Járn

Járn jeta son manteau qui partit s'écraser lourdement sur son fauteuil.
Elle aurait tant aimé faire pareil ... mais avant ça, elle avait un urgent besoin de prendre une douche.

Elle se rendit rapidement dans la salle de bain après avoir déposé ses affaires à l'endroit qu'elle leur avait aménagé. Járn habitait un studio dans Chinatown. Cependant elle ne s'en plaignait pas : c'était facile à entretenir, et elle ne nécessitait pas énormément de place. Quelques affaires personnelles, de quoi ranger ses vêtements, ainsi que les machines qui permettaient de faciliter un peu les corvées quotidiennes qui, il fallait l'avouer, à l'ère où les voitures volaient mais ne roulaient plus, étaient toujours aussi casse-couilles.

Elle laissa sa robe glisser sur sa peau jusqu'à atteindre le sol, puis s'engouffra dans la cabine de douche.
Elle ouvrit le robinet qui grincha un peu avant de laisser s'écouler l'eau.

Járn soupira longuement. Elle était un peu crevée ... Pourtant sa journée de travail n'avait pas été plus fatigante qu'une autre. La jeune femme avait plutôt l'impression qu'elle commençait à être un peu lassée de sa routine. Non pas qu'elle n'aimait pas son travail, elle avait peut-être besoin d'un peu de changement. Certes son boulot lui faisait rencontrer des tas de gens, mais la quasi-totalité (pour ne pas dire l'entièreté) de ses clients ne voyait en elle que la femme qui était venue leur apporter une heure de "bonheur" (voire plus, ça dépendait du porte-monnaie !).
Parce qu'au final, dans ce métier, on se faisait beaucoup de connaissances et de contacts, mais que très peu d'amis.

Járn avait beau avoir l'air un peu brutale et froide la plupart du temps, au fond elle était plus altruiste qu'elle ne le laissait paraître. Le métier de Valkyrie était un métier qu'elle trouvait noble ; n'importe qui n'avait pas le privilège de donner du plaisir sous quelque forme que ce soit depuis un peu plus d'un siècle ... Mais c'était aussi un peu frustrant quelque part, de voir que ce genre de chose était devenu un métier. Un service. Quelque chose qui s'achète ... !

Elle sortit de la douche et enfila son peignoir pour ensuite se diriger vers sa kitchenette afin de se préparer un thé.
Elle resta pensive devant la baie vitrée qui donnait vue sur le quartier noctambule qu'était Chinatown. En voyant tous ces gens en bas, elle se sentit un peu seule.
En prenant son mug à deux mains pour le porter à sa bouche, des frissons la parcoururent.

Ce thé lui paraissait bien amer cette soirée-là ... et pourtant, ses yeux fatigués portaient sur la ville animée un regard froid et sans aucune ardeur.

La saveur, l'âme, c'étaient là des choses qui avaient été perdues depuis bien des années ...

Járn

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