Chambre 215

Lester battit des paupières, ouvrit les yeux.
Il se redressa sur les coudes. La pièce autour de lui voltigeait, pareille à une danseuse d'opéra, légère, lui tournant la tête et manquant de le faire vomir. Il ferma à nouveau les yeux pour apaiser ses nausées, et, au bout d'un moment, quand la brume qui obscurcissait son esprit se dissipa assez pour qu'il puisse résonner, il les rouvrit.

Ses narines frémirent : l'air sentait cette odeur d'endroit renfermé qui n'a plus eu le contact de l'air extérieur saturé en agent polluants. Au loin, il entendait le brouhaha diffus de la circulation ; il était donc dans une ville, probablement à Novlangue.

En réfléchissant bien, cela devait être Novlangue puisque les seuls souvenirs de la veille, pour Lester était flous, mais il savait qu'il n'avait pas quitté la ville.
Où se trouvait-il, comment y était-il arrivé ?

Il toucha sa poche et constata que quelque chose y était, il en sortit une plaquette de pilules colorés qui clignotaient comme un néon. La seule explication possible à cet événement -pour le moins étrange- était qu'il ait mal supporté les nouvelles sortes de drogues expérimenté la veille. Pour le moment, il ne se sentait pas mal à cause de ses radiations.

Il se leva, avec difficultés. Il se trouvait dans une petite pièce coquette, de style classe et luxueux de vieux établissement, dans les années 2000. Nostalgie que ce bon vieux temps.
Il était habillé de sa belle combinaison en vinyle blanc, ultra moulante, qui montrait ses jambes d'allumettes et son torse maigre. Seules ses rangers noires l'assombrissait de même que ses courts cheveux digne d'un porc-epic.

En promenant son regard, il constata que les seuls meubles de la pièce étaient un lit deux places, une commode rococo, une lampe, et un petit réduit qui servait de salle de bain. Les murs étaient d'un blanc neutre, comme à l'hôpital, et le sol habillé d'un beau parquet ciré.

Son sang se glaça alors quand il vit une forme mouvante, étendue, belle, sur le lit. C'était une femme.
Avait-il … ? Il n'en savait rien. N'empêche qu'ils étaient tout les deux habillés, et il est rare qu'on ait le réflexe de se rhabiller après l'amour. Il eut beau se creuser, il n'avait aucune idée de qui cela pouvait-être. Mais peut-être qu'elle saurait plus de choses que lui... Peut-être !

Alors il s'assit sur le lit à ses côtés et commença à la secouer doucement. Il lui murmurait à l'oreille :
- Eh Oh, réveille toi.
Le tutoiement était instinctif car elle semblait aussi jeune que lui, et la situation le monopolisait tellement qu'il n'avait plus pensé au paramètre de la politesse.

*Une voix m'appelle ...*

Eh Oh, réveille toi.

Buzwata avait du mal à l'entendre, la voix semblait venir de si loin. Morphée ne voulait pas
la libérer, elle serrait la jeune femme dans ses griffes avides et l'entrainait dans les ténèbres
de son inconscient. Pourtant cette voix, telle une lumière dans l'obscurité, interpellait Buzwata,
l'attirait et lui donnait la force de s'arracher aux serres de la faucheuse des rêves.

Eh Oh, réveille toi.

Alors que la mentaliste ouvrit les yeux, une lumière tamisé lui laissa entrevoir un ombre penchée
sur elle. Au bout de quelques secondes sa vision s'habitue à l'obscurité de la pièce. L'ombre
prit alors la forme d'un jeune homme habillé d'un vêtements en vinyle blanc moulant sans corps
frêle et longiligne. Il semblait aussi perdu et dans le brouillard que Buzwata. Dans sa tête tout
allait vite.

*Où suis? pourquoi suis je là? Comment suis'je arrivée ici? Qui est t'il? Que me veux t'il?*

Les questions s'enchainaient et se mélangeaient troublant son esprit qui d'habitude restait calme
en toutes circonstances.

*Calme toi!!! Souffle!!! reprend le contrôle!!!*

Son esprit s'apaisa. Elle se doutait que l'homme n'aurait surement pas de réponse à ses
questions mais elle ne pu s'empêcher de lui demander d'une voix douce et hésitante:

Co..Comment suis-je arrivée ici? Qui es tu?
Je ne me rappelle de rien.

Voyant qu'elle était allongée sur le lit d'une chambre qui semblait être celle d'un hôtel de luxe,
elle rougie et pensa au pire. Elle réajusta délicatement le décolleté de sa robe moulante de soie blanche
qui soulignait avec grâce ses formes à en faire mourir de jalousie une valkyrie. La robe aussi sexy que courte
laissait entrevoir sa sublime peau très blanche et délicate. Le vêtement était surmonté d'une capuche
en fine dentelle qui couvrait les longs cheveux bruns de la belle jeune femme aux yeux vert émeraude.
Elle demanda d'une voix très basse et encore plus hésitante:

Nous?... nous avons?... nous avons couch?...enfin tu comprends de quoi je parle?

