Vous pénétrez dans une pièce spacieuse. L'éclairage vous donne l'impression d'être dehors au grand jour. Aucunes fausses notes ici, le jardin est calme et vous entendez même les oiseaux chanter, une musique d'ambiance sans doutes. L'endroit idéal pour se détendre et se relaxer dans une ambiance zen.

A part le chant des oiseaux, c'est le calme plat. Pas un geste, pas un bruit. Comme si l'enfer des autres pièces était une autre réalité.
Le corps de Quatorze gît près de l'entrée, couché sur le dos comme s'il faisait une sieste sans la quiétude de cette pièce.
Mais une chose vient perturber ce calme, peut être à tout jamais. Une voix, ou du moins uns semblant de voix. Monotone et sans expression, on reconnait là celle du Cyborg lorsqu'il fonctionnait encore correctement.


Il se relève, doucement. Sa raideur mécanique lui est presque revenue. Mais une chose cloche avec ses automatismes: Il porte la main à sa tête, et parle:
"-Qu'est ce qui s'est passé?"
C'est une question rhétorique, il ignore ce qui a eu lieu et est seul. Il n'y aura donc pas de réponses. Ouaip bon, normalement il n'en aurait pas...
Ah ça, c'est un choc: Il y a une voix qui sort de sa tête et ce n’est pas la sienne. Mais les habitudes ont la vie dure, aussi pose t'il les bonnes questions:
"Qui parle? Pourrais-je avoir un résumé des événements?"
Pire qu'avant, la voix change. Et plutôt que de sortir de sa tête, elle vient directement de sa bouche, qui bouge toute seule:
"-Je suis le Programme-Principal. Alors que vous étiez dans le coma, votre corps a été modifié. Nous sommes donc un cyborg. Votre conscience devait rester endormie, mais elle s'est réveillée petit à petit depuis notre arrivée dans les lieux. Cela a eu comme conséquence l'altération de notre personnalité."

Pendant qu'il écoute, ça lui revient: Il s'est réveillé dans une chambre, mais se sentait totalement dans le gaz. Il avait agi comme jamais avant avec des inconnus, les considérant même comme ses alliés. Heureusement, il avait accès à la mémoire du cyborg, et donc ça lui facilitait la compréhension.
Mais plus le temps passait, plus il s'était réveillé. Il avait même refait son pile ou face truqué. Et il avait vu la bestiole.
La voix mécanique continua:
"-Alors que je perdais le contrôle face à notre personnalité croisée, nous avons entendu une voix et le sol s'est rapidement mis à trembler. Notre tête a heurté un mur, ce qui a eu pour effet de faire cesser l'activité de votre cerveau pendant un petit temps. La suite a déjà été expliquée.
-Ok, got it. Je me souviens maintenant. Tu pourrais repasser l'enregistrement la voix qu'on a entendu?"
La procédure se met en marche. Il se rend compte que ça va chercher dans son cerveau humain. La partie cybernétique n'aurait donc rien entendu?

Spoiler:

Donc, ils avaient entendu une voix leur dire qu'ils avaient péché et violé la loi. Le Programme-Principal reprend:
"-Le fait que nous ayons ressenti du plaisir est votre faute. Je ne peux ressentir du plaisir.
-Possible. Mais il a tort. Nous sommes la police des pensées. Nos actes sont en accord avec la loi. Et puis de toutes façons comment aurait on pu pêcher puisqu'il n'y a plus de poissons nulle part? Et on a même pas d'équipement!
-La voix parlait de pécher dans le sens biblique du terme.
-Je sais, c'était une blague.
-L'humour est séditieux, et donc interdit. Je prends note et demanderai un blâme à notre retour à la base.
-Je ne t'interdis de m'interdire quelque chose, bête puce."

Le ton monte entre les deux voix. Deux consciences coincées dans le même corps, une à la rigidité mécanique et l'autre trop torturée mais encore un brin humaine, ça ne peut pas faire bon ménage.
"-Ce débat est sans issue. Et nous devons réagir vite. Que proposez vous?
-On a le choix: Soit on reste ici et on attend, soit on part à la recherche d'autres personnes. On peut aussi trouver l'enfoiré qui nous agressé vocalement
-Je lance mes analyses. Je vous conseille de nous faire asseoir en attendant."

