Le Mirail. Fut un temps, on avait interdit strictement à Oktane de s'y introduire : Trop de risques, pas assez de place pour manœuvrer, aucune supériorité matérielle, trop d'angles morts. Un vrai coupe-gorges. Ça, c'était les consignes du NOD, toujours à se balader avec un gros flingue pour les petites interventions. Aucune objectivité, toujours dans le déploiement de forces.

Aujourd'hui, le NOD, c'était fini. Oktane avait tout claqué sur un coup de tête, sur un excès d'émotions ... Une envie de meurtre.

Tout le gratin de la rébellion était au sous-sol, au Murphy's, se terrant comme des rats, dans l'alcool et la débauche. Plus pitoyable encore que les Automates.
Aller là-bas, pour beaucoup, relève du suicide. En bas, tout le monde est armé, tout le monde est énervé, et accessoirement, tout le monde est plus ou moins éméché. Lui, il a peur. Elle, elle s'en fout. "Émotion humaine futile". Il préférait se planquer bien au fond du subconscient. Il avait bien essayé de la stopper, de la raisonner par divers moyens. Rien n'y avait fait, elle avait quelque chose de changé ... Un protocole qui prenait même la priorité sur celui d'aider ses sœurs. La rage. Plus de plaque du NOD apparente, plus de signes distinctifs d'appartenance à l'autorité. Elle n'appartenait plus à l'autorité. Elle ferait justice soi-même. SA justice.

Les Insurgés ? Rien à faire. Des fous. Elle en avait rencontré quelques-unes. Des sympas, des beaucoup moins. Elle se foutait éperdument d'eux. Ils posaient des bombes : Grand bien leur fasse !

Non, elle était là pour une seule personne. Serait-elle là ? Ce n'était pas réellement son but. L'assassiner dans ce bouge, en public, la mènerait à sa perte. Une mission de simple reconnaissance, de son propre chef. Ni les sœurs, ni qui que ce soit n'était au courant. Une affaire personnelle.

Dans les "rues" adjacentes déjà, on s'interrogeait sur cette drôle de femme. Un gilet noir bon marché, à la capuche aux pourtours de fourrure grise relevée, un bandana violet aux motifs classiques et désuets couvrant le bas du visage ... Ce n'était pas tellement l'accoutrement qui attirait l'attention, c'était surtout le regard. Tandis que la frange, teinte en violet, couvrait un œil, l'autre brillait étrangement. Il était noir, et avait en son centre deux cercles concentriques, d'un bleu électrique, officiant en lieu et place de l'iris, se dilatant et se contractant étrangement, en tournant sur eux-mêmes, comme un objectif de caméra.

Sur son passage, on parlait d'elle. On se moquait de son apparence. On la voyait en agent infiltré du NOD, on disait qu'il ne passerait pas 3 minutes encore en vie. On n'intenta rien. Des grandes gueules. Le Bar était là, devant elle. Rien ne l'indiquait sur les plans officiels, juste des panneaux recyclés aux alentours. Des panneaux holographiques rouillés, bancals et presque grillés indiquait l'endroit en lettre flottants sur la devanture : " MU_P_Y S ".

Le cliché parfait du repaire underground : Sale et défoncé. Elle pousse la porte, la petite sonnette tinte. On l'avise. 2, 3 secondes. On retourne à ses activités.

Personne ne semble vouloir d'emmerdes, c'est mieux pour tous.

Elle s'avance jusqu'au comptoir, s’asseye. Aux relents d'égouts et de merdes succèdent les relents de sueurs et de pisse. Les Organiques sont désespérants, et Oktane en vint même à se questionner sur ses motivations présentes. Pourquoi trainait-elle ici ? C'était à un véritable génocide que vous invitait la vision d'une déchéance pareille.

" Kesk'j'vous sers ? "

Plongée dans ses "pensées" numériques, analysant la situation, les personnes présentes et les priorités de mission, elle n'avait pas fait attention au barman qui l'interrogeait d'une voix suspicieuse, l’œil inquisiteur de celui qui semble avoir vu beaucoup d'infiltré passer dans son enceinte. Inutile de se cacher à lui, son cerveau réagit déjà comme si il avait percé sa couverture, attendant vraisemblablement quelque chose ...

" Du thé s'il vous plait. "

Le regard se fait encore plus insistant. Malgré ce que lui rends l’œil cybernétique, il ne démord pas.

