« Regarde-le, à bander même après s'être fait explosé le crâne. T'as bien fait de te débarrasser de ce vieux sac à merde, il méritait qu'ça pas vrai ? »
Ouais. C'est vrai qu'il se paye une trique d'enfer, comme pour lui annoncer que même dans l'au-delà, il continue de l'enculer. Il est pétrifié, c'est dégueulasse. Il a envie d'vomir. Driiiiiiiiing. Driiiiiiiiing. En regardant le cadavre et le trou béant dans son crâne, il a envie de se mettre à chialer comme un nourrisson. Parce que y'a toujours personne pour décrocher ce téléphone de merde. Parce qu'il se sent pas mieux. Pourquoi ? Sa main qui serre mollement son arme de service tremble comme un atteint de parkinson. Driiiiiiiiing. Driiiiiiiiing. Il a du boulot.
« Il t'a ramené à la vie, et tu lui a pris la sienne, c'est tout ce qu'il y a de plus honnête. »
Est-ce qu'il a pas oublié quelque chose ? La sonnerie l'empêche de réfléchir de manière censée. Il se demande s'il connait le type assit là-bas. Vérifier s'il est bien mort peut-être. Tiens, on appelle son nom. Ouais, il connait sa tronche, c'est sûr. C'est idiot, y'a sa cervelle qui macule le mur et son oreiller.
« Tu crois qu'il est mort ?
- Oh oui. »
L'homme lui adresse un large sourire. Driiiiiiiiing. Driiiiiiiiing. Quelqu'un a ouvert une porte.
« Llewelyn, putain, ça fait trois heures que jt'appelle.
- Et ça fait trois heures que j'attends QU'ON DECROCHE CE PUTAIN DE TELEPHONE.
- Quoi ?! T'es barge ! J'sais pas pourquoi on garde un cinglé comme toi, ramène ton cul, à qui tu parlais avant qu'j'entre ? »
L'homme est parti. Il ne sait pas qui vient de le faire fuir en entrant. Qui, en ce moment même, lui indique qu'on couvre déjà ses conneries et qu'il faudrait maintenant penser à se casser d'ici. Ok. Il semble être au courant, alors on lui fait confiance. Et tandis que le "driiiiiiing, driiiing..." résonne encore au loin, le personnage principal de cette scène se fait violemment chopper le bras par ce qui doit être, après réflexion, son coéquipier du jour. Le rire gras d'une vulgaire valkyrie aux mamelles pendouillantes dans la chaleur d'une chambre à l'ambiance tamisée perce soudainement son crâne comme un millier d'aiguilles, il sursaute, suffoque pendant quelques instants et se rappelle enfin ce qu'il a oublié sous la pluie d'insultes du type qui lui somme d'avancer...
Les médicaments.
[Petit nod hallucinant, à vot' service, et à suivre.]