Pendant la tempête

Sujet: Pendant la tempête Sam 27 Nov 2010 - 14:59

Je ne sais pas ce que je fais ici, je me sens stupide, et grandement prise au piège. D'une part par l'eau qui me pourchasse jusqu'ici. D'autre part parce que je sais quel est ce quartier, même si je n'y ai jamais mis les pieds. Il faudrait être stupide pour quelqu'un comme moi d'ailleurs de venir par là...
Le quartier des automates. Ses hauts bâtiments me font peur, autant que l'eau qui grimpe. J'en avais jusqu'aux chevilles tout à l'heure, maintenant, elle m'arrive à mi-mollet. Étrangement, je n'ai croisé que peu de personnes jusqu'à présent, et aucune d'entre elles ne se souciaient de moi tant était grand leur désir de se retrouver au chaud et à l'abri. J'aurais aimé pouvoir faire comme elles, mais le vent était tellement fort dans certaines rues que je ne pouvais plus avancer. Et l'eau semblait monter plus rapidement dans le secteur industriel qu'ici.
Je me serais pourtant sentie plus à l'abri dans les hautes tours vides et non encore totalement construites du chantier qu'ici, mais il y avait aussi le froid...

Pourquoi avoir quitté la Paillade ? Au moins Guillaume aurait été là, avec moi, pour me protéger. Là, je suis toute seule...

Les NOD semblaient avoir désertés les rues, sans doute pour se mettre eux aussi à l'abri, alors je m'étais dit que, peut-être, je pourrais pénétrer dans un de ces logements, une cave, un grenier, une chambre de bonne, sous un escalier... Peu m'importe, du moment que cela me permette d'être à l'abri de l'eau et du froid.
Seulement, les portes ne s'ouvraient pas, et je ne pouvais pas les casser toute seule.

La panique commençait à monter en moi sans que je puisse m'en empêcher. Je tremblais, mes habits mouillés me collaient désagréablement au corps tout comme mes cheveux sur mon visage. J'étais fatiguée, et sentais qu'il ne me restait plus beaucoup de temps avant que mes forces me lâchent totalement.

Reprenant mon souffle, j'agrippais de mes deux mains un lampadaire, priant pour que quelqu'un vienne me sauver, tout en sachant que les chances étaient bien maigres, et, surtout, que cette personne ne serait peut-être pas longtemps mon « sauveur »...

Sujet: Re: Pendant la tempête Dim 28 Nov 2010 - 7:56

La pluie martèle les vitres, unissant ses coups réguliers aux pulsations du sang à ses tempes. Et si Novlangue et Nate étaient en train de mourir. Le déluge de Noé s'abattant sur cette ville grise. Noyant la vermine dans un dernier chaos purificateur.

Non... Tout juste le délire d'un junky, à peine sorti de sa léthargie matinale. C'est un œil hagard qu'il tourne vers la fenêtre. Alfred observe quelque chose du haut de leur tour. Il se lève du canapé dans un mouvement gauche. N'est pas vraiment sûr du chemin qu'il a fait pour finir sa nuit dans le salon. Qu'importe, il n'y a sans doute rien à se rappeler qu'une soirée sans saveur au milieu des siens.

Il avance sans bruit malgré sa démarche lourde d'une ivresse inachevée. La tapis à quelques milliers de dollars y est pour beaucoup. Ses pieds nus ne sentent pas le froid qui étreint Novlangue ce matin. Ce matin ? Difficile à croire sous la noirceur du ciel. Peut-être sommes nous déjà le soir après tout. Les journées passent si vite dans la peau d'un automate.

Que fais-tu ?

La réponse n'intéresse pas vraiment, il veut juste attirer son attention. Pourquoi n'a-t-il pas accouru à son chevet, lui apporter son café et son journal. Alfred aurait presque pu sursauter, tellement absorbé par sa méditation à la fenêtre.
le majordome répond sans même détourner le regard de son objectif.

Il y a quelqu'un en bas...

Nate s'étire, se frotte les yeux, et fait craquer les muscles de sa nuque dans un mouvement de tête.

Il y a toujours quelqu'un plus bas !

L'homme hausse les épaules pour toute réponse. Il est bien le seul automate qu'il supporte, et pourtant c'est sans doute un des pires.

Je devrais descendre voir...

Cette fois, le jeune homme est intrigué et s'approche à son tour de la baie vitrée, pour regarder dans la même direction qu'Alfred.

Alfred nous somme à près de 200 mètres de hauteur, je ne distingue que des points noirs fuyant cette pluie torrentielle ! Ta vue te joue des tours ! Crois-moi !

Sauf votre respect Monsieur, je mise plus sur ma vue d'ancien gradé militaire, que sur la votre après la nuit que vous venez de passer.

Oh oui d'ailleurs, il va falloir que tu me la rappelles !

Excusez-moi. J'ai une mauvaise intuition. Je pense sérieusement que cette personne est en danger...

Et bien, tu peux toujours aller jouer les superhéros en bas de l'immeuble, si j'ai droit à mon café !

Il est posé sur la table. Je descends.

Nate hausse un sourcil, d'un air dubitatif. Son majordome devient fou, la nostalgie du service chez les NOD peut-être.
Une minute s'écoule. Deux. Trois ?
Le jeune homme bouillonne, il déteste être seul dans cette immense appartement. Et aucun des orthodoxes à son service n'est encore là. Pourquoi Alfred est parfois si têtu enfin !

Il attrape sa tasse de café et finit dans l'ascenseur. Quand il arrive en bas quelques secondes plus tard, il aperçoit tout juste son majordome traverser la rue sous le déluge.

ALFRED ATTENDS !!!!!!

La tasse se retrouve abandonnée sur le bureau du gardien et Nate complètement trempé de sa sortie impromptue sous la flotte.

JE TE DÉTESTE QUAND TU AS DES IDÉES PAREILLES !!!! JE SUIS MOINS TREMPE SOUS MA DOUCHE !!!!

Il fallait hurler pour s'entendre sous cette pluie.

MONSIEUR JE NE VOUS AI JAMAIS DEMANDE DE DESCENDRE !

INUTILE DE ME LE RAPPELER !!! ET QUI EST CE QU'ON EST SENSÉS SAUVER MAINT...

Ah ben ça y est il a fini par la voir... En fait, il manque tout juste de la percuter, il ne pouvait pas la rater cette fois.

MADEMOISELLE VOUS AVEZ BESOIN D'AIDE ? VOUS ÊTES PERDUE ?

ALFRED ! RENTRONS ! ON DISCUTERA PLUS TARD ! ET VOUS ! NE RESTEZ PAS LA ! VOUS ALLEZ MOURIR DE FROID ! SUIVEZ-NOUS !

Inutile de réfléchir plus longtemps. Nate repart illico dans l'autre sens, et laisse à Alfred le loisir ou non, de s'occuper d'elle. Il a déjà la gentillesse de leur tenir la porte de l'immeuble...

Sujet: Re: Pendant la tempête Dim 28 Nov 2010 - 10:32

Et maintenant, je fais quoi ? Si j'avais su qu'un peu – beaucoup – d'eau et de vent me fatiguerait autant j'aurais...

J'aurais quoi ?
Rien du tout ! Je devais partir, je ne sais même pas pourquoi. Ou plutôt si, parce que je n'ai toujours pas pardonné à mon « cher » frère d'avoir amené un inconnu chez nous. Est-ce une bonne raison pour fuguer ? Je ne pense pas. Surtout maintenant que j'en vois les conséquences. Mais qu'y puis-je ? Je suis ainsi faite, je ne suis pas sûre de pouvoir changer de caractère facilement.
J'espère qu'il sera mort de peur quand il verra que je ne suis plus là. Et ça sera bien fait pour lui. Il n'avait qu'à pas laisser l'autre entrer. Pour qui il se prend d'abord ?

Mes tremblements ne le sont plus seulement à cause du froid, mais à présent de la colère. Jamais je n'aurais du partir. Il faut à tout pris que je trouve un endroit où me réfugier.
Pourquoi ferment-ils donc leurs portes à clé ici ?

Des bruits me parviennent. Bruits de pas dans l'eau. Et des cris. Je tourne la tête, et vois deux hommes.
De quoi parlent-ils ? Ou plutôt, de qui ? De moi ? Ils sont venus me sauver ?

Un sourire idiot monte à mes lèvres, et des larmes s'amassent à mes yeux. Trop émotive moi... C'est la pluie... Oui voilà, la pluie.

Il ne me voit pas ?
Je suis là !

Un instant, je lève une main, pour leur faire signe et, au même moment, une nouvelle bourrasque. Je serre les dents et le poteau. Pourvu qu'ils me voient. Pourvu qu'ils me voient.
J'essaie de déserrer les dents, afin de leur crier que je suis là. Mais je n'y arrive pas et je sens que si j'arrête de le faire, mes dents vont claquer comme des folles tant j'ai froid et peur.

