Pendant ce temps, sur vos écrans... [Cripsin]

" Antenne dans 7 minutes ! "

Bienvenue sur le plateau de l'émission la plus regardée de tout Novlangue ! A tort ou à raison, on se le demande. Toujours est-il que c'est bien la seule émission qui arrive à délivrer les vrai nœuds du Marché aux Automates tout en délivrant les faux nœuds de l'actualité aux Orthodoxes. C'est tout un art. Un art très, très, très bien payé.

Le plateau en lui-même est simple, des drones "caméramans" volants à plusieurs objectifs le sillonnent afin de se mettre au mieux en position. Contrairement aux humains, ils ont la très avantageuse propension à ne pas trembler sous le poids des lourds appareillages haute-définition dont ils sont munies, et n'ont surtout pas besoin de salaires. L'ère des fonds bleus et verts est depuis longtemps révolue. Aujourd'hui, les photos, graphiques et autres séquences filmées se matérialisent directement sous la forme d'hologrammes sur la "carte du monde" elle-même holographique qui sert de fond au plateau de l'émission.

Ainsi, l'aspect "humain" de la rédaction en prends un rude coup : Il y a cependant toujours l'équipe surveillant les écrans, soufflant diverses choses avant et après chaque émissions, les maquilleuses aussi, toujours et enfin, les ineffables stagiaires. De jeunes automates proprement décérébrés, dans la quasi-totalité des hommes. Pensez-vous, travailler sur le plateau d'Eliza Mâlik, l'une des toutes dernières égéries de Novlangue ... C'est un peu pour eux un rêve de gosse qui se réalise ... Un rêve de touche-pipi boutonneux de 14 ans ...

La fameuse Eliza, elle est là, sur le plateau, assise à son siège. Toujours bien habillée, bien apprêtée, fidèle à elle-même dans ses tenues extravagantes. Toujours matinale, avec sa tasse de café noir brûlant entre les mains : Peut-être l'une des seules qui, de bon matin, n'a pas l'allure de mort-vivant qui semble coutumière d'une bonne partie de l'équipe.

" J'ai vu Grégoire, y'a l'horloge juste au-dessus de ton box. Le vioc' est toujours pas là ? "

Le ton n'est certes pas hautain, elle n'use pas à tort et à travers de cette manière propre aux Automates de rabaisser leurs ... "semblables d'extraction moins heureuse", à vrai dire, elle n'est pas tant la petite peste qu'elle laisserait croire au premier abord ... Elle est juste crue. Comme toujours.

" Négatif, on l'attends toujours. "

" Si il me ruine mon show, je ressors cette affaire de tentative de viol qu'il avait étouffée. "

" C'était pas lui le viol Miss Mâlik, en fait ... "

Bien sûr que ce n'était pas lui. La plus récente affaire de viol avortée remontait à 6 mois, mais il ne faut jamais contredire Eliza, elle sait tout, sur tout le monde. Si quelque chose sur une personne n'existe pas mais qu'elle dit le contraire, alors ce sera sans doute vrai sous un délai court.

" Grégoire, le public n'en a rien à cirer. On me demande de faire de l'audimat, pas de l'information. Tu penses vraiment que je vais captiver quelqu'un avec des explosions de bombes de peintures dans un quartier de ploucs ? ... Je sais que tu n'est ici que depuis 3 semaines, mais ça va bientôt faire 8 fois que je te le répètes ... Au-di-mat. "

Le ton autoritaire du début de la phrase s'était peu à peu mué en ton compatissant et presque maternel sur la fin. Ton qui ne manqua pas de faire rougir ledit Grégoire sous son casque. Elle faisait ça à toute son équipe. Paraitrait que c'est un de ses atouts de charmes, que c'est aussi pour ça que dès qu'il y a besoin d'un stage en entreprise, on la contacte ... Elle te rends presque vivable une condition de garçon de machine à café.

Elle en profita d'ailleurs pour porter la tasse à ses lèvres afin d'avaler un peu plus de l'amer liquide sombre, avant de faire un signe à un des stagiaires qui passait sur le plateau, les bras pleins de dossiers.

" Lionel, tu pourrais aller me chercher des croissants, je te prie ? "

" C'est pas Lionel moi m'dame. Moi c'est Kévin ! "

" Bien, Kévin alors, tu pourrais aller me chercher des croissants, s'il-te-plait ? "

Les mains jointes, accoudées sur le bureau en support de la tête, l'irritation est caché par une mièvrerie pleine de sous-entendus assassins ...

" Ben c'est que j'ai le courrier à porter, des dossiers à envoyer ... "

Simple regard inquisiteur qui en dit long. Irritation très moyennement contenue ...

" Je ... Je vais vous chercher ça m'dame... "

" Merci Lionel, tu es adorable. Ils sont à côté. Ce sont ceux avec les amandes. "

Expression radieuse. C'était comme si il ne s'était rien passé. Manifestement, Kévin semble décontenancé et ne sait que faire. A Eliza de le rappeler à l'ordre d'un simple revers de la main, dans l'air.