" 'N'en a pas, mademoiselle. "

Oktane lève ses bras en signe de défaite, baissant les yeux en espérant amadouer cet individu paranoïaque. Elle voit derrière lui le panneau des tarifs, et s'adresse alors à son interlocuteur d'un ton affable.

" Ok, d'la bière alors. "

Peu d'effets, il acquiesce néanmoins, versant un liquide brun mousseux d'apparence peu catholique dans une tasse en ferraille qu'il sert à la cyborg.

" Merci. "

" De rien, mademoiselle. Pensez à baisser vot' bandana pour éviter d'vous tacher ... "

Elle sent déjà que la discussion va déjà avoir du mal à s'engager.

La bière du lieu est infect. Dégueulasse même. C'est un fait. On est bien en-dessous des standards, même pour un bar insurgé.

Une autre personne rentre. Oktane ne tourne pas la tête pour ne pas attirer de nouveau l'attention, ce qui serait probablement mal vu, mais elle prends quand même l'occasion de la regarder quand elle s’assoit et passe sa commande. Bingo, elle avait bien vu. Pile la personne qu'elle cherchait. Cela risquait de compliquer la donne ici, en pleine zone insurgé mais ...

Elle passe un vague appel au barman.

" Dites-moi, la fille qui vient de s'asseoir ... Qui c'est ? "

" Je vous demande partout, mademoiselle ? "

Il feint un air absent. Il feint de n'avoir rien entendu... Il "protège" sûrement son territoire et ses ouailles... Oktane s'excuse du dérangement, mais elle le sait très bien méfiant ... Voilà d'ailleurs qu'il semble s'en aller prévenir l'autre...

Ce barman est franchement navrant. Aller apporter un deuxième verre alors que l'incompréhension trahit les traits de sa cliente. Voilà qu'elle lève ses fesses de son tabouret pour venir s'installer à coté d'Oktane. Que cherche-t-elle, un plan pour la nuit ? Une consommation gratuite ? Avoir la tête encastrée dans le bar ?

Oh, cette dernière option est tentante, elle ressent une envie irrépressible de le faire, mais les calculs de risques lui sont défavorables. Elle pourrait certes la tuer, mais elle n'aurait aucune chance de sortir vivant. Son intégrité physique passe avant sa vengeance.

- Bonjour. Il parait que tu veux me voir ?

//--- Activating C.A.S.I.E.. Analyzing target.

Oktane tourne sa tête vers la teigne, la toisant de ses yeux métalliques, peu gênée par sa mèche violette, froidement, de bas en haut, analysant son corps, son activité cérébrale et bien d'autres facteurs pour les mettre en relation avec ses banques de données et notamment pour s'assurer de l'identité de cette fille.

" - Pas réellement, je m'enquérais seulement de votre identité auprès du barman. Je devrais ? "

Ouah putain, elle a de trop drôles d'yeux bizarres ! Une cyborg ? Un robot complet ? Je me penche pour la regarder sous le nez, fascinée, limite j'écarte ses cheveux de ses yeux. La fille trop sans gêne et avec l'instinct de survie d'une taupe sous LSD.

" - Pas réellement, je m'enquérais seulement de votre identité auprès du barman. Je devrais ? "

- Hmmmm ? *ton absent* Tu devrais quoi ? T'inquiéter ? Je ne sais pas. En quoi mon identité t'intéresse ? On est un peu parano, dans le coin.

Bon sang. Son visage ne m'est pas inconnu.... sans être familier. Mémoire de merde. Encore un truc que j'ai grillé quand j'ai pris le jus ou quoi ?

S'inquiéter ? Non, il n'y avait guère de place pour cela que dans un esprit humain. Cette fille en face d'elle en profita d'ailleurs pour écarter sa mèche violette, elle entrevit sûrement l’œil d'un bleu d'azur et d'un aspect des plus normaux. Elle ne semblait pas la reconnaitre, n'avoir aucune gène et se croire chez elle. A la mention du mot "parano", elle lui ricana franchement au nez.

" Oh, si vous êtes paranoïaques, je pense avoir un moyen de vous rassurer. "

Elle ouvre son gilet pour lui faire découvrir sur sa combinaison un holster d'épaule contenant une revolver qu'elle dégaine et brandit bien en évidence. Regardant non seulement son interlocutrice, mais également le barman, et tout les clients du bouge.

" Mesdames et Messieurs, je tiens à dissiper vos soupçons : Je suis en effet armée. " Fit-elle d'une voix claire. " Si il y a des personnes qui veulent en découdre avec moi, je suis également disponible pour leur ÉCLATER LEURS FACES DE RATS. Est-ce clair ? Merci. "

La cyborg pose son arme sur le comptoir, entre elle et cette pauvre fille qui lui fait face.

