Collision

Agenouillé dans la salle de bain, vêtu d'un baggy et d'un tee-shirt sur lequel s'étale "Intolerance will NOT be tolerated", Leith met la dernière main aux fresques murales. Il a fallu faire avec le rose bonbon des meubles, mais il est plutôt content du résultat.

Ding-donnng...

Tiens ? Mais qui ça peut bien être ? Deidre a perdu ses clés ? Heu, non, impossible, ses clés sont ses rétines.

Un peu inquiet quand même, des images d'énucléations dans la tête, il va jusqu'à la porte et se bat un moment avec les commandes de la caméra.

Ha. Elle.

Il ouvre la porte en grand.

Deidre est pas là.

Aimable comme une porte de prison. Avec un peu de chance, elle va tourner les talons... Non ?

- Eh bien.... Je vais l'attendre, alors.

Le microbe châtain passe sous le bras de Leith sans se formaliser de son ton bourru, et va se vautrer sur le canapé, laissant apercevoir un micro short en jean sous sa tunique ras-le-bonbon.

- Alors, Leith ? Comment ça marche, avec notre rousseur préférée ? J'ai cru comprendre que vous avez entrepris de refaire la décoration ? J'aime bien ce que vous avez fait sur l'ascenseur, aussi.

Elle jauge l'homme d'un regard assuré de prédateur mignon, puis se relève et se déhanche en direction de la cuisine.

- Vous en avez mis où, des dessins ?

Alors là, elle l'a pris par les sentiments, et on se demande bien comment elle a fait pour tomber pile sur le sujet qui passionne Leith. Ce qu'elles sont fortes, ces Valkyries !

Sur l'ascenseur, c'est pas moi, c'est Cowper... commence-t-il mollement.

Vous en avez mis où, des dessins ?

A peu près partout ! est-il lancé. J'ai commencé par celle-là, parce que j'avais promis à Deidre de faire son portrait, et son mur était vraiment très blanc, et... bref. Après j'ai fait les autres murs de la chambre dans le même style. Les sirènes, c'est encore Deidre, parce que je l'appelle ma sirène, vous savez, elles envoûtaient les marins avec leur chant et... bref. Après, j'ai fait la salle de bain. J'ai été un peu obligé de laisser du rose. Je viens de finir, c'est pas mal, non ?

Collision The-vortex-painting

Les voilà coincés dans l'espace exigu, avec Leith qui fait de grands gestes et Hilde qui tente de ne pas se prendre un bras distrait sur le nez.

Hilde a suivi Leith pas à pas, et profite de l'étroitesse des lieux pour coller l'Insurgé plus qu'il ne serait logiquement nécessaire.
Ca a un inconvénient : il faut savoir esquiver les claques.
Mais ça a un avantage : vérifier si, bien lancé, son contact fait encore fuir Leith.

Il ne semble pas.

La minipeste a un sourire à mi chemin entre le mauvais et le coquin.

- J'aime beaucoup. Et... La peinture de la chambre, ça donne quoi ? Je suis curieuse...

Ton d'excuse tout à fait craquant.

Ah, vous avez pas eu le temps de voir comme il faut. Je comprends.

Leith retourne dans la chambre, la pestouille sur les talons, et se plante devant le grand portrait en face du lit.

Finalement, je suis pas mécontent de celle-là. Vous en pensez quoi ?

Hilde se laisse tomber sur le lit, examine l'oeuvre au roux.

- Hmmmm... Je reconnais l'essence de Deidre, là dedans. ... Pis en plus, c'est très joli !

Grand sourire.

- Vous savez quoi ? Bon, je le dirais pas à n'importe qui mais... Je suis un genre d'artiste, moi aussi. Même si ce n'est pas quelque chose d'aussi spectaculaire, il faut le reconnaître. Le shibari, vous connaissez ?

Plus innocent que ça, tu meurs.

Haaa non... Je connais le yamato-e, le sumi-e, l'ukiyo-e, le bunjin-ga, mais le shibari, alors là, jamais entendu parler... C'est quel type de technique ?

Vivement intéressé, Leith s'assoit sur le lit à côté de la diablotine pour mieux l'écouter.

Elle regarde l'homme par en-dessous.

- Il y a certaines... choses à respecter. C'est spécial, comme art. ... Je vous montre ? Alors, vous fermez les yeux et vous ne bougez pas d'un cil jusqu'à ce que je vous le dise, d'accord ?

Enthousiasme de l'adepte faisant découvrir l'essence de son Art à un profane intéressé. Plus.... autre chose, d'un peu... sournois.

