AccueilNovlangue 2140Dernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion

Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)

Ambiance Blade Runer, The Island, Total Recall, et tant d'autres où les libertés sont étranglées...
Chut! Big Brother... La délation est l'arme des cafards...
Bienvenue dans notre Monde!

 
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Partagez | 
 

 Vingt-et-un [2.0]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage

Valkyrie
Instrument de plaisir

Black Jack
Black Jack

Masculin
Age : 35
Fan Club RP : 0

Fichier Edvige ♫ ♪♪
<b>Particularité </b> Particularité :
Un peu d'histoire :

Vingt-et-un [2.0] Vide
MessageSujet: Vingt-et-un [2.0]   Vingt-et-un [2.0] Icon_minitimeVen 16 Avr 2010 - 12:08

[2.0... le temps que je trouve la fonction "éditer", bien cachée la bougresse ! Ajout d'une bande son, intro et outro, par mes Pink Floyd chéris]

Mea Culpa tout l'monde (et puis, bonjour, aussi) mais vous v’là en présence d’un romancier compulsif. Incapable de RP sur moins de 100 lignes je suis… C’est pourquoi, même s’il faudra p’têt vous y faire (si je me plait dans le coin, qui sait ! ‘o’), je vous ai concocté un p’tit résumé du concept pour ceux qu’auraient la rame de tout lire :
Spoiler:



Prenez garde... une introduction musicale pour vous immerger tout en douceur.



3145 rue de la Victoire.

Un appartement niché au coin d’un vieil immeuble.

C’est un intérieur étroit. Il y fait sombre.

Un repère de célibataire endurci, de solitaire renfrogné.

D’une fenêtre à l’autre, à peine entrouvertes et closes chacune par de lourds rideaux métalliques, un improbable courant d’air fait frémir l’obscurité.

Dans un coin de la pièce, un lampadaire halogène raide comme un piquet débite avec peine quelques watts mal embouchés, diffusant juste ce qu’il faut pour discerner que sur le vieux bureau, contre le vieux fauteuil, le long des murs délavés, partout s’y entassent des cartons à moitiés évidés et des piles de dossiers à n’en plus finir.

Dans le vieux fauteuil, tapisserie florale usée jusqu’à la corde, mousse en surface et forte odeur de poussière, en face du vieux bureau, massif et sinistre, même croulant sous la paperasse, un homme est assis. Ses yeux sont clos, ses deux bras reposent contre les accoudoirs et entre l’index et le majeur de sa main droite, une cigarette se consume lentement. Si sa station peut avoir l’air détendu, un œil averti remarquerait une tension caractéristique de la mâchoire. Le genre de tension indiquant une angoisse profonde, un esprit agité. Cet homme, figé dans son costume trois pièces, n’a pas la trentaine, mais ses traits sont tirés. Déjà, quelques rides précoces commencent à poindre à la commissure de ses paupières. Chef enquêteur au NOD, ça vous vieillit un homme. D’autant plus vite au fil des années. Et après dix ans de bons et loyaux services, les déviants, les rebelles, les attentats… tout ça commence à peser gravement dans la balance.

Peter Folks, c’est son nom. Et tandis qu’il traîne son mégot jusqu’à ses lèvres pour en tirer une courte bouffée, Peter se dit avec un étrange vague à l’âme qu’il préfère encore cent fois traiter des affaires d’insurgés que ce genre de cas là. Au moins, les insurgés, il sait pourquoi. Pourquoi ces raclures se battent, et pourquoi sa détermination à les exterminer ne doit jamais faiblir. Mais ça, ça… ça c’est autre chose.

Alors pour joindre le geste à la pensée, dans un mouvement terriblement las, la tête de l’enquêteur Folks se dévisse sur son axe pour glisser mollement sur la gauche. Il entrouvre une paire d’yeux gris comme une marée bretonne et, pour la douzième fois depuis une heure, il parcourt du regard le tableau de liège fixé contre le mur sur lequel sont punaisés des dizaines de clichés tous plus morbides les uns que les autres.

Qu’un insurgé décide de perpétrer un massacre pour une stupide histoire de liberté, Peter pouvait toujours le concevoir. En revanche, qu’il puisse exister en ce monde quelque être assez infâme pour se vautrer dans le meurtre sans aucun autre mobile apparent que son simple caprice, voilà qui le dépassait tout à fait, et lui incrustait au fond de la gorge une saveur amer aux relents vomitifs. Pourtant, c’était bien encore une fois à un cas de ce genre qu’il était confronté, et un des plus exotiques qu’il lui avait été donné d’inspecter de surcroit.

