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Novlangue est un univers totalitaire inspiré de 1984 (G Orwell)

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 Flâneries

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MessageSujet: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeDim 2 Mai 2010 - 13:38




J'ai dormi toute la nuit d'un sommeil lourd et agité.
Encore cette même sylphide qui vient hanter mes songes. Je distingue à peine sa silhouette diaphane enveloppée d'une étoffe transparente, seule me frappe la couleur de sa chevelure. Elle semble virevolter dans le néant, frôlant mes paupières avec la grâce d'une flamme, irradiant mon être d'une transe qui n'est plus la mienne. Puis la sylphide s'en retourne avec les lueurs de l'aube, ne laissant derrière qu'un vague souvenir. Un souvenir roux.

J'ai ouvert les yeux sur mes rideaux tirés. Il était l'heure, nul besoin de vérifier au dehors que l'aube approchait pour le savoir. L'habitude, sans doute.
Dimanche. Mes presque-parents ne se soucient guère de moi ce jour-là, ils ont bien d'autres chats à fouettés, bien d'autres préoccupations misérables que celle de savoir où va traîner leur fille à une heure aussi matinale. C'est pour cela que j'en profite. J'enfile mon imper, mes bottes et refuse à mon estomac vide un petit déjeuner, pour lui préférer une errance matinale.
Aussitôt la porte refermée derrière moi, je me hâte de fuir les rues sans fin de pavillons tous identiques et me dirige vers les Harbours. Le ciel est encore sombre, seul un mince filet de gris derrière les colonnes des usines annonce le point du jour. C'est l'heure où tous les chats sont gris, où les honnêtes gens dorment encore et où les clochards s'extirpent de leurs cartons. C'est l'heure où les docks sont vides et où le fleuve coule en silence. Plus tard, il s'animera de son ballet perpétuel de bateaux en tout genre et de marins moustachus, ceux-là travaillent encore le dimanche.

Mais pour l'instant, je me glisse le long des grues endormies, humant le parfum de l'eau stagnante que j'aime tant. Des conteneurs vides s'entassent à côté d'un entrepôt dont les portes grandes ouvertes s'ouvrent sur un édifice béant et vide. J'y entre, mais en ressort bien vite. Le moindre de mes pas résonnent comme cent autres, cela manque un peu de discrétion.
Une légère brise vient faire osciller les chaînes d'un portique rouillé. Leur cliquetis me fait sourire. Lorsqu'autrefois on s'émerveillait du simple bruissement des feuilles d'un arbre, aujourd'hui je m'enthousiasme de cette amas de technologie sans queue ni tête auquel pourtant le vent insuffle un semblant d'âme.

Un miaulement me fait sursauter. Sur une pile de caisse, un chat me regarde. Son poil est d'un roux flamboyant, mêlé de marbrures fauves et brunes. L'espace d'un instant, je crois voir ma sylphide, puis le chat saute d'une caisse à l'autre pour s'approcher de moi. Sa tête ronde penché sur la droite semble inviter à la caresse, alors je tends la main. Mais l'importun recule et d'un bond gravit à nouveau sa montagne pour finir par trôner en maître à son sommet.
Je ne sais ce qui me prend alors, voilà que moi aussi, je me mets à le suivre. Les unes après les autres je gravis le flanc périlleux du monticule pour me retrouver moi aussi sur la plus haute caisse. Au sommet. Le chat n'a pas bougé, il vient même ronronner au creux de mon bras. Je glisse mes doigts dans son pelage, et fixe le fleuve impassible.



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeDim 2 Mai 2010 - 15:08

Je n'ai pas dormis, comme souvent. Alors, comme souvent quand je ne dors pas, je compense le sommeil par un mixe de café et de drogues, qui m'aide à garder les yeux ouverts et saisir encore plus de détail que l'esprit sain.

Je commence à y prendre goût, à la drogue. Ça et la violence sont les seuls plaisir qui me sont accessibles. J'aurais bien remplacé la drogue par le cul, mais je trouve l'idée de devenir client régulier d'une pute légèrement malsaine, et l'autre idée, celle de me trouver un compagne docile et implanté légèrement, ma fois disons comique. Rien que de m'imaginer taper la palabre pour séduire m'arrache un sourire franc, c'est dire.

Alors je me drogue. C'est bien simple, et en plus, ça atténue les problèmes. Je ne peux même pas être réellement considéré comme un drogué puisque je n'achète pas, et que je ne consomme qu'une à deux fois par semaine, mais reste que voilà un petit plaisir bien agréable mais peut-être légèrement malsain aussi.

Un café, un rail, une clope et je sors, chapeau vissé sur le crâne.

L'avantage de ne pas dormir, c'est qu'on peu profiter de la ville aux heures de repos sans avoir à faire l'effort de se réveiller, de s'extirper des doux bras de Morphée, de renoncer à ses rêves doux pour revenir à une réalité cru, terne et dégueulasse. Quoique parfois l'imagination de dame Sommeil n'est pas forcément moins crado que cette ville.

Pour moi, cet instant de la journée est un instant de transition. Quand les ramassis du soir sont couchés et les légumes du matin encore au pieu. Je crois qu'il n'y a définitivement rien de plus agréable que de pouvoir profiter d'une ville quasi-vide.

Après une petite marche, j'approche du bord du fleuve, quand l'effet de la drogue retombe. Toujours la même claque qui me tombe sur la gueule, manque de me faire trébucher et poser une raque sur les pavés. Je titube, profite d'être seul pour ne pas avoir à cacher cette faiblesse. Je m'appuie contre une pile de caisses, sous le ronron d'un chat. Je n'ai même pas la force de lever les yeux vers l'animal. Je pousse sur mon bras, et titube vers le bord de l'eau. L'air humide me fera du bien, une fois assis là bas, si je bascule pas, cela-dit. Et une nouvelle pensée m'arrache un sourire. Ça arrangerait bien des choses.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeDim 2 Mai 2010 - 15:41




Assise là-haut, au sommet de ma montagne, mon compagnon d'un jour effleurant mes hanches d'un battement de queue, je fixe le lointain. Les hautes colonnes des usines ne dorment jamais. Même lorsque les ouvriers sont au repos, elles continuent inlassablement de cracher leur fumée noire et poisseuse. Qui peut bien faire tourner ces édifices de béton? Ces machines à tuer ont-elles un cœur qui bat et leur permet de survivre alors même que la main d'œuvre est absente? J'en doute.
Au loin, du béton, à droite, du ciment, à gauche de la ferraille. Même les berges du fleuves semblent avoir été taillées dans la pierre. Rien qui ne soit un tant soit peu naturel, pas un oiseau pour croire qu'il existe un ailleurs, pas un brin d'herbe pour espérer que toute cette planète n'est pas seulement du béton. Rien. Rien que le vent qui siffle parmi ce que l'homme a construit de plus laid.

Je suis tellement perdue dans mes pensées que je ne le vois pas arriver. En fait ce qui me sort de ma torpeur, c'est le chat. Le chat qui soudain délaisse mes caresses pour sauter de caisse en caisse. D'abord machinalement je le suis des yeux. Jusqu'à voir qu'il se dirige vers quelqu'un. Un type dont le visage est masqué par un chapeau. Il traîne derrière lui comme une odeur de clope que je ne reconnais pas tout de suite. Je ne vois que ce type qui titube un peu, comme une ivrogne qui décuverait sa piquette. Comme un camé qui reviendrait à la réalité.
Je connais cette façon de marcher de travers, de s'appuyer sur ce qui passe à portée de main et de tanguer à nouveau un peu plus loin. Les Harbours en sont plein de ces types là. Mais tous n'ont pas cette odeur caractéristique qui leur colle à la peau. Je regarde le chat. Il se frotte à la jambe de l'inconnu, ronronne tout ce qu'il sait tandis que l'inconnu se rapproche du quai.

Je quitte mon piédestal improvisé.
J'ai reconnu cette odeur. Étrange, dans mon souvenir il était plus grand, plus sombre, plus froid, moins humain. Ce matin, au point du jour, il gagne en banalité. Il devient abordable et surtout il se rapproche bien trop près du bord. Pourtant il serait n'importe qui je m'en foutrais qu'il se balance à la flotte. Il n'aurait pas tord, des usines pour seul horizon ça donne parfois des envies de suicide. Mais j'ai comme l'impression qu'il n'est pas n'importe qui...
Alors une fois descendue de mon piédestal, je me dirige vers lui. Un pied devant l'autre, je marche dans la moindre flaque d'eau. Mes bottes sentiront la pluie quand je rentrerais. Le chat m'aperçoit, se détache de l'inconnu et court à ma rencontre. Il s'accroche à mon jean, y plante ses griffes. Je lui murmure trois mots pour l'apaiser et m'arrête à côté de l'inconnu. Je fixe ce que lui aussi fixe. Les eaux du fleuve.



