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Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)

Ambiance Blade Runer, The Island, Total Recall, et tant d'autres où les libertés sont étranglées...
Chut! Big Brother... La délation est l'arme des cafards...
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 Lester

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Mentaliste
Le destin bat les cartes, nous jouons

Lester
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MessageSujet: Lester   Lester Icon_minitimeSam 3 Juil 2010 - 18:29

13h, centre de procréation du gouvernement, Juillet 2014
Le gardien incontesté des cuves 6000 à 7000 les bichonnait avec amour -comme d'habitude-, se promenant joyeusement entre les rangées serrée de haute tour de métal transparent, vérifiant au passage un panneau de contrôle ou resserrant un boulon. Il était concentré à changer le liquide nutritif d'une de ces prouesses en matière de science de la vie quand le panneau d'affichage géant sur le plafond de l'usine se mit à clignoter. Ses yeux s'ouvrirent en grand devant le numéro affiché : 6767. Il savait que les numéros à partir de 6700 étaient des « cuves d'expérimentations » où macéraient des gamètes irradiées d'agents mutagènes et radioactifs et les 6767 à 6790 occupées par un nouveau type de gamète, légèrement modifié et en test dans les nombreux centres de procréations du gouvernement. En temps normal moins d'un demi pour cent réussissait à survivre et jusque là, les résidus des embryons humains n'étaient pas parvenus à être viable au delà du second jour.

Mais la diffuse lumière rouge qui tapissait le béton de l'entrepôt ne signifiait qu'une chose : dans cette cuve, parmi cet amas de gamètes mortes, se trouvait une ou plusieurs gamètes qui avaient réussies à se rencontrer et à se fertiliser, pour finalement devenir des cellules-œuf, complètes pour le moment. Le stade foireux de la multiplication cellulaire avait été passé sans embuches pour elles.

Le scientifique sprinta sur deux-cent mètre et parvint devant la numéro 6767. Il inspecta le mécanisme et désactiva la lumière, mais bientôt, il fut interrompu une autre lumière clignotant sur le panneau : la 6768 cette fois-ci, suivie bientôt de deux autres cuves de gamètes modifiées. Chacune était remplie d'environ neuf bonnes cellules-œuf. Au courant des heures, puis des jours, leur nombre diminua pour arriver à trois. Sur quatre cuves, cela faisait seulement dix cellules, mais multiplié par le nombres de centre de procréation, ce chiffre devenait énorme.

Quatre mois plus tard
Alors que spécimen-mâle6767 nageait tranquillement dans le liquide amniotique en compagnie de spécimen-femelle6767 avec qui il se livrait à une sorte de concert psychique plutôt assimilable à des gargouillements, il se sentit happé par une force incontrôlable, sans explications dans son univers maritime auquel, en fin de compte, très peu d'informations lui étaient connu. La connexion psychique qui le liait à spécimen-femelle6767 se rompit, et, pour la première fois de son existence, il se sentit seul.

Après ce qui lui apparut une éternité, son petit corps cellulaire se stabilisa et il entra dans un état de moindre-conscience quand il se sentit bercé au bout de son cordon ombilical par la liquide.

***

Les dix cuves contenant les dix fœtus du centre étaient minutieusement surveillées par une troupe constante de cinquante scientifiques qui dormaient même sur place.

Le grand jour était arrivé pour eux, celui où ils basculeraient pour non plus être des spécimens, mais des êtres vivants à part entière. L'ordinateur cracherait à midi tapante ce qui serait les prénoms des dix choses en cours de formation.
A midi cinq, on cloua sur la base de la cuve de stockage L1 une petite plaque d'acier :

« spécimen-mâle6767
Prénom : Lester
Genre : Mâle
Provenance : 6767
Caryotype : type 3y6K-A2
Terme : 03/03/2015 »


Vingt-cinq ans et six mois plus tard
Diverses ordures jonchaient le béton, paraissant même avoir pris racine sur chaque surface verticale de la ville.

Seul le pantalon blanc, presque fluorescent, que portait Lester semblait éclairer la pénombre. Il marchait, ses grosses bottes de cuir shootant parfois dans des canettes de sodas qui allaient ensuite s'exploser contre un mur.

