Dans l’ascenseur, Deidre m’explique comme se déroule une séance avec elle. Je l’écoute tout en faisant analysant discrètement l’endroit. Y’a de nouveau des caméras… Ca signifie qu’il va falloir que je surveille bien tout ce que je dis sinon… Sinon quoi ? Je préfère pas le savoir. Alors, finalement, je ne réponds rien à ses explications.

Nous sortons silencieusement de l’ascenseur, marchons quelques mètre, toujours sans rien dire, puis entrons dans l’appartement de Deidre. Alors c’est à ça qu’il ressemble… C’est… Original. En fait j’aime bien. C’est assez simple et sobre. Je m’attendais à quelque chose de bien plus fantaisiste. Tant mieux que ce soit simple, car si cet endroit était aussi extravagant que ce à quoi je m’attendais, je ne me serais pas senti à l’aise.

- Allez jusqu'au fond vous asseoir, je prépare des boissons.

- Euh… Ok.

J’obéis. Je me dirige au fond de l’appartement – tout en scrutant chaque recoin. Arrivé devant le canapé, j’ôte ma veste, l’accroche à l’accoudoir du canapé et m’installe confortablement sans pour autant me décrisper.

Deidre revient après un court instant avec deux tasses dans ses mains. Elle s’assoit à côté de moi et me tend l’une des deux boissons. Je prends la tasse et sens le contenu – ben oui, je me méfie encore. Et là…

- Ouah ! C’est de l’Irish Coffee ?! Du vrai de vrai ? Ben mince, ça doit bien faire cent ans que je n’en ai plus bu… En fait je me demande si j’en ai déjà bu un jour…

Deidre tend sa boisson devant elle avec un « A votre santé ! » puis boit. Son comportement me fait sourire. Cette femme est aimable et souriante. Elle a l’air de quelqu’un a qui on peut faire confiance et c’est pour ça que je suis allé trop loin dans mes paroles tout à l’heure au bar. Alors pourquoi d’un coup j’ai du mal à me décoincer ?

Je porte la tasse à mes lèvres et bois une gorgé. Aussitôt je sens l’effet apaisant de cette boisson chaude. Miam…

- J'ai un brouilleur très efficace, ici.

Mais c’est cette phrase qui achève de me détendre. Je laisse tomber ma tête en arrière et ferme les yeux tandis que Deidre continue de parler. Ca fait du bien de ne plus se sentir observé. Me sentir reluqué par des types qui me sont inconnus me rendait vraiment mal à l’air et me donnait la sensation d’avoir la poitrine compressée par un poids immense, m’empêchant ainsi de respirer. Mais là j’ai l’impression d’être à nouveau libre comme l’air. Libre… Comme si je m’étais échappé du dôme.

J’ouvre brutalement les yeux. Deidre a fini de parlé. Depuis combien de temps y’a le silence ? Faut peut être que je dise quelque chose avant de sombrer à nouveau. Penser, c’est pas bon pour moi. Je tourne alors la tête vers la Valkyrie et lui adresse un sourire énigmatique.

- Pourquoi je vous crierais dessus ? J’ai pas assez crié avant ? Et puis pourquoi je vous frapperais ? Et des questions, j’en ai toujours. Je veux bien parler di moi, à condition que vous me parlez de vous…

Je me redresse me tourne un peu et fixe Deidre.

- Et si on commençait par se tutoyer ?

J’ai la petite impression que le merdier d’avant va bien finir par s’effacer. De toute façon je ne peux pas vraiment lui en vouloir sur le fait que j’aurais pu plus me renseigner un peu plus. En tout cas j’ai la ferme intention de rattraper mon attitude de tout à l’heure. Et sans vouloir me vanter – enfin si, peut être un peu – j’ai l’impression d’y arriver.

Elle rigole bien quand je lui demande de se tutoyer et elle veut passer un accord avec moi au sujet des questions.

- Alors, deal : une question chacun et tu me laisses voir ce à quoi on peut arriver ensemble pour te (faire du bien) faire voir la vie en rose ?

Elle me tend une main que je saisis comme pour sceller l’accord.

- Marcher conclu. Alors, en bon gentilhomme, je me dois de dire : à toi l’honneur. Pose ta question et je répondrais du mieux que je peux – ou pas.