Elle rougie de plus belle.

Lester était toujours à côté de la femme et lui parlait, la sommait de se réveiller. Au bout d'un moment, il entendit sa respiration devenir plus rapide et ses paupières se mettre à bouger. Il s'approcha un peu plus d'elle, lui tenant les épaules de ses mains.

Elle était belle, habillée d'une robe blanche. Ses cheveux étaient dissimulés sous une beau tissus de soie, blanc également. Lester aurait bien eu envie de le toucher, même de la toucher tout court. Peut-être même cela était-il déjà fait. Dommage dans ce cas qu'il n'en ai gardé de souvenirs.

Et où étaient-il ; on aurait dit un hôtel. Au vu de la qualité de celui-ci, c'était bien supérieur à ce que lui, Lester, aurait pu se payer. S'il avait été dans un hôtel avec une femme, elle l'aurait directement remballée car les draps n'auraient pas été changés depuis vingt clients. Vous voyez le genre ? Pas très excitant quoi.

Et l'hypothèse que ce soit elle qui l'ait payé ne lui paraissait pas probable, même si elle avait une classe d'enfer, comme une walkyrie de luxe (ça non plus il n'aurait pas pu se la payer, même pour cinq minutes). Et ces mesdames avaient un code de l'honneur strict : jamais de baise avec un client. Sauf évidemment si le client en question leur plaisait, mais ça, c'était une autre histoire...

Il esquissa un sourire que la femme ne dû pas comprendre. Cette dernière hypothèse était sans doute la plus foireuse ! Comment une femme aussi belle, et même une femme tout court, pourrait trouver beau un cadavre sur pied qui délivre 23 000 Becquerel par heure d'exposition à sa personne. Le côtoyer n'est pas une expérience très agréable pour la personne d'en face. Enfin bref, penser que c'était elle qui l'avait voulu était stupide.

Mais alors qui, quoi, où, pourquoi, comment ?
Trop de questions, aucune réponse.

« Co..Comment suis-je arrivée ici? Qui es tu?
Je ne me rappelle de rien. »

Il aurait voulu lui répondre un « t'inquiète poulette, je suis dans la même merde que toi », mais l'heure n'était pas aux blagues et il stressait sans doute autant qu'elle. Et vu sa tenue, il doutait qu'elle trouve ce genre de plaisanterie de bon goût. Il garda donc le silence.

« Nous?... nous avons?... nous avons couch?...enfin tu comprends de quoi je parle? »
* j'aimerais bien dire oui mais... *
Il était un tantinet gêné, ce qui était normal au vu de la situation :
- Et bien en fait … j'espérais que ce soit toi qui me le confirme ou non .
Puis il rajouta, plutôt pour lui, de manière peu forte et intelligible :
- je doute que ce soit le cas, pourtant c'est pas l'envie qui me manquerait.
Il lui fit un grand sourire, l'aida à se relever avant de conclure :
- Lester, pour vous servir gente dame. Quoi que j'ai pu te faire : je n'étais pas conscient. Enfin bon, je crois qu'on est dans la même merde si je ne m'abuse. Et c'est grave si je te tutoie ? Bref, je suis un peu vulgaire ce soir ; c'est l'appréhension. Tu comprendras que je n'ai pas l'habitude de me retrouver avec de superbes inconnues dans un hotel de luxe, sans souvenirs de ma nuit (peut-être torride) précédente. Je suis plus poli d'habitude.

Et bien en fait … j'espérais que ce soit toi qui me le confirme ou non.
Je doute que ce soit le cas, pourtant c'est pas l'envie qui me manquerait.

Elle fût soulagée par la réponse du jeune homme. Effectivement elle était propre sur elle,
sa peau sentait encore un agréable parfum rappelant une balade dans un champs de lys blanc
en plein printemps et non l'odeur acre de la transpiration et des phéromones de deux corps
qui se seraient livrés aux plaisirs de la luxure. Les yeux perdu dans le sourire de l'homme qui
l'aidait à se relever, elle l'écoutait se présenter et se disait que malgré son manque de confiance
en lui il dégageait beaucoup de charisme. Et cela la troublait, elle se sentait bien en sa présence,
il était la seul chose rassurante dans ce lieux inconnue. Un lien subtile et invisible c'était noué
envers lui.

Lester, pour vous servir gente dame. Quoi que j'ai pu te faire : je n'étais pas conscient. Enfin bon, je crois qu'on est dans la même merde si je ne m'abuse. Et c'est grave si je te tutoie ? Bref, je suis un peu vulgaire ce soir ; c'est l'appréhension. Tu comprendras que je n'ai pas l'habitude de me retrouver avec de superbes inconnues dans un hôtel de luxe, sans souvenirs de ma nuit (peut-être torride) précédente. Je suis plus poli d'habitude.

