J'en glisse le manche dans la fente prévu pour un carte et utilise un mini-taser de poche et une poinçonneuse. Trou ici, un coup de jus par la cuillère, quelques étincelles et Sésame ouvre toi.
Je me retourne vers Cat :

-hum... voilà
en haussant les épaules.
Non mais n'importe qui peut le faire, il suffit d'avoir quelques trucs sous la main et de connaitre un peu le machin. C'est pas très compliqué... pour quelqu'un comme moi en tout cas... elle avait vu juste et je sais pas trop pourquoi ça me chiffonne. Peut-être parce que je ne suis qu'une honnête artisane et que j'utilise mes talents pour entrer dans un immeuble par effraction. Ceci dit, c'est pas pire que le vole de voiture, l'otage dans mon atelier puis le coup de canon dans les bureaux du Temple.
Mince alors, je suis une terroriste ! Et bientôt je vais me mettre à poser des bombes dans la ville.

Je range mes outils dans mes poches et récupère ma petite cuillère.
On entre ?
quand faut y aller... Newton m'attend.
J'avance prudemment, sans faire de bruit... oui, comme une voleuse. Et le pire, c'est que je crois bien que ça me plait.