Dix-huit meurtres jusqu’à présent. Victimes similaires, tous de braves et honnêtes orthodoxes dans la force de l’âge. Même mode opératoire, rupture brutale de la fonction de l’implant sensoriel suivit d’un afflux sensoriel massif entraînant la mort de diverses manières, mais toujours violente et soudaine. Arrêt cardiaque, attaque cérébrale, rupture d’anévrisme… selon les prédispositions, l’organe le plus fragile de la victime. Une loterie du « ce qui lâche en premier », perspective sans doute excitante pour un psychopathe désœuvré, ajoute pour lui-même l’enquêteur Folks.

Dix-huit morts sur les bras, tous morts de plaisir. On ne peut plus cynique, se dit-il. Une hérésie de premier ordre. Quant à se poser la question de savoir qui aurait la capacité de perpétrer ce genre d’attentat aux bonnes mœurs, c’est déjà y répondre. Seuls les Valkyries sont capables d’une telle chose. De là à comprendre comment l’un ou l’une d’entre eux ait pu échapper au destin fatidique pesant théoriquement sur leurs séduisantes épaules au moindre écart…

C’est alors que Peter Folks se sent soudainement touché par la grâce du détective. Des limbes bourbeuses de sa mémoire où pataugent de concerts une collection de crimes odieux semble vouloir ressurgir un fait particulier. Une intuition se profile, il la sent comme une lame tendant une toile, prête à en déchirer la surface. Parfaitement immobile, le visage coincé dans un rictus absurde, yeux écarquillés et lèvres ballantes, il s’apprête à recevoir d’une seconde à l’autre tout ce qui fait la jouissance de son métier. Un battement de cœur plus tard, ça y est enfin.

Le pouls affolé, le voilà qui s’élance d’un mouvement brusque hors de son fauteuil dont les ressorts maltraités se plaignent par un long gémissement métallique. Il se précipite devant lui, écrase son mégot sur un coin libre du bureau et se saisit à pleines mains d’un carton gisant couché à ses pieds. Sans autre forme de procès qu’un mouvement aussi ample que disgracieux, il en vide l’intégralité du contenu à même le sol, par-dessus un tas de vieille cendre froide et de mégots ratatinés. Plié en deux, il se met à parcourir les dossiers comme un dément, envoyant valser contre les murs les cas inintéressants. Puis, triomphant, il met enfin la main sur l’objet de son intuition.

Il jette le dossier sur le fauteuil, se relève. Il cherche dans la poche de sa veste son paquet de cigarette, attrape un briquet sur le bureau, en allume une, repose le tout, prend une grande bouffée, et pose un regard avide sur le dossier qui gît désormais entre deux coussins malodorants. Il veut savourer l’instant, il fait perdurer la jouissance. Jouir de son intuition, de son flair, c’est tout ce qu’il a, alors il prend son temps. Car il le sait déjà. Dans ce dossier réside la clé de l’énigme. L’identité du tueur. A vrai dire, il n’a même plus besoin de l’ouvrir, ce dossier. Il est déjà capable de s’en remémorer le contenu, dans les moindres détails. Une vieille peau richissime retrouvée éventrée dans son jacuzzi. Son bloc opératoire personnel repeint avec le sang d’un chirurgien et ses enfants. Un patient envolé, un valkyrie disparu. Aucun doute permis.

Après tout… Dès demain, la description du Valkyrie « Black Jack » sera dans tous les journaux. Tous les agents du NOD seront à l’affût. Ce n’est plus qu’une question de temps à présent. Très bientôt, cet immonde parjure retournera à la fange qui l’a vu naître et qu’il n’aurait jamais dû quitter.

Satisfait de lui-même, Peter Folks se dirige vers la porte de son appartement d’un pas enthousiaste, non sans renverser une pile de dossiers au passage. Il se saisit de son long par-dessus noir et de son chapeau en feutre de la même teinte, attrape son maigre trousseau de clés, et sans prendre la peine d’éteindre, ni même un regard en arrière, sort de chez lui.