" Voilà, je pense qu'il n'y a pas d'officier du NOD qui ait le courage de faire ça en ville, il n'y en a plus. Est-ce que cela dissipe vos soupçons ? "

Personne ne l'ouvre. Bien. Finir la soirée avec un cadavre encastré dans le comptoir aurait fait mauvais genre. Il y avait bien un gros bonhomme assis à une table qui s'était vaguement levé, mais ses amis avaient eu le bon réflexe. De toutes façons, si la cyborg l'avait rétamée, elle aurait sûrement grillée sa couverture. Vu sa carrure, il eût été plus que hautement improbable qu'elle ne fasse même que l'égratigner. Elle remarqua également par ses implants que l'activité cérébrale du barman pétait les records dans le stress. Il le cachait, mais il était à la limite de dégainer. Il devait avoir l'habitude.

Si c'était ça le quotidien des insurgés... La cyborg se questionnait bien sur leurs habitudes de vies à l'extérieur.

L'autre rigola, plaça encore une vague menace, des répliques désuètes. Ce petit jeu commençait réellement à friser le ridicule, et elle la mort.

- Et donc, t'es ici de passage, t'as vu de la lumière, t'es entrée ?

Plus le temps passait, plus elle avait du mal à l'encaisser, plus elle avait envie de se ruer sur elle pour la tuer. Pourtant, il restait encore en elle des programmes qui l'empêchait de faire cela. Des probabilités. Des broutilles.

" Est-ce que je fourre mon nez dans vos affaires ? Je demandais simplement votre identité. Point à la ligne. Qu'est-ce que vous cherchez, un rencard ? "

Une débile, une authentique idiote. Voilà ce sur quoi elle était tombé. A se demander comment elle avait pu l'avoir comme ça, comme une bleue.

Haussant le sourcil de son œil cybernétique, elle ne manqua pas de lui rétorquer sur un ton parfaitement condescendant, reflet de son état d'esprit irrité :

" Je ne sais pas si vous me prenez pour une aliénée profonde, "Sio". Je ne sais pas si vous me prenez pour un poisson rouge à cause de mon physique ou pour un boite de conserve parce que mon œil vous intrigue, mais laissez-moi vous dire que je n'apprécie guère cette attitude. Quand à mon nom, pour vous, c'est "Yelena". "

La regardant toujours dans les yeux sans ciller, Oktane remarque une activité cérébrale anormale. Comme si elle tentait de se souvenir de quelque chose. Il n'en fallait pas vraiment plus pour que Kane s'enfuit, mais à contre-courant de son interlocutrice s'attachant à la vie, elle semblait vouloir jouer avec le feu.

" Dites-moi, vous semblez avoir quelque chose en tête. J'aimerais bien savoir quoi ... Une autre réflexion portée sur le racisme envers les personnes mécaniquement modifiées ? "

Grosse ... conne ? Avait-elle bien entendue ? Elle l'avait laissée pour morte, et maintenant la traitait de grosse conne ? Des sentiments bien peu louables, fut-ce pour une machine, l'envahissait. Elle s'était vu l'autre cageot avec sa tronche de toxicomane ?

Attrapant son revolver sur le comptoir, elle le pointe vers la petite chiure, l'armant dans un petit sifflement cristallin caractéristique.

Sitôt eût-elle fait cela qu'elle voit pointer sur sa personne un fusil archaïque malgré le tesson de bouteille qu'Oktane lui a collé sous la gorge de sa main libre.

" Hep hep hep, mademoiselle ... "

" Alors c'est comme ça que tu veux que ça finisse, "Siobhan" ? Un carton général ? Jamais personne ne m'a manqué de respect comme tu l'as fait. Si ce soir, je dois crever, je te jure que je t'emportes avec moi ! "

La tension était palpable, et à moins de quelque chose de spéciale, il risquerait à l'aube d'y avoir plusieurs nouveaux cadavres à enterrer...

Sur le chemin vers sa chambrette, Leith passe devant le Murphy's et se dit "Tiens ! Ca faisait une éternité que j'étais pas entré là-dedans !"

Sauf que, dès le seuil franchi, il se rappelle tout de suite pourquoi il n'y allait jamais, en fait. Des flingues sortis de partout. Un éclat de verre juste sous la gorge du barman. Une ambiance très légèrement tendue, oh, si peu.

