Sacha

Sujet: Sacha Ven 3 Sep 2010 - 22:26

Il est midi
Elle ouvre un œil
Puis l'autre.
Elle s'étire, se retourne, s'enroule dans le drap avec un petit grognement. Elle se blottit contre l'homme allongé a coté d'elle,
Elle se rendort.

L'aiguille passe la demie.
La porte coulissante de la chambre s'ouvre sur un homme entre deux age, le cheveux grisonnant, le visage ridé, et les mains gantées de blanc. Il frappe quelques coups bref sur le panneau de la porte avant de se diriger vers les fenêtre dont il ouvre les rideau d'un geste sec et précis.
Le soleil entre a flot, inonde la chambre de lumière et caresse la peau des amants enlacés.
-Mademoiselle il est midi trente, vous avez une réunion a quatorze heure.
-Ooooooh merde.
Elle plonge la tête dans son oreiller, délaissant l'homme qui papillonne des yeux, ébloui. Elle émerge quelques seconde plus tard, les cheveux en bataille et ses grands yeux noirs encore embrumés de sommeil. Elle a l'air d'une poupée un peu chiffonnée, de grands yeux, le visage mignon, une peau de porcelaine, et un air enfantin accentué par ce brusque réveil.

Direction la salle de bain, suivie de près par l'homme aux cheveux gris qui lui détaille le programme de la journée. Il n'a pas l'air troublé par la vision de cette jeune beauté en tenue d'Ève qui évolue devant lui. Elle a l'air de se foutre royalement de sa présence, il pourrait aussi bien n'être qu'un meuble.
-Liam, coiffure et maquillage ce matin je vous prie.
L'homme, Liam donc, attrape un petit appareil dans la poche de son costume noir le porte a sa bouche, dit quelques mots a voix basse, presque un murmure, et le range.
La jeune femme passe sous la douche.
Dans le lit, son amant s'est tourné sur le côté et rendormi, pas de réunion pour lui.
Quand elle sort de la salle de bain enroulée dans une serviette un autre homme, plus jeune mais dans la même tenue que le premier, gants exceptés, attend dans la chambre, il a disposé peignes et produits sur une petite table, elle s'installe dans un fauteuil et laisse opérer ses mains agiles.

Une demi heure après elle sort de la chambre, impeccable, coiffée, maquillée et vêtue d'un tailleur pantalon sur mesure qui lui sied a merveille. Le maquillage semble avoir posé sur son visage un masque de marbre et fait disparaître tout ce qu'il pouvait y avoir d'attendrissant en elle. Elle n'est plus qu'une icône, parfaite et intouchable.

Une tasse de thé brulant a la main, elle marche pieds nus sur l'épaisse moquette du salon et se dirige vers son bureau, allume son portable, et passe quelque minutes a consulter messages oraux et écrit, a se remettre en mémoire l'ordre du jour de la réunion a venir et quelque autres détails éclipsés par la longue nuit passée dans les bras d'un apollon inconnu.
Les deux domestiques sont partis, et elle profite de ses derniers instants de calme pour aller admirer l'homme endormi, elle a l'air un peu triste comme elle s'appuie sur le chambranle de la porte, abandonnant une seconde son masque de marbre...
Mais la sonnerie du téléphone la sort de sa contemplation, elle retourne au bureau, décroche, écoute, et la froideur, la dureté du marbre réapparaissent sur son visage.
-Bien.
Un mot et elle raccroche, enfile les escarpins préparés pour elle sur le pas de la porte et sort de l'appartement sans se retourner. Il faudra qu'elle pense a dire a Liam de congédier l'homme sans nom qui dort toujours dans son lit.

(à suivre)

Sujet: Re: Sacha Sam 4 Sep 2010 - 0:03

Il est minuit.
L'appartement est désert.
Silencieusement désert.
La table pour le diner est mise.
Il y'a une trace de vin rouge, dans le fond du grand verre en cristal posé devant une assiette vide.
Les couverts n'ont pas l'air d'avoir été dérangés.
La seule lumière vient de la flamme dansante d'une bougie solitaire. Si blanche et impersonnelle habituellement, la pièce plongée dans la pénombre se transforme en cocon fauve et chaleureux.
Dommage, personne n'est là pour en profiter.
Où est-elle d'ailleurs, la propriétaire des lieux?

Loin.

Sur le toit du gratte ciel elle est allongée dans l'herbe, la tête dans les étoiles, elle ne pense pas.
De la main elle caresse machinalement la tige d'une petite fleur. Prés de son oreille un petit bourdonnement lui indique qu'elle n'est pas seule, que son carré de paradis a attiré quelques minuscules occupants.

Il est minuit, à minuit tous les chats sont gris … et ils ne sont pas les seuls a l'être, gris.

Si douce, trompeuse nuit qui masque et dissimule.

Il est temps d'aller se promener, elle se redresse lentement, enfile le grand manteau qui traine a coté d'elle. Informe le manteau, couleur indéfinissable, grosse toile et vague odeur de renfermé.
Pieds nus dans l'herbe elle rejoint la porte en chantonnant et s'engouffre dans ce couloir trop froid ses chaussures a la main.
Quelque instants plus tard elle sort de l'immeuble, une petite porte qui donne sur une petite ruelle, déserte.

C'est dans la nuit, quand derrière leurs fenêtres hermétiquement closes les orthodoxes dorment, qu'elle s'aventure seule dans les rues de Novlangue. Sa ville, bloc de métal et de béton, ville grise, et uniforme.
Elle marche au hasard, cherchant la beauté dans ses lignes droites infinies, cherchant l'amour dans la couleur du ciel, dans la brise qui caresse son visage. Cherchant le plaisir perdu au détour d'une ruelle oubliée.
Ville mystérieuse, si calme en apparence, si lisse, si terne, qui cache dans ses entrailles toute la vie qu'on essaie d'entraver. Jamais on ne pourra arrêter la vie, comme l'eau elle trouve toujours un moyen de se faufiler. Tout ces hommes et ces femmes qui vivent, misérables, malheureux, cachés, sont l'eau de Novlangue.
Et elle sait, au plus profond d'elle, qu'un jour jaillira une source dont personne ne pourra endiguer le flot, et elle attend ce jour, perchée sur son gratte ciel, elle attend ce jour avec patience.

Sacha

Sujets similaires

Sujets similaires