***

Au-dehors, il fait frais, et humide. La nuit est tombée depuis trois bonnes heures au moins. Une nuit lourde, épaisse, comme un rideau d’encre noire dégoulinant du ciel jusque dans les rues et ruelles. Un épais brouillard emplit tout l’espace et les réverbères s’entourent d’un halo fantomatique, blafard, qui donne à la ville des allures de serpillère crasseuse aux reliefs atypiques. Une nuit comme tant d’autres.

Mais c’est précisément ce genre de nuit que Peter Folks apprécie. C’est dans cette sorte d’intimité dérangeante que le l’enquêteur Folks aime se recueillir, spécialement quand il s’agit de prendre la mesure du travail accompli. Et dans sa tête, tout est très clair. Dès demain soir, il sera cité comme l’enquêteur ayant permis de mettre un nom et un visage sur le tueur en série le plus meurtrier du moment, et donc comme responsable de sa capture imminente. Il se voit déjà auréolé d’une petite gloriole éphémère, puis retourner à son anonymat avec au cœur le sentiment du devoir accompli. C’est une vision qui le réjouit.

C’est ainsi qu’il aime sa vie, entre ses introspections solitaires et morbides, cloitré dans son nid douillet d’enquêteur, et ses promenades nocturnes victorieuses, à ressasser ses accomplissements, et s’en flatter en silence. Il goûte alors au calme des rues, se dit que c’est un peu grâce à lui si elles sont toujours plus sûres, et s’efforce de démontrer cette hypothèse en s’y jetant lui-même. A l’heure où tous les habitants de Novlangue se doivent de prendre un repos bien mérité, il aime se sentir le garant de cette société parfaitement ordonnée.

Pourtant, ce soir, il n’est pas tout à fait tranquille. A l’idée qu’en ce moment même, quelque part ailleurs, la dix-neuvième victime de ce psychopathe est peut-être en train de vivre ses derniers instants, il ne peut s’empêcher de frémir. Qu’il soit obligé de partager son royaume de quiétude avec un tel taré, au moins pour quelques jours encore, le répugne au plus haut point. Il voudrait déjà être à demain, à l’ouverture du bureau, présenter à l’assemblée de ses collègues encore à moitiés endormis ses découvertes de la nuit, voir leurs visages s’enluminer d’admiration pour son incroyable génie déductif et…

Mais c’est la nuit. Encore pour quelques heures, une petite dizaine. Et pour l’instant, il marche dans la rue, vogue de trottoir en trottoir, au gré de ses envies. Il va lui falloir être patient. Et après une bonne demi-heure perdu dans ses pensées, après avoir fait trois fois le compte de ses mérites, il finit par se dire qu’il serait peut-être bon de s’en retourner sur ses pas, de rejoindre son appartement pour une courte nuit de sommeil, mais qui le rapprochera d’autant de la journée de demain. Alors il s’arrête, lève les yeux, et il lui faut plusieurs secondes avant de reconnaitre l’endroit et déterminer l’itinéraire du retour.

Tandis qu’il se décide entre deux alternatives, une légère odeur vaguement familière mais parfaitement désagréable lui parvient, le pousse à trancher plus vite. Comme il se met en marche, il cherche un instant à en déterminer la nature, mais elle est trop diffuse, et puis il s’éloigne alors elle disparaîtra bientôt, il n’y pense plus. Le voilà repartit sur ses fantasmes faits de reconnaissance et d’honneurs… Quand deux minutes plus tard, il se rend compte que l’odeur n’a pas du tout disparue.

Bien au contraire, celle-ci s’est faite plus insistante, plus présente. Alors il revient à la nature de l’odeur. Pour rapidement se rendre compte qu’aucune autre ne pourrait mieux évoquer son quotidien. C’est une odeur de charogne. Une odeur de chair en décomposition.

Peter réprime un haut le cœur discret. L’odeur n’est pas si forte, il a été habitué à bien pire, à bien plus violent et soudain, en matière de puanteur. Pourtant il est troublé de rencontrer ce genre d’exhalaison morbide lors d’une de ses promenades. C’est la première fois. Il peut sentir ses intestins remuer, ses entrailles se nouent. Puis, il réalise. Il est déjà passé par ici à l’allée, cette odeur n’était pas présente. Et si ce n’est pas lui qui se dirige vers l’odeur, alors c’est elle qui se dirige vers lui. L’angoisse l’assaille d’un coup.