Il va pour ressortir discrètement quand il aperçoit Siobhan au bout d'un canon. Elle est sympa, Siobhan, et puis elle aime bien sa peinture. Elle lui a commandé des fausses fenêtres, et il s'est éclaté à les faire.

Bon. Il fait quoi ? Il dégaine un aérosol rose et il arrose tout le monde avec ? Hmm, non.

Il a toujours eu un côté chevaleresque, Leith. Alors il se coule sous le bras de la fille qui tient le flingue braqué sur Sio, jusqu'à ce que son torse se retrouve pile devant le canon.

Bonsoir, mademoiselle. je n'aime pas qu'on braque mes amies. File, Sio...

Bon, Il restait là, impuissant ... Pendant que la machine se voyait maintenant avec un boy-scout entre elle et sa cible, et une douzaine de bonhommes avec des calibres divers pointés sur sa tronche.

C'était héroïque comme geste pour le jeune bonhomme, mais un peu con. On est plus à l'âge de pierre. Si jamais elle shootait, elle n'aurait de toute façons même pas le temps de planter le barman qu'elle avalerait une gerbe de plomb dans la tête. Le corps, c'est facilement réparable, la tête, beaucoup moins.

On pouvait toujours bluffer, mais bon.

" Dégages de là petit. Si je tires - Et je risque de le faire -, non seulement tu va te retrouver avec un trou de la taille de ta tête au milieu du corps, mais ça n'empêchera en plus pas la balle de continuer sa route pour aller se planter dans ta petite copine et finir sa course dans le mur derrière elle. "

Le bras de la vengeresse, toutefois, se mets à trembler. Légèrement au début, puis de plus en plus violemment, l’œil robotique commençant à clignoter en bleu et rouge de façon assez inquiétante.

" C'est entre moi et elle ! Dégages ! Dégages ou je vous allume tout les deux ! Elle a cru pouvoir me buter impunément, MAIS JAMAIS ELLE AURAIT DU SE LOUPER ! "

Et le bras continuait ses tremblements, comme animé d'une vie propre, mais en arrivant toutefois pas à se dégager de l'axe qui ne manquerait pas de perforer la poitrine du courageux mais stupide nouveau-venu...

C'est en voyant Leith entrer que je comprends le pourquoi du nom du bar.

Comment ? vous connaissez pas ?

Loi de Murphy : "Quand il est possible qu'une chose aille plus mal, elle IRA plus mal."

et son corollaire :

"Si quelque chose ne peut en aucun cas mal tourner, souvenez-vous que les miracles sont malheureusement parfois de ce monde."

Et en plus, elle pète les plombs.

" C'est entre moi et elle ! Dégages ! Dégages ou je vous allume tout les deux ! Elle a cru pouvoir me buter impunément, MAIS JAMAIS ELLE AURAIT DU SE LOUPER ! "

Niu ?
D'où j'ai tenté de buter quelqu'un, moi ? Je tente de réfléchir -oui je tente parce que déjà que d'habitude c'est pas mon point fort, mais avec le stress que je me paie là....- d'où je la connais, parce que si elle pense que j'ai tenté de la buter ET qu'elle me rappelle un truc, c'est que...

...

Oh putain.

OH PUTAIN.

Je clignote comme un ver luisant affolé, éblouissant probablement un peu tout le monde.

- Vous êtes la NOD qui avez coupé ma maison en deux. ... Mais... J'ai jamais tenté de vous tuer moi ! J'étais en face de vous quand vous avez pris le coup sur la tête !!

Ôtez moi d'un doute... Mon ton indigné n'est il pas un tantinet inadapté à la situation ?

Ah oui, tiens. Si elle tire, elle atteint Sio derrière lui. Il avait pas pensé à ça. Il aurait dû sortir l'aérosol rose, finalement.

Fasciné, il regarde le canon trembloter puis tressauter à deux centimètres de son tee-shirt "Stop and think". Il se dit qu'elle devrait méditer le message. Sauf qu'elle a l'air en pleine crise d'épilepsie. C'est joli, toutes ces couleurs ! Entre l'œil qui passe du bleu au rouge et Sio qui fait le stroboscope derrière...

Hého, Leith, ta vie est en danger, là. Youhou ?

Alors voyons... La cyborg est une NOD. Magnifique. Et elle a coupé la maison de Sio en deux. Coupé en... Bon sang.
Et elle veut lui faire payer un coup sur la tête. Oui, elle a l'air d'en avoir reçu un des familles. Bon, maintenant que Leith connaît les tenants et aboutissants, est-ce qu'il est plus avancé ? Non. Formidable.

