Cela fait des heures que j'attends. Le contremaitre grassement soudoyé m'a laissé passer, mais il a fallu que j'y aille seule, et à pied. Je n'aime pas rester à découvert aussi longtemps. Il faut éviter les caméras de surveillance, surtout ne pas dévoiler mon identité. Je prends de gros risques, mais le chargement de ce cargo en vaut la peine. Du moins je l'espère.
Aujourd'hui, mon nom est Irène Deckare. Je suis l'associée de M. Kahill, et je dois superviser le déchargement du cargo X-453.
La tenue de rigueur pour ce rôle n'est pas idéale en ce lieu. Les talons aiguilles qui subliment le tailleur strict claquent sur les pavés humides. A chaque pas, l'équilibre est précaire. D'ailleurs, je me rattrape plusieurs fois de justesse. Il faudrait que j'arrive à rester immobile.
Alors je fixe l'horizon, espérant que la silhouette du navire que j'aperçois est mon espéré. Mais il vire de bord. Il n'accostera pas ici. Nouvelle désillusion.
Je refais les cents pas. Je relis les panneaux, indiquant les numéros de docks, lorsque je me rends compte de mon erreur. Je suis sur le bon quai, mais pas dans la bonne zone. Ici, ceux sont les denrées périssables qui sont déchargées, et non les matériaux de hautes technologies. Il me faut rejoindre rapidement le bon lieu de rendez vous, où je pourrais rater la livraison.
Une ombre se dessine au loin. Je ne sais pas si elle s'approche ou s'éloigne. Est ce un docker? Une patrouille? Je dois rester stoïque, calme. Je continue ma route. Peut être passera t'il sans m'accoster.