Il se met à scruter à droite, à gauche, tout autour de lui. Et tout autour ne sont que voitures immobiles, ruelles mal éclairées et façades lugubres aux fenêtres toutes éteintes, la route large et déserte. Il tend l’oreille, et en fait, il tend surtout chaque muscle de son corps. Il se raidit tout entier. Sur le qui-vive, il n’en continue pas moins d’avancer, mais sa démarche se fait plus saccadée.

Et l’odeur… l’odeur est toujours là, toujours d’avantage. Elle s’approche, tout doucement, sans un bruit, cette odeur pestilentielle. Dans sa poitrine, son cœur bat plus vite, plus fort, il sent sa jugulaire trésaillir, son pas s’accélère. Un courant d’air glacé lui arrache un frisson qui descend de sa nuque jusqu’au bas du dos.

Sueur froide.

Il accélère encore.

Et tout ce qu’il entend c’est le bruit de ses pas qui résonnent contre les parois avoisinantes, les échos lui revenant des ruelles. Et comme pour se moquer de sa tentative, l’odeur persiste, envahit toujours plus l’espace, sur le même rythme. Bientôt, cela empeste.

A chaque nouveau pas il s’attend à voir un cadavre surgir, d’une ruelle ou d’un caniveau, d’une fenêtre peut-être. Vraiment, l’odeur se moque de lui, le tourne en dérision, il est saisit de panique. Elle se moque, il pourrait jurer l’entendre rire… l’entendre rire… Il s’arrête.

L’écho de ses pas s’évanouit presque aussitôt. Aussitôt remplacé. Il n’a pas rêvé, il n’est pas fou. Il préférerait pourtant. Car c’est bien un rire. La nuit toute entière vient de se précipiter dans un manteau d’horreur glacée. Un rire froid dans la brume, un rire sombre dans l’obscurité ?

Devant ?

Derrière ?

Où ?

Partout !

Un rire tout autour, moqueur, un rire avide, charognard. Charognard… La nuit même semble maintenant se faire l’écho de cette rengaine diabolique. Elle le harcèle, le tourmente, le pénètre. Il voudrait plaquer ses mains contre ses oreilles, crier fort, de toutes ses forces, lui crier de s’en aller. Mais il ne peut rien, paralysé de terreur.

Et comme le rire et l’odeur se mêlent en un paroxysme révulsant, Peter est saisi de vertige, perd un instant l’équilibre, se rattrape de justesse contre un réverbère, mais n’a plus la force de se tenir debout. Il glisse contre le métal froid et humide, ses genoux heurtent le sol. Raide comme un mort, dans ses yeux ne se lit plus que l’effarement le plus total. Puis soudain, il apparaît.

Elle est bien là, bien vivante elle, la charogne. C’est juste devant qu’elle est, elle émerge de la brume comme un spectre décharné. Mais c’est « il », et il traîne autour de lui cette odeur cinglante. Sa silhouette est haute, longue, fine, élégante, fascinante presque et secouée par un rire léger, un rire sadique, un rire de prédateur. Peter balbutie d’effroi.

En pensée, il cherche son arme de service, et comme il revoit son holster toujours pendu au crochet de son entrée, son sang ne fait qu’un tour. Il est vulnérable, infiniment vulnérable. Pour la première fois de sa vie, lui, le vétéran du NOD, il se sent l’âme d’un agneau. Un agneau jeté en pâture au plus terrible des carnassiers. Il voudrait fuir, prendre ses jambes à son cou et courir le plus vite possible au plus loin d’ici, se cacher. Alors dans un élan désespéré, il tente de retrouver quelques forces, il essaye de se hisser sur ses jambes, mais il dérape, retombe aussitôt.

Quand soudain, c’est la voix graveleuse aux accents railleurs de la charogne qui répond à son angoisse.

« Allons, allons… Pourquoi se montrer si pressé de prendre congé alors même que nous venons à peine de nous rencontrer… Prenons au moins la peine de faire connaissance. Qu’en dites-vous, Peter ? »

Désemparé, respirant avec difficulté, Peter articule avec difficulté.

« Vous… vous connaissez… »

« Oh oui, oui. Je vous connais il est vrai un peu. Mais cela dit, vous n’êtes vous même pas non plus en reste à ce propos. Il m’a semblé, et je l’espère follement, que vous étiez une sorte d’admirateur de mon œuvre. C’est du moins ce que j’ai déduis, à voir votre intérieur… »

Incrédule, Peter oublis un instant sa peur.