Chouette, un jeu ! Le côté grand gosse de Leith en sautille intérieurement d'enthousiasme. Il ferme les yeux en hochant vigoureusement la tête. Est-ce qu'on lui a déjà dit qu'il n'est pas assez méfiant ? Oh, juste un milliard de fois.

D'on ne sait où vu la légèreté de sa tenue, la Valkyrie extraint une longue corde de soie, puis passe dans le dos de Leith en lui parlant d'une voix apaisante :

- Pour apprécier cet Art, il faut parfois se mettre dans une sorte de... transe, d'état modifié de conscience. Je suis persuadée que vous voyez ce dont je parle ?

Son ton de voix, doux, caressant et comme hypnotique, agit sur les nerfs de l'artiste comme un lénifiant total, le rendant tout à fait imperméable à autre chose que la voix de la jeune femme. Tout en commençant à lui ligoter les bras dans le dos dans les règles de l'art, elle continue :

- Vous savez que Deidre vous appelle son "bel oiseau" ? ... Je n'ai pas d'oiseau, moi. Et je suis curieuse...

Au bout d'une petite vingtaine de minutes d'hypnose et de noeuds, Leith ressemble approximativement à :

Spoiler:

...quand elle l'embrasse doucement dans le cou.

Leith fronce les sourcils.

Il y a quelque chose qui ne va pas du tout.

Une mouche lui chatouille le cou, et il n'arrive pas à lever la main pour la chasser. Il n'arrive pas à bouger du tout, même. Ah si, la tête, un peu.

Il se tourne vers la mouche, qui est une très grande mouche mais une très petite femme, avec des cheveux châtain.

Je vous connais, vous, vous êtes la copine de Deidre. Comment vous vous appelez déjà ? Helga ? Hedwig ? Un truc en h.
Je n'arrive pas à bouger, j'ai dû me briser les cervicales ou un truc comme ça. Vous pouvez appeler Deidre ?

Hilde rit doucement, pas vexée pour deux sous.

- Tout à l'heure, j'appellerai Deidre. Juste le temps de... faire quelques petits tests. Pour... vérifier si vous vous êtes vraiment cassé quelque chose.

Pourquoi se fatiguer à trouver des excuses si on lui en fournit une ?

- Par contre... je vais devoir remonter votre TShirt jusque sur votre visage. Je ne veux pas... passer le cou, si quelque chose est cassé.

Aussitôt dit, aussitôt fait, et Leith, de troussé devient troussé ET aveuglé.

Arg. S'il y a un truc que Leith n'aime pas, c'est de ne plus rien y voir du tout. Ça réveille chez lui de sains instincts de survie.

Elle serait pas un peu en train de le mener en bateau, la brunette ? Tiens, ça lui revient, elle devait lui montrer une technique artistique. Sudoku ? Subaru ? Non, shibari.

Mais... Mais qu'est-ce que vous faites ? Non, arrêtez ça tout de suite, je suis chatouilleux.

Baiser en cascade de la clavicule au nombril, Hilde sait que le temps presse. Deidre ne doit rentrer que dans une heure, mais tout de même. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Ses mains migrent sur les hanches de Leith.

*
**

Quelle galère. Ce n'est que la troisième fois que ça m'arrive dans ma carrière, mais c'est toujours un choc : l'implanté que je recevais aujourd'hui est tombé en catatonie suite à un dérèglement de sa puce lors de notre séance... Bah. Il n'y aura même pas enquête, mais ça fait.... bizarre.

Je jette mon sac sur le canapé et file à ma chambre : vite un short et un TShirt, ou mieux : Leith.

Ouais. Mais Leith coincé sous Hilde occupée à tripoter sa ceinture... Comme délassement, c'est pas terrible. Ils auraient pu m'attendre, merde !

Je me sens sourire comme une psychopathe en allant chercher les clés de chez Hilde et des ciseaux dans la cuisine.

*
**

Après avoir fait ma petite affaire, j'entre à nouveau dans l'appartement, puis dans la chambre, sans prendre la peine de faire dans le subtil. Ils ont pas beaucoup progressé, dites. Petits joueurs.

- Saluuuut ! Leiiiith, l'acétone, vous la planquez toujours dans mon placard à chaussures ? J'en ai besoin pour la salle de bains ! Hildy, il y a de l'eau qui coule de sous ta porte, chérie. Sinon, tout baigne ?

Je vous ai dit d'arrêter ça tout de suite ! C'est, heu, très désagréable ! Non, pas le pantalon... Mais c'est pas vrai ! Y a pas d'autre mâle, dans le coin ? Fallait que vous... Héééé ! Ne vous y trompez pas, vous ne me plaisez pas du tout. C'est juste une réaction normale de garçon plein de sève.