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeLun 3 Mai 2010 - 17:59

Le vertige passe, emporté par les immondes courants. A croire que cette eau est à l'image de la vie qui s'écoule dans cette cité, sale, viciée, et surtout, de passage, et personne qui voudrait la retenir plus qu'il ne le faut.
Alors que mes sens reprennent leur place, je m'aperçoit de sa présence, à coté de moi. Je la reconnais assez rapidement, sans avoir besoin d'un regard. Comme la première fois, je ne sens rien. Le vent souffle vers moi et pourtant, je ne sens aucun parfum, ni l'odeur que devrait porter le vent, bloquée par son corps. Elle, elle me renvoi juste cette absence d'odeur, une sorte de parfum de liberté, en fin de compte. Comme pour dire 'tiens, profite, respire un peu d'air pur pendant que je suis là, après tu pourras continuer à crever de cet air toxique'. Elle a cette sorte de pouvoir que j'apprécie en elle.

Et moi, de mon côté, j'ai une petite chose qu'elle apprécie aussi, la seule, sûrement, alors, échange de bons procédés, je sors mon paquet de clopes et lui en propose une. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'aime bien cette fille, sans même la connaître, sans même savoir ce qu'elle fait de sa vie, de son temps. Qui sait si un jour je ne devrai pas l'arrêter ? La frapper, même ? J'espère pas, c'est tout. Elle canalise cette sorte de haine qui grouille creux de mes tripes depuis que je suis en âge de réfléchir. Haine que je n'avais réussis à calmer qu'une seule et unique fois, par un coup de couteau bien placé dans le buffet du vieux. Et voilà qu'elle, sans violence, sans même des mots, apaise un torrent.

Déroutant.

J'en viens à regretter de ne pas avoir été plus sociable ces dernières années. C'est peut-être ça, vivre avec les gens. Peut-être que l'isolement n'était pas la meilleurs solution, peut-être que le chemin de haine et de violence que j'ai choisi n'était pas la meilleurs voie pour calmer l'intense frustration qui me brûle un peu plus chaque jour.

J'en éclate de rire, quitte à passer pour un malade mental, peu importe. Après tout, elle vient d'assister à mon petit numéro de camé du dimanche, je suis pas vraiment à ça près.

Oui, c'est drôle, tellement drôle. Moi, Golgoth, chien de première, adepte du marche ou crève, j'aurais peut-être besoin d'amitié, d'amour et d'eau fraîche.

Vraiment, c'est si drôle !

Mon sourire est si large que j'en peine à garde ma clope entre les lèvres, je l'allume et lui propose mon briquet. Je doute qu'elle se rende compte que ce machin tout chromé a de la valeur, que personne d'autre que moi ne l'a jamais touché, mais qu'importe, je change, je deviens partageur.

Je faiblis. C'est si drôle.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 18:06




L'eau est boueuse, nauséeuse, draînant encore et toujours les immondices que nous y abandonnons. Un sac plastique, un papier de barre énergétique, une boîte de conserve, un bout de fil de fer barbelé, un manche à balai sans sa brosse, un livre boursouflé, une brosse sans son manche à balai, ce que je crois être une photo de famille. De temps à autre, l'écume saumâtre de ces eaux dévoile un cadavre de rat sans doute empoisonné par les rejets toxiques des usines. Sous mes yeux défilent ce qui restent de nos vies, ce dont nous ne voulons plus, ce dont nous n'avons pas besoin mais que nous achetons par pur instinct de consommation. Par pur déformation orthodoxe...

Je capte le son du paquet de cigarettes qui s'ouvre, puis se referme. Celui du briquet que l'on sort de sa poche. Et puis l'odeur. L'odeur délicate du tabac qui se consume. J'attends. Et il me tend une cigarette. Puis son briquet.
J'hésite. Est-ce que je sors celui qui s'est installé dans ma poche depuis la dernière fois? Est-ce que je dévoile ainsi le simple fait que notre précédente rencontre m'ait marqué? Est-ce que je lui fais comprendre que j'attendais celle-ci avec une impatience mal contenue? D'une certaine manière ce serait agir comme nous autres orthodoxes ne sommes pas censés le faire. Nous n'espèrons rien, pas même une nouvelle rencontre fortuite avec un inconnu. Je dirais même: surtout pas.
Alors je le remercie d'un regard et glisse ma main dans la poche intérieure de mon imper. J'en sors le briquet nacré et allume ma cigarette. La première bouffée envahit mes poumons comme un nouveau souffle et je l'écoute rire.

C'est un rire tatillon d'abord, comme si tout cela lui était étranger. Comme si le fait même de rire, de rire vraiment j'entends, lui était inconnu. Et puis ces éclats enflent. Il a le rire communicatif des premières fois, alors machinalement je me mets à sourire. A glousser. C'est assez ridicule, voire même complètement, ces espèces de pépiements. Et ça fait un peu mal aussi, de soulever les côtes en un mouvement aussi saccadé, d'inspirer un bouffée de tabac et de la voir ressortir par les narines parce qu'on ne peut s'empêcher de glousser, de penser au taureau qui lui aussi souffle par les naseaux mais pour des raisons différentes et de rire plus fort.
Jusqu'à me mettre à tousser. Jusqu'à chercher de l'air, et me tenir les côtes comme si j'avais peur de tomber. D'ailleurs, je préfère m'assoir, les pieds dans le vide, au dessus du fleuve sur ce bout de quai où plus d'un chien a déjà du pisser. Je n'ai pas peur de me salir au contraire; ce soir en rentrant j'aurais une odeur, et si ce doit être celle de la pisse de chien alors tant pis.

Tant pis pour tout, j'ai pas envie de réfléchir. J'ai pas envie de me souvenir qu'une orthodoxe ne doit pas rire, qu'une orthodoxe ne devrait pas être ici, assise à côté d'un mentaliste. Et puis pourquoi d'abord? Pourquoi est-ce qu'ils seraient si différents de nous? On a beau dire que, sur l'échiquier nous sommes les pions, les fous eux, ne sont pas grand chose de plus. Certes ils peuvent aller plus loin, et de travers en plus, mais malgré tout leur chemin est déjà tracé. Il paraîtrait même que nous les pions, une fois traversé l'échiquier, on pourrait devenir ce qu'on voudrait: cavalier, tour, fou, roi même! Reste à déterminer le nombre de cases de l'échiquier, et ça ce n'est plus de notre ressort...
Même sans le vouloir j'ai déjà trop pensé, et l'envie de rire m'est passée. Je tire sur ma cigarette comme on tirerait sur un joint pour y chercher désespérément quelques secondes de répit.

Des émotions d'un coup... C'est trop!
Les eaux brunes du fleuve me bercent. J'ai envie de m'endormir là sur son épaule, mais je ne peux pas. Parce que là, là, je dépasserais vraiment les limites. Et ça... Ce n'est même plus une question d'être orthodoxe ou non, d'être implantée, aspetisée ou non. C'est juste une question de proximité. Plus près, je ne peux pas. Plus près, il ne faut pas.



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 13:49

On est bien là, mine de rien, tranquilles, presque à oublier toute la merde qui nous entoure, à tirer sur nos clopes en silence. J’en oublierais presque ce que je suis, ce que je dois être, mais merde, là, comme ça, qu’est-ce que je pourrais faire ? Lui dire que nous enfreignons la loi, le fait que j’éprouve du plaisir à être là, simplement, est illégal, et que par conséquent elle en est complice ? L’arrêter ? Peut-être même la tuer ?

Putain, je me rends compte à quel point ma vie est fondée sur quelque chose que je hais, à quel point toute ambition, toute envie de liberté est vouée à l’échec, et je me rends compte à quel point je n’ai pas les couilles de changer de voie, d’aller prendre un chemin de traverse, fouiner dans les égouts avec les « rats ».

Piégé par ma propre connerie, piégé dans cet avenir qu’on a tracé pour moi. Une douleur sourde me vrille l’abdomen, surprenante au point que je m’en tors légèrement de douleur, avant d’essayer de camoufler ça.

J’ai peur. Pour la première fois depuis si longtemps que j’en avais oublié ce que ça faisait, j’ai peur. Peur de ce qui pourrait arriver si on découvrait que je flânais avec une orthodoxe, peur de ce qui arriverait si je décidais de changer de voie, peur de devoir lui faire du mal à elle.
Je faiblis. Moi qui pensais être imperméable à ce genre de conneries, voilà qu’à peine découvert le plaisir de la compagnie, j’ai peur de ce qu’il pourrait me faire, moi qui ai toujours aimé être seul, au point de refuser de crécher au temple avec les autres.
Un mouton noir ? Allez savoir. De toute façon, m’est avis qu’on est tous à peu près dans la même merde, reste plus qu’à fermer les yeux sur ses sentiments et attendre de voir ce qu’il se passe. Et c’est ce que je ferai.

Je profite encore un peu de ce moment si rare, et j’irai ensuite faire mon devoir, patrouiller, jeter un œil dans quelques tripots dégueux en quête d’un petit plaisir illégal à éradiquer, et je rentrerai chez moi avec la mauvaise conscience de ce travail accompli, que je noierai dans un verre et un autre rail, avant de regarder encore un peu de cette merde à la télé, histoire d’être sûr que je ne l’oublie pas avant le lendemain, où tout recommencera, sauf ça

Finalement, c’est peut-être ça, la vie, faire ce qu’on ne veut pas parce qu’on a pas le courage d’aller chercher l’inconnu, on se complait dans le peu de luxe qu’on a, au point de ne vouloir le perdre pour quelque plaisir immatériel. Peur d’abandonner mon appartement miteux pour une corniche de pierre au bord des eaux usées ?

Ouais. Ca doit être ça. Mais les moments comme ceux-ci sont si rares qu’on les fait durer un peu, tirant délicatement sur cette trame de temps pour l’allonger au plus avant qu’elle ne rompe pour nous renvoyer à nos tâches quotidiennes.

Je commence à lever mon bras, puis je me ravise. Ca se fait pas, mon grand. J’ai envie de rire, mais j’en ai peur, alors celui-là, je le ravale.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 15:15




Il ne s'assoit pas.
Pourquoi est-ce qu'il ne s'assoit pas?
Il est là, planté, debout, à côté de moi, comme si soudain, le temps s'était arrêté. Je ne le regarde pas, mais je sens son odeur, tout près. Il n'y a que ce bruissement de tissu m'indiquant qu'il continue de tirer sur sa clope, machinalement. Comme moi. Mais c'est tout. Même le vent s'est tu, même le fleuve est d'huile, immobile.

Je ferme les yeux et j'aspire un grand coup.
Mes poumons enflent et retombent lourdement tandis que je relâche une volute de fumée. Mes pieds sont glacés, mon cœur bat trop vite. Je l'entends qui cogne contre mes tempes, qui cogne sous mon crâne, me criant de le laisser s'enfuir. Loin, loin, très loin de ces émotions qui ne devraient pas exister, qui n'existaient pas d'ailleurs... Jusqu'à présent. J'ai rit, comme je n'avais plus rit depuis des mois. Et rien que pour ça j'ai mal. Au coin de mes lèvres, j'ai mal. Au bord de mes fossettes, au pli de mes yeux, au creux de mon estomac, partout j'ai mal.
Mal de réapprendre, de me souvenir, et de rire. Plutôt que de pleurer.

Je replace une mèche cendrée derrière mon oreille, et mes paupières s'entrouvrent.
Rien n'a changé, tout est toujours à la même place. Le gris, le béton et la pollution sont là, fidèles au poste, immuables. Et sous mes yeux horrifiés, ce n'est pas un cadavre de rat que dévoile l'écume, c'est autre chose, autre chose qui réveille des souvenirs lointains...
Un haut-le-cœur s'accroche à mes lèvres, je m'appuie sur le quai pour me remettre debout: je vais vomir.

Ma clope tombe dans le fleuve, mais je ne la regrette même pas. Mes yeux se sont posés sur lui. Pour la première fois, je crois que je l'observe vraiment. Le visage à moitié rongé par ce chapeau, je ne sais même pas s'il me voit, ou si pour lui aussi je suis transparente. Je ne sais pas, et je m'en fiche.

Vue d'ici, j'ai la même taille que ces cheminées au loin. Vue d'ici, je pourrais les renverser d'un grand coup de pied et elles cesseraient de cracher leurs immondices. Mais vue d'ici, simplement. Parce que vue de là-bas, je ne suis qu'un moucheron, un ridicule pion qui gagne à rentrer dans le rang.

Je détaille son menton tandis que mes intestins grondent. Sa barbe naissante, et cette clope qui va-et-vient, depuis ses lèvres à peine entraperçues. Je scrute la pénombre, et devine deux iris fixés sur... moi.

Je réprime un nouveau haut-le-cœur, mais il est trop tard pour courir vomir derrière la montagne de caisses. Alors, c'est là, à ses pieds, que mes tripes se vident. Ça gicle un peu, sur mes bottes, et sur le bas de sa cape. Et moi confuse, je voudrais m'excuser, mais j'ai mal, trop mal pour pouvoir m'interrompre et dire quoi que ce soit. Je me recule, me penche en avant, crache et tousse, les larmes aux yeux. Parce que ça fait mal.

Derrière moi, le chat regarde, là-bas, sur le fleuve, un foulard... aussi roux que son pelage qui glisse sur l'onde saumâtre.



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 15:47

Le monde semble s’être arrêté de tourner, comme pour respecter cet instant de calme, de paix, mais ce n’est qu’illusion, comme les rêves d’un futur lumineux, coloré. Elle est là, assise par terre les pieds dans le vide, le fleuve devant elle, comme si je n’étais pas là, comme si je n’existait pas.

Alors elle se met à rire. D’abord de grands coups de hache dans le silence, puis un son harmonieux qui redonnerait des couleurs à ces rues ternes. Je ne sais pas vraiment ce qui peut la faire rire, mais après tout, je n’ai pas à lui en vouloir, je lui ai fait le même numéro juste avant.

Pourtant, elle se retourne, jette un œil, un seul, vers moi, avant d’essayer de se relever avec peine. Elle semble me détailler, m’observer sous certaines coutures que seule elle peut voir. Puis, soudainement, elle s’écroule quasiment pour dégueuler là, à mes pieds.

Pensais pas que je faisais cet effet là. Je reste interdis quelques secondes. Je suis là, debout devant elle comme un con, et je ne sais même pas quoi faire, j’ai pas été formé à aider, moi. Alors j’improvise, je sors un foulard de ma poche, sans pouvoir me rappeler ce qu’il y fait, et je m’accroupis.

Là, devant elle, je me retrouve paralysé. L’étoffe dans ma main pendante, comme un con, avec la raque entre nous deux. Alors je lui pose la main délicatement sur le bras pour l’aider à se redresser, et lui tend le foulard de l’autre. Mon bras tremble. Jamais il n’a tremblé de ma vie, mais là, l’aide est un combat que je ne connais pas.

- ... va ?

Même les mots ne sortent pas, à peine, juste de quoi faire une phrase de débile profond, pour coller au personnage.

Et si quelqu’un nous voyait, là, comme ça ? Et si on reconnaissait un mentaliste ? Pire, si un autre mentaliste nous voyait, là ? Que penserait-il ? Que j’aide mon prochain ? Peu de chance. Que je fricote avec la vermine ? Plus de chances, c’est sûr. Mais merde, qu’est-ce que j’y peux moi ?

Je suis juste là, comme un con, à vouloir l’aider alors qu’elle ne veut probablement pas de mon aide, la main sur son épaule, et j’en tremble.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 16:24




Je vomis tout ce que je sais, ou pas d'ailleurs. J'ai beau essayé de m'en empêcher, ça brûle la gorge et me submerge, je n'ai plus qu'à ouvrir la bouche pour évacuer le flot acide. La refermer, la rouvrir, parce que ça fait mal...
Puis brusquement, plus rien. Plus rien à cracher. Il reste juste les yeux embués, les lèvres entrouvertes pour laisser l'air frais glisser dans ma bouche, et puis de la morve qui coule au coin de mon nez. J'ai l'air d'une pauvre fille, l'air d'une gamine qu'a voulu joué à la grande et qui s'est pris une raclée, l'air de rien.