Aussitôt dit, aussitôt fait, le cyborg se retrouve à réfléchir. Voilà une belle vie de schizophrène qui s'offre à lui.
Pour l'instant, il reste là et agira surtout en fonction de ce qui se passera autour de lui. Mais qui sait quels événements vont se produire?

Je crois bien que j'ai eu ce qu'on appelle dans le jargon... une absence. Un trou noir. Blackout complet, la conscience a fermé les vannes devant trop de bizarreries. Le monde du dessus est peut-être impitoyable, dégueulasse, pourri jusqu'à la moelle mais on ne peut pas lui enlever qu'il ne manque pas de fantaisie. A moins que tout ceci ne soit qu'une immense farce, c'est ce que je devrais croire probablement. Oui, mais... pourquoi, qui, comment...

Des heures qu'on cherche ses réponses et qu'on est incapables de trouver la moindre once de réponse sensée. C'est peut-être qu'il n'y en a pas, tout simplement. Ce n'est que la normalité d'un univers qui de toute façon nous échappe complètement.

Depuis quand je réfléchis comme ça, moi... et puis je suis où la, merde! Regard de tous les côtés, des plantes, d'autres plantes, encore des plantes, on nous a encore fait jouer au glissement de terrain? Non, y a Kaÿla juste là, et pis un des gars du restaurant pas loin. Ca ne prouve rien ceci dit, mais derrière... une anomalie de porte luxueuse au milieu de toute la verdure.

Plein le cul...

C'est sorti tout seul, je ne rougirais pas, même en présence d'une dame. Soit dit en passant, elle vient pas de la haute non plus, aucune raison de me retenir. Et elle me tient la main, j'en déduis que c'est elle qui m'a amené ici. Y a eu une voix aussi, donc c'est p'têt bien une farce géante finalement. J'en sais rien, mais faut que je fasse un choix et vite. L'hallucination, celle là je l'ai bien en tête.

J'ai vu un truc, tout à l'heure... une vision. Y avait une pièce toute vide, comme un entrepôt ou un parking, tout vide. Peut-être bien qu'elle existe... et qu'on trouvera quelque chose là bas.

Ouai bon, c'est vachement tordu de tout miser là dessus, mais y a pas grand chose d'autre à se mettre sous la dent. Puis je sais pas pourquoi mais je le sens bien pour une fois, même si y a de grandes chances que je me plante complètement. Dans tous les cas il faut bien faire quelque chose...

On va voir le rouquin?

Un sifflement à vous faire perdre la tête suivit d'un déclic et d'un bruit sourd, comme si on lui avait tapé sur la tête.

Pourtant Samuel ne sentait rien, et Quatorze n'avait rien dit.

"-Olah! Que passa?"
Traduite littéralement, cette phrase voulant dire "Olah, que se passe-t-il?" était l'une des préférée de Samuel, car cela voulait dire qu'il s'était passé un truc imprévu, et donc forcément intéressant. Il l'avait d'ailleurs dit avec plus d'entrain de curiosité dans la voix. La réponse ne l'inquiétait pas vraiment, seule comptait que les choses bougent.
"-No se.
-Hein? Qu'est ce que tu as dit?
-Vous avez demandé ce qui s'est passé en espagnol, j'ai donc répondu que je ne savais pas dans cette même langue.
-Mon dieu qu'il est con... Bon, apparemment je m'étais endormi, il s'est passé quoi pendant mon absence.
-Deux personnes sont arrivées mais l'une est partie. L'autre est là et nous regarde. Ils ont parlé de nous demander des informations"

Le corps se retourne, et Samuel aperçoit un jeune homme. Ce dernier a sans doutes assisté à toute la scène et doit être fou, sinon il aurait déjà déguerpi. Bah, tant pis, il n'a probablement rien à voir avec le "boum"

"-Bon, passons, et tes analyses?
-Il semble qu'il ne se passe rien ici, je propose donc qu'on parte en exploration [...]
-Ok c'est parti, ça va chier mon kiki!"

Samu-torze se met rapidement en marche, passant à côté de Chad en l'ignorant. Une fois en dehors de la salle, il sort son flingue par réflexe, et se dirige vers les toilettes.