Quelques pars dans de vastes prairies blanches,
Au milieu des flocons qui lentement glissaient
Bien au fond d'un trou creusé à même le sol
Gisait une Pensée.
Qui pourrait prétendre en savoir l'origine ?
Tant de pensées meurent chaque instants,
comme tant de mots meurent sur nos lèvres,
tant de gestes, encore et toujours si hésitants
à s'échapper de la stratosphère de nos rêves.
Cette pensée gisait, donc, brisée.
Enterrée là, reniée par celui qui prit la fuite.
Quelques mots ? "Je pense donc j'hésite."
Condamnée à ne jamais exister.
Quoi de pire pour une Pensée ?
Froid. Froid. Chaud. Lourd. Sommeil.
La neige, encore et toujours, finit de l'enterrer
Lentement, écrasée sous ces tonnes de flocons mouillés
Si c'était un autel, ce n'est plus qu'un cercueil.
Pour la réveiller, il faudra plus qu'un rayon
Plus que cette lumière diffuse et grise.
C'est le désespoir qui anime l'embryon
De Pensée, qui dans la terre humide s'enlise.
Sans une lumière d'été
Un semblant d’appréciation de la vie
La Pensée mourra de désespoir, négligée
Morte, seule, abandonnée.
Passent les saisons et meurt la Pensée.
Elle s'étiolera en pensant à toutes ces idées qu'elle aurait pu semer dans le sol fertile, les voir pousser et croître et colorer jusqu'à la voûte céleste à chaque floraisons.