Et lui il est là, accroupi devant moi, une main sur mon épaule, l'autre tenant un chiffon. Il m'aide à me relever, sa main se crispe autour de mon bras, l'autre me tend ce chiffon en tremblant je crois.
Je ne le regarde pas tout de suite. Ce n'est même pas une question de fierté, c'est juste que je le distinguerais à peine derrière mes pupilles embuées. Je garde la tête baissée, le regard fixant ce qui nous sépare, et je saisis à tâtons le chiffon qu'il me tend. Ma main effleure la sienne, j'avais raison, il tremble. Je reste là, avec des questions plein la tête, quelques secondes, et je prend le chiffon pour le plaquer sur mes lèvres.
J'essuie le coin de mes lèvres, là où ça brûle, et le menton qui dégouline encore. Je me mouche dans ce bout de chiffon, ça fait un bruit de trompette qui me fait sourire, intérieurement. Et puis le bout de tissu toujours plaqué sur mon nez, je lève les yeux vers lui. Ah mince, j'ai oublié de m'essuyer les yeux!

Voilà, c'est mieux.
Je le vois. Il tremble encore. Mais tourné ainsi, je distingue son visage, le chapeau n'y fait plus rien, je vois son front, ses sourcils, ses paupières agitées d'un tic nerveux, son nez, ses lèvres... Je le vois lui, et machinalement, je ne peux m'empêcher de lui sourire. C'est fin et humide, mais ça reste un sourire. Juste pour lui.

" Désolée pour votre cape... "

Oui, désolée vraiment, de vous avoir fait subir tout ça. D'avoir salit votre mouchoir, d'avoir abuser de votre temps, d'avoir rit sans en avoir le droit, d'avoir tâché vos chaussures, d'avoir aimer ces quelques instants de plaisir partagé, d'avoir évincer les tabous et de ne pas encore vous avoir dit...

" Merci. "



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeDim 30 Mai 2010 - 18:39

Debout, devant moi, à se moucher, les yeux embués, on dirait une gamine. Pourtant, elle a pas vraiment l’air d’une gamine, même si je serais incapable de dire ce qui me fait penser ça. Ses yeux se plissent alors qu’elle me sourit et s’excuse. Un temps, puis elle me remercie, ce qui me fait l’effet d’une bombe. Je ne me rappelle pas avoir jamais entendu un merci à mon intention. Une sorte de boule chaude de gratitude m’explose dans la gorge. Ma cape…bof…

- Pas grave, j’en ai encore quelques une au placard.

Je lui rends son sourire, même si je sais pas trop ce que ça donne, mais de l’intérieur, je ressens ça comme une grimace, en moins douloureux…

La douleur, c’est elle qui l’a, pour l’instant, elle, qui vient de la cracher comme la ville crache toute sa merde dans le fleuve, dans l’air, et dans nos têtes. Il fait pas bon penser, traîner avec des gens, et pire, leur parler. Ca donne à réfléchir, à se rendre de compte de la merde qu’on fait de nos vies. Ca me mène à remettre en question une vie entière passée à obéir, contre une infime poignée de plaisir qui aura disparue quand je l’aurai quittée. Mais pourtant, j’ai envie d’y croire, envie de me dire que nous ne somme pas mauvais, ou que je pourrai ne plus l’être, ou juste l’être moins. Cette gamine est une boule d’espoir et de plaisir sain. Assez ironique, d’ailleurs, que ça vienne d’une implantée.

Et si elle ne l’était pas ? Idée conne qui je repousse, plus par peur de devoir agir contre elle que par conviction

Je pense trop, finalement. Et je me retrouve planté devant elle sans savoir quoi lui dire, à la dévorer des yeux. Finalement, je tente, bêtement, une invitation, parce que ça, je sais pas faire.

- Voulez marcher un peu ?
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeMar 20 Juil 2010 - 13:21




Le merci, c'était pas tant de la politesse. Plutôt une nécessité. Parce que ce type là devant moi, il a pas l'air de connaître ce mot. Il a pas l'air de connaître la gratitude. Ni la tendresse, la gentillesse, ou quelque sentiment que ce soit qui y ressemble. Pas à son égard en tout cas.
Et même s'il fait mine de rien. Je sais l'effet que ça lui fait. Je sais la chaleur dans son corps, le bourdonnement sous son crâne qui bien qu'éphémères l'accompagneront toute la journée. Je sais parce que je suis passée par là moi aussi. Mais cette histoire est une autre histoire. Une histoire d'il y a longtemps. Une histoire qui a trait à ce foulard roux qui vogue sur l'onde grisâtre. Et qui restera derrière moi, loin très loin, derrière.

Son sourire en accent circonflexe renversé me fait chavirer. J'ai presque l'impression que bientôt, oui tout bientôt je pourrais retrouver mes sensations perdues... Mais bientôt, c'est comme tout, ça reste très subjectif, et surtout pas très réaliste. Bientôt, ça peut être demain, le mois prochain ou dans des années. Tout dépend des faits, de la patience, et du temps qu'on s'accorde. Moi du temps, j'en ai encore beaucoup, si je ne me noie pas avant dans la fange de Novlangue...

Pas aujourd'hui en tout cas. Aujourd'hui, on me propose d'aller marcher un peu. Et j'acquiesce. Ça me dit bien d'aller marcher avec lui. De flâner comme ça au gré des hangars délabrés. J'ai pas la force d'ouvrir la bouche. Y a encore un peu d'acidité au fond de ma gorge, et j'ai peur que prononcer un mot suffise à me faire vomir. Encore. Alors un autre sourire suffira, un regard un peu appuyé, pour faire comprendre que oui, j'ai envie de continuer avec lui mon bonhomme de chemin.

Le chat profite de mon silence pour venir se frotter contre mes jambes. Sa queue me chatouille le creux du genou, alors je frissonne et le pousse du bout du pied. L'heure n'est pas aux caresses et aux tendresses. Quoique...
J'ai bien envie de prendre sa main. J'ai bien envie qu'on marche l'un à côté de l'autre, la main dans la main le long du quai. J'ai bien envie que si quelqu'un nous voie il nous prenne pour un petit couple en promenade. J'ai bien envie, et je ne sais pas pourquoi cette envie me prend soudainement.
Je sais juste qu'il me faut la repousser violemment. Il ne FAUT pas, surtout pas.
Pas de peau contre peau. Pas de promiscuité, pas jusque là. L'un à côté de l'autre, oui, l'un collé contre l'autre, non. Je me le répète encore et encore, pour que ça s'imprime bien dans ma sale caboche.

Et puis, je fais un pas, je tangue un peu, étourdie. Un autre pas, et je l'attends pour qu'il me suive. Est-ce qu'il connaît cet endroit aussi bien que moi? Est-ce qu'il sait les fragrances, les odeurs, les parfums? Est-ce qu'il sait les humeurs...?
Peut-être pas aussi bien que moi. Peut-être pas ici. On ne vit pas dans le même monde, sans doute. Ici, c'est chez moi. Là-bas, chez lui, je ne connais sans doute rien. Alors ici, c'est moi qui vais l'emmener, le promener. Un pas après l'autre.



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeJeu 22 Juil 2010 - 22:20

D’abord elle me semble bizarre. Comme si ma proposition l’agaçait. Ou peut-être autre chose que de l’agacement. Mais finalement elle hoche la tête et commence à se mettre en marche, hésitante, poussant le chat du bout du pied. Ce soir, nous marcherons sans lui. Juste elle, et moi. De la voir, vaciller légèrement, cette apparente faiblesse, de dos, qui cache un regard fort, puissant, j’aimerais la prendre dans mes bras, la remercier, lui expliquer combien son merci m’a fait du bien, lui expliquer que je n’ai jamais connu de moments de calme, d’apaisement, comme celui-ci.

Mais je crois que je suis incapable d’aller plus loin que l’idée pour ce genre mi-tendres, mi-mièvre. Je suis même partagé entre l’agacement de me laisser toucher par ces conneries, et le plaisir de vivre ces instants.

Alors je marche à côté d’elle, pas loin, pas collé. Distance règlementaire. Règle de bienséance, mon cher. A l’affut, pour être sûr de pas la déranger, et rectifier le tir si c’est le cas.

Je connais vaguement ces rues. Souvenir flou qui se faufile entre les limbes de la défonce pour m’indiquer où mettre les pieds. Bien trop atténué. Je me suis mentis trop longtemps, c’est facile de se dire qu’on n’est pas accro, qu’on arrête quand on veut. Le problème, c’est quand on ne se rend même plus compte qu’on s’envoie un rail. Les deux trois fois par semaine de défonce, en vrai, c’est celles que je prends quand je suis pas en manque, juste pour le plaisir. Le reste, ça compte pas, c’est forcé.

