Tatoos Bitch

« Puisque la mort est inévitable, oublions-la. » - Stendhal

Guinea semblait avoir perdu la crédibilité qui lui restait. On ne voulait plus lui faire confiance, on le soupçonnait de vouloir pactiser avec les NOD, avec le gouvernement. Il est tellement facile de pouvoir manipuler une foule morte de peur, que cela fait presque pitié. Lui qui a toujours été le plus propre et le plus dévoué, voilà que l'on décide de le jeter comme une merde, comme un malpropre. Pour oublier tout ces tracas, il avait décidé de faire rouvrir le Murphy's, qu'il soit sous un contrôle strict et qu'il puisse de nouveau, pouvoir boire et manger à l'œil. C'est là qu'il se trouvait quand il voulait échapper à la chape de plomb qui s'écrasait sur lui. C'est lui qui avait crée tout ça, qui avait été l'instigateur de ce mouvement. Il ne l'imaginait pas comme ça. Ces quelques rares partisans qui lui restaient, comprenaient ses paroles et ses actes. Ils savaient que Guinea n'allait pas les trahir. Ils ne doutaient pas, lui non plus. Mais Guinea doutait de plus en plus de Philos et de Bordiga.

L'on vint le voir. Un de ses 'proches', un milicien qui lui donna une légère tape sur l'épaule, lui glissa un morceau de papier où était griffonné quelques mots au crayon, puis lui murmura quelque chose à l'oreille. Il lui donna quelques tapes amicales sur l'épaule et reparti aussi vite qu'il était venu, le laissant à nouveau seul. Guinea vida son verre, mis le morceau de papier dans sa poche, fila du Murphy's et alla jusqu'à sa piaule, afin d'y rassembler quelques affaires et de prendre une arme de plus "gros" calibre, que ses flingues. Un bon gros fusil à pompe, modifié par quelques balles anti-pétasse robotique. Au cas où, on ne savait jamais. Il avait persuadé Melton Jr de participer à la création de tout un arsenal nouveau et neuf, pour équiper les Insurgés. Le moyen de lutter contre les Orgiennes, étaient devenu prioritaire, au grand dam de Guinea. Les batailles intestines, c'était pas trop son truc.

Il se rendit au lieu qui avait été indiqué sur le morceau de papier. Une dizaine de miliciens armés avaient bouclé le secteur et les chemins d'accès. Guinea se faufila parmi eux et regarda autour de lui, dans les coins et sur les toits. Elle avait été repéré. Ses hommes la pistait depuis des jours maintenant, attendant son retour au Mirail. Elle devait penser, comme tout ses crétines robotiques surhumaines, qu'elles étaient plus intelligentes que les petits connards d'humains de base. Cette vanité, ne lui faisait pas peur. Guinea en avait vu d'autre. Il savait parfaitement les failles et les points faibles des Orgiennes. Il connaissait parfaitement leurs anatomies et là où il fallait frapper. Avec son fusil à pompe qu'il tenait d'une main, il frappa plusieurs fois contre le pan d'un mur.

Jorge est mort. Parce que c'était un fasciste de merde, qui travaillait pour la NOD.

Guinea fit quelques pas en avant, toujours avec son fusil à pompe en joue.

Je t'attends depuis des jours. Il t'en a fallut du temps. Cassie m'a parlé de toi. Une brave garce, qui se fait un peu trop vite dessus. Faut qu'on parle, rapidement.

Toujours avec son arme, Guinea fit s'entre-ouvrir une porte qui donnait sur une piaule abandonné depuis bien longtemps. Il fit signe à son interlocutrice de le suivre.

On a pas toute la journée. Ils vont finir par venir. On te trouvera un tatoueur après. Tout ce que tu veux même.

« Puisque la mort est inévitable, oublions-la. » - Stendhal

Ta gueule. T'es pas chez toi ici, plus à nouvelle ordre. Alors si tu n'as pas envie de finir en pièces détaché et être vendu dans le Mirail, tu fais moins la maline et tu baisses d'un ton.

Guinea n'était en soi, impressionné par rien n'y personne. Surtout pas par Nej' et encore moins par sa volonté d'être grossière, insupportable et de rapidement se transformer en boulet intersidéral pour les prochaines heures. Guinea referma la porte une fois qu'elle eu décidé de bouger son cul, afin de passer à la suite. Laissant son arme en bandouillère, il donna un coup dans une vieille table qui se trouvait là, ou qui devait ressembler à une table pour la remettre droite.

Et je m'en tartine le fion de Nyriss. Elle reviendra vite ici, ne serait-ce que par le fait que je sois proche d'une personne, qui la ferait renouer avec son passé.