Sio ? Tu diras à Deidre que je l'aime ?

Sans prendre le temps de réfléchir, contrevenant à l'injonction de son tee-shirt, il pose la main sur le haut du canon et appuie. Avec un peu de chance, elle ne va pas tirer avant de viser le sol...

Oh le con ... Avec la tempête interne au cyborg, c'était bien la chose à ne pas faire. Dans la stupeur, il réussit certes à forcer suffisamment pour baisser le canon, mais le réflexe con reste là. Entre deux pertes de contrôle, Elle appuie sur la gâchette de rage. Est-ce que ça a touché le bonhomme ? En fait, elle ne sait pas, n'analyse pas, elle s'en fout. Elle entends juste la balle ricocher sur la sol puis sur les murs pour atterrir dans le boitier électrique. Ce qui plonge, à la stupeur générale, le bar dans le noir ... Ou plutôt qui le transforme en discothèque éclairé par un bras grésillant.

" Désolé p'tit. " lui fait la voix incertaine de la cyborg dans le noir. Profitant de la surprise générale et pendant qu'Il était occupé à retenir l'autre bras, Oktane lâche le tesson de bouteille pour envoyer balader le bonhomme par-dessus le comptoir de sa main libre. Elle se précipite ensuite sur ladite Sio, lâchant son arme au passage et lui sautant dessus, espérant pouvoir lui éclater la tête d'un coup de poing avant de s'enfuir à la faveur de l'obscurité.

Le plan semble se passer sans accroc, elle lui saute dessus, elles tombent à terre, elle envoie son poing ... Mais au dernier moment, celui-ci finit encastré dans le sol à quelques centimètres à côté de la tête de sa cible. Toujours Parkinsonienne, elle tente de relever son bras pour étrangler Siobhan, mais ne semble pouvoir s'y résoudre ...

" Expliques-toi vite ... avant que je ne fasse une connerie ... "

L'illumination stroboscopique ajoutait encore plus à l'ambiance crêpage de chignon ambiante, mais c'était de toutes façons la dernière ligne droite, bientôt elle ne serait plus à portée, on l'évacuerait et des gros lards tenteraient sûrement de l'abattre ... Et petit à petit, le robot semblait sombrer dans la folie ...

Sio ? Tu diras à Deidre que je l'aime ?

Nié, mais qu'est ce que... ? Oh puTAIN ! Dans un réflexe idiot, je cache mon visage derrière mes bras croisés, comme un gamin cherchant à éviter une claque. Le temps de réaliser que je ne suis pas morte -Leith ? Mystère- j'ai été catapultée au sol, le poids de la NOD me clouant au sol, et je vois ma mort arriver sous la forme de son poing en direct dans ma face. Je ferme les yeux... Un choc sourd à côté de mon oreille. J'ouvre un oeil, sur un visage crispé. Si j'osais, je dirais qu'elle essaie de ne PAS me buter, qu'elle hésite.

" Expliques-toi vite ... avant que je ne fasse une connerie ... "

- Mais expliquer quoi, bon sang, vous ne vous souvenez pas ? J'étais devant vous ! Je n'ai pas PU vous taper sur le crâne avec cette poêle !! ... Il y avait quelqu’un caché chez moi, qui a pensé que mon bras clignotant allait me valoir des ennuis avec vous, et qui vous a juste assommée. ... C'est tout. On n'a pas cherché à vous nuire plus que ça, alors qu'on aurait pu profiter de votre inconscience pour vous buter. ... Me tuez pas, s'il vous plait.

Il s'est passé quoi, au juste ?... Rha, il déteste se retrouver dans le noir. Heureusement que le bras de Sio assure un minimum d'éclairage. Tiens, ça doit vouloir dire qu'elle est vivante, ça.

Il entend vaguement un grand boum, comme une boule de fonte qui tomberait du plafond sur le sol. Puis des explications embrouillées qui se terminent par "Me tuez pas, s'il vous plaît".

Et au fait, elle avait pas tiré, l'autre folle en ferraille ? Il se tâte les jambes et reconnaît les contours d'un cercle brûlé sur son treillis. Pile entre les deux jambes, dis donc. A dix centimètres près, il se retrouvait eunuque. C'est Deidre qui aurait pas été contente...

Lui taper sur le crâne avec une poêle ? Voilà une idée qu'elle est bonne. Mais Leith n'a pas de poêle sous la main. Ils ont pas un bouton on/off, les cyborgs ?