Et ça m’a ruiné. Mes réflexes se sont émoussés, mon esprit est flou la plupart du temps, mon monde est encore plus gris que cette ville. Mais la blanche vous fait apprécier le gris.

- J’peux vous laisser guider mes pas ?
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeJeu 22 Juil 2010 - 23:13




Lui aussi s'est mit à marcher. A côté de moi. Ca me fait bizarre d'abord. Pas qu'il soit à côté de moi, juste de marcher avec lui. De marcher avec quelqu'un. J'ai jamais marcher "avec" quelqu'un, pas depuis que je m'appelle Blanche en tout cas. Pas depuis que je suis moi, et même avant... je ne crois pas non plus.
Il me demande de le guider, mais je ne sais pas où je vais. Il n'y a pas de destination prédéfinie, pas de chemin tracé, d'itinéraire idéal. Cela n'a rien d'une visite touristique; je ne lui indiquerais pas le coin des vendeurs sous capes, ni celui des meilleures maisons closes. Pourtant, il a raison. Même sans savoir réellement où je vais, je ne me perdrais pas. Alors oui, mieux vaut qu'il me suive.

Je me retourne un instant vers lui. Mon regard croise le sien. J'ouvre la bouche. J'ai envie de dire quelque chose mais rien ne vient.
Et puis soudain, une bourrasque de vent me fouette le visage. Et avec elle, me parvient les relents de cigarette froide qui auréole la silhouette de mon inconnu. Cette odeur lui colle à la peau... J'aimerais bien qu'il en soit de même pour moi.

" Je vous guide et vous m'offrez une cigarette? Ça vous convient? "

Et même...
Même s'il n'acceptait pas, je trouverais bien un moyen de contourner tout ça. J'ai pas envie que ses pas se détachent des miens. J'ai pas envie qu'il dise non, se retourne et s'en aille. Je suis bien là où je suis avec lui. Pas "bien" comme d'habitude. Ce n'est pas simplement un état de repos, de stagnation. Il y a comme un bouquet de violettes dans un coin de mon esprit. Un brin de muguet qui m'offrirait quelques instants de bonheur. De vrai bonheur. Le bonheur...

" Attendez! "
Je dis. Et je rajoute.
" Je connais un meilleur endroit pour admirer la ville. Vous m'offrirez une cigarette là-bas. "

Moi. Idiote. J'attrape sa main et je me mets à courir.
Je m'essouffle, lui aussi. Le manque d'entraînement pour ma part. Et je cours. Je cours à en perdre haleine. Pourquoi? Je n'sais pas. Est-ce que c'était simplement un prétexte? Un prétexte pour attraper cette main qui me faisait tant envie. Pour enfin sentir, vraiment, le contact de sa peau sur la mienne. Pour la chaleur qui se transmet de lui à moi par le simple biais de ce contact fragile. Pour m'accrocher à lui sans qu'il en ait l'impression...
Et j'aurais beau me rassurer en me disant qu'ainsi, il ne sent rien; qu'ainsi il ne prêtera même pas attention aux fines cicatrices rectilignes qui ornent ma main. Tout cela ne sert à rien et déjà sous mon crâne, je me maudis. Moi. Stupide.

Heureusement, la silhouette de la bicoque se dessine. Nous sommes arrivés. Et sans prévenir, je lâche sa main et m'arrête devant une échelle métallique rouillée qui grimpent aux flancs de la maison jusqu'au toit.
" Voilà. C'est là... J'espère que vous avez pas le vertige... "



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeVen 23 Juil 2010 - 20:00

On a marché un peu avant qu’elle me demande une clope. M’est avis qu’elle a le cerveau bien plus aéré que la plupart de ses concitoyens, parce que je veux bien me couper une couille si elle fume pas par plaisir. Avec cette déduction, je devrais déclencher une enquête, faire quelque chose, agir. Alors oui. J’agis. Je commence par savourer l’instant, la marche. Puis j’apprécie l’instant ou elle se retourne vers moi, l’écoutant à peine, dévorant son visage, ces lèvres qui s’entrouvrent pour mimer une parole avant de se reprendre, puis finalement trouvent ce qu’elles ont à dire. Une clope, oui, tout ce que tu veux.

Je me perd dans cette contemplation, si bien que je n’ai pas le temps de lui répondre, elle me propose d’aller ailleurs, et là encore, avant que je réponde, me prend la main et m’embarque dans une course effrénée.

Je ne sais même pas où je vais, où on va, je suis ses pas, je sers sa main, seul avec mes sens, sans seulement savoir si elle s’en aperçoit. Cette sensation...

Est-ce de la douleur ? Est-ce agréable ? Je crois que le dernier contact d’une main sur ma peau était la paluche de mon vieux quand il me cognait, alors ça date. Là, c’est différent. C’est chaud, mais plutôt que de chauffer juste la main, ça chauffe partout. C’est tout mon corps qui se régale de cette chaleur, une mandale puissance mille.

Et j’arrive pas à savoir si c’est tellement agréable que ça en devient douloureux, ou si douloureux que s’en est agréable. Je sais pas. Je sais plus.

Au fond, j’ai jamais su. Alors comme beaucoup le font dans les rues, je pense que ce doit être agréable. Je le décide. Et je serre un peu plus sa main. Une main discrètement abimée, preuve d’un passé moins rayonnant, carrément sombre, même, mais une main si douce ! Je cours, avec pour seule idée en tête de prolonger cet instant.

Mais déjà il s’achève, sa main m’échappe, et je la lâche, de peur de lui faire mal. J’ai déjà torturé, tué à contre coeur, mais jamais ça ne m’a dérangé autant que de devoir laisser filer entre mes doigts cette chaleur.

Elle me regarde, souffle, et me parle. Le vertige. Ha ! Je viens de l’avoir, le vertige, et vu la charge, j’ai eu mon diplôme de funambule.

Je lui souris.

- Ca devrait aller.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeSam 24 Juil 2010 - 0:56




Il a pas l'air de s'être rendu compte de mes cicatrices. Cette constatation ne sert qu'à justifier un peu mes actes. Je devrais être rassurée, rassérénée, mais étrangement, je n'en éprouve pas le besoin. La course a eut du bon. Je crois que je n'ai plus peur de sa réaction à lui.
Je le regarde et je souris. Heureuse (?!) que notre discussion puisse se poursuivre encore un peu plus haut, sur les toits de mon monde. J'acquiesce.

" Vous me suivez alors...? "

J'agrippe un barreau rouillé, effleure le métal et monte le doigt jusqu'à mes narines. Je renifle cette odeur si suave qui chatouille mon odorat et repose la main là où elle se trouvait.
" Faites attention au troisième barreau... Il est un peu bancal... "
L'un après l'autre, je m'accroche aux échelons. Un geste si souvent répété autrefois, lorsque lasse de tant de laideur je me réfugiais ici. Loin, loin très loin au dessus de la fange, de la grisaille.
Et aujourd'hui, c'est avec lui que je me hisse là-haut, au sommet de ma tour. Un mentaliste de surcroit qui entrouvre la porte de mes espoirs déchus, de ma liberté perdue, retrouvée et si vite anéantie. Qui suis-je pour pouvoir voler jusque là sans m'être encore brûler les ailes? Qui suis-je pour soudain me permettre autant d'erreurs en si peu de temps? Qui suis-je, derrière le masque, derrière la chair blafarde, les cheveux cendrés? Une folle... Folle d'espérances, sans doute.

Enfin se dessine le parapet de béton qui entoure le minuscule toit en terrasse. J'assure ma prise dans une fissure plus marquée que les autres et j'enjambe. Je m'écarte, et m'adosse sur ce pan de mur qui tombe en ruines. Derrière moi, il y a les toits des quartiers populaires. Plus loin ceux de la zone de sommeil. Et devant... Devant s'étendent les usines, toutes plus géantes les unes que les autres. Mais là d'où je suis, moi aussi je suis une géante. Je côtoie les cimes sans vergogne, je pourrais presque aller chatouiller les gorges fumantes qui zèbrent le ciel.
Je pourrais, mais pour le moment, autre chose m'importe. Une présence, un être, un homme. Son nom je ne sais même plus s'il me l'a dit. Je m'en fiche. L'inconnu et son mystère me suffise. Un nom c'est un pan de voile soulevé, l'esquisse d'une histoire, d'un passé... Et si l'un s'y met, l'autre devra le suivre. Je ne suis pas prête à ça. Mon histoire et mon passé sont un gouffre dans lequel je n'emmènerais personne.