« Qu’est-ce que… je… »

Puis d’un coup un seul, la charogne bondit sur le côté dans un geste souple, presque un pas de danse. Elle virevolte un instant, puis se fige à nouveau, étendant ses bras au-dessus de sa tête en un grand cercle tendu, pour les rabattre ensuite sur ses flancs.

« Oh si vous saviez ! Si vous saviez comme je suis excité à l’idée de posséder mon premier fan ! Oh il en viendra d’autres, oui, oui, certainement… Mais tout de même ! Le premier ! Le premier ! Cela se fête, se chante, se danse ! »

Et pour joindre le geste à la parole, la charogne entonne un petit air sinistre, sifflote quelques mesures en battant le bitume de quelques pas de salsa pour finir en apothéose par l’exécution d’une roue pleine de grâce, pour atterrir à deux pas de l’enquêteur Folks raccroché à son poteau comme au mât d’un navire en perdition. Leurs visages se frôlent, la puanteur le submerge, il déglutit douloureusement.

A la lueur pâle et diffuse de son réverbère, il l’aperçoit, le visage de la charogne. Emacié, presque squelettique, le teint cireux, une bouche gigantesque cernée de deux fines lèvres s’ouvrant sur deux rangées de grosses dents carrées et pointues, luisantes, sertie de deux grands yeux caves d’un noir d’ébène, à l’expression aussi trouble que l’eau des égouts.
Le visage de la folie.

Peter murmure :

« Bla…ck Jack »

« Oh oh oh oh ! Bingo ! Bravo ! Bravo ! »


La charogne se prend alors d’un grand rire affreux qui déchire la nuit comme le rugissement d’une bête féroce. Pendant une paire de secondes qui semble vouloir durer l’éternité, Peter a la terrible impression que c’est ce rire qui va se jeter sur lui, l’engloutir et le dévorer. Mais le rire se fatigue finalement, s’essouffle et soupire… La charogne reprend d’une voix sifflante, traînante :

« Hmmmm… Enfin. Voilà qui mérite une récompense. Une récompense… Quelle plus belle récompense, oui… Et quelle plus belle récompense pourrais-je offrir à mon premier fan que de lui permettre de s’intégrer dans le corps même de mon œuvre ? N’est-ce pas là une… palpitante perspective ? Oh, oh, allons, voyons… pourquoi cet air si soudainement affolé ? Me serais-je donc fourvoyé à votre endroit ? Non, non, ne me laissez pas croire ça, je vous en prie, Peter, dites quelque chose… »

Tout se fige soudain, comme plongé dans un bain d’eau glacée. On n’entend plus un bruit, plus rien ne bouge, pas même une respiration, et cela durant une demi-douzaine de secondes. Peter fait face à sa mort, il ne peut émettre le moindre son. Et puis…

« C’est regrettable, tellement regrettable… Et moi qui me faisais une joie de vous faire plaisir… Oh vraiment, vous me brisez le cœur, Peter. Je ne sais quoi vous dire, je… toute la superbe de cet instant si solennel, tout cela vole en éclat. Il va falloir vous faire pardonner, cher ami. Oh oui. »

Alors lentement, la charogne tend une main aux long doigts de pianistes vers la joue de l’enquêteur, c’est un contact froid, un touché de l’au-delà, et la caresse tendrement. Au creux de ses jeunes rides, Peter Folks écrase une larme qui s’en va rouler discrète jusqu’à ses lèvres. La charogne se penche sur lui, réprime un petit rire mutin et se glisse jusqu’à son oreille gauche pour y susurrer sa sentence… Juste avant de sombrer dans l’inconscience, Peter entrevoit une nuque boursoufflée sur laquelle s’entremêle chair, bubons et crinière grisâtre.

« Je voudrais des excuses, oui… Et je voudrais les entendre venir… du plus profond de toi. »



... un de ces jours, je vous couperais en petits morceaux... et une outro pour vous en sortir en puissance.
Revenir en haut Aller en bas
 
Vingt-et-un [2.0]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell) ::  :: Archives de Novlangue :: Novlangue 2040 V1 :: Cartes d'identité-
Sauter vers: