Blackout

Sujet: Blackout Mar 25 Sep 2012 - 21:30

De nouveau je me trouvais à la rue.
C'était passé près cette fois-ci. Quelques minutes de sommeil de plus, et je n'aurais eu aucune chance de m'échapper. Il fallait au moins reconnaître aux NOD leur discrétion. Mais, peu importait la discrétion dont ils pouvaient faire preuve, rien ne pouvait échapper à Casey. Enfin, pratiquement rien. Et surtout pas une descente de ce genre pour venir m'arrêter.
Sûrement une nouvelle dénonciation. Cela m'arrivait de temps en temps, chose dont je me serais bien passée. Les orthodoxes étaient trop bien éduqués. Bien trop suspicieux.
Il allait falloir que je me trouve une meilleure planque la prochaine fois.

Et à présent, j'étais là, en tenue de nuit, marchant dans la rue, sous les regards des gens. Le panel de tous ces regards était bien grand, passant de la surprise à la consternation. Je me contentais de regarder droit devant moi, faisant mine d'ignorer les autres.

Alors que je ne pensais qu'à tous ces regards sur moi.

Ma carapace était tellement bien huilée que personne ne pouvait deviner l'émoi qui m'habitait. Je n'arrivais même pas à me souvenir comment je faisais avant, quand je ne savais pas me protéger.
Parfois, en quelques rares moments, je me disais que cette carapace était devenue bien lourde à porter. Quelle ne me protégeait plus comme je le voulais. Au contraire, elle m'éloignait des autres. Je n'étais plus que les personnages que je me créais. Des personnages éphémères, imaginaires. Et surtout seuls.

Mais, aujourd'hui, pour une raison que j'ignorais, je me sentais trop fatiguée pour endosser un quelconque rôle.
Je souhaitais juste me poser, rester tranquille quelques instants, sans avoir à courir partout, à me méfier de tout un chacun, à être sans arrêt sur le qui-vive. Mais cela était pour le moment plus que dur, et j'en étais la seule responsable. J'avais bien trop souvent fait des pieds de nez aux autorités, il était normal qu'à présent celles-ci me cherchent.
Et le pire pour moi était qu'elles ne cherchaient non pas une de mes créations, mais trois. Celle qui avait mis une puce sur une automate. Celle qui avait volé les costumes d'une nouvelle pièce de théâtre dont la représentation était pour dans quelques jours. Et aussi celui qui avait kidnappé des jumeaux.

La retraite était-elle une douce utopie ?

Les deux jumeaux étaient à présent plus en sécurité qu'auparavant, dans les bras aimants d'une mère insurgés qui savait ressentir. Et qui leur apprendrait à ressentir en retour. Une vie cachée valait mieux qu'une vie avec une puce dans la nuque, quel que puissent être les problèmes que l'on rencontre dans les bas-fonds.

Un soupir s'échappe de mes lèvres.
Je sais que je devrais réfléchir à comment m'en sortir, comment résoudre les problèmes qui ne vont pas manquer de me tomber dessus. Mais... Mon cerveau dit stop. Mon corps n'en peut plus.
Je suis lasse.

Sujet: Re: Blackout Ven 28 Sep 2012 - 1:52

Salaud ! Goujat ! Et deux fois salaud ! Oser me faire ça à moi ! Est-ce que j'ai l'air d'une de ces putains de mingueuses ? Depuis le temps que je lui achètes ces trucs à prix d'or ! Salaud d'Harry Bow, il va falloir que je me trouve un nouveau fournisseur...

Et forcément, c'est pas sur les étales de la WS station que je vais trouver mon bonheur. Tout ce qui est proscris, peut-être, mais pas mes petits remontants. Du coup, je rentre dans ma planque, à deux pas d'ici...

J'ai les nerfs en pelote, le manque commence à se faire sentir... je presse le pas, ne prête pas attention aux gens qui déambulent autour de moi, j'en bouscule quelques-uns, poussant des soupirs bruyant en guise de pardon.

Bref, je trace ma route au plus vite... puis je stop net. Là, devant moi, cette fille à moitié nue... Aucune émotion sur son visage, mais un détail me fait tiquer. je stoppe mes pas, la fixe du regard. Elle me rappelle quelqu'un... Une image du passé, un passé trop douloureux, enfui depuis des années. Un frisson parcourt mon corps, une larme perle à mon oeil droit... Je me concentre, cherche, mais je n'arrive pas à me souvenir... Son visage, c'est probablement son visage... ou sa peau, son sein trop visible... une allure de pute de luxe, mais un visage d'ange.

Un ange... Une ange ?

Je dois en avoir le coeur net... le temps de reprendre mes esprits, elle est déjà loin derrière moi. Je presse le pas à contresens, la rattrape. Elle doit avoir froid ; les nuits sont fraiches. Je me rapproche, planquant mon flingue dans mon dos et Max dans une poche ; tous deux hors de vue. D'un geste, d'un pas, j'enlève mon long manteau de cuir, lui tend...

Drôle de tenue ; vous cherchez du travail ou des emmerdes ?

Ce visage...

Sujet: Re: Blackout Sam 29 Sep 2012 - 20:55

Mes pieds me font mal, sans doute même me suis-je coupée légèrement en marchant n'importe où comme ça, sans chaussures. Moi qui me vantait de penser à tout. Si ça avait réellement été le cas, je ne serais pas dans cette tenue.
Ni dans cet état.
A présent, je me demande comment j'ai pu ne pas penser à prévoir des affaires, pour des cas comme celui-ci, où j'aurais du partir en vitesse. Ça me semble si logique, et pourtant, ça ne m'était pas venu un seul instant à l'esprit.

Voilà où mène une trop forte confiance en soi et en ses capacités.
J'étais plus prudente avant. Mais mes expéditions à répétition, toutes réussies, dans les hauts lieux de la ville, me sont montées à la tête on dirait. Et sans Casey, cela aurait causé ma perte.

C'est un peu dur de me l'avouer.

C'est peut-être cette constatation qui me secoue autant. M'empêche de réagir comme il le faudrait. Il est toujours dur de s'avouer ses faiblesses.
Et puis, il y a aussi la triste réalité : je n'ai nulle part où aller finalement.

Casey ne peut pas se permettre de m'accueillir chez lui, se serait trop risqué. Surtout en ce moment, avec les NOD à mes trousses. Il a suffisamment risqué sa peau – et sa place – pour moi. Il faut que je me débrouille toute seule.

Même si là, tout de suite, j'ai un peu de mal à réfléchir.

Quand je vois ce manteau tendu vers moi, je ne peux m'empêcher de m'arrêter, à le regarder, interloquée, sans doute avec un air complètement perdu au visage, sans trop comprendre. Je tends une main, l'approche du manteau. Je dirais bien que je n'ai pas d'argent pour l'acheter, mais je n'ai pas le courage d'ouvrir la bouche pour ça.
Et puis elle me parle, et sa voix traverse la brume qui enlise mon esprit. Ça en fait retomber ma main le long de mon flanc. Me perturbe plus encore. Je lève les yeux vers elle. Mon regard tombe dans le sien.

-Je...

Les NOD.. J'ai juste réussi à m'enfuir.

Ma voix est un murmure, comme une petite fille prise en faute. Où est passée la femme fière, qui était persuadée que rien ne pouvait la toucher ?

Sujet: Re: Blackout Mar 2 Oct 2012 - 20:32

Fragile... Son regard impassible quelques secondes auparavant s'est soudain changé en un puit de détresse. De forte et énigmatique jeune femme à petite fille perdue. L'envie de la serrer dans mes bras me prend... La consoler, lui dire que tout ira bien... Comme le ferait une mère... Comme j'aurais voulu qu'on me console il y a des années.
Mais je retiens mes instints ; Max est là pour les calins.

Les NOD, ces pourritures... Tas de meurtriers... Salauds, salauds, et mille fois salauds !
Je regarde autours de nous ; personne ne semble la poursuivre expressément... Ils doivent être à ses trousses à distance. Pas la peine de courir pour éveiller les soupçons.
Pas la peine non plus de rester dans cette tenue...

La demoiselle n'étant visiblement pas décidée à prendre mon manteau, je lui glisse sur les épaules, un peu de force, un peu pour lui former une carapace...

Hum, sympatoche ta tenue de camouflage... C'est le contexte de la fuite qui ne colle pas.
Blague à part, enfile ça ; si les NOD te cherchent, mieux vaut ne pas trop attirer l'attention.
Viens chez moi, je te prêterai quelques vêtements et tu me raconteras un peu pourquoi ces enfoirés te cherchent toi, en particulier.

Je lui tens la main en faisant mine de me diriger vers ma planque.

Sujet: Re: Blackout Lun 29 Oct 2012 - 10:35

Je ne pense même pas à regretter mes paroles.
Sûrement que, avec une autre personne, ça n'aurait pas manqué. Mais pas elle. Je sais pas pourquoi. Peut-être à cause de sa façon de faire. A la fois là pour m'aider, comme l’atteste ce manteau qu'elle me met sur les épaules. Mais aussi un peu sur la défensive j'ai l'impression. Ou alors c'est juste qu'elle parle toujours comme ça.

Je sais pas trop.
Et je m'en fiche.

Elle me plait bien. Elle me demande pas grand chose. Peut-être qu'elle est pire que les NOD, qu'elle va m'enlever, me tuer dans un coin.

J'en sais rien j'ai dit.
Et je m'en fiche.
Ça aussi je l'ai déjà dit.

Je passe mes bras dans les manches de son manteau, serre les pans d'une main contre moi, et prend celle qu'elle me tend dans la mienne.
Pour un peu, je m'excuserais presque d'avoir les mains froides. Mais un regain d'égo ou de je sais pas quoi refait surface, et m'empêche de le dire.
De toute façon, elle le verra bien hein.

Je serre un peu ses doigts entre les miens, comme pour dire merci. Me rapproche d'elle, baisse la tête. Et la suit, sans cesser de lui jeter de petits regards.

Sujet: Re: Blackout Mer 31 Oct 2012 - 23:57

Pourquoi est-ce que je l'aide ? Montrer ma planque ne peut m'attirer que des ennuis... D'autant que les N.O.D sont à sa recherche... Mais c'est plus fort que tout ; son visage réveille en moi des souvenirs d'un autre temps. Qui est-elle ? Je dois le savoir... Et puis, je peux me justifier avec un de ces dictons idiots dans le genre "les ennemis de mes ennemis sont mes amis.
Une amitié de circonstance... En l'aidant, elle, poursuivie par les N.O.D, je venge un peu la mémoire de mes parents, un peu...

Venger la mémoire de personnes dont on a si peu de souvenirs... Ironie du sort ou poursuite d'une chimère ?

Elle accepte finalement ma main tendue vers elle ; elle a les mains glacées. C'est surprenant d'avoir les fesses à l'air et froid aux mains. La mécanique du corps humain est décidément bien complexe. Je réprouve un mouvement de recul au contact de sa main presque cyanosée...

En quelques minutes, nous voici devant l'entrée de ma planque. Je la fais tourner le regard le temps d'actionner le mécanisme d'ouverture de la trappe, puis la fais pénétrer à l'intérieur. Pas la peine de la fouiller, elle ne pouvait pas cacher d'arme sous la mousseline de sa nuisette.

Tu peux t'assoir sur le lit... fais comme chez toi.

Enfin, pas trop quand même.
Je fouille dans l'armoire et en sors un jean et un t-shirt noirs.

Tiens, enfile ça ! Tu veux un café ?

Ou du moins cette bouillie approximative...

Sujet: Re: Blackout Jeu 1 Nov 2012 - 20:24

Je me sens un peu plus forte, avec cette main qui tient la mienne. Depuis combien de temps cela ne m'était-il pas arrivé ? Tenir une main, non pas pour le travail, pour obtenir une chose dont je crois avoir besoin.
Non. Juste parce que j'ai besoin d'aide. D'un peu de chaleur humaine. C'est pas la main de Casey que j'irais chercher si je me sens seule. C'est pas trop notre genre, les contacts un peu trop rapprochés.
Et je n'ai pas spécialement envie d'aller chercher cette chaleur qui me manque dans les bras d'un gogo, surtout que je devrais allonger les billets avant.

A vrai dire, la plupart du temps, j'ignore ce genre de sentiments. Je les enferme le plus loin possible en moi. Sinon c'est plus possible de faire ce que je fais.
Après, je pourrais me demander pourquoi je le fais. Pourquoi je me déguise comme ça, pourquoi j'accomplis certaines missions. Je pourrais. Mais ça me ferait me poser des questions dont je n'ai pas envie de voir les réponses.
Je verrais bien combien de temps j'arrive à avancer comme ça.

Même si, à cet instant, avec cette fille, je me rends bien compte que le moment des réponses difficiles approche.

Mais il y a toujours d'autres questions à poser.
Comme par exemple, pourquoi m'aide-t-elle ? Si je croyais au paranormal et à tous ces trucs bidons, je pourrais presque penser qu'elle est un sorte d'ange, ou de machin du genre. Le genre de personne là pour moi, pour m'aider quand j'en ai besoin.
Parce qu'elle est quand même arrivée pile poil quand il fallait je veux dire. Et puis, je connais pas grand monde qui ouvrirait la porte de son chez soi à une inconnue.

Peut-être qu'elle est un peu stupide. Ou naïve.
Mais je n'aime pas trop cette idée. Je veux bien faire une exception pour elle et croire aux anges et tout et tout. Ou aux coïncidences aussi.

-Je veux bien oui, merci.

C'est toujours bon d'avoir un ange dans ses contacts je suppose. Autant profiter de ce qu'elle veut bien m'offrir. Et puis, cette étrange situation réveille en moi un soupçon de curiosité. J'avais presque oublié à quoi ça ressemblait à force de faire toujours attention au moindre de mes actes. Dans certains milieux, curiosité n'est qu'un des synonymes de mort.