Je hoche la tête, mes larmes coulent, mais ça ne doit pas se remarquer avec la pluie.
Cet Alfred défait mes doigts du poteau avec force, mais sans pour autant me faire mal, comme s'il avait l'habitude des crises de panique et de la soudaine force qui nous est donné. Je lâche enfin le lampadaire pour m'accrocher à cet homme qui me soulève comme si je ne pesais rien et m'amène à l'abri de l'immeuble.

Je les regarde, hagarde, perdue, frissonnant tant et plus. Je crois que je pleure encore, je ne sais pas. Je ne sens plus grand chose. Et voilà, mes dents claquent.
Me laissez pas seule s'il-vous-plait...

Sujet: Re: Pendant la tempête Dim 28 Nov 2010 - 11:49

Finalement Alfred la porte jusqu'à l'entrée. Nathanaël les regarde passer devant lui et s'arrêter.

Monsieur ?

Nate a lâché la porte et passe énergiquement ses mains dans ses cheveux.

Et bien montons ! Je vais attraper la mort si je reste avec ses vêtements !

Le majordome ne réplique pas, il s'applique pour l'instant à vérifier que la jeune femme ne s'endorme pas. Et son hypothermie demande une précaution toute particulière dans leurs mouvements.

Le chemin jusqu'à l'appartement se fait dans le plus grand silence. Nate n'accorde même pas un regard à la nouvelle protégée d'Alfred. Il grelotte. Peu habitué à ne pas être le centre des attentions, c'est bien la première fois, qu'il se retrouve ainsi trempé de la tête aux pieds.
Quand la porte de l'ascenseur s'ouvre, il se rue vers sa chambre, et les laisse se débrouiller de leur coté. Ils sont bien assez grands pour se passer de son aide.

Quand il revient quelques minutes plus tard, Alfred l'a déposé sur le divan et lui a retiré sa veste.

Tu la laisses comme ça ?

Alfred lui jette un regard ennuyé. Il déteste cette façon de faire des automates. De parler des gens comme s'ils n'étaient pas dans la même pièce qu'eux. Comme s'ils n'existaient pas tout simplement. Soupir exaspéré du golden boy qui lève les yeux au ciel.

La chambre d'ami est là si vous souhaitez prendre une douche chaude.

Non, non ! Surtout pas d'eau chaude ! Il faut que votre corps se réchauffe par lui-même... Mais il faut vous changer pour ça...

La phrase vient de se finir sur un regard appuyé d'Alfred à l'attention de Nate. Haussement d'épaules et geste agacé de la main pour se débarrasser de la réponse.

Il doit bien y avoir des peignoirs dans le placard. Faites-comme chez vous....

La phrase lui écorche un peu la bouche. Ce n'est pas vraiment dans sa nature d'aider autrui. Surtout qu'il ne la connait ni d'Ève ni d'Adam...

Sujet: Re: Pendant la tempête Dim 28 Nov 2010 - 13:11

« Monsieur » est étrange. Attraper la mort ? Quelle étrange expression. Je ne savais pas qu'on l'attrapait. Je pensais plutôt qu'elle nous tombait dessus, comme ça, sans prévenir.
De bons vêtements chauds et tout ira pour lui. Peut-être un rhume, mais ça se guérit facilement. Un peu de lait chaud avec du miel. Un luxe. Qu'il doit pouvoir se permettre.
Il ne me regarde même pas, et j'ai l'impression de le déranger. Je tremble encore, et je suis gelée.
Le silence est pesant, à peine troublé par le bruit de mes dents, mon souffle court et mes gémissements de douleurs parfois. Le trajet me laisse le temps de l'observer. Même avec ses habits mouillés il conserve une certaine classe. Mes yeux le quittent et regarde la cage d'ascenseur. Elle est plus riche encore que la chambre que j'ai à la Paillade. Et son appartement ? Je préfère ne rien imaginer, j'aurais bien le temps de me rendre compte par moi même une fois là-bas. Et je suis sûre que tout ce que je pourrais imaginer ne serait rien à côté de la réalité.