J'attrape sa main lorsqu'il arrive au sommet. Après tout c'est ici chez moi et je me dois d'accueillir mon hôte comme il se doit. Mes doigts glissent entre les siens, se reprennent et s'enroulent autour de sa paume. Ils avaient froids.
Je plante mon regard dans son regard. On est tout près. Vraiment trop près, devrait me crier ma conscience. Je l'aime bien cette proximité. Je l'aime parce que je la partage avec lui. Et il y a au fond de ses yeux une lueur qui me dit que mon inconnu aussi il est bien là où il est. Ça me fait plaisir, alors j'esquisse un sourire.

Je ne lâche pas sa main, je ne me recule pas. Je reste plantée là debout, devant lui. Et puis me revient soudain la raison de notre venue ici. Dans un souffle, je la lui rappelle.
" Vous m'offrez une cigarette, maintenant? "



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeMer 4 Aoû 2010 - 22:57

Avant de monter, elle sent l’odeur du métal, cette odeur si semblable à celle du sang, et j’espère de tout mon coeur, si j’en ai un, qu’elle n’en retire par les mêmes souvenirs que moi. Et elle grimpe.

Elle enchaine les barreaux avec une certaine aisance, glissant un petit conseil entre deux, plus pour dire « à mon tour de veiller sur toi» qu’une mise en garde. Ca me réchauffe le coeur. C’est pas que j’ai besoin d’être protégé, ni rien, mais c’est quand même toujours agréable, de se sentir veillé, plutôt que surveillé, pour une fois. Et puis je suis plus aussi agile qu’avant. Je crois que mon esprit ne sort plus complètement des vapes de la défonce.

Alors un petit conseil chaleureux, en plus d’être utile, ça fait plaisir. Je la suis, en laissant une distance respectueuse entre elle et moi, pour ne pas la froisser, pour ne pas l’insulter. Je sais pas pourquoi, je me dis juste que c’est sûrement plus poli comme ça.

Arrivé en haut, je pose à peine la main sur le rebord de béton, froid comme la mort et la ville qui nous entoure, que la sienne m'agrippe et m’aide à terminer mon ascension. C’est pas une main qui vient t’aider, d’un coup sec, et qui relâche. Non. C’est une main qui vient te donner un peu de sa chaleur, de sa douceur, celle que tu serre en espérant qu’elle ne s’en aille jamais, celle qui te dis : voilà, ici, c’est un peu chez moi, c’est pas grand chose, ça manque de meubles et de lumière, mais je m’y sens bien, alors j’espère que toi aussi.

Et oui, j’y suis bien, là, avec la pression de ses doigts sur ma paume. Je me rétablis sur le toit, me redresse pour tomber nez à nez avec elle. Evidemment. J’ai du le vouloir, inconsciemment. Ses yeux se plantent dans les miens. Des yeux si sombres, si attirants, si beaux. Je les dévore, profite de cet instant, pour ce qu’il durera. J’ai vaguement conscience de notre proximité, tout autant agréable d’ailleurs, mais je n’y pense pas. Je ne saurais pas quoi faire, de toute façon. Est-ce que c’est bien ? Est-ce que c’est trop ? Je m’approcherais bien un peu plus, en fait. Frôler sa joue. Toucher ses lèvres des miennes. Mais ce serait mal.

Peut-être.

J’ai rarement hésité avant de faire des choses «mal», mais là...Si elle me repoussait ? Si elle me crachait dessus ? Je ferais quoi moi ? Je n’aurais plus qu’à fermer les yeux pour ne pas les baisser, et espérer ces larmes qui jamais n’ont bercé mes sanglots.

Alors, juste, je profite, d’être si près, si proche. Je sens son léger souffle sur mon visage, comme un vent de liberté dans cette prison-ville.Je savoure.

A sa demande, sans bouger, sans m’éloigner, en essayant d’esquisser un sourire, je sors deux cigarettes de ma veste, remonte le bras en frôlant sa veste, espérant par inadvertance voler une caresse.

- Avec plaisir.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeJeu 5 Aoû 2010 - 11:08




Je le laisse faire. Je le laisse sortir les cigarettes de sa veste, effleurer la mienne par inadvertance et ma hanche par la même occasion. Je frissonne. Non pas parce qu'il fait froid, juste parce que ça me fait bizarre de ne plus avoir le contrôle. De ne plus savoir parfaitement ce que je vais faire ou dire dans un instant. Devant moi c'est l'inconnu, c'est mon inconnu.

J'attrape la cigarette, la coince entre mes lèvres et sort un briquet. J'écarte mon visage du sien, la flamme s'allume. La sienne, et puis la mienne. Ça fait un rond de fumée dans l'air humide et poisseux. Un rond diaphane et si vite évaporé que je vérifie à deux fois que mon joujou est bien allumé. Et puis je lâche sa main; enfin je sais plus trop si c'est à cet instant que je lâche sa main. Je ne sens plus la chaleur de sa peau, sa douceur aussi. Ça me manque déjà mais je veux pas qu'il me trouve trop collante, trop sangsue.
Je m'adosse contre le muret en béton. Je m'y assois même. Je tourne le dos à la ville, aux usines, à tout le reste en fait. Le vent ébouriffe mes cheveux, me gifle. On dirait qu'il me dit de me calmer, de reprendre mes esprits et de m'en aller. C'est pas une place pour une jolie grise pour moi. Il y a un lit qui m'attend chez moi. Un lit, une armoire et un géranium. Pourquoi j'y suis pas là bas?

Parce que... Parce que lui. Son sourire maladroit, le mouvement mécanique avec lequel il fume sa clope, son odeur.
Mentaliste.

Je caresse le béton, effleure les failles, respire.
Il sait. Ou bien il s'en doute. Je me demande d'ailleurs pourquoi il n'a toujours rien dit, rien fait. Pourquoi il m'a pas posé des questions indiscrètes. Pourquoi il m'a pas encore arrêté. Comment ça marche ces choses-là? Qu'est-ce qu'ils font les gens comme lui lorsqu'il repère des comme moi? Il a bien tabassé ce type l'autre soir, mais il l'a laissé à moitié mort dans le coin de la ruelle. C'est censé marcher comme ça? Ou alors il laisse ses collègues ramasser le gibier? Est-ce que c'est ça? Est-ce que d'autres types vont se ramener et m'emmener? Est-ce qu'on va me punir d'être monter trop haut? D'être aller trop loin?

Je plisse les yeux pour voir son visage dans la semi-pénombre. Et j'ai la naïveté de poser la question. De but en blanc. Je me demande comment on peut avoir fait ce que j'ai fait, avoir été ce que j'ai été et soudain devenir aussi... idiote?!
" Vous savez n'est-ce pas?... Qu'est-ce que vous allez faire de moi, dites?... "

C'est sa faute à lui je crois. Il m'a mis en confiance, je me sens trop bien avec lui. Peut-être que depuis le début c'est un mensonge, un faux-semblant.
Peut-être, mais j'ai pas envie.

Je me relève, et je me rapproche de lui. La cigarette se consume entre mes doigts. Bientôt il ne restera plus qu'un mégot.
Je me rapproche encore, je voudrais distinguer les expressions de son visage. Je voudrais me rassurer, croire que je ne me suis pas trompée sur son compte.
" Vous voulez bien me serrer dans vos bras s'il vous plaît... Parce que si vous faites ce que vous devriez, après... Moi je voudrais savoir ce que c'est que d'être serrée dans les bras de quelqu'un... "

J'écrase ma cigarette par terre, et je ferme les yeux. Est-ce que... Non, rien.



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeJeu 12 Aoû 2010 - 21:55

La magie dure encore quelques secondes, après que je lui ai donné la cigarette, puis elle allume les deux, lâche ma mains qui semble alors s’imbiber de la triste fraîcheur de l’air ambiant, et s’éloigne. Un pincement au coeur, je reste immobile, quelques instants, avant de me rapprocher du muret, face à la ville. Je monte dessus, flirte avec le vide en appréciant la vue.