" Allez, bzzz ! Au large valetaille ! "

Maintenant, il ne manquait plus qu'une personne ...

La limousine blanche se posa tout juste devant le studio, coupant la route à quelques automobiles des orthodoxes, mais cela ne souciait guère Cripsin. Le majordome descendit en premier, et ouvrit la portière arrière. Cripsin s'extirpa de l’habitacle, sa corpulence ne l'aidant pas. Il prit sa canne fétiche, qui l'accompagnait partout. Il fila tout droit dans le bâtiment sans jeter de regard à personne, ses congénères lèche-bottes ne l’intéressaient pas. Non ce qu'il voulait c'était flatter l’orgueil de la "masse populaire", grouillante au pied des buildings.

Cripsin était resté toute son existence en retrait de la vie mondaine, se consacrant à son business sans chercher d'histoire. Les relations humaines ce n'est pas son fort, il a toujours vécu comme un ermite entouré par ses domestiques. A se demander si il a déjà utilisé ses cordes vocales... Mais aujourd'hui c'était différent, il fallait viser plus haut. Etre le leader sur le marché c'est bien, devenir un leader pour cette ville, c'est mieux. Et pour cela il fallait passer par ces foutus plateaux TV. L'exubérance de l'animatrice l’agaçait au plus haut point. Pour lui, issu d'une longue et illustre lignée, elle n'était qu'une parvenue de plus... Sans l'énergie fournit par sa centrale, ses émissions ne pourrait exister.

C'est accompagné de son conseiller en communication, qu'il entra dans sa loge. Il prit soin de se remémorer ses notes. Les médias ne savait rien de lui, il écrivait ici une page blanche, il ne fallait pas se tromper, s'égarer...

Il était arrivé à l'heure mais il prit un malin plaisir à faire attendre Eliza Mâlik. Ce n'est que 5 minutes avant le début du tournage qu'il se décida à sortir et à la rejoindre. Propre sur lui et droit comme un piquet, il monta sur le plateau, inclina la tête en signe de bonjour envers la femme qui allait l'interviewer et s'assit.

6 minutes. Une main enserrant la tasse, l'autre tapotant nerveusement sur le bureau, Eliza ne peut s'empêcher de partager sa réflexion avec Grégoire.

" N'empêches Grégoire, c'est quand même le premier qui me fait ça hein. Le mec il fait se pointer son secrétaire, il est complètement inconnu au bataillon, et IL ME FAIT ATTENDRE ! "

" Son secrétaire a quand même dit que cela lui permettrait d'étendre son chiffre d'affaires en lui permettant de se donner une contenance auprès de la population. Il se dit que c'est un bienveillant qui veille à aider les plus pauvres ! "

Kevin revient avec entre les mains une boite ayant la propriété de conserver les croissants dans les conditions optimums de consommation.

" Merci Lionel. " fait-elle au stagiaire, avant de lui tendre les dossiers qu'il avait à rendre et de lui faire signe des yeux de se dépêcher de retourner à ses occupations, pour mieux s'en retourner à sa conversation tout en prenant une viennoiserie dans la boite.

" Chérieuchement ? On che fout de qui là ? Ch'est des foutaises cha ! Ch'est des conneries bonnes pour les groches ménagères qui croient auchi que ch'est à coups de régimes qu'elles vont me rechembler... "

Elle continue à manger son croissant aux amandes pendant que Grégoire lui réponds, visiblement cruellement désillusionné.

" Ben c'est que ... Quand même ... "

Elle avale avec un petite sourire de contentement.

" Je te le casse comme une brindille ce mec si je veux, philanthrope ou pas. Si il me pose un lapin, le cours de son action va tellement se casser la gueule que même l'épicerie Thaï en bas de l'immeuble pourra lui faire une OPA ! ... C'est quoi son nom déjà d'ailleurs ? Crispin ? "

" Cripsin, Miss Mâlik. John Cripsin. "

5 minutes très précisément, la porte de la loge s'ouvre sur un bonhomme corpulent armé d'une canne, vêtu comme un pingouin. Un balai dans le fondement et même tiré à quatre épingles, c'était bien le genre de personne austère qu'Eliza avait du mal à prendre en considération. Oh, pas qu'elle ne les aimaient pas, mais leur vie ne devait vraiment prendre contenance qu'après une bonne bouteille de vin. Il faut savoir se faire plaisir dans la vie !

Elle tourna sa chaise de façon à le voir en face, haussant un sourcil, la mine emprit d'un doute relatif.

" Vous, on peut dire que vous savez faire attendre les femmes... Croissant ? Café ? ... Détendez-vous un peu ... Ça ne commence que dans cinq minutes ... "

Cripsin s'assit. Économiquement il était invincible, s'acoquiner avec l'Etat a du bon et c'est une tradition familiale. Une entreprise concurrente se montrer un peu trop menaçante, quelques coups de fil et son propriétaire se pendait quelques minutes plus tard. Ce qu'il avait bien rappeler au producteur de cette émission pour les masses grouillantes.