Leith refait le tour du comptoir à quatre pattes, tâtonne et trouve le pied d'une chaise. En métal. Avec la chaise au bout. Il faudra bien que ça suffise, parce qu'elle l'a suffisamment répété, la NOD inox : c'était une grosse erreur de l'avoir ratée, la première fois.

Il balance son arme improvisée, hésite. Stop and think. Et si les explications de Sio suffisent ? Si elle se calme et s'en va ? Mouais, peu probable. Mais on peut toujours attendre et voir.

Oktane tentait de se souvenir, mais mis à part se rappeler qu'elle avait été assommée, il n'y avait pls grand chose dans son esprit mis à part le visage de cette Sio. Petit à petit, elle se releva. Regarda derrière elle pour voir le gringalet héroïque et sa chaise.

" Qu'est-ce qui me dit que vous tentez pas d'embrouiller avec vos conneries. C'est ça votre plan ? M'embrouiller pendant que votre copain tente de m'assommer avec une connerie de chaise ? "

Elle hésitait, mais voir ainsi présent un bonhomme, tentant encore une fois de la buter avec une chaise. Cela effritait grandement le déjà peu de crédibilité qu'elle accordait à cette mutante. Sans prévenir, le visage, étonnamment pour une machine, déformé par la rage, elle prit le jeune homme d'un par le cou pour le décrocher du sol et le maintenir à bonne hauteur.

" Écoutes bien petit merdeux, tu n'as aucune idée de ce que j'ai enduré. Tu vois ce qu'il y a sur ton T-Shirt ? Penses-y bien, car si jamais tu tentes de me frapper avec ton bout de ferraille, ta "Deidre", tu pourras lui faire toi-même la cour ... Avec un troisième orifice en plein milieu du crâne : Creusé jusqu'au cerveau et avec du métal en fusion à l'intérieur ! " lui fit la cyborg, utilisant l'index de sa main libre pour lui tapoter le front.

Puis elle retourna sa tête vers le ver luisant, lâchant l'impudent comme un sac de patates, sans plus de considération.

" Qui était cette personne qui a tenté de me tuer ? Le petit bouseux, là ? Qu'est-ce qui me dit que vous n'ayez pas essayé, sans succès, de me buter pendant que j'étais inconsciente ? Je veux un nom, je veux savoir qui est la saloperie qui a tentée de me buter et qui a ruiné le semblant de vie qu'il me restait ! "

C'est vrai ... Vraisemblablement, elle ne semblait pas mentir. Elle se retourna donc.

" Vous cachiez donc la lézarde ? Vous avez de la chance que je ne sois plus au NOD ... "

Et puis elle avance au niveau du preux chevalier, le cul par terre, s'agenouillant face à lui, lui prenant le menton avec sa main droite pour l'amener à la regarder dans les yeux.

" Toi, la prochaine fois que tu tenteras quelque chose, vérifies tes classiques. Ne t'attends pas à ce que je sois à nouveau aussi coulante. "

Elle se relève, marche jusqu'au comptoir à la lueur du stroboscope, récupère son arme, pose quelques sous sur le comptoir. Balançant un regard assassin dans les yeux du barman, avant de se tourner vers le gros gaillard qui voulait à l'origine la tacler.

" Toi gros bébé, t'as une bonne tronche de crétin. Si j'avais pas des trucs plus importants à faire, je t'aurais bien éclaté ta gueule de niais avec plaisir. "

Rengainant son arme et remettant sa capuche, Oktane se dirige vers la sortie, s'arrêtant quand même sur le pas de la porte.

" Ah, et à toi qui verse de la pisse mousseuse dans des godets : La prochaine fois que tu te fous de ma gueule, je te fais avaler une à une toutes les cartouches de ton fossile, avant de te le passer en suppositoire. "

Et elle pousse la porte, retournant dans l'anonymat, avec enfin une personne à chasser. Une vraie. La Coupable.

Bon dieu de bon dieu de bon dieu.

Leith se frotte le cou un moment avant d'arriver à parler.

Pourquoi elle a pas arrêté de m'appeler "petit" ? Je suis pas petit, bon sang !

A la lumière de Sio la boule disco, il constate que tout le monde le regarde d'un air complètement bovin et se remet debout avec un :

Bah quoi ?

Avant d'aller voir comment va sa copine clignotante.

Hé, Sio, on s'en est sortis ! Pas grâce à moi, mais bon... Tu as le droit de me mettre une claque ! Vas-y, fais-toi plaisir !