Aenor Della Rocca

« Aenor signifie compassion. Et bien, vous ne riez pas ? Alors précisons que c'est un prénom de fille. Ah ! Non, pas de petit sourire ? Il en faut beaucoup pour vous dérider. Vous m'en voulez pour le doigt cassé peut-être ? Je m'en excuse, voilà. Satisfait ? Eh ! On ne crache pas sur les gens comme ça, même ceux qui vous ont tiré une balle dans le tibias (à ce propos : il ne fallait pas tenter de vous enfuir). Je disais donc, c'est une question de valeur, et de bon-sens. Si quelqu'un vous torture, ne pensez-vous pas qu'il vaut mieux le mettre de votre côté ? Essayer de l'attendrir, ou coopérer, carrément ! Vous ne voulez pas coopérer ? ...je vois, laissez-moi vous dire que vous gaspillez votre salive d'une manière que je n'apprécie pas. Je vais nous chercher quelques outils, bougez pas surtout. Et évitez de crier, vous savez bien qu'il n'y a que moi qui vous entend, ici. Et Fennel, qui va gentiment vous surveiller, on n'est jamais trop prudent. Ouch, vous n'auriez pas du vous moquer ! Dire « c'est qu'un putain de chat » devant mademoiselle ! Quelle vulgarité. Bref, je vous laisse une minute. ...Voooooilà ! Avec ça, on pourra peut-être avancer. Ça vous dérange si je fume ? Non, bien sûr. Joli briquet n'est-ce pas ? Un cadeau de mon employeuse. Très charmante. Enfin, revenons à nos affaires : je vais vous poser des questions, et vous allez tout simplement y répondre. Enfantin. Où sont les autres foutus rebelles ? Je sais que vous êtes obligés de bouger souvent. Et je sais qu'il y a eu une migration très récemment, et ce que je veux savoir, c'est vers où. ...Très bien. C'est ça, hurlez, ça fait décompresser un peu. Plus que huit doigts. Donc huit chances ! Où ? 5, 4, 3, 2, 1... Aie, sept chances. 5, 4, 3... Ah ! Je vous écoute. »

***

Avant, Aenor Della Rocca ne s'appelait pas ainsi. C'était Aenor Dubka, fils de deux jeunes insurgés qui avaient réussir à fuir avec leur gosse à l'époque de ce bordel innommable. Jeunesse difficile pour le petit, et qui se compliqua davantage lors d'une période de trahisons successives au seins des rebelles. Accusés à torts alors que la paranoïa était à son comble, on assassina ses parents. Sous ses yeux, pour faire bonne mesure. Dégoûté de tout ce qu'il voyait, haineux envers tous ces insurgés minables qui lui offraient une vie qui ne valait pas mieux, il fuit (retour à l'envoyeur, aha) vers la ville. Après quelques temps passés à vagabonder, il se fit récupérer par un Automate fou de pouvoir et de grandeur qui en fit son esclave personnel. Lorsque celui-ci finit par se faire assassiner par un agent du Gouvernement pour des raisons que le petit ne pouvait pas encore comprendre (ah, la politique !), Aenor se jeta à ses pieds et le supplia de l'emmener avec lui. Sans doute parce qu'il n'avait rien d'autre à faire, l'agent l'embarqua. Il l'emmena avec lui chez son employeuse, une femme imposante et extrêmement riche. Celle-ci, excentrique et désirant un enfant depuis longtemps, flasha sur le gamin et décida de le garder avec elle (j'omettais de préciser qu'il était super mignon pour un gosse). Elle l'adopta officiellement, ainsi obtint-il son patronyme de Della Rocca (qui entre nous a quand même plus la classe que l'ancien). Il s'avéra finalement que sa nouvelle maman récupérait pas mal d'enfants à cause d'un besoin humanitaire chronique. Elle adopta seulement celui-là car il venait de dehors, n'avait donc aucune identité officielle. Elle le plaça finalement au Novlangue Order Department en jouant sur ses relations, en bonne citoyenne, et pour justifier le fait qu'il n'ait pas d'implants. Le gamin fut ravit de cette alternative, ayant manifestement compris qu'il pourrait se venger de tout les malheurs qui lui étaient tombés dessus depuis sa naissance. Etant né en 2019, on lui octroya un pouvoir mental comme à tous les autres futurs parfaits soldats. On trafiqua son cerveau de manière à ce que les décharges d'adrénalines entrainent des décharges d'électricités plus ou moins importantes (sympatoche nan ?). Aujourd'hui, il travaille pour le Gouvernement et offre parfois ses services de tueur à gages, ou garde du corps aux particuliers pour arrondir ses fins de mois (ou pas, il reste quand même riche puisque membre officiel de la famille Della Rocca). Faut bien s'occuper dans la vie.

Note : Sa nouvelle maman est aussi une fan inconditionnelle des chats, passion qu'elle a transmis à son jeune fils adoptif qui semble avoir une affection immense pour son chat Fennel, une chatte minuscule au pelage écaille-de-tortue et au tempérament semblable à celui de son maître.

[ NOD ]