On lui proposa du café et des croissants, offre qu'il déclina :

"Vous savez Mlle Malik, le but de ma venue n'est point de collationner, mais de communiquer. Votre audimat exceptionnel et votre charisme sans pareil semble tout indiqués pour faire connaitre ma modeste personne. Et c'est sur ces paroles que je vous prie de bien vouloir excuser mon retard, des affaires à régler, vous savez ce que c'est n'est ce pas, avec un esprit aussi vif et talentueux, vous aussi devez déborder de travail."

Il esquissa un sourire. Cripsin ne se doutait pas de la définition du mot "détendre", toute sa vie fut basée sur la discipline et le travail. Pour comment se tenir en société... il avait relu ses fiches...

Il continua :

"Par contre si vous pouviez me décrire rapidement comment va se dérouler votre émission... je suis un novice en la matière et n'ai certainement pas le talent dont la nature vous fit don, je ne dirais donc pas non à quelques petit conseil de votre part."

Visiblement un bonhomme moyennement porté sur la nourriture. Il faut dire qu'Eliza en est presque à dormir sur son lieu de travail. Bien que portée sur la flagornerie, la présentatrice avait bien du mal à prendre cela au premier degré de la part d'une personne pareille. Un autre stagiaire vint se perdre sur le plateau.

" Miss Mâlik ? "

Celui-ci, essoufflé, semblait avoir fait une longue trotte.

" Quoi Lionel ? "

" Non, moi c'est Ludovic ... J'pourrais vous voir deux secondes ? "

Eliza lâcha un soupir d'exaspération : Ces stagiaires ne savaient plus se tenir.

" J'suis déjà prise pour ce soir ... "

" Ah euh ... Non Miss Mâlik, c'est pour autre chose. Y'a une communication pour vous ... Un certain Gold Eagle ... "

Le nom sembla faire un déclic sur l'attitude de la jeune femme, qui se leva en s'excusant et avec la plus grande hâte

" Excusez-moi Monsieur Cripsin, les aléas du direct comme on dit dans le jargon ... J'suis à vous tout de suite. "

Pressée par le temps, elle se précipite dans le couloir, non sans intimer avec autorité l'ordre au dit Ludovic de dégager prestement les victuailles du bureau.

En cet an de grâce 2140 bien sûr, les communications peuvent bien évidemment être transmises directement sur le plateau et n'ont plus besoin d'un dispositif tel qu'un combiné, mais le fameux Gold Eagle était une personne qui préférait garder le plus strict anonymat. Elle dût donc se précipiter dans son bureau en toute hâte, le temps lui étant compté ...

" QUOI ?! " put-on clairement entendre jusqu'au plateau...

Elle revint la mine sombre, une cigarette au bec, un bonhomme tenant le briquet et un autre le paquet.

" Bzzz ! BZZZ BZZZ BZZZ !!! " fit-elle, accompagnant ses "paroles" par de grands gestes en l'air de la main.

L'air irrité maintenant pleinement visible, elle se redirigea vers sa place.

" Antenne dans 2 minutes ! "

" Je sais Grégoire ! " Dit-elle clairement, à la limite du cri.

Puis se retournant vers le pingouin qu'elle avait devoir interviewer, respirant un grand coup pour se calmer.

" Bon, alors d'après ce qu'on vient de me dire, vous êtes là pour un coup de pub ... Bien, alors j'espère que vous avez bien potassés vos révisions et que vous êtes pointus : Si ce n'est pas le cas, vous vous contentez de dire n'importe quoi pourvu que ça ait l'air bénéfique et en rapport avec le sujet. 90% de l'audimat n'entravera de toutes façons rien, les 10% restants, vous vous en foutez, c'est des automates qui ne se préoccupent que de l'économie. J'ose espérer que si il y a au moins un domaine qui vous est familier, c'est celui-là.

Contentez-vous de sourire aux caméras et d'avoir l'air d'un parfait et gentil petit homme du peuple. Je sais, ça peut paraître bizarre dit comme ça, mais d'autant que j'en sais, ça fait plus d'un siècle que ça marche !..

C'est green ? "

La flatterie ne semblait pas vraiment prendre avec Mlle Mâlik. Cripsin s’apprêtait à jouer une autre de ses cartes. Bien qu'elle ne faisait pas partie de son monde Eliza Mâlik pouvait détruire une réputation en moins de deux. Justement la seconde carte de l'homme d'affaire pris la forme d'un appel, du moins c'était ce qu'il pensait. Le producteur devait sans doute avoir eu son petit message et donner à Mlle Mâlik les recommandations nécessaires pour le bon déroulement du show.

Elle dut s'absenter un moment. Cripsin joignit ses mains, un sourire satisfait sur ses lèvres. Sa vie publique allait bien démarrer apparemment. Bientôt les autres automates qui l'avaient jadis ignoré devront compter avec lui. Il fit venir son attaché de presse, lui murmura quelques mots. Ce dernier s'en alla dés la phrase de Cripsin terminée.

Il rajusta son monocle, la présentatrice revint d'on ne sait où. Elle avait l'air énervée. Elle se rassit et inspira profondément. Ces précisément cette exubérance qui agaçait Cripsin, lui qui reste de marbre peut importe la situation.

Eliza Mâlik lui fit un rapide topo, exactement ce qu'il avait prévu. Quand à ses connaissances sur l'économie, voilà prés d'un demi siècle qu'il la façonnait dans l'ombre. Lorsqu'elle lui demanda si c'était "green", Cripsin haussa un sourcil :

"Si par griin vous entendez compris, alors oui c'est très bien griin"

Ah ce jargon journalistique...

Les projecteurs s'allumèrent, jingle, ça va commencer.

Dubitative face à ce bonhomme, Eliza en vint même à se dire qu'il y a des fois où elle ne devrait pas se lever le matin. Evacuant sa cigarette dans le cendrier d'un énième stagiaire, elle reprit sa contenance. Ça allait commencer. Une bonne rasade de conneries pour le peuple ... Dans son esprit germa l'amusante idée qu'au vu de la solution qu'apportait la classe dirigeante, les insurgés regretteraient peut-être toutes les conneries qu'ils avaient faits au cours de ces derniers jours.

" Antenne dans 3, 2, 1 ... "

Jingle, Eliza reprit l'air digne et presque impassible qui la caractérisait et tranchait tant avec sa personnalité hors-antenne ... Ici bas, tous étaient acteurs ...

" Bonjour à tous, il est 7h40. Vous êtes bien sur Pyrrhus TV et je suis bien Eliza Mâlik : Toujours en un seul morceau malgré la récente résurgence d'attentats terroristes dans les bas-fonds de notre cité. Nous sommes le Lundi 25 Juillet et voici les nouvelles du jour : Les bombes. Encore et toujours. Malgré l'intervention conjuguées des forces du Temple et du NOD, certains engins explosifs improvisés des terroristes ont réussis à exploser ... Délivrant une bonne douche de peinture aux personnes environnantes. Le Colonel Heinz du NOD a d'ailleurs sauté sur l'occasion pour éclaircir la situation "

Les images de la conférence de presse du Colonel apparaissent aux côtés d'Eliza.

" C'est un acte extrêmement regrettable mais bien heureusement sans conséquences matérielles ou humaines sur les dignes concitoyens de Novlangue. Les engins ayant récemment explosées dans différents quartiers de Novlangue, déversant ce que beaucoup pensent être de la peinture n'étaient en fait que divers substances inoffensives censées provoquer une réaction de forte envergure une fois assemblés. L'inefficacité de ces dispositifs contraste l'efficience que ces terroristes ont eu à déjouer nos dispositifs de sécurité. Il est évident que la faille qu'ils ont utilisés dans notre système a depuis été rebouchée, et qu'il leur sera impossible de repeindre nos murs ainsi une seconde fois ! "

L'image disparait.

" Je serais presque tenté de dire que notre bon Colonel nous prends pour des billes : Cela ne m'étonnerait guère que les terroristes aient, par désespoir, simplement chargés leurs bombes avec leur plus mortel arsenal ... Si ce n'était que de la peinture, je m'interroge bien fortement sur leur façon de manger les ordures...

Mais cela n'est bien qu'un problème secondaire, et je me fait la joie d'accueillir aujourd'hui sur notre plateau le célèbre philanthrope John Cripsin, magnat du secteur énergétique à ses heures perdues ... Et bien déjà, laissez-moi vous souhaiter à nouveau à l'antenne la bienvenue Monsieur Cripsin.

Alors Monsieur Cripsin, il semblerait que vous aillez récemment entrepris de vous lancer en politique : Serait-il raisonnable de vous demander vos raison ? Est-ce que les récents épisodes de "violences", si vous me permettez le terme, dans les rues de Novlangue ont-ils à voir avec votre volonté de brader un poste aux plus hautes instances ? "

Cripsin se tourna avant tout vers l'animatrice.

"Tout d'abord Mlle Mâlik, permettais moi de vous remerciez de m'avoir invité sur le présent plateau. Il est vrai que j'ai toujours était des plus discrets mais je ne peux continuer à me taire au vue de la situation."

Il se tourna vers la caméra, s’avançant un petit peu et joignit ses mains.

"Je pense que le peuple a peur. Oh il n'y a pas de honte à avoir peur, cela est bien humain et tout à fait compréhensible de par les épreuves que nous traversons. Mais de quoi aux juste ont ils peur ? Des insurgés ? Des attaques terroristes ? De mourir ? Non je ne crois pas. Les insurgés ne sont que des marginaux sans danger réels, ils se nourrissent de nos déchets et vivent dans nos égouts. Les attaques terroristes se sont montrées inefficaces, elles ont plus coûtées aux insurgées qu'à nous comme la rappelé le colonel à l'instant. De mourir ? Vous savez Mlle Mâlik nous avons la chance de vivre dans une société exemplaire où mourir pour l'Etat est un honneur, voire même pour certain un but."

Il rajusta son monocle.

"Mais alors me direz vous, la question reste ouverte. Et bien avant de s'élancer et de me présenter devant vous, je suis resté en retrait, afin d'observer la scène d'un point de vue général et je pense avoir trouvé la réponse. Les Orthodoxes ont peur de leurs Automates. Ces dirigeants qui ne font rien pour mater une bonne fois pour toute la révolte des insurgés. Où étaient ils pendant les attaques ? Ils se terraient derrières les hommes du N.O.D. tels des enfants apeurés. Pour un homme de ma trempe j'ai eu honte. Oui honte de ces politiciens qui se cachent aux moment d'agir. Si la peur est naturelle aux Orthodoxes, elle ne peut dominer un Automate servant l'Etat.

Et moi, me direz vous ? Moi je n'ai jamais promis au peuple de le protéger, je ne me suis jamais engagé dans une quelconque campagne politique. Pourquoi ? Parce que je faisais confiance à ces politiques, comme vous. Mais les récents actes de couardise de ces Automates m'ont poussé à sortir de l'anonymat et à prendre les commandes. Quand ont veut que les choses soient bien faites, on demande toujours aux Cripsin !

C'est pourquoi aujourd'hui je voudrais lancer un appel. Nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle pour Novlangue et j'appelle tout les Automates, officiers du NOD, Mentalistes et même vous Orthodoxes à me rejoindre. Ensemble formons une alternative, entrons dans l'assemblé et changeons les choses ! Pour plus de sécurité et pour enfin sonner le glas de cette guerre civile qui n'a que trop longtemps durée."

La parole est donnée. On sent venir le politique. Eliza elle-même pourrait s'y lancer ... Tu n'as juste qu'à l'ouvrir et à déblatérer n'importe quoi. Comme si il voulait quelque chose : Comme si il pouvait ! Elle lui aurait franchement rigolé au nez si elle n'était pas à l'antenne. Tous n'était que des acteurs, des pantins censés rassurer le petit peuple. Rien de plus. Ce Cripsin même prenait son rôle un peu trop à cœur, il brûlait les étapes. Elle ne lui avait posé qu'une simple question, elle ne lui avait pas demandé son Curriculum Vitae ou sa lettre de motivation ... Tout ceci n'était certes qu'une mascarade, mais une mascarade organisé, et en ce sens on voyait le bleu. Toute la fortune du monde dépensée en conseillers en communication ne vous ferait jamais une bête de scène. L'expérience fait tout.

Peut-être que la populace aimerait la franchise du bonhomme après tout. Les automates ... Pas si sûr. En réalité, il l'ouvrait à la fois trop et pas assez, et en bonne Miss Loyale de ce cirque, on lui demandait de sauver à tout prix le numéro du nouveau clown. Gold Eagle allait l'entendre avec ses directives à la con.

Tout cela était évidemment une forte réflexion intérieure, et son visage ne laissait rien transparaitre. Si elle commençait à exprimer des émotions non contenues à l'antenne, du dégoût pour ces fanfaronnades, elle perdrait pour beaucoup de sa crédibilité.

" Mais c'est un véritable programme que vous nous présentez là ! J'imagine qu'avec autant d'ambitions, vous avez des mesures concrètes à mettre en place ou à suggérer à nos têtes pensantes ? D'ailleurs, vous semblez très porté sur la question publique, mais qu'en est-il de l'économie ? Vous ne suggérez pas un délire communiste malgré votre discours populiste j'imagine ? "

Sauver les meubles à tout prix. En l'état, il ferait un carton auprès du peuple, mais il pourrait oser espérer voir débarquer chez lui de pleine escadres de mercenaires orchestrant un "malheureux accident domestique" à l'arme lourde. Les automates dirigeants détestent se remettre en cause ...

Des semaines, voire des mois qu'il avait répété inlassablement son discours. C'était son seul échappatoire. Il était cerné, par ses obligations, par ces "ils" qui le harcelaient nuit et jour. Non il devait réussir, il n'avait plus rien à perdre, "ils" lui avaient déjà tout pris. Son discours, il ne le pensait pas lui même, il faisait parti d'un plan tout comme lui, un plan qui le dépassait, qui le contrôlait à présent.

Sous la pression il s'est sans doute un peu emporté, il regarda son assistant, celui-ci inclina la tête, lui faisant signe de calmer le jeu. A la question de Mâlik il ria, un rire gras.

"Non Mlle, il est hors de question que je cède ma propriété. Il s'agit de secouer la classe pensante, pas de faire révolution."

En réalité lui même ne savait pas de quoi il s'agissait, ni ce qu'il allait devenir. Une chose était sur il allait se faire des ennemis... en plus. Les autres automates n'étaient rien à coté d'"eux". Il ne connaissait rien de ses "contacts", mais il savait qu'"ils pouvait frapper où bon leur semble.