Lâcha t-il, avant de sortir de sa poche plusieurs plans, qu'il déroula sous la gueule de l'Orgienne. Il pointa du doigt plusieurs croix et plusieurs emplacements qui se trouvaient dans le quartier Orthodoxe, majoritairement des usines et des lieux de productions. Au-delà des luttes intestinales, il avait déjà préparé son prochain plan d'action pour les semaines à venir.

Si, il y a du "on". Il y en aura, tant que tu seras ici. Tu crois que t'es rentré comment ? On tire à vue depuis plus de deux mois sur tout ceux qui refusent de s'identifier. T'es passé parce que j'ai demandé à mes gars de fermer les yeux. Alors tu baisses d'un ton, tu ravales ta fierté. J'en ai absolument rien à battre que Philos et Bordiga soient deux abrutis aveuglé par leur haine, je suis avant tout un combattant. Orgienne ou pas, cela fait trop longtemps qu'on a pas fait valser quelques enfoirés là haut. Maintenant que t'es présente et sachant que tu as de toute façon toujours été avec nous, tu seras d'une grande aide pour le futur et nos actions prochaines.

Guinea s'adossa contre le mur juste à côté, se sortant de quoi de rouler une cigarette.

Je n'ai pas touché à Cassie, personne ne l'a fait. Parce que j'ai sauvé son gros cul. Je ne sais absolument donc, pas de quoi tu parles. Faut définitivement que tu fermes ta grande gueule, ou alors je me chargerai de te la faire fermer définitivement, à ma manière.

Il dit cela en tapotant l'arme qu'il avait avec lui, glissant entre ses lèvres la cigarette qu'il avait préparé, l'allumant et fixant Nej.

J'te demande pas de m'aimer, ni que l'on parte en vacance ensemble dans les prochains temps. Il y a dehors, une foule excitée qui pense que les Orgiennes sont nos ennemis. Je ne l'ai jamais cru, tout simplement parce que j'ai connu Nyriss et que je t'ai connu toi, de façon interposé, certes. C'est toi qui a tué Adolf Daire. C'est toi qui la poussait là dedans. Le reste, j'en ai rien à foutre. Tu as des comptes à régler. Tant mieux, moi aussi. Chacun y trouve son compte. On règle le problème avec le Comité, on remobilise tout le monde et ensuite tu seras libre comme l'air, d'aller te biturer la gueule, te faire tatouer, te faire déglinguer pendant 72h par tout les mecs que tu veux. Ce ne sont pas mes affaires. C'est simple : Je sais très bien que si tu me réponds "non", tu mens. Tu as autant envie que moi et n'importe qui ici, de fumer du NOD et assimilé. Si tu me réponds "oui", je pars du principe que tu n'as qu'une seule parole. Alors ?

« Puisque la mort est inévitable, oublions-la. » - Stendhal

Au moins dans les fins de soirées, il y aurait de l'animation. Nej était aussi insupportable qu'une pétasse de Lolita de 14 ans. Terriblement hautaine, prétentieuse et qui en plus, savait pas se fringuer correctement pour ne pas ressembler à un tapin. Cela faisait longtemps que Guinea n'avait plus aucune estime de lui-même, car il considérait que tout ce qu'il faisait, ne le concernait pas personnellement. Il y avait une tentation plus grande, qu'il nommait la Vertu. Il n'y avait plus besoin d'avoir des instincts bas, de succomber à des désirs inutiles et grossiers. Du moins, c'est ce qu'il pensait. Il replia les cartes qui se trouvait sur la table et les rangea à l'endroit où il les avaient sortit toutes.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il s'était mis là dedans, car de toute façon Nej ferait tout pour le faire chier. Elle était impossible, en plus d'être totalement timbré. Plus d'une fois durant sa tirade, il n'avait qu'une seule envie, c'était de lui trouer la peau avec son pompe, pour qu'elle se la ferme définitivement. Mais il réussit à maintenir son calme, écrasant la cigarette sous sa chaussure, avant de prendre point par point, en énumérant avec ses doigts, les points soulevés.

D'une, j'en ai rien à foutre de ta complainte sur ta personne. T'es méprise, tu me casses les couilles. Esclave ou pas, t'as qu'à bien te tenir. T'auras du respect, quand t'arriveras à pisser debout et à arrêter de me prendre pour le dernier des cons. Pendant que t'étais entrain de faire le chouineuse-pleureuse, je tranchai des carotides avec mes dents. Donc, t'auras le droit à rien du tout, ne serait-ce qu'un peu de considération.