Après m'être habillée, je m'assois sur le lit, observe autour de moi.
Mais, bien vite, mes yeux retombent sur elle. Et une question me vient à l'esprit :
Ai-je raison de lui faire confiance ?

Sujet: Re: Blackout Sam 3 Nov 2012 - 0:36

Je détourne le regard lorsqu'elle se change... Dans une casserole informe, de l'eau du bidon que je remplis deux fois par semaine ; faire bouillir l'eau, le secret pour ne pas tomber malade.
Au premier bouillon, j'y jette une lampée de ce que nous pouvons considéré comme un lyophilisat arôme café.
Je lui tends un verre.

Le stress me reprend peu à peu. Je sens le manque se faire de plus en plus pressent.
Tant pis pour mon invitée, il faut que je calme ça. Dans l'armoire, un double fond me sert de cachette à oursons gélatineux. Un sachet que j'ouvre frénétiquement, et j'en avale une petite poignée.

Désolée pour ça... Ces conneries me coûtent un bras, mais y'a plus que ça qui calment les douleurs...

Je m’assieds à l'autre bout du lit, en me tenant les côtes. Je me doute qu'elle doit me trouvée étrange. Une débile qui ouvre sa porte à n'importe qui, sans raison palpable. Une naïve scotché à un ours en peluche, et droguée aux confiseries psychédéliques.
Je la fixe, cherche à savoir d'où je connais ce regard. Ce regard, mélange de force, de mystère, de fragilité et d'abandon.
Et si elle n'était qu'une ruse des N.O.D ? Si elle n'était pas proie mais chasseuse ? Si je venais de faire rentrer le loup dans la bergerie ? Et elle pense quoi, avoir infiltré un réseau de résistance ? Tout au pire, ma curiosité aura entraîné la perte de Cynzia Theek, pauvre gamine de 28 ans, sans avenir, sans vraiment de passé... Aucun intérêt... Ma vie n'a aucun intérêt, même pour les N.O.D.

Bien, et si tu me racontais un peu ton histoire... Pourquoi est-ce qu'ils te recherchent, ces morbaques de N.O.D ?

23 ans à rester discrète... 23 ans à faire si peu de vague... Et me voilà à aider une fugitive - ou pire - pour un regard me rappelant vaguement quelque-chose, quelqu'un... Un regard, et un besoin de materner cette fille dont je ne connais même pas le prénom... Un regard, et ce sentiment, ce besoin de l'aider... Un regard, et quoi d'autre ?

Sujet: Re: Blackout Sam 3 Nov 2012 - 12:02

Je saisis le verre qu'elle me tend, pose mes mains autour, pour les réchauffer. Cette soudaine chaleur sur mes doigts froids me fait presque mal. J'attends un peu pour boire, tout en me demandant si ce machin ne serait pas pire moins chaud. Je n'ai pas encore osé goûté le vrai café, celui que les automates peuvent boire.
J'aurais pourtant eu l'occasion, à quelques reprises. Mais ça aurait sûrement été trop dur de revenir à ce genre de jus que je tiens entre mes mains.

Mes yeux se reposent sur elle, qui fouille son placard. Qu'est-ce qui lui arrive ?
Un instant, le stress me prend. Mon corps se tend, près à bondir hors d'ici. Elle cherche une arme ? Ou, pire, elle est une de ces malades dont Casey m'a parlé. Je n'en ai pas encore vu, mais la description qu'il m'en a fait m'avait donné la chaire de poule. Alors, si elle est une de ces malades...

Mais non, ni arme, ni maladie étrange.
Mon corps toujours tendu, je la regarde, une lueur de surprise au fond des yeux. Les douleurs ? Quelles douleurs?
Je regarde ce dont elle parle, et une fois de plus, cette fille me surprend. Tu m'étonnes que ça coûte cher. Les sucreries, c'est pas si facile à trouver à bon prix dans les bas fonds. Je lui dirais bien où elle pourrait s'en trouver pour pas cher. Voire même que je pourrais les lui offrir. Mais je me retiens. Tout comme je me retiens de lui demander quelles sont ses douleurs.
Comme toujours, cette espèce de sensation d'indélicatesse qui me prend lorsque j'ai envie de poser des questions à quelqu'un, non pas pour me servir des informations que l'on me prend, mais juste par envie de connaître l'autre.

Alors je quitte ses mains de mes yeux, et remonte vers les siens qui, je m'en rends compte, me fixent aussi.

-Je suis du genre épine dans le pied pour certaines personnes de la haute. J'ai pris un peu trop de risque ces derniers temps, tout en prenant moins de précaution...
La réussite m'est montée à la tête. Je dis, avec un petit rire jaune pour accompagnement.

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