Je ne remarque pas tout de suite que l'homme a disparut je ne sais où tant ce que j'ai sous les yeux est éblouissant. Rien à voir avec les endroits où j'ai déjà eu l'occasion d'aller. La chaleur des lieux me picote désagréablement la peau mais ici au moins je n'entends plus les hurlements du vent, et ça m'apaise un peu. J'ai même l'impression d'être dans un cocon, à l'abri du monde extérieur.
Et puis... C'est joli ici.
Il a de la chance. Je me demande s'il le sait.

Une pensée un peu stupide me traverse l'esprit tandis qu'Alfred m'aide à m'installer sur un divan plus confortable que mon lit. Ne vais-je pas tout salir ici ? Mais il n'a pas l'air de s'en soucier et me retire doucement ma veste. Un faible merci s'échappe de mes lèvres tandis que je croise les bras sur ma poitrine.
Il est aussi altruiste que l'autre semble égocentrique. Mais enfin, je ne peux pas me permettre de le juger, il m'a ouvert sa porte, et c'est déjà beaucoup. Combien d'automates auraient eu ce geste envers moi ?

Me changer ?
Je me sens rougir. Je n'ai pas d'autres habits, je ne vais tout de même pas lui en emprunter ? Et puis, je n'ai aucune envie de me changer devant eux. Ils m'ont sauvé certes, mais cela reste... Gênant, de m'imaginer me déshabiller comme ça.

-Merci, monsieur...

Monsieur comment d'ailleurs ? Je ne connais que le prénom de l'autre homme, puisqu'il l'a crié tout à l'heure, mais je ne me vois pas l'utiliser comme ça.
Des peignoirs dans le placard... Hum... Je me mets au bord du divan et hésite à me lever. Je ne sais pas si mes jambes sont encore assez forte pour me porter, et je ne voudrais pas le déranger plus encore.
Il a déjà l'air suffisamment agacé de devoir m'accueillir chez lui.

Alors je me force et, aidé par le bord du divan, je me lève, tangue un peu. La tête me tourne. Je crois que, sa « mort », c'est moi qui suit en train de l'attraper... J'attends un instant que cette désagréable sensation me quitte et, toujours appuyée sur le divan, j'avance, lentement.
La chambre d'ami...
Je ne sais pas où elle se trouve en fait.

Sujet: Re: Pendant la tempête Dim 28 Nov 2010 - 13:54

Il a cet air mi-agacé, mi-dubitatif. Les yeux un peu exorbités de s'être trop concentrés sur un objet.
Il est encore en train de se demander pourquoi il est sorti sous cette pluie. Les neurones encore endormis sans doute. Et ce vieux réflexe de survie de suivre Alfred...
Perdu dans ses pensées, il se rend compte qu'il va encore être abandonné à cause de cette fille, quand son majordome l'aide à se tenir debout et la dirige vers la chambre.

ALFRED !!! Et moi !!!

Je m'occupe de vous de suite monsieur.

C'est encore moi qui paye dans cette maison que je sache !

Sourcil gauche haut perché, sursaut de fierté. Il ne va quand même pas continuer à s'occuper d'elle alors que lui risque un rhume d'une minute à l'autre après leur sortie ! Elle marche, et elle est à l'abri chez lui qui plus est. Elle ne va pas en plus s'accaparer son majordome enfin !

Alfred ne soupire même pas, tellement la réplique ne l'étonne pas. Il se penche vers la jeune femme pour s'assurer qu'elle peut continuer seule, et lui indique précisément la porte à atteindre. Il la regarde s'éloigner doucement et rejoint Nate sans une expression sur le visage.

Et que puis-je pour vous monsieur ?

Je n'en sais rien !
Il hausse les épaules et secoue la main pour lui faire signe de le laisser tranquille.
Vous êtes payé pour me garder en bonne santé après tout... Je ne vais pas vous apprendre votre métier non plus... Votre expérience me coute assez cher comme ça...

Une tisane donc...

Sujet: Re: Pendant la tempête Dim 28 Nov 2010 - 14:10

Il est blessant. Je n'ai plus l'impression d'avoir un homme en fasse de moi, mais un petit garçon tapant du pied parce qu'il n'est plus l'objet de toute l'attention de ses parents.
A la différence près qu'on ne paie pas ses parents.
C'est du chantage qu'il fait. Je secoue la tête, dépitée, et adresse un pauvre sourire à Alfred.

-Ça ira, merci beaucoup.