La vue. Le silence. Le froissement de sa veste quand elle amène la cigarette à ses lèvres. L’infime craquement du tabac qui se consume. Instant de plaisir pur, comme rarement j’en ai vécu. Tous ces délices, réunis autour et par sa présence. Cette nuit ne serait rien sans elle. Ce toit non plus. Cette vue, cette ville, cette vie, non plus.

Mais voilà, sans être un expert, je sens le silence durer anormalement, l’ombre reprendre ses droit sur une clarté intérieur qui déjà s’évapore. Un malaise enfle. Gronde. J’ai peur. Peur, car je ne sais pas d’où il vient.

Et bien avant que je n’effleure juste la réponse, sa question claque dans l’air, déchire le silence, brise mes illusions.

Non. On ne me fera pas confiance.

Un temps, me prends l’envie de faire un pas en avant, ce putain de pas qui me sépare depuis bien longtemps du repos. Mais je me ravise. Je ne sais pas pourquoi, comment, mais elle me retient. Alors je descend du muret. Marche un peu. En me retournant, j’ai presque peur de recroiser son regard. Mais je me force, la fixe, la contemple, la craint, et l’adore.

Elle se lève, s’approche, me regarde. Je soutiens, tant bien que mal, son regard, et encore plus difficilement sa demande. C’est normal, c’est humain. C’est la deuxième fois que nous nous voyons, elle ne peut pas me faire confiance. Mais pourtant, j’y ai cru, j’ai pensé, comme un gamin qui découvre le monde, que tout pouvait aller bien. Mais non. Il suffit de regarder toute la merde qui nous entoure, comme si elle était le ciment des briques de cette ville, pour comprendre que non.

Alors, sans vraiment le vouloir, sans vraiment m’en rendre compte, même, je m’approche d’elle, passe mes bras dans son dos et la serre contre moi, si fort que j’en ai peur de lui faire mal. J’approche mes lèvres de sa joue et y dépose un baiser, avant de lui murmurer :

- Qu’importe ce que je sais, ou ce que je devrais faire. J’emmerde les ordres, et les interdictions. L’essentiel, c’est ce que je ressens avec vous. Maintenant, la seule chose qui aurait dû être faite, c’est un pas en avant quand vous avez posé la question.

Je profite une ultime seconde de sentir son corps pressé contre le miens avant de la lâcher tendrement. Je retourne alors rapidement au muret, l’enjambe et me calle à la limite de l’équilibre. La où mon visage, mes yeux, ma rage d’être ce que je suis, et mes illusions perdues dans cette défiance chronique propre à ce monde à chier sont hors de vue.

Pour les voir, il faudrait qu’elle me fasse tomber. Ou me tire vers elle, en arrière, pour nous affaler tous les deux sur le béton, mais elle n’oserait pas, elle ne me fais pas confiance.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeDim 29 Aoû 2010 - 13:24




Les yeux fermés, j'attend...

Et soudain, mon corps s'enflamme!

C'est à peine si je sens l'emprise de ses bras, sa poitrine pressée contre la mienne. Ça me brûle, ça me consume, ça picote, ça me démange, puis j'ai froid, je frissonne, je tremble, et à nouveau cette chaleur. On dirait un électrochoc, comme une vague de plaisir, de ressentis, qui m'envahit, me submerge, m'étouffe. Ça n'a ni queue ni tête, c'est incontrôlable. C'est inhumain, et tellement humain à la fois que je ne sais plus quoi faire. J'ai envie de le repousser, de lui crier de me lâcher tellement ça fait mal. Mais je n'y arrive pas.
Mes neurones vont griller, mon corps va fondre, le feu des sensations va me brûler vive, et je n'aurais rien pu faire!

Il ne tient qu'à lui de me sauver de cette fournaise...
Lâche-moi! Je hurle! Mais pas un mot ne sort de ma bouche, mon visage de poupée de cire demeure impassible.

Jusqu'à ce qu'une légère brise souffle sur mes brûlures. Je ne comprend pas tout de suite. Je savoure. Le feu brûle toujours mais ses flammes lèchent mes flancs avec une douceur toute maternelle. La douleur s'enfuit, vite remplacer par une sensation nouvelle que je ne saurais décrire. C'est un peu comme un berceau. Un écrin de coton dans lequel on m'aurait enfermée. Non, pas enfermée, déposée plutôt. Comme une fleur fragile, un bijou précieux. C'est... agréable.

Lorsque j'ouvre les yeux, ses lèvres sont posés sur ma joue et ses murmures me rassurent...


Puis il me lâche comme s'il avait volé ces instants, comme s'il ne les avait pas mérité. Il s'enfuit, grimpe sur le muret en béton; à la limite du vertige, trop proche du vide à mon goût.

Il ne fera rien. Il emmerde les interdictions. Dire que moi j'en suis presque venue à les craindre, mes interdictions, pas celles des autres. L'essentiel c'est ce qu'il ressent avec moi; c'est lui qui a dit ça?!
Vraiment? C'est ce qu'il pense?
Qu'est-ce que j'ai pu être idiote alors. De semer le doute, de poser ces questions, de jouer à l'effrontée. Alors que lui... Lui, il voulait juste partager... Partager avec moi...

Je m'assois sur le muret en béton. Juste à côté de lui. Je le regarde par en dessous, me penche en arrière, seulement retenue par les pieds, arrimés au sol. Je voudrais que son regard croise le mien, je voudrais qu'il me reprenne dans ses bras, je voudrais le tirer en arrière. Plus que tout je voudrais m'excuser. Lui dire...
"Pardon..."




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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeMar 7 Sep 2010 - 18:46

Gamin. Gamin que je suis, à agir comme si tout m’était du, comme si elle me devait son amitié après si peu de temps. A croire que le monde est beau, rose, et pétillant, quand il est plat et terne à souhaits. Gamin, toujours, coincé entre un vide attirant et une femme qui l’est tout autant.

Pourtant elle se rapproche, délicatement, se penche. Peut-être mes croyances n’étaient pas absurdes ? Peut-être qu’elle y croit ?

Mais en quoi ?

Question sans réponse, je ne sais même pas comment nommer cette sensation, ni comment la décrire. Mais elle est là, et sa cause aussi, penchée dans le vide.

Elle s’excuse.

Et qu’est-ce que je fous là, moi, debout sur ce muret à la con, comme un suicidaire en plein appel au secours ?

Quel con je fais, avec mes caprices de gamin. Je me retourne, m’assoie sur le muret et prend sa main, délicatement, comme pour ne pas la casser. Je la serre doucement, tendrement, je sais pas quoi faire de mieux, pas quoi dire. Alors, pour me donner une contenance, et camoufler mes tremblements, de mon autre main, je me sors une cigarette, et l’allume.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeSam 11 Sep 2010 - 17:38




Je le regarde descendre de son muret. Je le regarde s'assoir à côté de moi. Je le regarde prendre ma main. Je le regarde. Je ne sais plus faire que ça. Le regarder, l'admirer. Lui et ses traits à l'encre de chine, son visage baigné de pénombre, son silence, le bruissement à peine esquissé de ses vêtements, sa chaleur, sa tendresse...
Sa présence.

Il me tient la main, et il tremble.
Enfin j'ai l'impression.

Est-ce qu'il a voulu sauter, tu crois?
Est-ce qu'il a voulu se jeter là en bas, depuis mon repaire, et mettre fin à ses nuits?
Est-ce qu'il a peur maintenant d'avoir voulu faire ça?

Je le regarde sortir une cigarette de son paquet, l'allumer et la porter à ses lèvres. J'aime sa façon de faire. Cette manière d'ouvrir à peine les lèvres, de ne laisser qu'un interstice, une légère parenthèse pour accueillir un nouveau souffle, une nouvelle odeur. Et rien de plus. C'est un tic chez lui, un état d'esprit, un mode de vie, il s'ouvre à peine.
A l'abri du monde entier, il ne s'accorde que quelques instants de répit...
De vie, tout simplement.

Est-ce qu'il a peur que je le dénonce, tu crois?
Est-ce qu'il me craint?
Est-ce que...
" Je peux? "

Je n'attend pas sa réponse en fait. Je n'ai pas besoin de son accord pour glisser mes doigts autour de sa cigarette et la lui retirer. J'aspire une bouffée de cette saveur si particulière. La fumée ressort par mes narines, je renifle, j'aime.

Et puis lorsque je me retourne vers lui. Pour lui rendre sa cigarette, pour le remercier, simplement...
Ça vient tout seul, naturellement. Ça s'appelle l'instinct?...