Deux, je n'ai pas touché la grosse. D'autres l'ont peut-être fait, mais si il y a une chose dont j'ai horreur, c'est que l'on me traite de menteur.

Trois, si t'es pas une Orgienne, va falloir m'expliquer quelques petits trucs, car j'ai horreur que l'on me prenne pour un lapin de trois semaines. Évidemment que t'en est une et à vrai dire, ça ne changera rien. Si toutes ces personnes ont autant peur, c'est parce que vous avez passez votre temps à vous considérer comme supérieur à toutes ces personnes, alors qu'elle essayaient de vivre et de résister, à leur niveau. Vous récoltez des crachats dans la gueule et pire, on veut vous fumer définitivement. Faut pas nous prendre pour des cons. On récolte ce que l'on sème.

Il fit une petite pause, pour se rouler de nouveau une cigarette, avant de reprendre.

Quatre, j'y suis pour que dalle si des types pètent des piles parce qu'ils se prennent pour Dieu le père. Si tout marchait si bien, cela ferait longtemps qu'on ne serait plus obligé d'être des rats au fond du Mirail. Ces types ne seront bientôt plus un problème, simplement par le fait que tu es là et que l'on prépare un plan qui va leur faire fermer leurs gueules. J'ai pas à m'excuser, je ne contrôle rien du tout. J'suis pas un Messie.

Cinq et pour conclure, si tu veux une clope, tu peux toujours te mettre à genou, ouvrir lentement ma braguette et attraper mon Petit Guinea avec tes dents, pauvre cruche.

Conclut-il, avant de mettre sa cigarette en bouche et de lui faire un joli doigt d'honneur tout beau, tout plein.

Quand à Nyriss, elle viendra parce que j'ai réussi à retrouver le fils de M...

Alors qu'il allait poursuivre, l'on frappa plusieurs fois à la porte. Surpris, Guinea arma son fusil à pompe et méfiant comme il était, le pointa tour à tour sur Nej et sur la porte. Cela sentait mauvais. Après qu'il y est au de nouveau coups à la porte, cette dernière s'ouvrit et ce fut Bordiga qui fit son entrée, avec un air tout paniqué.

Bordiga, qu'est ce que tu...

Guinea écoute. J'ai déconné. Mais, mais... Philos est devenu totalement barge. Il a commencé à faire des rafles énormes et à tuer des dizaines de personnes, qui sont sur les fameuses listes dont on a parlé. Il faut, faut... C'... C'est qui elle ?

La preuve que j'avais raison depuis le début, Bordiga. Il faut qu'on arrive à arrêter Philos avant qu'il ne devienne complètement fou. Nej, tu voulais savoir qui il faut fumer ? Tu as ta réponse, on va commencer par Philos.

Guinea, il y a autre chose...

Quoi ?

Philos a fait enfermé Melton Jr.

Guinea lança un regard vers Bordiga, puis tourna la tête vers Nej, l'air de dire "Eeeeet merde". Il ne put rien dire, si ce n'est que le silence qui planait juste après les mots de Bordiga, pouvait mettre franchement mal à l'aise.

« Puisque la mort est inévitable, oublions-la. » - Stendhal

En tant que tel, Guinea n'avait pas besoin de Nej. Elle non plus d'ailleurs, vice-versa quoi. Cependant, quelque chose les liaient l'un à l'autre. C'était Nyriss, en bien ou en mal. Alors, il fallait faire avec, ce dire que ce n'était qu'une mauvaise passe et qu'une fois que tout le merdire serait terminé, tout recommencerait comme avant, bien sagement. Guinea pourrait continuer à faire le révolutionnaire patenté et Nej, elle pourra les couilles à autant de monde que possible. Mais, il y avait un problème de taille. Ce problème, c'était Philos. Un autre problème en soi. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour que Philos pète autant une pile, avec autant de rage ?

Philos était depuis longtemps, un des nombreux fidèles et proche de Guinea. Ils partageaient beaucoup de chose en communs, ne serait-ce que d'un point de vue purement politique et idéologique. Il avait approuvé tout le nettoyage orchestré par Guinea, parce qu'il le jugeait nécessaire. Mais en cours de route, il est devenu trop sérieux, ou peut-être un peu trop paranoïaque. Il n'y avait plus de Vertu dans tout ce qu'il souhaitait accomplir, mais seulement une haine contre tous et toutes, sans aucune distinction. Quelque part, Guinea était responsable bien qu'il ne voulait pas l'avouer. Les morts qui se succédaient pendant qu'il était là, devait être de sa responsabilité. Philos n'était pas une créature de Guinea. Guinea n'était pas une créature de Philos.

