Jaden est enfermé au fin fond de sa pièce à parcourir diverses informations du regard, lorsque Jane le prévient que sa Soeur est là.

Il bondit sur ses pieds, arrange son col et lisse sa chemise en rejoignant l'entrée que Jane a déjà déverrouillé pour laisser passer la demoiselle.

Elle se tient là, devant lui, et a l'air un peu anxieuse.

Il vient la prendre dans ses bras sans même y réfléchir et dépose un baiser sur sa tempe rasée, avant de la lâcher.

Bonjour Soeurette ! Que me vaut le plaisir ?

Il sourit, la gardant serrée contre lui, posant de nouveau ses lèvres sur son front. Heureux de la voir.

- J'imagine que je ne peux en connaître les détails ? C'est dangereux ?

Il la sent, tremblante contre lui, et la serre un peu plus, massant doucement son dos au travers du tissu. il n'a pas l'esprit très clair après la nuit précédente chez la Valkyrie, mais fait en sorte de ne pas trop le montrer.

- Fais attention à toi, et reviens-moi vite et entière. S'il t'arrive quelque chose... Je viendrai te chercher moi-même. Tu sais comment me contacter.

Humpf ! Elle était pas juste censée venir dire au revoir ? Pourquoi faut toujours qu'elle pose les mauvaises questions au mauvais moment ?...

- Vu comme je pissais le sang de partout, j'en ai obligé une à se déshabiller pour me refourguer ses fringues, et pouvoir éponger les blessures avant de me vider de mon sang. La pauvre, je regrette un peu maintenant, elle avait l'air vraiment terrorisée...

Mouais... Elle le connait, elle sait qu'il en est capable. Est-ce qu'elle va le croire après ?... Il a menti avec toute son assurance habituelle en tout cas.

- T'étais en mission au Bagdad café aussi ?

Fiou, c'pas passé loin cette fois encore. Sacrée soeurette.

- Elle doit pas avoir l'habitude de voir des oiseaux rares comme toi, c'est tout.

Sa petite sortie l'intrigue un peu plus, mais il a peur d'être trop insistant sur la question.

- Après l'annonce de ta mission ?

Elle ne lui ment pas. Elle ne lui a jamais menti. Va-t-elle commencer ?

Il est touché qu'elle ait insisté pour venir lui dire au revoir. Touché, et en même temps, ça veut dire que c'est vraiment une mission de merde dans laquelle elle est impliquée. Ca, ça lui plait pas du tout, mais s'il essaie de faire annuler sa mission, elle va méchamment lui en vouloir.

- Cette mission... Tu as envie de la faire ?

Il peut toujours poser la question. Ca coûte rien.

Il soupire, puis l'attire vers le salon, s'installant dans le grand canapé et l'attirant contre lui sans lui laisser le choix, avant de se servir un verre d'alcool fort.

- Tu en veux ? Ou tu préfères autre chose ? Un jus de fruit ?

Très bien, je n'interviendrai pas en ce cas. Et ne t'inquiète pas, je serai toujours là à ton retour. Tu prendras quelques jours de vacances et viendras les passer ici si tu veux. On fera plein de choses ensemble, ça sera super.

Enfin, s'il s'est pas lui-même fait trouer la peau d'ici là. Ca serait pas impossible...

Il tire du mini bar un jus de fruit qu'il décapsule et le transvase dans un verre qu'il lui tend, avant de tremper lui-même les lèvres dans son breuvage. L'alcool dévale sa gorge avec délice, et il ferme les yeux un instant. Imaginer sa soeur bourrée est un exercice amusant auquel il ne s'attarde pas trop. Il poufferait devant elle et elle se vexerait, à tous les coups.

- Ma soirée de hier a été un peu agitée aussi, alors je ne peux te le reprocher.

Puis il réfléchit.

- J'imagine que tu ne seras pas disponible pour la réception que Père donne dans deux semaines du coup ?

Il grimace sous sa question, mais maintenant, il est trop tard pour reculer.

- Je suis retourné moi aussi dans le quartier Valkyrie pour récupérer quelques informations, mais j'ai fait une mauvaise rencontre.

Ok, en fait c'était une rencontre exceptionnelle, mais Kes' ne doit pas être prête pour un tel aveu. Ca serait marrant de lui dire la vérité une fois. Pour voir sa tête. Juste avant qu'elle ne le coffre. Soupir intérieur, t'as encore le temps pour ça mon grand.

- Quand tu rentreras, j'organiserai une soirée et je t'offrirai la plus belle robe que tu auras jamais vue. Et tu danseras avec moi.

S'il est pas mort d'ici là toujours. Il sent qu'il va pas faire long feu, mais il sait pas encore d'où viendra le coup... C'est le propre des étoiles filantes, elles brillent dix fois plus, mais se consume en une poussière de secondes.

Elle a retrouvé le sourire à l'idée de la soirée. Il espère qu'il pourra la lui organiser. C'est important de tenir ses promesses à sa petite soeur.

- Oui rien que pour toi. J'inviterai plein de gens, et qui tu veux.

Il repose son verre, et l'attire plus près de lui, l'enfermant dans l'étreinte de ses deux bras pour la serrer avec force contre lui. A lui aussi elle va lui manquer. C'est la première fois qu'il percute vraiment qu'elle se met en danger... Et qu'il pourrait la perdre. Il aimerait pouvoir venir avec elle pour la protéger, mais elle lui en voudrait. Et il ferait ptet planter sa mission. Il est pas spécialement réputé pour sa finesse...

Alors, il se contente de la serrer, sa joue posée contre la sienne, plus tendre qu'il ne l'a jamais été. Il y a tant de choses qu'il aimerait lui dire. Pardon pour toutes ces années à avoir été un grand frère exécrable. Je suis une pourriture doublée d'un vicieux hors-la-loi. Jane est ma consolation pour t'avoir regardé partir loin de moi.

Mais il ne dit rien de tout cela. Et il en dit bien plus. Sa voix devient basse, un murmure, presqu'un souffle, irréel, à peine audible.

- Je t'aime Soeurette.

Puis il la lâche aussi vite qu'il l'a prise contre lui.

- Allez file maintenant, sinon je ne te laisserais plus partir.

Il lui sourit, mais le coeur n'y est pas. Il la regarde partir en silence, ne quittant pas son canapé pendant un long moment. Un soupir au creux des lèvres. C'est difficile d'aimer. Et ça fait mal. Mais il n'y peut rien, il l'aime depuis toujours, c'est sa soeur quand même.

Une paire d'yeux mauves s'impose à son esprit, et il déglutit, avant de fracasser son verre entre ses doigts. L'alcool coule contre sa peau entaillée par les éclats, brûlant ses sensations, mais il n'en a que faire. Il a bien plus mal ailleurs. Et il ne sait pas comment soigner cette nouvelle affliction.

- Jane ! Bloque tous les moyens de communication et ferme la maison. Je ne veux voir personne aujourd'hui.

Puis il s'enferme dans son bureau.