Trois quarts d’heure ! Trois quarts d’heure qu’elle poirotait dans la station de métro qu’il y en ait un qui se pointe pour l’emmener à l’autre bout de la ville. Mais Evra restait calme, très calme. Oui, car aujourd’hui elle n’était qu’une femme parmi tant d’autres. Une vraie femme avec des émotions humaines. Une vraie femme qui connaissait les valeurs de l vie. Une vraie femme gentille et lucide. Aujourd’hui, elle ne tuerait pas. Elle ne torturerait pas. Aujourd’hui elle ne ferait pas souffrir. Elle n’était qu’une simple femme.

Comme quoi, il lui arrivait d’être "normale". Mais qu’était-ce "normale" ? Lucide ? Gentille ? Humaine ? Car chacun sa vision des choses ? Pour elle, il n’y avait ni gens normaux, ni gens anormaux. Alors disons qu’il lui arrivait d’être "ordinaire" ou bien "commune". Dans ces moments là, pouvait-on dire qu’elle était folle ? Si "normale" n’est pas "folle", alors non. Personne ne pouvait dire cela. Alors, en général, l’était-elle ? Si il lui arrivait d’être "normale" et qu’elle-même choisissait d’être "folle" ou non, alors non. Mais il est vrai qu’il faut être fou pour se faire passer pour folle, alors elle l’était. Ou bien ne l’était-elle pas.

Autour d’elle, tout le monde était parti. Il faisait vraiment très froid dans la station car le vent s’engouffrait par l’entrée. Dehors, il pleuvait plus qu’il n’avait jamais plut. Les escaliers s’étaient transformés en cascade et les rails en petit ruisseau. Evra détacha sa longue chevelure brune pour la rattacher ensuite. Le vent l’avait totalement décoiffée. Elle soupira, lasse d’attendre, et décida de partir. De toute façon, plus aucun métro ne viendrait. Elle monta prudemment les escaliers, s’agrippant fortement à la rampe pour ne pas tomber à cause du courant. En haut, un spectacle qui lui fit chaud au cœur l’attendait. Les rues étaient plus que désertes, et ravagées par la pluie. Il n’y avait plus âmes qui vivent.

Evra sourit. Le décor était splendide. Un véritable décor apocalyptique. Un décor comme elle les aimait. Mais vite elle prit une mine terrorisée. Non pas qu’elle l’était réellement. Juste qu’elle venait de se souvenir qu’elle n’était qu’une femme, et une femme ne devrait pas sourire face à un tel désastre. Si quelqu’un la voyait, son identité ne tiendrait pas. Alors elle fit ce que toute femme ferait à sa place : elle paniqua. Ses longue années d’entrainement dans la direction de conscience lui permirent d’accélérer les battements de son cœur, saccader sa respiration, mettre toute la terreur du monde dans ses yeux puis elle regarda partout comme si elle cherchait quelqu’un ou quelque chose pour l’aider. Elle réussit un faite naître en elle une réelle détresse comme elle les aimait.

Le vent la bloquait sur place et la pluie lui fouettait le visage. Elle souffrait mais intérieurement elle rigolait. Elle devait se retenir pour ne pas sourire. Elle devait rester crédible. Elle sentait qu’elle perdait ses forces. Son pouvoir lui grignotait lentement son énergie et dans un moment pareil, elle devait beaucoup l’utiliser pour garder cette panique qu’elle avait fait naître en elle. Elle tenta donc d’avancer sans tomber mais ne put faire que quelque mètre. Elle était épuisée. Elle se laissa tomber à genoux et stoppa l’intervention de son pouvoir. La fatigue suffisait maintenant. Elle voulu prendre une grande bouffée d’aire avant de se relever mais au lieu de ça elle respira une vague de pluie qui la fit tousser. Elle ne pouvait plus respirer, sa vue se brouilla, ses forces l’abandonnèrent et elle s’évanouit...

Avant de sombrer totalement, Evra eu le temps d'entendre cette douce voix lui disant qu'elle allait mourir si elle ne se réveillait pas. Et alors? A quoi bon vivre plus longtemps, si ce n'est pour mourir plus tard? Evra n'avait pas peur de la mort. Au contrair, elle l'aimait. Elle l'aimait comme elle n'avait jamais aimait. Elle l'admirait. Elle la voyait comme l'aboutissement de la vie, comme la fin des problèmes. Elle aimait la mort au point de l'offrir aux autres. N'était-ce pas un acte des plus gentilles de sa part?

Mais ce n'est pas pour autant qu'elle voulait y goûter personnellement. Elle devait continuer à vivre pour continuer à servir tous ses gens qui ne croyaient pas à la beauté de la mort. Elle devait tuer encore et encore. Mais cela n'était pas son unique motivation. Elle se devait de trouver d'où elle venait. Elle se devait de le retrouver...