L'homme connaissait par cœur ces ruelles qu'il empruntait plusieurs nuits par semaines depuis des années. Il s'était habitué à leur odeur fétide et à tous ces rebuts de la société qui les peuplaient. Il transportait avec lui le résultat de son voyage hebdomadaire : un paquet de cigarette, deux ampoules de liquide narcotique et quelques autres délires psychédéliques en prime, car Lester, malgré son entrainement constant et son respect pour l'ordre et la discipline, transgressait la règle essentiel : Il aimait avoir du plaisir. Le sien, il le trouvait dans toutes ces drogues avec lesquelles il s'évadait régulièrement dans un monde onirique et coloré. Cachets, nouvelles techniques d'électrochocs ou produits chimiques fluorescents en intra-veineuses.

Mais il n'était pas dépend pour le plaisir. Prisonnier d'un corps qu'il ne supportait pas, il était condamné à souffrir le restant de sa vie pour avoir eu le mauvais goût de naître


Qu'il les enviait, les autres...
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MessageSujet: Re: Lester   Lester Icon_minitimeSam 29 Jan 2011 - 12:32


Au commencement, il y avait des milliers de cellules, puis de moins en moins, la plupart se contentant de mourir. Pourtant, parmi elles, certaines étaient dotées d'une étincelle de vie qui grandit un peu plus chaque heures. Bien évidemment, beaucoup ne tinrent pas, mais d'autres se renforcèrent progressivement.
Les heures se muèrent en jours qui s'empilèrent pour former des semaines, et les semaines des mois.
Au bout du neuvième, dans la cuve 6767, deux corps flottaient. Deux corps prêts à naître.

Lester, durant sa première vie, n'avait pas vraiment eu l'occasion de s'affirmer. A la fois prisonnier de sa dépendance et de son manque de volonté, il n'avait été qu'un piètre mentaliste et pathétique humain.

Envoyé inspecter un étrange phénomène en 2040, il s'était retrouvé aspiré par une faille temporelle qui l'avait projeté cent ans plus tard.


***


Lester ne comprenait plus rien. A nouveau l'air s'infiltra dans ses narines et sa bouche s'ouvrit en tentant d'aspirer, plus par automatisme, leur lot d'oxygène.

Cent ans sans respirer, ça fait long.


Ce ne fut pas de l'air qui gagna ses poumons, mais de l'eau qui sembla tout brûler sur son passage. Aussitôt, il se mit à s'agiter sans parvenir à voir quoi que ce soit. De la colle liquide maintenait ses paupières fermées. Il avait beau battre furieusement des pieds et des mains, il était prisonnier de l'eau. Ses pieds glissaient sur un sol lisse et ses mains rencontrèrent à de nombreuses reprises des aspérités étranges. Était-il dans une cuve, comme lors de son avant-vie ? Revivait-il à nouveau ses débuts ?

Il émergea d'une gerbe humide, ahanant et tremblant encore. Ses poumons protestèrent et le flou devant ses yeux l'empêchait de déterminer le lieu de son arrivée. Une fois ses mouvements respiratoires maîtrisés, il s'essuya. Les formes autours de lui se stabilisaient et il se trouva accoudé à un bloc de marbre sculpté.

Il aurait aimé rire, car jamais il ne se serait cru capable de se noyer dans une fontaine...


C'était l'effervescence. Les Orthodoxes entouraient le monument et le regardaient placidement, aucune expression ne déformant leur visage figé. Certains le désignaient du doigt, d'autres chuchotaient. A nouveau, comme vingt-sept années auparavant, il était le phénomène de foire.

Le paysage se confirma. Novlangue. Mais était-ce encore Novlangue que cette chose-là ? Cet air moite qui l'oppressait, cette eau glacée dans ses vêtements, ces terrifiantes personnes ? En levant la tête, il ne put apercevoir le ciel au-dessus de lui, brouillé par un fourmillement sombre de machines volantes et une couche opaque de verre.

Et il se souvint. 2040, la faille, son ancienne vie.
- Je veux partir !
Discours halluciné, voix aigrelette. Le voilà accroupi au milieu de la fange à tâtons, à rechercher une hypothétique faille temporelle. Le voilà à brailler et à couiner comme un enfant perdu.