La situation était dramatique et il fallait agir. Nej quand à elle, semblait prendre ça totalement à la légère. Quoi de plus normal après tout, puisqu'elle avait toujours dû être comme ça. Mais sa folie intérieure était sans doute pire que la Foi de Guinea, ou la connerie monumentale de Philos. Une bombe à retardement, qu'il faudrait désamorcer un moment ou un autre. En attendant, il fallait aller au devant de l'absurde, au devant de l'horreur pour essayer de remettre de l'ordre dans le Mirail. En sortant de la petite baraque, Guinea tapa plusieurs fois dans ses mains comme un signal de rassemblement et tout ce beau monde, avec Nej et Bordiga, se précipita jusqu'au cœur du Mirail, pour mettre un terme à une situation à haut risque. L'on pouvait entendre les coups de feu, les cris et tout ce qui faisait horreur à n'importe quelle personne civilisé. Plus ils avançaient de la zone fatidique, plus le visa de Guinea se refermait, plus il se sentait coupable de tout ceci.

Il n'y a que l'enfer qui est pavé de bonnes intentions, faut croire...

Lâcha t-il, quand il dépassa Nej pour aller regarder de l'autre côté du mur, en lui adressant un joli doigt d'honneur comme il savait bien les faire. Il fit un signe à l'ensemble de la petite troupe pour qu'elle se tienne prête et quelques instants plus tard, ils s'élancèrent au milieu de ce qui ressemblait à un faux tribunal en plein air, qui distribuait des accusations comme on pouvait distribuer des bonbons aux enfants un soir d'Halloween. Guinea tira plusieurs coups de fusils à pompes au milieu de cette drôle d'assemblée, entouré par l'ensemble de son petit groupe de combat, armé jusqu'aux dents. Une sorte de Vieille Garde quoi. Il s'avança d'un pas, désignant du doigt tour à tour les nombreux exécutants de cette macabre parodie de justice.

Vous devriez avoir honte, bande de salopards. Qu'est-ce qui vous prend de tuer absolument tout le monde ? Vous avez pété un câble ou quoi ? Écoutez moi, Philos est un danger. Pas seulement pour moi, pour ceux que vous voulez tuer, mais également pour vous. Parce qu'il vous tuera bien après avoir fait le ménage que vous êtes entrain de faire. Vous êtes des charognes et puisque vous vous comportez comme tel...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, que des coups de feu partirent dans sa direction et s'ensuivit alors un échange de coups de feu qui dura pendant plusieurs minutes. Mais tout vu coupé au moment où Philos fit son apparition, entouré de plusieurs gardes personnels. Il se pointant avec une longue robe noire, genre occultisme. Il se prenait vraiment trop au sérieux... Il retira la capuche qu'il avait sur la tête, avant de désigner Guinea du doigt, ceux qui l'accompagnaient et enfin, Nej.

Salopards ! Immondes salopards ! Qu'est-ce que cette saloperie vient faire ici ? C'était donc vraie, le grand Guinea et son petit chien Bordiga sont main dans la main avec les Orgiennes. Vous allez périr et ensuite, tout sera purifié ici.

Ta gueule Philos, tu racontes n'importe quoi !

C'est toi qui te cache derrière ton petit doigt Guinea. Je ne fais qu'accomplir ce que tu souhaitais pour le Mirail. La Terreur, la Vertu... Maintenant la Purification.

T'as complètement craqué mon pauvre vieux. Qu'est-ce que Melton Jr vient foutre là dedans au juste ?

Il va m'aider pour la Purification...

Subitement, les coups de feu reprirent, sans doute parce que l'arrivée de Philos avait permis à d'autres soldats de pouvoir prendre position et de renforcer les forces déjà présentes. Philos quand à lui s'en retourna à ses affaires plus loin, avec un air moqueur sur le visage, laissant Guinea, Bordiga et Nej dans un cul de sac.

Merde, merde et merde. On est baisé. Bordiga ! BORDIGA ! Tu vas rester ici et tenir la position face à ces petits enculés. Nej et moi, on va tâcher de passer par un autre endroit et flinguer Philos tant que cela est possible. Nej, t'es avec moi ?

Il dit ça sans la regarder et quelques secondes plus tard, il avait déjà sauté hors de son abris en faisant une roulade (Comme dans Max Payne tavu) pour se retrouver abrité derrière d'autres choses. Si elle ne venait pas avec lui, il se débrouillerait bien tout seul. Mais la connaissant, elle viendrait, ne serait-ce que pour lui casser les couilles, l'insulter et lui expliquer pour la centième fois que tout ceci est de sa faute.