Et je continue, à petit pas. A tous les coups, mes chaussures vont rétrécir... Cette petite escapade va me revenir chère... Guillaume venait à peine de me les acheter – ou voler sans doute.
Je m'appuie contre la porte désignée, les écoute un instant.
Oui, vraiment, on dirait un enfant.
Et ça me fait monter un petit sourire aux lèvres.

La pièce est plus grande que le taudis à la Paillade où j'ai élu domicile. Je referme la porte, et vais m'assoir sur le lit, épuisée. Je me sens de trop ici, pas à ma place. Ce n'est pas le genre d'endroit où je vais tous les jours d'ailleurs.
Et si je devais y revenir, ce serait en tant que servante, rien d'autre.

Même si j'aimerais avoir un tel endroit pour moi, à l'abri de tout, du besoin, de la peur, de la maladie...

Je soupire et me baisse pour enlever mes chaussures. Mes gestes sont lents. Mes doigts me font un peu mal et sont tous rouges. Dommage, c'étaient de belles petites chaussures.

Je me relève, porte mes mains à mon dos, et défait ma robe. Je dois tirer un peu dessus comme elle colle à ma peau. C'est désagréable...
J'ai encore un peu froid malgré la douce atmosphère des lieux et un frisson me parcourt alors, vite, j'ouvre les placards. Il n'y a pas que des peignoirs... Du bout des doigts je caresse les tissus avant de me reprendre. Le peignoir... Juste le peignoir...

J'ai rarement touché une étole aussi douce, je m'y pelotonne, le serre tout contre moi et soupire de bien être.
Que faire maintenant ?
Retourner là-bas ?

Il n'a pas l'air d'aimer ma compagnie. Alors je m'assois sur le lit. Je ne suis pas sûre de vouloir m'imposer, il a l'air suffisamment énervé comme ça.

Sujet: Re: Pendant la tempête Dim 28 Nov 2010 - 14:33

Il a eu sa tisane, il a eu son journal. Il a même eu le temps de se faire une ligne, vite fait.
Son Alfred tournerait comme un lion en cage, s'il n'avait pas une aussi bonne maîtrise de lui même.

Un coup d'œil à sa montre, avant de replier son journal.

Cela fait bien un quart d'heure qu'elle est dans cette chambre... Vas donc voir ce qui se passe... Si ça se trouve c'est une insurgée ! Ils sont capables de tout ! Au mieux, elle est en train de se remplir les poches de savonnettes à revendre, au pire elle est en train de faire rentrer une bande de petits copains rebelles par la fenêtre ! Je me méfie de ces... Hummmrrrff...

Raclement gêné de la gorge. C'est à Alfred qu'il est en train de dire ça...

Oui enfin... Va voir ce qu'elle fait. Elle a peut-être eu un malaise... Qu'est ce que j'en sais ! Le tapis de la chambre n'a été posé que la semaine dernière quand même !

Sujet: Re: Pendant la tempête Dim 28 Nov 2010 - 16:01

Assise au bord du lit, je regarde avec attention le décor de la chambre, rêvant que ce soit la mienne. Une chambre pour moi toute seule, le rêve...
Un long soupir s'échappe de mes lèvres et je me laisse tomber en arrière, bras écartés sur le lit. Ce dernier est de bien meilleure qualité que le mien. Fait peu étonnant. On ne se le procure pas au même endroit.

Qu'est-il en train de faire ? Boire sa tisane peut-être. A quoi peut-elle bien être... Un homme comme lui. Sans doute fruits rouges.
Ils ne font pas beaucoup de bruit. Combien de temps va-t-il me laissé ? Un long répits peut-être. Je suis même sûre qu'il ne viendra pas me chercher lui même. Hum...
Et puis, ça m'arrangerait. Je préfère Alfred. Il a l'air plus aimable. Je me demande quel est son rôle. Majordome ?
Ce doit être bien de se faire servir, de n'avoir qu'à claquer des doigts pour qu'apparaisse instantanément ce que l'on souhaite.

Si je pouvais, je voudrais un gâteau. Au chocolat...

Quelqu'un frappe des coups discrets à la porte. Je me redresse, m'assure que le peignoir est bien fermé. La porte s'ouvre et une tête s'y faufile.
Je me détends en apercevant le visage d'Alfred. Je savais bien que l'autre ne viendrait pas... Mais je suis quand même un brin déçue.

Il me demande si tout va bien, ce qui fait monter un sourire à mon visage. Bien sur que tout va bien. Je suis dans une maison de rêve...
Avec un homme qui a décidé qu'il ne m'appréciait pas semble-t-il...