Un cyborg, alerté par un citoyen trop zélé, vint à sa rencontre. Sa lourde carcasse se traîna jusqu'à lui puis ses doigts se refermèrent sur le bras de l'homme qu'il leva jusqu'à ce que celui-ci laisse échapper un cri de douleur. Il le jeta hors de son bourbier et Lester se trouva à rouler sur les pavés sales.

Ses joues étaient humides ; n'était-ce que d'eau ? Mais le robot n'était pas d'humeur à démarrer son programme de simulation de l'empathie. Ses lentilles jaugèrent la forme blanchâtre roulé en boule au sol et ses bourrelets de silicone s'étirèrent en un rictus.

- Suspect détecté. Application de la procédure en cours. Application [15%...]
Il plaça deux de ses doigts sur sa tempe droite, comme le canon d'une arme, comme si cette même froideur rentrait au plus profond de sa peau.
- Non implanté. Insurgé type 2 ; perturbation de l'ordre public. Suppression [5%]

Il allait se faire dégommer ! Lester avait beau beugler qu'il était mentaliste, le maudit cerveau à neutrons devant lui ne semblait pas avoir envie de le comprendre.

Cédant alors à la panique alors qu'il sortait un objet de ses fontes, Lester laissa libre-court à ses ondes cérébrales. A quoi bon les contrôler dans pareille situation ? Il doutait que le cyborg y soit sensible, mais il n'avait pas le temps de réfléchir.

Son front s'échauffa et ses muscles se crispèrent tandis que ses tympans se mirent à vriller. Le robot, au dessus de lui, se stabilisa dans son étreinte. Ses yeux roulaient de leurs orbites et ses muscles faciaux s'agitaient en tics.

Lester l'avait fait bugger.


Sous les hurlements de l'assemblée stupéfiée, l'homme s'enfuit.
Mentaliste avait-il bien été ; l'était-il toujours ? Pourtant son Don aurait du le conforter.

Les gens reculaient sur son passage, horrifiés. Qu'avait-il de si étrange, ce jeune fou venant de cent ans par le passé, pour attirer l'attention ?

Le temple, la clinique. Il devait les retrouver, s'ils existaient. Eux pourraient l'aider, lui expliquer ce qu'il s'était passé. Retrouver le doux esclavage de l'habitude, la sécurité du monde connu. Il n'aurait jamais pensé vouloir cela un jour.

Les rues se succédèrent sans qu'il n'en reconnaisse aucune. Le sang battait à ses tempes et il suait. Il avait envie de vomir devant ces façades de béton. Novlangue n'avait jamais été une belle ville, mais la vieillesse mettait en avant cette caractéristique d'une manière plus flagrante. Laide, hideuse, comme une pute rongée par la syphilis.

- Le temple. Où est le temple ?! hurla-t-il en secouant une vieille femme qui avait eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Elle lui désigna d'un regard éteint la cime d'un haut bâtiment de forme pyramidale. Ses faces en obsidienne absorbaient une bonne partie de la lumière qu'il reflétait tel un phare. Une grande horloge digitale clignotait.

3 Mars 2140 ; 127 ans...


La faille n'avait pas choisi cette date de manière aléatoire puisqu'il s'agissait de son anniversaire. Alors Lester porta ses mains à son visage. Sa peau était un peu plus lisse et les ridules qui avaient commencé à apparaître à l'extrémité de ses yeux avaient disparus. Neuf, une nouvelle vie, une nouvelle peau. Une nouvelle jeunesse, dans sa vieillesse ? Il sentait que son corps avait changé, que des choses nouvelles se cachaient sous ses vêtements. Un instant, il aurait presque peur de les enlever, peur de voir. Il ne le savait pas non plus, mais ses yeux aussi avaient changé ; ils n'étaient plus capable de voir certaines couleurs. Le rouge, le sang, plus jamais il ne les verraient de la même manière...

Il jeta la femme et se remit à courir, la tête levée vers le ciel. Que le temple était grand ! A croire que le cent ans de business avaient été bénéfiques pour certains.

Mais lui, y trouverait-il aussi son compte ?
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