Spleen

Cruelle sensation que le manque, savoir qu'on a envie de quelque chose, mais qu'on ne peut satisfaire cette envie qui brûle au fond des entrailles. Ce manque est d'autant plus cruel qu'on ne sait rien. Ni explications, ni réponses. Les questions fusent dans notre crâne, et, avec le temps et le silence qui s'installe, la peur germe. Tout doucement, petit embryon planté dans la matrice de nos tripes. D'abord, ça commence à remuer avant que la tige ne sorte de notre chair tendre. Et le temps passe. On ose de moins en moins. On a de plus en plus peur. Ça germe, puis ça bourgeonne. Pour la peur, c'est le printemps, tandis que dans le cœur qui se dessèche, c'est l'hiver.

Est-ce ma faute ? Je ne comprends rien. Il y a des moments où j'ai l'impression que tout t'incombe. J'ai la haine. Pas de jolis mots ni de belle tournure de phrase. Je te jure : j'ai vraiment la haine. J'aimerais te voir en face et te déchirer. J'aimerais te faire mal, pour compenser toute cette angoisse et ce manque qui me frustrent et me donnent mal. Oui, j'ai mal au cœur, envie de vomir, simplement envie de te voir.

C'est cruel car je sais que si je te voyais, toute entière, là, devant moi, je serais incapable de te témoigner de la moindre colère. Instantanément, je me transformerais en gros chamallow pathétique, parce que je le voudrais bien. Juste me jeter dans tes bras, à tâtons rechercher tes lèvres, te serrer fort, jusqu'à ce que l'odeur de ton parfum m’enivre. Cette odeur si distinctive que j'adore. Même que si je le pouvais, je me jetterais à tes pieds et j'implorerais ton pardon. Tout serait de ma faute, oui, je le sais, même ce que je n'ai pas fait. Tout ne peut être que de ma faute. Toi, tu aurais réagi normalement. Punie-moi si tu le désires, mais laisse-moi assouvir cette envie.

Ce que l'amour rend con. On est ballotté, on ne sait plus quoi faire. Je suis la femme girouette. Toi, juste la femme. C'est triste. Mais j'ai de plus en plus peur. Qu'est-ce qui nous relie encore ? Tu t'en fous en fait, ou alors je suis trop collante ? Pourtant j'ai pas l'impression de demander beaucoup. J'ai même la triste impression de ne pas avoir assez. Et vu que tu ne réponds pas à mes sollicitations.

Mais sans raison, sans réelles explications... J'accepterais tout. Je suis tolérante je pense, je suis ouverte à tout. J'ai pas l'impression que ce soit surhumain, ni super compliqué. En plus, j'aime tellement ta famille. Chez toi, je me sens mieux que chez moi.

Où est le problème ? On devrait tout se dire, on devrait s'éclater, sortir ensemble, faire plein de truc. Mais non, on s'enferme chez soi. Je sais pas comment tu le vis, mais moi plutôt mal. Ça fait une mois, et j'ai l'impression de ne plus vivre, de m'auto-sequestrer. Pourtant ma chambre est plus lumineuse qu'une cave.

Je dois vraiment être très conne. Ca, c'est la seule chose sûre.