Dans un elan de force, elle tenta de rouvrir les yeux, en vaint. Elle sentait la vie quitter son corps. Elle sentait l'eau s'infiltrer l'entement dans ses poumons. Elle souffrait. Elle souffrait tellement qu'elle en était heureuse. Elle aimait souffrir. Mais elle n'eut pas le temps d'en profiter plus longtemps qu'elle tomba dans une inconsciance totale.

[...]

Qu'elle sensation désagréable que de sentir quelqu'un vous souffler son dioxyde de carbone dans vos poumons. Ce fut la première chose qu'Evra sentit en revenant à elle. Et son reflexe fut de rassembler un maximum de force et d'envoyer valser son secouriste à l'aide d'une belle baffe. Elle ouvrit les yeux et se redressa en toussant et régurgitannt toute l'eau qu'elle avait avalée et inhalé.

*Bon sang... Qu'est-ce que...*

Elle eut un véritable choc en se voyant ainsi en sous vêtements devant des inconnus. Quoi que en réalité, ce détail ne la gênait pas. Après tous, on naît nu. Et puis, ce n'est rien de plus qu'un corps. Non, ce qui la gênait, c'était ce froid insoutenable. Evra tremblait comme une enfant. Elle croisa les bras (ce qui eut pour effet de remonter un peu son 90 C, mmh sexy) et se forgea la mine de celle qui vient de froler la mort.

Voir cet inconnu souffrir, l'entendre s'exlamer, fit plaisir à Evra, mais elle éprouva aussi du regret. Ce n'était pas comme ça qu'elle devait se comporter en temps que femme. Alors que ferait une femme normalement constituée dans ce cas là? S'excuser. Tandis qu'il s'éloignait pour trouver quelque chose pour les réchauffer, elle bredouilla molement:

- Désolé...

Pas mal, mais peut mieux faire. Elle savait qu'un simple "désolé" dans le vague ne suffisait pas. Alors elle continua:

- Je m'excuse de vous avoir frappé si violement. Ce n'était pas dans mon intention...

Elle le regarda revenir vers le lit avec des couvertures. Lorsqu'il lui en tendis une, elle n'hésita pas à s'en emparer. Elle avait vraiment très froid, et la panne n'arrangeait en rien la situation. Elle enroula la couverture autour d'elle.

Elle ne quittait pas l'inconnu des yeux, de peur qu'il se venge. Elle se méfiait toujours de tout le monde. Selon elle, la confiance était pour les naïfs et les faibles. Et elle n'était pas faible.

A coté d'elle, l'homme enleva sa chemise, ce qui manqua pas de la faire sourire,, bien qu'il n'y avait rien de drôle. Mais il lui arrivait souvent d'avoir des pensés un peu... dépacées.

- Je vous remercie de m'avoir sortit de ce pétrain. Sans vous, je serais sûrement morte...

Elle s'emmitouffla un peu plus dans la couverture sans perdre l'air de la femme perturbée.

Lorsque l'homme se leva brusquemebnt du lit, Evra sursauta. Elle se prépara immédiatement à lui briser le bras et lui brouiller les côtes si jamais il l'agressait. Heureusement pour lui, il n'en fit rien. Au contraire, il se présenta gentillement et demanda son nom. Son nom?

* Et merde!* pensa-t-elle *Mon nom... J'y avait pas pensé à celui là...*

Elle ne pouvait pas divulguer son vrais prénom au risque d'être découverte. Mais elle n'avait pas encore assez travaillé sa nouvelle personnalité pour s'encré un nouveau prénom dans la tête. Si elle lui en donné un faux maintenant, et qu'il le répétait deux minute plus tard, elle serait capable de demander qui est cette personne dont il parle. Elle pouvait aussi donner son vrais prénom et espérer fortement qu'il n'ait jamais entendu parler d'elle. De plus, elle n'avait plus utilisé sa véritable identité depuis bien des mois, et son histoire n'avait plus fait parler d'elle depuis un sacré laps de temps...

Puis elle repensa à la première question de Bartolomew. Il lui avait parlé d'une femme. Quelle femme? Probablement celle qui lui avait parlé avant qu'elle ne tombe dans l'inconscience... Peut-être pouvait elle se servir de cette information pour détourner la question et pour se donner plus de temps pour se forger un nouveau prénom... Ellle en fut très tentée mais préféra rester polie, comme une vrais femme et comme il l'avait été avec elle.

- Evra Willson, enchantée.

Elle répondit à son sourir par l'un des siens: bouche légerement étirée sur la gauche et regard mystérieux, mélange à la fois sensuel et charmeur.

Puis elle revint à l'histoire de cette femme.

- Mais de qui parliez-vous tout à l'heure? Je n'ai vu personne d'autre que vous et j'étais seule...