-Je ne voulais pas déranger...

Déranger l'autre... Dont je ne connais pas le nom. Et ce serait peut-être une bourde de ma part de le montrer, après tout, il est peut-être connu et ne pas savoir son nom pourrait leur montrer qui je suis réellement...
Et je ne veux pas que le rêve se finisse si vite.

-Vous déranger...

Je croise encore mes bras sur ma poitrine un peu nerveusement.
Et mon ventre se met à gronder, me faisant rougir. Je n'ose plus le regarder ni lui avouer que j'ai faim, bien qu'il me semble qu'au bruit de mon estomac, il l'ait très bien compris.

A ma grande surprise, il continue de me porter cette étrange gentillesse qui fait tant défaut à l'autre homme.

-Venez, il y a à manger dans la cuisine.

Sujet: Re: Pendant la tempête Lun 29 Nov 2010 - 12:03

Mais je n'en ai rien à cirer de ce que vous pensez !!!! Passez-moi le directeur !!!

Il fait les 100 pas au milieu du salon, accroché à son portable dans lequel il s'époumone depuis 5 minutes.
Comment est-ce possible que personne ne soit au courant de ce qui se passe avec ce foutu temps ! Et son directeur de cabinet injoignable ! Il aura bien mérité de ne pas passer récupérer son salaire la semaine prochaine !

Kerns ! Vous vous fichez de moi ? Dix minutes que je vous cherche ? Je peux savoir où vous étiez ? Vos enfants auront tout le temps de vous voir en dehors de vos heures de bureau, déjà que vous ne brillez pas par votre ponctualité ! Je veux des réponses, vous m'entendez ! Je suis quand même à la tête de la communication de ce pays !

Et le téléphone finit par s'écraser impuissant contre un mur. Nathanaël fulmine d'être bloqué ainsi, prisonnier de cet appartement qu'il ne va pas tarder à détester.
Il soupire et jette un regard furieux vers la baie vitrée. Cette pluie va le rendre fou...

Il aperçoit Alfred s'éclipsant dans la cuisine en compagnie de l'inconnue. Elle ne dit rien, ne réagit pas à grand chose apparemment. C'est peut-être juste une orthodoxe finalement. Ils n'ont pas grand chose dans le cerveau ces gens là...
Il a un rictus moqueur en imaginant Alfred tentant de la rassurer à son propos. "Ne vous inquiétez pas, il est moins méchant qu'il n'en a l'air", "Oh vous savez, il crie fort mais ne mord pas"... "C'est un grand enfant"

Ce qu'il pouvait être agaçant quand il tentait de présenter Nate sous un meilleur jour. On ne pouvait même pas être méchant et cynique en toute liberté dans ce pays ! A quoi bon être automate alors ! Enfin... Tant qu'il ne l'obligeait pas à déjeuner en la compagnie de cette... celle-là ? Il ne manquerait plus d'être obligé de lui faire la conversation !

Sujet: Re: Pendant la tempête Lun 29 Nov 2010 - 12:56

Lui arrive-t-il parfois d'être calme ? Il devrait essayer, ça le détendrait très sûrement. Il faudrait aussi qu'il débranche tous ses téléphones, sa télé, la radio, tout ce qui le relie au monde extérieur, et qu'il se laisse aller. Massage, musique, faire la cuisine, danser. Je ne sais pas moi.
Hum...
Un téléphone de moins. C'est déjà un bon début, même s'il semblerait qu'il ne l'ait pas jeté pour se détendre. A moins que... Peut-être qu'il fait parti de ces gens qui se détendent en jetant des choses. Si c'est le cas, mieux vaut que je me tienne loin de lui. C'est hommes, je les connais. J'ai porté leurs colère sur mon corps. Parce que, d'abord, ils prennent les objets, mais après, ça ne suffit plus, et ils frappent ce qui leur tombe sous la main. A savoir moi, ou d'autres femmes.
Et je préfère ne pas revivre ce genre de choses.

J'adresse un petit sourire crispé à Alfred.

-Je n'arrive pas à vous croire...

Non vraiment, comment le croire après ce que j'ai vu et entendu ?
Mais après tout, il le connait mieux que moi. C'est peut-être un air qu'il se donne. Ce ne serait pas le premier.

-Sauf quand vous dites que c'est un grand enfant...

Je rigole doucement, tout en espérant que seul Alfred ait entendu mon commentaire.