Lester, elle avait enfin un nom à mettre sur ce visage amical. Normalement Buzwata n'aurait
jamais tolérée être tutoyer par un inconnue mais au vue de la situation et du trouble qu'il lui
inspirait elle ne s'offusqua pas. En lui fessant un joli sourire un peu timide elle lui répondit:

Je ne pense pas qu'il se soit passé quelque chose entre nous, je ne suis pas de
celles qui se livrent au premier venu. Je m'appelle Buzwata, mais tu peu m'appeler Buz.
Vue le contexte tu peu me tutoyer cela ne me pose pas de problème. J'en ferais de même
à ton égard. Merci pour le compliment c'est agréable de se réveiller dans les bras d'un
gentleman malgré la situation actuelle. J'imagine que tu n'en sais pas plus que moi sur la
raison de notre présence ici. On devrait peu être essayer de voir si il y a un téléphone
et si la porte est fermé. Quelqu'un, si nous ne somme pas seul dans ce bâtiments,
pourra surement nous en dire plus.

Lester opina de la tête. Il pensait réellement comme elle :
- ouais, bonne idée. Par contre, il vaudrait mieux rester sur nos gardes histoire d'être sûrs qu'il n'y a aucune menace extérieure.
Il souriait, presque bêtement à la femme. C'était le stress qui nouait ses entrailles et crispait son sourire, ce qui le faisait passer pour ridicule. Sentant la tension progressivement augmenter, il sortit, plus gauchement qu'autre chose, une petite blague pas drôle pour détendre l'atmosphère :
- Au fait, je sais pas si on te l'a déjà dit, mais tu as très bon goût vestimentaires.
Le blanc c'était beau. Il aimait le blanc.

Il ne manquait, pour un peu briser le silence morne de la pièce, plus que les rires débiles d'un public fictif, comme dans les vieilles (et tout aussi débiles) séries américaines des 90's.
Haha

Il s'avança vers la porte et l'ouvrit, d'une traite. D'un côté, c'était vrai qu'il était gentleman : c'était lui qui se mettait devant le risque de la menace, de l'inconnu. Et inutile de dire qu'il avait les chocottes et ses jambes-allumettes qui faisaient des castagnettes. Normal quoi.

Vide. Le couloir était totalement vide. En fait, heureusement qu'il l'était car Lester n'avait pas son arme de fonction. Logique en sachant que le dernier souvenir qu'il avait était dans sa chambre chez les mentalistes, voguant dans un nouvel univers, une seringue en forme de papillons injectée dans le bras et de petits cachetons multicolores sur sa table de nuit.

Bof, pas la situation où on garde un automatique sur soi, ni même autre chose.
D'ailleurs, il n'aurait même pas eu assez de mains dispo pour le tenir, le flingue. Autant être clair : c'était foireux pour lui.

Ayant retrouvé un semblant de dignité viril (déjà qu'il ne l'était pas), il fit signe à sa nouvelle compagne de le rejoindre.

- votre itinéraire sera le mien.

Alors qu'il disait cela, il remarqua que les murs, recouvert d'une tenture murale moiré, étaient zébrés de crevasses et que des gravats meurtrissaient le parquet de teck naturel au sol. On aurait dit qu'un séisme avait ébranlé l'hôtel.

- mais merde, qu'est-ce qui s'est passé ici ?

Autant être le pion du gouvernement ne le dérangeait pas (il en était totalement conscient), autant être le pion d'un jeu scabreux dont il ne connaissait même pas les règles lui laissait un goût amer dans la bouche.

Qui tirait les ficelles ? Où était the master ?

Buzwata esquissa un petit sourire suite à la petite blague de Lester. Elle ne souriait pas
à cause de la blague en elle même mais plutôt à cause de la timidité maladroite du garçon
qui aux yeux de Buzwata lui donnait beaucoup de charme. Le stress apparent de Lester
lui donnait un air un peu comique. Puis il se leva et alla inspecter les abords de la porte.
D'un signe de la main il demanda à la jeune femme de le rejoindre.

votre itinéraire sera le mien.
mais merde, qu'est-ce qui s'est passé ici ?

En s'approchant de la porte elle comprit se qu'il voulu dire. Le couloir semblait avoir été dévasté
par une énorme tempête. Les décombres jonchaient le sol, de la poussière volait encore dans l'air
formant de petits nuages flottant mollement entre les murs dévastes de ce couloir à peine éclairé.
Au loin ils pouvaient voir les escaliers surmontés d'un vieux panneau lumineux ce prenant pour
un stroboscope où était écrit downstairs.

Buzwata était un peu effrayée par l'anarchie ambiante mais elle ne souhaitait pas rester dans
cette chambre. Elle voulait savoir ce qu'il se passait ici. Et ce n'était pas en restant là qu'elle en
saurait plus. Elle prit la main de Lester dans la sienne, la chaleur de sa main la rassurait, la calmait.

Ça ne te gènes pas si je te prend la main?

Si il disait non elle serait anéantie. Elle rougie à nouveau.

Nous devons y aller. Regarde la bas il y a des escaliers,
ils nous mèneront peu être vers une sortie.

Et ils partirent main dans la main, à la recherche d'une chose dont ils n'avaient pas idées.

[fin pour le moment, direction le dressing]

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