La porte s'ouvre et tu te retrouve soudainement à l'étroit dans un couloir étriqué, sans fenêtres. Tout te paraît gris et vide si ce n'est l'interphone-téléphone à côté de la porte et la seconde porte, en bois plastifié, tout au bout. La seule lumière qui te parvient est celle que les deux arches laissent passer, d'où tu peux te rendre sur une mezzanine de cinq mètres sur trois, petit coin détente, avec faux parquet, et quelques sièges.
La porte du couloir mène vers une chambre avec un petit lit simple et une penderie IKEA. Le sol est toujours boisé. La pièce pourrait être agréable si la seule source de lumière n'était autre qu'une petite lucarne tournée vers le couloir du temple. Très sombre donc. Une affreuse odeur de renfermé te prend aux narines et tu remarques avec horreur qu'une myriade de toile d'araignée te pend devant le nez. La couche de poussière est uniformément étalée partout et tes chaussures ont déjà imprimé sur le sol leur marque. Elle doit tourner autour du bon centimètre.
Tu refermes en vitesse la chambre-placard et tu te dépêches de descendre la mezzanine et tu débouche sur la pièce à vivre au style épuré. Le sol est en béton et les murs d'un blanc... flash ! Malgré la petitesse de la pièce, elle est agréable à vivre en raison du peu de meubles présents qui laissent de l'espace. Un bar où les éléments de vaisselles dépareillés ont pris la place des bouteilles, quelques fauteuils, un tapis persan à la propreté douteuse et un lustre au plafond. Tu vois également quelques étagères et commodes où sont entassés toute sorte de bibelots étrange et quelques livres du gouvernement. Le seul réel objet de valeur n'est autre qu'un PC portable sur le canapé. Les câbles d'alimentations pendent misérablement. Il ne doit pas souvent être utilisé.
Tu te dirige sous la mezzanine en espérant trouver un endroit un peu mieux rangé et propre, et tu tombe sur une cuisine équipée datant d'une dizaine d'année. Comme le reste de l'appartement et de la décoration, le style est design des années 2010 et les murs sont désespérément blancs et lisses. Un peu démodé quoi...
A part les éléments classiques d'une cuisine, aucune fantaisie sur les murs ni fioriture. Juste du blanc, une table, des chaises, un frigo et une cuisinière solaire qui aime à faire la grève les jours de pluie.
Il ne te reste plus beaucoup de mètre² à explorer si ce n'est une mystérieuse porte laquée. Mais sur quoi débouche-t-elle ?
Elle grince quand tu l'ouvres et tu retombes sur un couloir, totalement sombre cette fois-ci. L'ampoule dénudée met plusieurs secondes avant de daigner s'allumer et elle grésille et chancelle. Lester n'est pas plus électricien que bon maître de maison...
Au bout, deux portes.
L'une te conduit dans une salle de bain, l'autre dans l'antre de la bête.
Les deux pièces sont relativement propres, ce qui est l'apothéose de ton Odyssée épique... La pièce d'eau est couverte de carrelage blanc (quel heureux hasard !) et dispose d'une fenêtre avec vue sur la
place de la réflexion. Tu y trouves une douche, un évier, des toilettes, et, comble du luxe, une plante verte en plastique !
Bref, juste fonctionnel quoi.
La première chose qui te choque en rentrant dans la chambre, c'est sa couleur... dorée ! C'est sans doute la première pièce qui ose mettre autant de couleur. L'ambiance est intime, les rideaux tirés et l'odeur de renfermé présente. La commode est squattée par un nid de poussière et des moutons dansent joyeusement sous le lit. Par contre ce dernier a des draps propres, même s'ils reposent en boule sur le parquet. Pas la moindre trace de télé : il n'a jamais aimé ça et l'a depuis bien longtemps vendu.
La table de chevet, massive avec un grand espace de rangement à l'intérieur, sert de recueil pour tout ce fatras de cachetons en tout genre et de revues porno. Dis, tu feras comme si tu n'avais rien vu pas vrai ?
La crise au gouvernement faisant rage, Lester est privé de sa femme de ménage depuis quelques années. C'était un bel appartement à une époque où l'état avait encore de la compassion pour ses monstres. Mais depuis il a bien resserré les budgets. Ça s'en ressent... Mais bon, c'est déjà pas mal d'avoir un chez soi.
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Jeu 12 Aoû 2010 - 12:25