Sujet: Re: Pendant la tempête Mar 30 Nov 2010 - 10:56

Il a bien entendu le commentaire, il a entendu le rire qu'il l'a suivi aussi. La réplique cinglante n'avait pourtant pas franchi les lèvres de Nathanaël. Pour qui se prenait-elle à se moquer ainsi de lui. Elle lui devait la vie sauve après tout... Il aurait très bien pu la laisser se noyer accrochée à son poteau. Alfred n'aurait rien pu faire de plus que la regarder mourir dans l'indifférence du quartier automate.

Il détourne le regard et fixe le ciel. Son ennemi grisâtre explose pour eux deux. Nathanaël et le ciel de Novlangue unis dans une même rage incompréhensible.

Il a décidé qu'il ne lui adresserait pas la parole. Alfred n'avait qu'à s'occuper d'elle et la raccompagner vers la sortie dès que la pluie faiblirait. Mais cela pouvait arriver dans deux heures, dans deux jours... Personne n'était en mesure de lui donner assez d'information pour avoir une estimation correcte de l'évolution météorologique.

Père je vous déteste....

C'était sorti tout seul. Il l'avait marmonné assez bas pour que lui même ne distingue pas les mots. Mais c'était ce qui allait le mieux avec la situation actuelle... Plus que cette fille, plus que tous les automates réunis, plus que le gouvernement, plus que cette ville... Plus que tout et tous, à cet instant précis, il détestait son père.

Peut-être qu'il aurait pu être un homme bon après tout. Prendre le thé avec elle, discuter de tout et de rien. Peut-être qu'il aurait pu "faire sa Sacha" comme ils se le disaient entre eux deux, et apprécier de sauver cette fille. Mais non, il était juste mauvais jusqu'à la moelle, c'était parfois une fierté malsaine et mal placée, jouissif souvent. Mais c'était décidé, dut-elle, rester des jours entiers dans cet appartement, il ne lui adresserait pas la parole !

Sujet: Re: Pendant la tempête Mar 30 Nov 2010 - 13:35

Je continue de rire un instant, tandis qu'Alfred se contente du sourire de celui qui voudrait rire mais qui a apprit qu'on ne pouvait pas. Ce rire me fait du bien, il me libère d'un poids. Il me fait me rendre compte que je suis bien ici, même si l'autre homme m'ignore. Mais qu'y puis-je ? Pour le moment rien, et je profite du calme de la cuisine.
Petit à petit l'engourdissement quitte mes membres. Je me sens bien et quitte ma chaise pour me poster devant Alfred.

-Cela vous ennuierait-il si je vous aidais à faire la cuisine ?

Je crois que ma question le surprend, mais je n'en suis pas sûre. Il a l'air de savoir si facilement cacher ses expressions, son étonnement, derrière cette façade sereine. La meilleure technique pour rester aux côtés de l'autre homme sans doute.
Ignorer ses piques, se contenter de faire son travail, sans attendre forcément un remerciement. Devancer les exigences... Cela doit être dur au début.

Il n'a pas hésité longtemps.

-Oui, bien sur. Vous voulez faire quelque chose en particulier ?

Je hoche la tête, tout sourire.

-Un gâteau au chocolat !

Me voilà enthousiaste, oubliant mes soucis, mes petits tracas.
Voilà Alfred qui parcoure en tout sens la cuisine, posant sur la table de quoi préparer le gâteau, allumant le four, sortant un plat.. Heureusement qu'il ne me laisse pas tout faire seule, sinon, je n'aurais jamais pu faire cuir mon gâteau.
C'est une chose que je n'ai jamais compris avec la technologie. Ils la disent plus simple, là pour aider le plus grand nombre. Et pourtant, je la trouve bien compliquée. Pour allumer le four par exemple ! Qui n'a soit dis en passant pas du tout l'allure d'un four comme je connais..

Mais je ne me laisse pas perturber, et me concentre sur des choses plus à ma portée, comme la confection du gâteau. Mon rire résonne dans la cuisine quand Alfred casse un des œufs en laissant tomber des coquilles dans le plat. Je lui prends des mains, répare les dégâts, et casse les œufs suivant, lui montrant comment éviter d'en mettre partout.
Me voilà de bonne humeur. L'ambiance est bonne enfant. Peut-être le bruit attirera-t-il l'enfant de la maison.

Et peut-être lui permettrais-je de lécher le plat, si le cœur lui en dit...

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