Enfin ! La voix rose de Deidre comme du miel dans ses oreilles. Même si elle sonne bien acide, sur le moment, la voix de sa sirène.

AAAAAh, Deidre ! Venez me délivrer, elle me viole !

- Heuuuuuu... Je peux tout t'expliquer !
AAAAAh, Deidre ! Venez me délivrer, elle me viole !

Je les toise, un instant, puis hausse les épaules.

- Il n'y a rien à expliquer, vos positions sont éloquentes, tout comme... votre état, Leith et l'état de ton rouge, ma puce. Moi, tout ce que je voulais, c'était l'acétone. Et l'inondation. Te la signaler, je veux dire.

Grand sourire.
Un moment de blanc, puis Hilde se lève d'un bond en couinant : Merde merde meeeeerde !! jusqu'à la sortie de mon appartement.

Je me tourne vers l'appétissant rôti abandonné sur mon lit, lui ôte son Tshirt des yeux.

- Alors, mon coeur. Vous tripez aussi sur les brunes maintenant ? Vous avez conscience que je suis très agacée, hmmm ? *baiser sur les lèvres, caresses sur le ventre découvert* Et que j'ai trouvé votre DISSOLVANT à PEINTURE ?

Sourire charmant.

Leith pousse un gros soupir de soulagement quand sa chérie lui rend la vue.

Ah, vous ne pouvez pas savoir le cauchemar que... Hein ? Mais je vous jure ! Elle m'a attaché, je sais même pas comment elle a fait ! Et après elle s'est mise à me tripoter partout alors forcément je...

Dites... Vous ne voudriez pas me détacher, s'il vous plaît ? J'ai des fourmis. Et défoulez-vous autant que vous voulez sur mes peintures, du moment que vous ne me prenez pas pour un coureur.

Ooooooooooh....

Il est trop mignon.

Pour le coup, je risque d'avoir du mal à avoir l'air sévère, hein ? ... Vous feriez quoi, à ma place ? ... Atermoyons.

Je m'assieds aux pieds de Leith et commence à défaire les noeuds, comme Hilde me l'a appris.

- Hé bien. Elle ne voulait vraiment pas que vous vous échappiez, dites... Le pouvoir d'Hilde, c'est l'hypnose. Elle peut vous mettre en transe dès qu'il y a contact physique et qu'elle vous parle. Elle a du vous endormir, simplement. Enfin... Au moins une partie de vous, on dira. Ensuite, une fois saucissonné... Eh bien, elle a pu vous "réveiller". ... Z'êtes sûr que vous tenez à ce que je vous détache les bras de suite ? Si je touche pas à vos peintures ?

Grand sourire enfantin en faisant tomber les dernières boucles de la corde lui enserrant les pieds.

Leith baisse les yeux sur les nœuds complexes que Deidre défait avec une dextérité fascinante. A croire que la technique lui est familière... Ça ressemble bien à un art, après tout, la sorcière d'à côté ne lui a pas menti sur tout. Leith se demande bien à quoi peuvent ressembler ceux qui lui saucissonnent les bras.

Un grand sourire répond à la proposition de sa dryade.

Vous tenez si peu que ça à mes mains ? Je suis mortellement vexé... mais ouvert à toutes les expériences, tant que c'est avec vous, ma chère.

- C'est que... C'est très joli, ce qu'elle a fait comme nœuds. C'est dommage de gâcher.

Spoiler:

Je tourne vers lui le miroir sur pied qui est à gauche, de façon à ce qu'il puiss admirer le travail.

- Ensuite, vous avoir à ma merci pourrait être amusant... Et enfin... Je suis persuadée que vous aurez à cœur de me faire oublier la vision d'Apocalypse que j'ai eue tout à l'heure en utilisant toutes les ressources autres que les mains pour vous faire pardonner, hmmm ?

Regard par en dessous, baiser sur le ventre.

Leith est pris de fou rire en découvrant son dos.

Désolé... Il faudra lui dire qu'elle peut se reconvertir quand elle veut dans le... macramé...

Il se reprend à peu près, se renverse sur le dos et lève ses pieds nus.

Alors voyons... Il me reste ça.

Avec beaucoup d'efforts que trahit sa langue coincée entre ses dents, il soulève la robe de Deidre avec les pieds, attrape l'ourlet de sa culotte avec un orteil et la fait glisser à terre.

Hum, il faudra que je m'entraîne.

Après quoi, il enroule ses jambes autour de la taille de Deidre et la fait tomber contre lui.

Vous croyez peut-être que je n'étais pas déjà à votre merci avant, belle dame sans ?

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