Voilà qui était mieux, il équilibrait la balance. Équilibrer, oui, voilà le bon mot : Les Automates reconnaitraient l'un des leurs à ce rire, le peuple un industriel de plus. La bonne impression laissé aux Orthodoxes par cette première locution lui donnerait le bénéfice du doute en vue du trucage des élections, les Automates la fermerait de peur de dessouder non plus un coco avec des liens potentiels avec la rébellion mais un potentiel homme du gouvernement... Est-ce qu'il était seulement du gouvernement d'ailleurs ? Elle le connaitrait si c'était le cas. Pourquoi Gold Eagle lui demande de jouer le faire-valoir pour ce pingouin sorti de nulle part ... Encore un arriviste qui va se brûler les ailes en l'ouvrant trop ... En le voyant, presque déstabilisé, se tourner vers un de ses hommes de mains hors-plateau, elle eût presque pitié.

" Et si vous aviez un message à adresser ici et maintenant à cette classe pensante, quel serait-il Monsieur Cripsin ? "

Question épineuse pour une personne normale, qui se transformait ici en parcours de santé. Elle retint un soupir de dépit : En présence de n'importe quelle personne, cette question équivalait à une mort médiatique, voir une mort tout court. Tant que ce pingouin était couvert par cette classe dirigeante qu'il disait pourtant vouloir secouer, il ne pourrait rien lui arriver ...

L'homme inspira profondément, réajusta son monocle et se pencha en avant. Son calvaire toucherait il à la fin et allait il pouvoir revenir aux affaires ? Les feux des projecteurs, ce n'était définitivement pas sont truc. Après un moment de réflexion il prononça, d'une voix quelque peu tressaillante :

"Les choses vont changer, il va falloir s'y préparer..."

Puis il s'épongea la figure avec un mouchoir blanc portant ses initiales. Les lumières lui brûlaient la peau, lui qui d'habitude vit dans la pénombre de son manoir. Il n'avait plus rien à ajouter, espérant que ce qu'il fit conviendrait. Il attendait le signal pour quitter le plateau, rejoindre sa limousine et son manoir, où il avait augmenter les effectifs de sécurité et fermer le musé consacré à sa famille.

Les tentatives d'attentat à la bombe n'étaient qu'un début, un coup d'essai. Une bien plus grave menace planait sur sa ville, et surtout sur ses clients. Une menace jusqu'alors insoupçonnée.

Première sortie. Elle aurait cru le bonhomme plus résistant. Malgré tout les progrès que l'on avait fait pour faciliter la vie des invités sous les projecteurs en deux siècles, il réussissait à cramer. Il était allergique à la lumière ou bien ..? Heureusement que les caméras ne l'ont pas filmés en train de s'éponger. Personne n'aime les signes de faiblesse ...

Petite pirouette de télévision.

" Et bien je pense que nous sommes fixés sur le destin qui attends Novlangue. Quand à moi, je vous remercie d'être venu sur mon plateau monsieur Cripsin, et je vous retrouve, chers téléspectateurs, après une courte page de pubs ! "

Les caméras et les lumières s'éteignent, retour à la réalité ...

" Break d'un demi-heure ! "

Un petit signe de compréhension de la main à Grégoire avec un sourire. Un stagiaire arrive avec un paquet de cigarette et un autre avec le briquet. Eliza prends une cigarette puis se la fait allumer, puis, s'enfonçant dans son siège, elle se tourne vers le pingouin.

" Et ben c'était pas si terrible. Vous voyez ? " fit-elle d'un air compréhensif en tirant une bouffée du bout de papier au filtre excessivement long.

" Voilà, maintenant, vous avez la plèbe dans vos poches, surtout avec votre dernière phrase. Mystérieux et concis à la fois ... Vos collègues vont se méfier par contre, mais comme les élections sont truquées, vous n'avez normalement pas à vous en faire...

Vous avez trouvés ça comment ? "

Cripsin se leva aussitôt les lumières éteintes, appuyant tout son poids sur sa canne. Son assistant lui apporta son chapeau. Pas fâché que cette épreuve soit terminée pour le vieil ermite qu'il est. Il allait partir sans mot dire quand l'animatrice lui demanda comment ça s'était passé. ¨Plus jamais avait il envie de répondre, mais ce serait déroger à la marque de fabrique des Automates.

Il se reprit, se tenant à nouveau droit comme un piquet avant de répondre :

"Une promenade de santé en effet, mais je dois avouer que j'avais préparé un peu mon passage, Mlle Mâlik je suis un homme prévoyant et prudent contrairement à ce que mes paroles auraient pu vous faire penser. J'espère vous avoir donné l'audimat que vous convoitez tant, mais croyez moi vous aurez bien d'autres sujets brûlant à vous mettre sous la dent dans les mois à venir... Si jamais vous avez besoin de mes services, où d'une ristourne sur vos factures énergétiques je télécharge ma carte sur votre NovPaD. Je sais j'utilise encore un vieux format de fichier...Je vous souhaite une bonne journée."