Je me penche vers lui, mon visage effleure le sien, sa main toujours dans la mienne. Et je dépose un baiser, non pas sur ses lèvres, oh non sacrilège je n'oserais pas!
Non. Juste au bord de cette virgule qui lui sert de sourire. Là où l'ourlet plisse légèrement sa bouche.

Un baiser. Juste un.



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeMar 14 Sep 2010 - 18:36

Je la laisse prendre ma cigarette, savourer cette mort lente, pas pire que celle qui nous attend à la sortie de toute façon. En fait, j’aime cette idée de trouver un échappatoire à la grande boucherie du destin. Un simulacre de suicide, au fond, avec la lâcheté en plus. Mais le plaisir aussi.

Le plaisir de cette instantanée brûlure dans la gorge, de cet air plus épais à exhaler, de cette tension qui redescend dans tous les membres à peine la fumée inhalée. Un plaisir simple, et comme beaucoup, destructeur.

Mais le plus destructeur, et le plus beau, d’ailleurs, des plaisirs reste à venir. Elle aurait simplement pu me rendre ma clope du bout des doigts, ne pas m’offrir ce présent, et pourtant.

Naïf, jamais je n’aurais osé même l’espérer. Espérer cette caresse, cette électricité, cette pression imaginaire en la sentant proche de mon visage. Espérer ce baiser au coin des lèvres, léger, brulant et doux, juste assez pour être prêt à mourir pour en avoir plus.

Mon premier baiser. Ou du moins ce qui s’apparente le plus à un baiser. Mais comment y répondre ? Comment lui rendre cette fleur ? Les seuls fleurs que je touche sont fanées.

Alors, peu sûr de moi, hésitant, tremblant, je me tourne vers elle, lâche sa main et glisse la mienne sous ses cheveux, sur son cou, en caressant délicatement sa joue de mon pouce. Mais je ne sais quoi lui dire, quoi faire, j’ai jamais su parler, et là, j’ai pas le choix.

- Tu me ferais confiance ?

Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça, pourquoi ça et pas autre chose, mais j'ai tellement peur qu'elle se méfie de moi.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeSam 18 Sep 2010 - 17:16




Et puis sa main se glisse contre ma joue, calée là juste à côté de mon oreille. A nouveau, elle m'enflamme. Elle irradie. La chaleur s'empare de mon visage. Ça ne ressemble à rien de ce que je connais... Ça fait mal et c'est tellement doux à la fois. Ça me brûle de l'intérieur, ça me dévore, et puis mon corps tremble, une telle brûlure lui donne si froid.
On dirait que quelqu'un est enfermé là, au creux de ma poitrine, et qu'il frappe de toutes ses forces aux portes de mon coeur. Ça cogne, ça cogne encore, ça cogne toujours. Plus vite et plus fort. Bouboum. Bouboum. Bouboum. Je ne comprends pas. C'est tellement neuf et inédit comme sensation que je n'arrive pas à mettre un nom dessus, à y coller une étiquette. J'ai peur de me tromper, j'ai peur de finir consumer, pour de vrai cette fois-ci.

Et puis il égraine quelques mots.
Il me tutoie.

J'ai trop chaud, j'étouffe. Et cette fois-ci je sais que mes joues sont devenues plus rouges que les braises du feu qui se joue de moi.
Jamais personne ne m'avait parlé comme lui, avant. Jamais personne ne m'avait touchée comme il le fait. Et surtout, surtout, cela faisait longtemps que quelqu'un ne m'avait fait ressentir quelque chose...

J'ai l'impression de redevenir une gamine. D'être celle d'autrefois, avant tout ça, avant cette merde, avant l'avant même.

J'ai pas besoin de lui dire qui je suis, ce que je suis, ce que j'ai fait, ou pas. Il est là, et la seule chose qu'il craint c'est que je ne lui fasses pas confiance. Moi? Ne pas lui faire confiance... J'ai vécu certes, mais il y a des travers qu'on n'abandonne jamais vraiment. Et au jeu de qui serait le ou la première à faire confiance, je gagne. Haut la main!

" Pourquoi? C'est interdit? "

Je souris de ma bêtise. Je n'ai envie que d'une chose, mais je n'oserais pas lui demander. Au lieu de ça, je préfère faire la maligne...



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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeVen 24 Sep 2010 - 0:20

Je la fixe, la dévore du regard. Admire ce sourire qui se dessine avec grâce sur ce visage tendre. Un moment d’absence, si vain, si creux, et pourtant si délicieux.

Sa remarque me fait sourie. Parler d’interdits dans cette ville…Autant parler de vivre. Quand le plaisir est interdit, il ne reste plus qu’ordres et subordination.


- N’est interdit que ce qu’on croit l’être, non ?
Je ne lui réponds pas vraiment. De toute façon elle demandait pas une réponse, sa question. Je la regarde, presque pris de vertige au fond de ses yeux. Et, sans savoir comment, pourquoi, je me rapproche. J’hésite.

J’ai peur, toujours.

Mais je ne sais pas quoi faire d’autre. Je me vois mal lui demander la permission. Alors je m’approche d’elle, doucement.

C’est peut-être pas comme ça qu’il faut faire, peut-être que j’ai pas le droit de le faire comme ça. Mais merde, elle sait ce que je pense de ce qu’on a pas le droit de faire. Et les règles, quand on les connait pas, on n’y déroge pas vraiment.

Je m’approche. Je tremble. Comme un gamin prêt à faire une bêtise, tellement sûr qu’il sera pris, mais qui veut la faire quand même.

J’ai peur, encore.

Je peux plus supporter la profondeur de ces yeux, alors je ferme les miens, je suis plus proche encore.

Je m’approche encore et, pour la première fois de ma vie, prie n’importe quelle entité religieuse en laquelle je ne croirait jamais.

Là, mes lèvres proches des siennes, je prie pour qu’elle ne parte pas.
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MessageSujet: Re: Flâneries   Flâneries Icon_minitimeSam 25 Sep 2010 - 15:38




Et puis soudain, la chaleur disparaît. Rien ne la remplace. Juste un vide, un grand vide, l'absence de mots à poser sur ces gestes, l'absence de tout, l'inconnu. Mais cela ne veut pas dire que je ne ressens, comme d'habitude, rien. Au contraire même! Je n'avais jamais été aussi... apaisée. Aussi pleine de vide.

Puis, la peur, un peu; les frissons, beaucoup. Ses yeux plongés dans les miens et qui semblent découper au cutter la moindre parcelle de mon être.
Il s'approche, et moi je ne fuis pas. En silence, j'en redemande. Lui ne s'arrête pas. Je me demande simplement s'il saura aller jusqu'au bout de ce qu'il a commencé.

Son souffle m'effleure, m'enivre, et son visage tout prêt du mien. Ses paupières qu'il a désormais closes, et ses lèvres. Immobile, comme toujours, il m'attend.
Il attend que je lui montre comment, il attend que je fasse le dernier pas, que je franchisse la distance qui nous sépare encore l'un de l'autre. Il attend et il espère que je sache mieux que lui.

Mais si je savais, si je connaissais la manière, sans doute qu'il n'aurait pas eu à attendre. Sans doute...

Et puis qu'importe, après tout. Si lui ne sait pas, il ne peut pas non plus juger les erreurs, les maladresses. Si lui ne sait pas, moi aussi j'ai le droit d'ignorer les rouages de tout ça.

Alors ma main vient glisser jusque sous son menton. Mes doigts tremblent et mon souffle s'accélère. J'effleure sa mâchoire, caresse sa tempe, tandis que mes lèvres se rapprochent des siennes.

J'hésite, un instant. Parce qu'après tout, je le connais si peu, et puis parce que je me demande s'il ne vaudrait mieux pas en rester là. Parce que lui non plus ne sait pas ce que je suis, et que bien sûr il regrettera tout ça lorsqu'il se réveillera. Est-ce que j'ai le droit moi de l'embrasser, lui?
Le droit je le prends, les lois j'les emmerde...
Alors je pose mes lèvres sur les siennes, je cherche son souffle, je cherche sa chaleur, je cherche ma place, là, avec lui. Ma main gagne sa nuque, là où la peau est chaude, là où je me sens bien.

C'est bien maladroit tout ça, un poil pathétique, et si c'était moi qui contemplait la scène; moi la cynique, moi la mauvaise, la venimeuse, l'insensible, certainement que je me moquerais...
Sauf que pour une fois, c'est pas moi qui contemple.



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