Caïn Caha

Il posa son pistolet sur la table basse devant lui, entre son commanditaire et lui. Simple question de confiance. Ou d’absence de confiance en l’occurrence.

L’homme se racla la gorge, et jeta une petite pochette rouge sur la table. Il l’ouvrit, compta d’un rapide coup d’oeil le nombre de pilules à l’intérieur, puis fourra le tout dans la poche intérieure de sa veste à capuche. L’Automate n’avait pas fait de remarque sur sa tenue cette fois. Pas de sa faute s’il n’avait pas eu le temps de se changer avant de venir. Exit le costume, sa tenue des rues pour seule présentation.

Le riche patron hocha la tête, fixant avec malaise l’oeil bionique qui brillait faiblement sous la capuche, puis fit signe au gamin des rues de ressortir. Il quitta les lieux, non sans avoir récupéré son pistolet, et dès qu’il se retrouva dans le couloir, engloutit une des pilules. La douleur dans sa tête se calma un peu, un court instant, mais il rattacha le bandeau sur son oeil pour plus de précaution. S’il le gardait trop longtemps en action, son crâne finirait par exploser comme un melon, il n’en avait aucun doute.

C’était que pour ça qu’il leur filait des infos, à ses troufions d’Automates. Lui, tout ce qu’il voulait, c’était avoir la paix, et pouvoir continuer son existence, si possible sans finir avec un morceau de cerveau en moins.

Lorsque les Automates l’avaient tiré de son trou, et avaient fait sauter sa puce, il avait perdu une bonne partie de ses capacités motrices, et son oeil gauche. Ils avaient réussi, au prix d’il ne savait quelles chirurgies, à lui rendre la quasi-totalité de sa motricité, accompagnée de quelques gadjets innovants, et son oeil avait été remplacé par une petite merveille de technologie. En contrepartie, plus de deux heures sans pilule, et sa tête explosait.

Alors depuis, il leur obéissait fidèlement, contre sa drogue régulière pour la survie. Infos, meurtres, espionnage, il n’y avait pas grand chose que les capacités originales de son corps ne lui permettent de faire. Quand il était sain.

Faux contact ou véritable dérèglement, il perdait parfois le contrôle.

Aussi, entre Orthodoxes et Automates, il oscillait.