Il mit son chapeau et s'en alla, sa démarche s'appuyant fortement sur sa canne, espérant ne pas avoir à revenir sous les projecteurs.

Elle rongeait son frein. Bien sûr que les relations pouvaient servir, mais après tout, elle s'en foutait bien de ses factures. Plus elle faisait ce boulot, plus les personnes qu'elle aidait la dégoûtait. La seule chaîne officiellement soutenue par le gouvernement ... Et elle était la seul qui détenait l'information.

Quand ce John Cripsin fut parti, elle ne put retenir la crispation de rage qui lui déforma le visage, elle inspira une énorme bouffée de sa cigarette avant de la jeter par terre d'énervement.

" Pauvre con. " fit-elle, bouillonnante, pour elle-même. Elle avait réellement envie de lui exploser la tête avec sa canne. Lui inculquer que la condescendance, c'était bon à petite dose, avec les personnes adéquates, dont elle ne faisait pas partie.

Le mégot ne manqua pas d'être ramassée par la stagiaire au briquet. Elle se releva de son siège et marcha d'un pas énergique en faisant claquer ses talons sur le plancher des couloirs. Du vrai bois, telle que l'on en faisait plus. Pas celui produit chimiquement en usine : Du vrai, coupé à l'extérieur.

Tournant à un angle, elle s'arrêta devant la cafetière, chassa ses deux lèches-bottes et se servit une tasse de café qu'elle vida d'un trait. Elle continua sa route, pestant comme une furie, et percutant sans s'en rendre compte un bonhomme, les mains chargées de dossiers, qui regardait avec admiration l'un des nombreux tableaux du couloir.

Pendant ce temps, sur vos écrans... [Cripsin] Redgirl_and_knight02

" 'Pouvez pas faire gaffe ?... " Le houspilla-t-elle. Puis il se retourna vers elle. A mi-chemin entre l'émerveillement, la transe et la terreur.

" ... Wake ? Mais qu'est-ce que vous foutez ici ? Vous êtes pas censés bosser là ? "

Sa barbe de cinq jours, son costume négligé ... Plus le temps filait, plus l'allure du bonhomme se dégradait. Et il semblait saisir la moindre occasion pour monter aux derniers étages, dans les couloirs décorés.

" C'est bien ... La-la ... La Dame ... La-la Be-belle Dame ? " Il bégayait, tremblant comme une feuille, comme secoué vivement par une émotion.

Il faisait presque peur à Eliza, mais elle commençait à s'habituer. C'était d'ailleurs la première fois qu'il s'aventurait aussi loin dans les couloirs en prétextant quelque chose relatif à une pile de dossiers ... C'était bien la première également que cela marchait.

" Oui Monsieur Wake : C'est l'original, la " Belle Dame sans Merci " de " Je-sais-pu-qui ". On me l'a offert quand je suis arrivée à la chaine ... " lui fit la présentatrice, presque calmée, d'un ton pourtant clairement blasé ... " Écoutez, je sais même pas pourquoi vous me demandez : Vous le savez très bien que ce ne sont que des originaux ! "

" Il-il est de Sir F-franck Bernard Dicksee ... C-c'est un préraphaélite, Il-il représente beaucoup pour moi ! "

" Oui, pour moi aussi Wake ... Et pour ce qu'il représente pour moi, j'ai envie de le cramer ... "

Il lâcha sa pile de dossiers précipitamment pour se jeter à ses pieds et y pleurer.

" Par pitié, NON MISS MÂLIK ! PITIÉ ! "

Les deux gorilles cyborgs en armures de combat qui gardaient la porte du bureau de la présentatrice se mirent en branle pour dégager l'importun. La jeune femme les arrêta d'un geste, leur signifiant d'une moue blasée qu'il était inoffensif.

" Écoutez Wake, vous devriez prendre plus souvent vot' Lorazépam, allez voir une Valkyrie ... Je sais pas, mais vous êtes flippant là ! Faut arrêter de vous mettre dans des états pareils pour des histoires de prérapha ... Enfin de trucs de peintures là ... Regardez le Rembrandt derrière, ça vous calmera un peu : Il était pas prémachin Rembrandt ! ... C'est la Mère de Broderika qui me l'a offert celui-là... "

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" J'ai pris 28 comprimés en deux heures Miss Mâlik ! Je passe tout mon salaire chez une Valkyrie ! J'EN PEUX PLUS ! JE M'EN FOUS DE REMBRANDT ! J'EN PEUX PLUS, MISS MÂLIK ! "

Il était donc vraiment désespéré ... Elle ne pouvait pas le laisser comme ça ...

" Bon ... Donnez-moi le nom de cette Valkyrie, je vais me démerder pour passer vos factures sur la boîte ... "

" Elle ... Elle s'appelle Deidre Fairfax ... Vous-vous feriez ça ... Pour moi ? "

Il se faisait maintenant suppliant et la regardait comme une divinité ... Elle, levait les yeux au ciel.

" Si ça peut vous permettre d'éviter de finir avec une balle dans la tête ... "

" MERCI ! MERCI MISS MÂLIK ! " lui-hurla-t-il en se relevant bon gré mal gré, il ramassa alors les dossiers et partit, des étoiles plein les yeux.

Son implant devait déconner franchement pour lui autoriser des sautes d'humeurs pareilles... C'était comme ça avec les pucés tardifs ...

Elle avait vraiment pitié de lui, comme de Lionel avant lui. Elle continua son chemin, échangea quelque mots avec Peter et Steven, les deux gardes, passa la porte de ses quartiers de campagne et s'arrêta devant le bureau de Broderika, sa secrétaire.

C'était une blonde sculpturale, d'air ouverte et affable, au visage fin exempt de tout défaut et à la poitrine très fortement développée, enfermée dans un tailleur moulant couverts de simulacres de broderies chamarrées et au décolleté triangulaire cerclé de dentelles, s'élevant à la manière d'un col sur le derrière. Celui laissait éclater ses formes au grand jour, comme tant de pièces de coutures excentriques de ce 22ème siècle européen.

" Vous voyez Broderika : Non seulement je trouve les cadeaux potaches de votre mère clairement dérangeants du point de vue symbolique, mais en plus, même les fondus d'arts de la rédaction ne le remarquent pas ... "

" Comme nous toutes, Mademoiselle Eliza. " Lui souffla-t-elle à travers un sourire malicieux.

La présentatrice se contenta d'un regard tacite sur le sujet, mais lassé, et ne reprit la parole que quelque dixièmes de secondes plus tard.

" Branchez-moi à Gold Eagle, et faites-moi des recherches sur une certaine Deidre Fairfax. "

" Je m'y mets, Mademoiselle Eliza. "

Et pendant qu'elle se mettait à pianoter sur un terminal holographique qui apparut sur son espace de travail tout en rondeurs et en bois massif, sa jeune impulsive de maitresse passa deux portes de verre à ouverture automatique, pour émerger dans son bureau.

Pendant ce temps, sur vos écrans... [Cripsin] Deus_e10

Elle s'arrêta devant l'échiquier, constata la situation, et déplaça son fou. Puis elle se retourna vers sa secrétaire, s'appuyant sur le bureau et lui disant à travers la porte :

" Échec et mat Broderika. Vous comptez trop sur vos tours. "

Elle devrait penser à remercier Wake qui lui avait fait oublier sa rage. Sans lui, elle n'aurais certainement pas eu l'esprit à ça ...

Eliza possédait en fait deux secrétaires : Lionel, toujours en vadrouille, et Broderika, toujours fraîche et dispo. En considérant leurs physiques respectifs, les rôles auraient dû être inversés. Alors que, pensant à cela avec le sourire, elle contemplait l'extérieur, une forme humaine apparut à ses côtés. Un hologramme.

" Mademoiselle Mâlik. " Prononça-t-il solennellement, de sa voix rocailleuse.

" Tu fais chier, sérieusement. "

" Un peu de respect je vous prie ... "

" Tes poulains, tu leur dit au moins ce qui les attends ? Celui-là franchement, c'était un beau. Il croyait vraiment qu'il avait les commandes ! "

" C'est le cas ... Dans une certaine mesure. Tu devrais témoigner un peu plus de respect, envers moi comme envers Monsieur Cripsin. Il nous rends de fiers services. "

" Pitié, épargnes-moi tes belles paroles. Des crétins avec assez de matières grise pour gérer des centrales, il en pleut sur cette ville ! "

" Ne crois pas cela si facile, sa famille se penche sur le domaine depuis des générations, c'est un des grands noms de cette cité. "

" Ouais, bah à défaut de leur dire ce qui les attends, tu pourras au moins leur dire qu'avant de jouer de la Rumba à la télé, j'ai quand même fait assez d'études pour pouvoir les rembarrer sur leur terrain. Tu diras aussi à Rupert d'aller se faire foutre ... Non, mieux, tu va dire à ton petit protégé de me dessiner une joli quadrature du cercle bien patriotique : J'accepterais de coucher avec lui seulement quand il l'aura fait. "

L'homme sembla s'offusquer de la remarque.

" Fait ce pour quoi l'on te paye Eliza, rien de plus. "

Et il disparut, laissant la jeune femme seule face au décor, hors d'elle. Elle alla s'asseoir dans son siège en cuir, allumant une cigarette en même temps que son terminal.

" Broderika, tu peux me trouver l'adresse de messagerie de la Valkyrie de Wake ? "

Elle qui n'avait jamais pu en voir en portrait ne voyait maintenant plus qu'une chose pour se sortir de là.

C'était ça, ou sauter par la fenêtre dans le trafic ...

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